"La Vie Hospitalière"

dimanche 31 mai 2020

Coronavirus : 31 morts supplémentaires dans les hôpitaux en France en 24 heures, le bilan passe à 28.802 décès

28.802 patients contaminés par le coronavirus sont décédés en France depuis le 1er mars, dont 18.475 en milieu hospitalier. Le nouveau bilan au sein des établissements sociaux et médico-sociaux comme les Ehpad sera communiqué mardi



D’autre part, 14.322 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection au Covid-19 (-58). 72 nouvelles admissions ont été enregistrées en 24 heures.

En outre, 1.319 de ces malades se trouvent dans un état grave en réanimation (-6). 18 nouveaux cas graves ont été admis en réanimation.

Quatre régions (Île-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France -  regroupent 74% des patients hospitalisés en réanimation. En Outre-Mer (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Mayotte), on relève 115 hospitalisations, dont 22 en réanimation.

Source : actu17.fr
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     373.697 morts du covid-19 dans le Monde... MAIS :


5.407.777      Décès de maladies transmissibles cette année (depuis le début de janvier)
   202.955      Décès dus à la grippe saisonnière cette année
3.166.361      Décès d'enfants de moins de 5 ans cette année
   128 757      Décès de mères à la naissance cette année
41.832.365    Personnes infectées par le VIH / SIDA (1)
   700.278      Décès causés par le VIH / Sida cette année
 3.421.247     Décès causés par le cancer cette année
  408.605       Décès causés par le paludisme cette année
 2.082.441     Décès causés par le tabagisme cette année
1.041.877     Décès causés par l'alcool cette anné
Etc

1) En comparaison il y a 5.885.551 personnes ayant été infectées par le covid-19 dont 2.785.658 guéries ce qui donne un résultat de 3.099.893 personnes contaminées par le coronavirus.

Ces nombres proviennent de l'OMS, ils sont donnés qu'à titre purement indicatif.







Lire aussi : 










Numérique Covid-19 : des données de santé entre de trop nombreuses mains


Les conditions de création et d’utilisation des fichiers créés par le gouvernement pour traquer les cas de Covid-19 soulèvent des questions d’autant plus nombreuses qu’ils pourraient se retrouver hébergés sur les serveurs de Microsoft

Pendant le déconfinement, la traque du virus continue. A sa tête, des commandos un peu spéciaux : les « brigades sanitaires », composées de milliers de fonctionnaires qui, dans chaque département sous l’autorité de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), ont pour mission d’identifier le plus rapidement possible tous les contacts des personnes testées positives pour casser les chaînes de transmission du virus. Et, ainsi, tenter de maîtriser sa propagation.

Un travail de fourmi, qui suppose de nombreux coups de fil mais aussi la constitution de méga-fichiers de santé très sensibles. Le gouvernement a ainsi créé Si-DEP (Système d’information de dépistage), qui recueille les données des patients testés positifs, et Contact Covid pour les informations concernant les « cas contacts ».

On range dans cette dernière catégorie les 15-20 personnes ayant croisé le patient testé positif, surnommé, lui, le « patient zéro », et ayant donc été potentiellement infectées : membres de la famille, les voisins, les collègues de travail, les amis… Pour chacune de ces personnes, le nom et le prénom, l’adresse, la profession, le lieu de travail, mais aussi l’éventuelle fréquentation, dans les quatorze derniers jours, de certains lieux – comme les écoles, Ephad, centres médico-sociaux ou prisons –, ou encore la localisation et la date d’une éventuelle participation à un rassemblement de plus de dix personnes. Autant d’événements où ils ont pu, à leur tour, contaminer d’autres personnes…

Depuis le 12 mai, le système est en place : les médecins doivent entrer dans le Si-Dep les données de chaque patient qu’ils reçoivent et qui présentent des symptômes de la Covid-19. Ils doivent également recueillir un maximum de cas contacts dans le second fichier Contact Covid. Une fois le patient testé, le laboratoire enregistre le résultat dans le fichier Si-Dep. Si le test est positif, les brigades sanitaires entrent en action et appellent les cas contacts pour les inciter à s’isoler et se faire tester à leur tour.

Une brèche dans le secret médical

Sous les dehors de l’efficacité, ces fichiers soulèvent des enjeux majeurs. Comme le résume la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), leur mise en place repose sur une « dérogation au principe du secret médical [entraînant] le partage de données d’une très grande sensibilité susceptibles de concerner l’ensemble de la population ».

Le médecin peut se passer du consentement des patients présentant des symptômes de la Covid-19 pour inscrire leurs données dans un fichier

En effet, renseigner le diagnostic d’un patient sur un fichier partagé revient à communiquer le diagnostic et son état de santé à un autre acteur, ce qui est par définition une atteinte au secret médical.

Ensuite, concernant le consentement des individus quant au recueil de leurs données, le choix a été fait de s’en passer dans certains cas. Le médecin peut ainsi, sans l’accord des patients zéros, inscrire leurs données dans le fichier SI-DEP.

