Dans une tribune au Parisien - Aujourd’hui en France, des responsables des commissions médicales d’établissements de l’AP-HP d’Ile-de-France interpellent les candidats aux municipales.
Rémi Salomon, Président de la CME de l’AP-HP Jean-Claude Carel Président de la CME Paris-Nord, Jacques Duranteau, Président de la CME Paris-Saclay, Bertrand Godeau, Président de la CME Henri Mondor, Emmanuel Martinod, Président de la CME Paris-Seine-Saint-Denis, Claire Poyart, Présidente de la CME Paris-Centre, Thomas Similowski, Président de la CME Paris-Sorbonne.
« En tant que représentants des communautés médicales de l’ensemble des hôpitaux de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, nous lançons aujourd’hui à la population francilienne un cri d’alerte. Dans la quasi-totalité des hôpitaux, des postes d’infirmières, d’infirmières spécialisées en anesthésie ou de bloc opératoire, de manipulateurs radio ou de cadres de santé sont vacants. Dans le même temps, nous avons de plus en plus de mal à fidéliser nos jeunes médecins.
Cette situation inédite fait courir un risque à court terme de crise sanitaire majeure si nous n’arrivons pas à inverser cette tendance. Nous ne serons plus en mesure d’accueillir tous les patients dans nos hôpitaux et de les prendre en charge avec la qualité des soins que chaque Francilien est en droit d’attendre. Le transfert récent de nourrissons dans des services de réanimation à plusieurs heures de route de leur domicile montre que le risque est réel. Comment en est-on arrivé là ?
La restriction du budget de l’hôpital au cours de la dernière décennie et l’évolution du coût de la vie, bien plus rapide que celle des salaires, particulièrement en région Ile-de-France, ont entraîné une perte de pouvoir d’achat et une dégradation des conditions de travail des personnels hospitaliers. Parallèlement, les aspirations des jeunes générations ont changé, elles n’acceptent plus de sacrifier leur vie personnelle pour tenir à bout de bras le service public hospitalier. Elles aspirent, comme tout le monde, à une véritable vie familiale et à une meilleure qualité de vie.
Dans le même temps, ces générations continuent de partager les valeurs de l’hôpital public et, beaucoup nous le disent, souhaitent faire des soins, de l’enseignement et de la recherche au service des patients et du progrès médical. Elles constituent notre meilleur atout, celui que nous ne devons pas perdre.
Nous avons tous en tête les témoignages de celles et ceux avec qui nous travaillons dans nos équipes. Ce sont des personnes enthousiastes, passionnées par leur travail, qui considèrent comme une chance de travailler à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Mais certains soirs, fatiguées, de retour de l’hôpital après plus de deux heures de trajet dans la journée, ou retrouvant leur petit appartement qui aspire pourtant un tiers voire la moitié de leur salaire, elles se demandent si tout cela en vaut bien le coup.
« Pour le moment, c’est mon métier qui me retient à Paris », « ça me ferait de la peine de quitter le service, mais, pour la qualité de vie, la vie de famille, j’ai constamment le sentiment de ne pas faire le bon choix »… Ce sont des témoignages que nous recevons tous les jours. La moitié des personnels soignants de l’AP-HP vit à plus de quarante-cinq minutes de son lieu de travail, 30 % à plus d’une heure.
Postes vacants mais aussi augmentation du turn-over, recours à des intérimaires, désorganisation des services, épuisement de celles et ceux qui restent : les conséquences sont lourdes. Les équipes médicales et soignantes vivent de plus en plus mal de ne pas pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions. Ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix douloureux de quitter l’hôpital public pour lequel ils s’étaient dévoués. Il ne s’agit pas que du sort des soignants : lorsque des lits doivent être fermés faute de personnel, c’est toute la population francilienne qui est concernée.
Face à cette crise sans précédent de l’hôpital public et de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, nous nous adressons aux candidats aux élections municipales de mars : quelle sera votre politique du logement pour les personnels hospitaliers ? En facilitant le logement de proximité pour tous ceux qui, nuit et jour, tous les jours de l’année, prennent soin des habitants de vos communes à Paris et dans la région Ile-de-France, vous leur permettrez d’exercer leur métier dans de meilleures conditions pour le bien de tous. L’hôpital public doit pouvoir compter sur le soutien des municipalités. »
Source : leparisien.fr
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