Les intéressés peuvent juste s’opposer à ce que leur nom soit communiqué aux cas-contacts, et exercer un droit de retrait a posteriori auprès des gestionnaires des deux fichiers, que sont l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’Assurance maladie. Les cas contacts sont, eux, inscrits dans le fichier sans leur accord, puisqu’ils n’ont pas encore été contactés.

Question de confiance

Dans l’arbitrage entre les « inconvénients » de l’atteinte aux droits et les « avantages » de la maîtrise de la diffusion du virus, les autorités comme la Cnil ont estimé que les coûts engagés étaient proportionnels au bénéfice attendu.

Quelques voix s’élèvent cependant contre ce dispositif. Dont celle de l’avocate en santé numérique Caroline Zorn, qui estime que « flouer le secret médical et recueillir ces données sans consentement risquent de porter atteinte à la confiance des patients dans le système de soins ».

« La liste des personnes autorisées à consulter ces fichiers est bien trop large »

Car le respect du consentement n’est pas un simple formalisme : y déroger, c’est risquer de nuire globalement à la confiance portée dans le système de soins. Or, cette dernière est déterminante pour qu’un système de santé fonctionne efficacement et pour que les patients viennent consulter en ayant confiance dans le personnel médical. Sans cela, il y a un risque d’omission ou de mensonge de la part des patients, voire de non-consultation.

Caroline Zorn, par ailleurs membre du Syndicat des avocats de France (SAF), ajoute que « la liste des personnes autorisées à consulter ces fichiers est bien trop large, puisqu’elle s’étend du service de santé des armées aux médecins, aux laboratoires ou pharmacies… Personne ne peut certifier qui a eu accès à quoi, comment et pourquoi ».

Une urgence… durable ?

Aurait-on pu faire autrement ? L’avocate souligne du moins que la Covid-19 aurait pu être ajoutée à la liste des maladies à déclaration obligatoire (à côté de la dengue, du choléra, du Sida…), où le médecin doit transmettre aux autorités tout nouveau cas. « Cela aurait été souhaitable, juge Benoit Blaes président du syndicat des jeunes médecins généralistes (SBJM), car cela entraîne des conditions de renseignements et de stockage des données qui sont consensuelles et acceptées par tous. »

Mais pour modifier la liste des maladies à déclaration obligatoire, « il faut l’avis du Haut Conseil de santé publique, et pour ce faire cela nécessite une confirmation biologique de la maladie, or nous sommes en pénurie de test, et ces derniers sont pas suffisamment fiables », explique Caroline Zorn.

« L’enjeu est que tout ce qui a été fait dans l’urgence reste dans l’urgence »

« L’enjeu maintenant est que tout ce qui a été fait dans l’urgence reste dans l’urgence », plaide le médecin syndicaliste Benoit Blaes. Autrement dit, que ces dispositifs exceptionnels disparaissent avec l’état d’urgence sanitaire, à l’inverse de nombreuses dispositions du droit qui, adoptées dans le cadre de l’état d’urgence suite aux attentats de 2015, ont été prolongées plusieurs fois voire pérennisées…

Pour l’instant, la loi indique que les données doivent être effacées au bout de trois mois, et les fichiers supprimés six mois après la fin de l’état d’urgence sanitaire, prévu pour le 10 juillet.

Enjeux de souveraineté

Autre inquiétude : le transfert de ces données à la plate-forme des données de santé, également connue sous le nom de Health Data Hub. Cette dernière a pour vocation de servir la recherche, en permettant l’analyse la plus large des données du système de soins français. Elle doit favoriser, en particulier, le développement des technologies d’intelligence artificielle, qui ont besoin de grandes quantités de données pour « apprendre », en quelque sorte.

Or, comme l’a révélé Médiapart, le développement de cette plate-forme a été fortement accéléré pendant le confinement, un arrêté du 21 avril y autorisant le versement de nombreuses bases de données de santé, dont les deux fichiers Si-Dep et Contact Covid.

Le gouvernement a confié l’hébergement de sa plate-forme de données de santé à Microsoft, entreprise soumise à la législation américaine

Le problème est que le gouvernement a confié l’hébergement des données de cette plate-forme l’entreprise américaine Microsoft. Cela signifie que les informations des patients français sont hébergées par une entreprise non seulement étrangère, mais surtout soumise à la législation américaine. Et c’est là que le bât blesse : car cette législation permet aux autorités américaines de demander l’accès à n’importe quelle donnée hébergée par une entreprise nationale, que ce soit sur le sol ou à l’étranger. Potentiellement, les données de santé des Français pourraient donc se retrouver entre les mains des autorités des Etats-Unis !

La Cnil est donc montée au créneau pour demander que l’hébergement soit réalisé par une entreprise relevant de la juridiction européenne. Un souhait resté pour l’heure sans effet, ce qui montre, une fois de plus, la dépendance de la France et de l’Europe en matière numérique et particulièrement dans l’hébergement des données.
Article de Justin Delépine





Source : alternatives-economiques.fr
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Hydroxychloroquine : Didier Raoult publie sa propre étude scientifique

Didier Raoult, défenseur de l’hydroxychloroquine, a révélé la publication d’un résumé d’une étude effectuée sur 3;737 patients traités à l’ IHU (Institut Hospitalo-Universitaire) Méditerranée infection à Marseille, dont il est directeur


C’est à la suite de la publication d’une étude par la revue scientifique The Lancet, dans laquelle l’hydroxychloroquine était jugée inefficace et néfaste, que le célèbre professeur Marseillais – qui a qualifié cette étude de « foireuse » – a décidé de réagir. Le professeur Raoult précisait ce lundi 25 mai : « Je ne sais pas si ailleurs l’hydroxychloroquine tue, mais ici, elle a sauvé beaucoup de gens », ainsi que le rapporte Le Parisien. (...) à propos de cette étude publiée par The Lancet, et dont les résultats le laissent sceptique. Il a déclaré : « Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite avec les big data change ce que nous avons vu ? Nous avons fait 10.000 électrocardiogrammes ici chez les malades, qui ont tous été vus par une équipe de cardiologues. Je ne vais pas changer d’avis, quel que soit l’étude et le journal. […] Moi c’est pas mon problème, il nous est passé 4.000 malades dans les mains, je vais pas changer d’avis parce qu’il y a des gens qui font du big data, qui est une fantaisie délirante qui mélange toutes les données. »

Ce mercredi, il a apporté sa propre étude et l’a publiée sur le site de L’IHU Méditerranée infection à Marseille, relate Le Parisien. Le résumé de cette étude précise : « Nous rapportons rétrospectivement la prise en charge clinique de 3.737 patients, dont 3.054 (81,7 %) traités par HCQ-AZ (d’hydroxychloroquine-Azithromycine) pendant au moins trois jours et 683 (18,3 %) patients traités par d’autres méthodes. »
« Nous avons diagnostiqué 6 836 patients (soit 10,4 % des patients venus consulter), dont 3 737 inclus dans notre cohorte. L’âge moyen était de 45 ans, 45 % étaient des hommes, et le taux de mortalité était de 0,9 % », est-il mentionné dans cette étude qui explique que « ni torsades de pointes [troubles du rythme cardiaque], ni morts subites n’ont été à déplorer ».

CORONAVIRUS : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR 

« Un diagnostic précoce, un isolement précoce et un traitement précoce avec au moins trois jours d’hydroxychloroquine-Azithromycine (HCQ-AZ) permettent d’obtenir un résultat clinique et une contagiosité nettement meilleurs chez les patients atteints de Covid-19 que les autres traitements », est-il encore précisé dans le résumé de l’étude du professeur Raoult.
Cette étude a été publiée très peu de temps après que le gouvernement a recommandé de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine dans le traitement du coronavirus à l’hôpital en France, hors essais cliniques.
Le résumé de l’étude du professeur Raoult conclut : « Le suivi à long terme du dépistage de la fibrose (NDLR – infection pulmonaire) sera le prochain défi dans la gestion de Covid-19. » L’IHU Méditerranée Infection de Marseille précise également qu’il « continuera à traiter (ses) patients avec les traitements les plus adaptés ».


Article d'Emmanuelle Bourdy


Source : theepochtimes.com
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Note de "La Vie Hospitalière"
La fibrose pulmonaire est une lésion des poumons caractérisée la présence d'un excès de tissu conjonctif fibreux. 



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samedi 30 mai 2020

Coronavirus : 57 nouveaux décès en France en 24 heures, le bilan passe à 28.771 morts


Dont 18.444 en établissements hospitaliers et 10.327 en établissements sociaux et médico-sociaux comme les Ehpad. 57 nouveaux décès ont été recensés au cours des dernières 24 heures


Par ailleurs, 14.380 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection au Covid-19 (-315). 227 nouveaux patients ont été admis au cours des dernières 24 heures.

De plus, 1.325 de ces patients se trouvent dans un état grave en réanimation. 29 nouveaux patients ont été admis dans ces services mais le solde reste néanmoins négatif avec 36 malades de moins comparé à la veille.

Quatre régions (Île-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France – regroupent 73% des patients hospitalisés en réanimation. En Outre-Mer (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Mayotte), on relève 119 hospitalisations, dont 22 en réanimation.





Source : actu17.fr
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Lire aussi : 










Donald Trump annonce que les Etats-Unis mettent fin à leur relation avec l’OMS


Le président américain accuse l'organisation de se montrer trop indulgente avec Pékin depuis le début de la pandémie de Covid-19

Donald Trump a annoncé vendredi mettre fin à la relation entre son pays et l'OMS, qu'il accuse depuis le début de la pandémie de coronavirus de se montrer trop indulgente avec Pékin. 
Le président américain a notamment estimé que l'organisation n'avait pas procédé aux réformes qu'il avait demandées au début du mois «Parce qu'ils ont échoué à faire les réformes nécessaires et requises, nous allons mettre fin aujourd'hui à notre relation avec l'Organisation mondiale de la Santé et rediriger ces fonds vers d'autres besoins de santé publique urgents et mondiaux qui le méritent», a-t-il déclaré devant la presse.




Donald Trump a également renouvelé ses accusations, estimant que les autorités chinoises avaient fait pression sur l'OMS depuis le début de l'épidémie pour qu'elle induise en erreur le monde entier lorsque le virus a été découvert par les autorités chinoises. «La Chine a un contrôle total sur l'Organisation mondiale de la santé, même si elle ne paie que 40 millions de dollars par an par rapport à ce que les États-Unis ont payé, ce qui représente environ 450 millions de dollars par an. Nous avons détaillé les réformes qu'elle doit faire et nous sommes engagés directement avec eux, mais ils ont refusé d'agir», a-t-il estimé.







Source : lefigaro.fr
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« Fin de partie » pour l’hydroxychloroquine ? Une escroquerie intellectuelle


Durant le week-end de l’Ascension, la quasi totalité des journalistes se sont jetés sur un article de la revue The Lancet, pour lui faire dire ce que les auteurs de cette étude espéraient : l’hydroxychloroquine est un poison. Traduction en langage People dominant : le prof. Raoult est un dangereux charlatan


Ce traitement médiatique est honteux. Et cette étude est une escroquerie intellectuelle.


La Science, c’est un peu comme Dieu, certains parlent en son nom quand ils veulent croire que leur argument est « définitif ». Las, les choses sont un peu plus compliquées. L’idéal scientifique existe bien entendu, dans toute sa noblesse, et on le défend ici. Mais la seule réalité tangible, ce sont les chercheurs. Et ils ne sont pas toujours incorruptibles.
Ce week-end de l’Ascension (décidément !) aura été marqué par une nouvelle vague de discours commentant l’idée selon laquelle une publication majeure démontrerait que le protocole thérapeutique de l’équipe du professeur Raoult serait non seulement inefficace, mais de surcroît dangereux. On peut parler d’une sorte d’offensive industrialo-médiatico-politique majeure et réussie tant la couverture donnée à un article de la revue médicale anglaise The Lancet a été totale, ultra-rapide, uniforme et immédiatement suivi d’un effet politique. A cela quatre raisons majeures. La première est le « coup scientifique » parfaitement réussi par quatre médecins financés par des industriels. La seconde est la machine à copier-coller qu’est devenue le journalisme contemporain. La troisième réside dans le mélange de couardise et d’hypocrisie de tous celles et ceux qui sont prêts à sauter sur n’importe quel argument pour conforter leur opinion initiale, sans jamais la questionner ou la mettre à jour. La quatrième raison est que le ministre de la Santé, Olivier Véran, en a profité pour annoncer tout de suite (sur twitter, le 23 mai à 12h47) : « Suite à la publication dans The Lancet d’une étude alertant sur l’inefficacité et les risques de certains traitements du #COVID-19 dont l’hydroxychloroquine, j’ai saisi le @HCSP_fr pour qu’il l’analyse et me propose sous 48h une révision des règles dérogatoires de prescription ». Comme s’il n’attendait que ça, et en passant par-dessus l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament dont c’est pourtant la fonction. Une précipitation étonnante, d’autant qu’on a connu le même ministre beaucoup moins rapide sur d’autres sujets importants, la question des masques par exemple…

Le grand concert médiatique


L’offensive débute vendredi 22 mai en fin d’après-midi, veille de week-end et au milieu d’un « pont » (donc il y a moins d’infos et moins de journalistes dans les salles de rédaction), probablement comme d’habitude par des dépêches d’agences de presse, ensuite reprises en boucle sur le thème « Covid: hydroxychloroquine et chloroquine pas efficaces et même néfastes, selon une étude ». Les articles tombent les uns après les autres sur les sites des grands quotidiens : Libération (22 mai, 18h36), Le Figaro (22 mai, 19h30), Le Parisien (22 mai, 19h35), Le Monde (22 mai à 21h19). Les radios ne sont pas en reste dans la soirée (par exemple RTL 22 mai à 21h55).
Dès le lendemain matin (23 mai), le relais est pris par les radios-télévisions et, par ailleurs, par la presse quotidienne régionale (par exemple Le Télégramme et La Voix du Nord, d’autres comme La Dépêche avaient même réagi dès la veille au soir). Pour France Info, c’est « une étude inquiétante » (à cause des effets mortels) qui est sortie. Sur BFMTV, on a bien invité Philippe Douste-Blazy qui critique la méthodologie de l’étude du Lancet (avec une erreur d’interprétation, corrigée par l’ancien ministre de la santé sur twitter) et dénonce clairement les conflits d’intérêt avec les industries pharmaceutiques. Mais pendant qu’il parle s’affiche en gros titre en bas de l’écran : « Chloroquine : l’étude accablante ».
Les « JT » de 20h de TF1 et France 2 viendront clôturer deux jours d’intense diffusion dont la teneur générale semble avoir été résumée par Le Point : « Covid19 et hydroxychloroquine : fin de partie ? » (23 mai, 9h51).
Confirmant la règle, on ne trouve guère d’exceptions. Citons quand même la chaîne de télévision LCI et Sud Radio, comme s’en explique une éditorialiste commune aux deux médias, Françoise Degois : « voilà le déchaînement des raisonnables, des progressistes, des sages, des pondérés, qui envahissent les plateaux et ricanent : voyez, on vous l’avait bien dit ! C’est terminé pour le sorcier Raoult, les complotistes, les populistes, vous êtes cuits ! Comme si on ne pouvait pas avoir de la sympathie pour le goût et la passion de sauver des vies de Didier Raoult sans être complotiste, populiste et irrationnel ! (…) lyncher Didier Raoult, sur la base de cette étude est assez grotesque ». Citons aussi TV5-Monde, sous la plume de Oumy Diallo et pour cause : ce journaliste couvre d’ordinaire l’actualité des pays africains et du Proche-Orient, il échappe donc au marigot franco-français (ce qui n’est pas le cas de Courrier International).

Sur les réseaux sociaux, certains journalistes se « lâchent » encore plus. C’est par exemple le cas de Fabrice Arfi, membre important de la rédaction de Mediapart et journaliste influent (230.000 abonnés sur twitter), qui, dès le 22 mai au matin, consacre pas moins de 4 tweets au sujet (bigre !) sur un ton méprisant : « Une étude réalisée à partir de 15.000 cas et publiée dans une revue de référence démontre, comme cela a déjà été avancé, que le traitement vanté par Didier Raoult, de nombreux politiques français et Donald Trump est inefficace contre le Covid. La science contre la croyance » (tweet du 22 mai, 9h27). Le but est bien entendu aussi de justifier la position prise dès le début de cette affaire par la direction de ce journal d’investigation d’ordinaire peu conformiste mais qui se révèle ici encore moins critique ou nuancé que les médias mainstream qu’ils dénoncent habituellement : « Et cette étude montre que la Chloroquine, en plus d’être inefficace, est potentiellement dangereuse pour lutter contre le Covid. Exactement ce que @p_pascariello avait, comme d’autres, raconté dans Mediapart avant de devenir la cible d’un harcèlement de croyants pro-Raoult » (tweet du 22 mai, 9h31). 

On sent le journaliste très impliqué.


Tous ces articles, sujets, chroniques, etc., disent la même chose. La seule réflexion méthodologique qu’ils contiennent parfois est celle que les auteurs de l’article du Lancet reconnaissent eux-mêmes explicitement : leur étude n’est pas randomisée. Personne ne va plus loin. On cherche désespérément les « journalistes scientifiques » capables d’analyser le papier du Lancet avec un tant soit peu d’esprit critique.

L’étude du Lancet : énorme quantité, infime qualité


Ce sont à l’évidence les chiffres qui ont impressionné les journalistes : les 4 auteurs de l’article du Lancet (bizarrement des cardiologues voire chirurgiens cardiovasculaires et non des infectiologues ou des épidémiologistes) annoncent avoir analysé 96.032 dossiers médicaux émanant de 671 hôpitaux sur les 6 continents. Cela peut impressionner les esprits faibles. Le problème est que la quantité ne fait pas la qualité. Loin s’en faut.
Comment une telle étude a-t-elle pu être réalisée, doit-on d’abord se demander ? Les dossiers de malades ont été étudiés jusqu’au 14 avril, et l’article est publié définitivement le 21 mai, signé par 4 auteurs (trois américains et un suisse). Des sur-hommes ? Quiconque a un peu de pratique scientifique se dit immédiatement qu’il est juste impossible d’avoir, en moins de 5 semaines, fait à quatre la sélection de 96 000 dossiers de malades provenant de 671 hôpitaux sur 6 continents dans une base de données (dont on ne sait rien, on va y revenir), le nettoyage de ces données et leur codage uniformisé dans une base destinée à la publication scientifique, l’analyse statistique, la rédaction de l’article, le processus de reviewing (qui suppose normalement plusieurs allers-retours entre les auteurs, les évaluateurs et la rédaction en chef de la revue) et finalement la publication. Ce serait en réalité impossible si, derrière les 4 signataires de l’article, ne se cachait pas une armée de petites mains ayant constitué un fichier, fait les traitements statistiques et probablement écrit en partie l’article. Et il ne peut y avoir qu’une seule armée : celle des sociétés qui ont financé cette étude, qui a dû coûter des centaines de milliers voire des millions d’euros. Ceci est en partie indiqué à la fin de l’article : l’analyse statistique a été réalisée par la société (Surgisphere Corporation, spécialisée dans « l’intelligence artificielle et le Big Data destinés aux prestataires de soins de santé ») créée par l’un des 4 auteurs (et qui fabrique aussi des tests contre le Covid). Le Dr Mehra, auteur principal de l’article, déclare avoir reçu des fonds d’une douzaine de laboratoires et d’industriels (Abbott, Medtronic, Janssen, Mesoblast, Portola, Bayer, Baim Institute for Clinical Research, NupulseCV, FineHeart, Leviticus, Roivant et Triple Gene). Un troisième auteur a travaillé pour les industriels même si c’est son université qui a été payée et non lui. 
Finalement seul 1 des 4 auteurs « declares no competing interests » (ne déclare aucun intérêt concurrent). Or cette déclaration obligatoire est à la fois révélatrice mais aussi largement incomplète, on y reviendra à la fin de cet article. Mais pour l’heure, examinons le contenu.

On a donc voulu faire ici de la quantité pour la quantité. Mais en agglomérant forcément des données très disparates, très hétérogènes, issues de pays ayant des protocoles différents, des indicateurs de santé et des systèmes de contrôles (monitoring) de ces indicateurs en partie différents. Les auteurs de l’article ne peuvent du reste pas le cacher : il y a beaucoup de « missing values » (valeurs manquantes). Et ceci n’est pas un « détail ». C’est au contraire extrêmement important. Pour au moins trois raisons :

1- On ne connaît pas l’histoire des malades, on ignore la date de leur infection au Covid, on n’est pas certain que toutes les comorbidités possibles aient été dépistées dès leur entrée à l’hôpital (et on verra que quand elles le sont, les chiffres donnés ne sont pas crédibles).
sont pas crédibles).


2- Les dosages et les durées de traitement ne sont pas systématiquement précisées alors que ce sont deux critères absolument fondamentaux pour pouvoir juger l’intérêt d’un traitement ainsi que ses éventuels effets secondaires néfastes. Pour exemple, parmi ces 96 000 patients, les auteurs ont inclus la cohorte qui avait déjà donné lieu à une publication lamentable (dont on a parlé sur ce blog en avril) portant sur des vétérans de guerre, très âgés et très à risques, tous hospitalisés dans un état grave, pour lesquels l’administration à forte dose de l’hydroxychloroquine est évidemment totalement contre-indiquée !


3- Un flou règne sur la nature exacte des médicaments prescrits : les auteurs parlent de 40% de coprescriptions d’antiviraux (et donc pas uniquement la chloroquine ou l’hydroxychrloroquine, mais quels sont ces autres antiviraux ?) et d’une association avec famille d’antibiotique (les macrolides) et non avec l’antibiotique précis (l’azithromycine) du protocole Raoult. Et d’ailleurs, au passage, pourquoi cette focalisation sur le protocole Raoult alors que la méga-base de données hospitalière utilisée contient nécessairement des patients traités avec aussi d’autres médicaments (Kaletra et surtout… Remdesivir) ?


Pourquoi si ce n’est parce que l’intention fondamentale de l’article (et ce sur quoi portera bien toute la communication faite autour de l’article une fois publié) n’est pas d’évaluer les thérapeutiques du Covid en général mais d’essayer de discréditer le protocole Raoult en particulier ? 
Au demeurant, les taux de mortalité et d’accidents cardiaques à l’issue des traitements (spécialement ceux qui combinent chloroquine/macrolide et hydroxychloroquine/macrolide) sont énormes (22 à 24% de mortalité ! près de 50 fois plus qu’à l’IHU de Marseille !), du jamais vu. Ils sont manifestement destinés à faire peur. On n’a jamais rien vu de tel dans les études sur le sujet.


Au final, comment prétendre tirer parti de cette étude pour démontrer la nocivité de l’hydroxychloroquine lors même que, de l’aveu final des auteurs : « Bien que nous ayons évalué la relation entre les régimes de traitement médicamenteux et l’apparition d’arythmies ventriculaires, nous n’avons pas mesuré les intervalles QT, ni stratifié le schéma d’arythmie (comme la torsade de pointes). Nous n’avons pas non plus établi si l’association entre le risque accru de décès à l’hôpital et l’utilisation des traitements médicamenteux est directement liée au risque cardiovasculaire, ni effectué une analyse dose-réponse des risques observés ». En clair : ils ne peuvent établir strictement aucune relation de causalité quelconque entre les traitements et les éventuels problèmes cardiaques constatés. Tout ça pour ça ? Et la suite est pire.
Une étude en fin de compte nettement plus faible que celles de l’IHU de Marseille
En réalité, cette charge anti-hydroxychloroquine et son intense médiatisation rejouent une partition déjà entendue maintes fois depuis le mois de mars. On refait le coup de l’étude portant des patients déjà sévèrement atteints, donc pour lesquels on sait depuis 3 mois qu’il est inutile voire dangereux d’appliquer le protocole marseillais conçu au contraire pour traiter les malades dès le début afin de prévenir l’aggravation et l’hospitalisation. Mais ce qui est grave ici, c’est que les auteurs cherchent assez grossièrement à le dissimuler. Ils laissent en effet entendre qu’en étudiant uniquement des patients à qui le traitement a été administré dans les 48h suivant le diagnostic lui-même réalisé après leur hospitalisation, il évalue une thérapeutique précoce comparable au protocole marseillais. C’est une supercherie car nous ne savons rien de la date à laquelle les malades ont été infectés (et c’est cette dernière qui est la seule référence pour juger de l’efficacité ou non du traitement IHU), ni même de la date à laquelle a été fait le diagnostic après leur entrée à l’hôpital (et selon les pays et l’état d’encombrement des hôpitaux cette date a nécessairement varié). Les biais potentiels sont énormes. Au lieu de les discuter avec transparence, l’article les passe sous silence, probablement parce qu’il cherche à minimiser au maximum la gravité de l’état des patients au moment où on leur administre le traitement.

Compte tenu de l’histoire naturelle de la maladie et du principal critère d’hospitalisation tant en Europe qu’aux USA (le besoin d’un supplément d’oxygène), les patients hospitalisés sont symptomatiques depuis au moins une semaine au moment de leur admission. Généralement, il faut ensuite ajouter 1 jour pour obtenir le résultat du test par PCR et 2 jours de délai jusqu’au début du traitement comme critère d’inclusion dans l’étude. Au final, on peut donc estimer que le traitement est institué à plus de 10 jours du début des symptômes (et non 2 comme pourrait le croire un lecteur naïf). Et à ce stade, on est entré dans la phase critique de la maladie (entre le besoin d’un supplément d’oxygène et l’orage cytokinique), où l’IHU de Marseille dit lui-même depuis le début que son traitement ne sert plus à rien. Dire ou laisser entendre que cette étude permet de l’évaluer en quoi que ce soit est juste malhonnête.

Du côté des commentateurs de cette étude, l’honnêteté n’est hélas pas non plus au rendez-vous. Le reproche principal (après sa personnalité) adressé à D. Raoult depuis le début est son refus de pratiquer la randomisation pour faire seulement de l’étude observationnelle. Or cette étude du Lancet n’est pas randomisée ! Mais qui en a fait un argument majeur contre cette étude ? Personne ou presque. Enfin, cette étude n’est pas une méta-analyse. Ce n’est qu’une agrégation d’un maximum d’effectifs aussi disparates soient-ils, pour donner une illusion de puissance statistique. Du Big Data low cost en quelque sorte. Ce qu’est du reste généralement le Big Data.
Alors à choisir, si nous étions sérieux (c’est-à-dire objectifs, respectant le principe de symétrie et non pratiquant le « deux poids, deux mesures »), quoi préférer ? Une étude observationnelle sur 96 000 dossiers papiers triés on ne sait comment, on ne sait pourquoi et on ne sait par qui dans 671 hôpitaux de 6 continents, par des cardiologues qui n’ont jamais soigné un seul malade du Covid ? Ou bien une étude observationnelle comme celle de l’IHU, qui porte sur 4.000 personnes bien réelles suivis dans le même hôpital par les mêmes médecins au jour le jour ?
Il faut cesser de sacraliser la Science et analyser le travail réel et concret des scientifiques
Outre qu’il faut toujours prendre le temps de lire les articles en détail (et non les résumés en vitesse), il faut aussi regarder les annexes et les tableaux. Et à la lecture de cet article du Lancet, un tableau étonne beaucoup. Sans doute pour donner une apparence de cohérence à cet ensemble fait de bric et de broc, il semble que les auteurs (i.e. les petites mains de la société d’intelligence artificielle et de Big data qui ont fait le travail) aient trié les malades retenus dans la base statistique en fonction de critères socio-démographiques (âge, sexe, origine ethnique, indice de masse corporelle) et médicaux (coronaropathies, insuffisances cardiaques, tabaco-dépendance, hypertension, diabètes…). 
Comment expliquer autrement la table 2 de l’article, qui donne dans chacun des 5 groupes de malades comparés des pourcentages quasiment identiques sur la totalité des critères qu’on vient d’énoncer ? Une telle perfection est impossible dans la vraie vie des études statistiques. Il ne s’agit donc pas d’un échantillon représentatif des malades, mais d’une population d’enquête triée sur le volet, dans le meilleur des cas. Et dans la mesure où ce tri n’est pas explicité dans l’article, on peut parler d’une manipulation.

Deux derniers indices achèvent de compléter ces soupçons. D’abord, la dissimulation d’une partie de leurs conflits d’intérêt potentiels par les auteurs de l’article. Ensuite, la triste banalité de ces filouteries, manipulations de données et autres fraudes dans la recherche médicale contemporaine.

Dissimulation de conflits d’intérêts


Les liens d’intérêt indiqués dans l’article du Lancet sont ceux déclarés par les auteurs. De même que les élus français déclarent – ou pas, ou seulement en partie – leur patrimoine à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Ainsi que le Courrier des stratèges est une fois encore le seul à l’avoir écrit dans le cas de l’étude du Lancet, les auteurs des articles des revues scientifiques peuvent aussi chercher à dissimuler ces liens compromettants, ou bien en déclarer certains et pas d’autres. Et c’est malheureusement le cas avec ce quatuor d’auteurs qui s’efforcent notamment de dissimuler des liens avec le laboratoire américain Gilead, principal adversaire de l’IHU de Marseille car ce dernier concurrence directement son très cher médicament (le Remdesivir, on l’a longuement expliqué sur ce blog). 
Ainsi le principal auteur de cette étude, le spécialiste de chirurgie cardiovasculaire Mandeep Mehra, dissimule le fait que l’hôpital Brigham de Boston où il exerce est actuellement en contrat avec le laboratoire Gilead dont il teste depuis fin mars le médicament proposé contre le Covid : le Remdesivir. 
Ceci vient donc s’ajouter aux conflits d’intérêt potentiels déclarés par l’auteur. Certaines des entreprises listées sont bien connues, comme Abbott qui participe au financement des recherches du Dr Mehra sur les pompes cardiaques, mais qui est aussi investi dans la fabrication des tests de dépistage du Covid. D’autres sont beaucoup moins connues comme l’entreprise suisse Roivant qui cherche elle aussi à valoriser actuellement son médicament (le Gimsilumab) pour traiter les malades COVID en phase de détresse respiratoire aigüe, que le Dr Mehra jugeait récemment « très prometteur ». 
Voilà donc un cardiologue décidément très en verve dans des domaines de spécialités (autour du traitement des différentes phases du Covid) qui ne sont pourtant pas du tout les siens. 
Le second auteur est donc le statisticien de Chicago qui a créé cette société de Big Data fabriquant actuellement des tests sur le Covid. 
Le troisième est le seul suisse de ce quatuor à domination américaine, le Dr Frank Ruschitzka qui travaille à l’hôpital universitaire de Zurich. C’est à nouveau un cardiologue, qui travaille depuis longtemps avec Abbott et Gilead (ce laboratoire subventionnant « sans restriction » – « Unrestricted research grant »   l’hôpital de Zurich), ayant notamment testé et publié sur son médicament contre l’hypertension : le Darusentan.
Triste banalité des filouteries, manipulations voire fraudes dans la recherche médicale contemporaine.

Un jeune collègue sociologue m’écrivait récemment : « je ne suis pas médecin et je suis obligé de m’en référer à l’autorité scientifique que représente le Lancet ». Sympathique naïveté. 
Il faut lire ce qu’a écrit Richard Horton dans le Lancet en avril 2015 car il n’est autre que le propre rédacteur en chef de cette revue depuis 25 ans. Son diagnostic est que le corps scientifique médical est gravement malade : « une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, est peut-être tout simplement fausse. Affligée par des études portant sur des échantillons de petite taille, des effets minuscules, des analyses exploratoires non valables et des conflits d’intérêts flagrants, ainsi que par une obsession à poursuivre des tendances à la mode d’importance douteuse, la science a pris un virage vers l’obscurité. (…) L’endémicité apparente des mauvais comportements en matière de recherche est alarmante. Dans leur quête d’une histoire convaincante, les scientifiques sculptent trop souvent les données pour qu’elles correspondent à leur théorie du monde préférée. Ou bien ils modifient leurs hypothèses pour les adapter à leurs données. Les rédacteurs en chef des revues scientifiques méritent eux aussi leur part de critiques. Nous aidons et encourageons les pires comportements. Notre acceptation du facteur d’impact alimente une compétition malsaine pour gagner une place dans quelques revues sélectionnées. Notre amour de la « signification » pollue la littérature avec de nombreuses fables statistiques. Nous rejetons les confirmations importantes. Les revues ne sont pas les seuls mécréants. Les universités sont dans une lutte perpétuelle pour l’argent et le talent, des points d’arrivée qui favorisent des mesures réductrices, comme la publication à fort impact. Les procédures d’évaluation nationales, telles que le cadre d’excellence pour la recherche, encouragent les mauvaises pratiques. Et les scientifiques, y compris leurs plus hauts responsables, ne font pas grand-chose pour modifier une culture de la recherche qui frôle parfois l’inconduite ».


Au demeurant, l’histoire de la production éditoriale du Lancet a été marquée par plusieurs graves controverses et scandales ces dernière années (ainsi que le rappelle fort justement Patrick Champagnac, ancien de France 3, sur sa page facebook).
Six ans plus tôt, c’était la rédactrice en chef historique du New England Journal of Medicine (l’autre revue médicale la plus prestigieuse du monde), Marcia Angell (professeur de médecine à la Harvard Medical School de Boston) qui, dans un article du New York Review of Books intitulé « Drug Companies & Doctors: A Story of Corruption », passait en revue une série d’affaires de compromission de médecins avec les industries pharmaceutiques, conduisant parfois à d’énormes scandales sanitaires. 
Elle concluait son article en écrivant : « Des conflits d’intérêts et des préjugés similaires existent dans pratiquement tous les domaines de la médecine, en particulier ceux qui dépendent fortement de médicaments ou de dispositifs. Il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie de la recherche clinique publiée ou de s’appuyer sur le jugement de médecins de confiance ou sur des directives médicales faisant autorité. Je ne prends aucun plaisir à cette conclusion, que j’atteins lentement et à contrecœur au cours de mes deux décennies en tant qu’éditeur au  New England Journal of Medicine ». 
On recommandera aussi la lecture de son livre sur le sujet, traduit en Français en 2005.

Conclusion


Il est plus qu’urgent d’en finir avec la sacralisation de la Science derrière laquelle trop de personnes dissimulent tant bien que mal leurs intérêts ou leurs opinions personnelles, ne se donnant jamais la peine de poser la question toute simple qui doit (malheureusement) initier de nos jours toute discussion sérieuse sur une publication médicale : à qui profite le résultat annoncé ?
Laurent Mucchielli
Sociologue, directeur de recherches au CNRS (Laboratoire Méditerranéen de Sociologie), www.laurent-mucchielli.org



Source : afrik.com
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