"La Vie Hospitalière"

mardi 30 juillet 2019

Grève aux urgences: plus de 200 services mobilisés dans toute la France


Entamée mi-mars, la grève aux urgences se poursuit et s’intensifie. Les services hospitaliers mobilisés se rencontreront lors d’une nouvelle assemblée générale le 10 septembre 2019.

La colère ne retombe pas aux urgences. Dans un communiqué publié lundi soir, le collectif Inter-Urgences indique que 211 services d’urgences sont en grève dans toute la France et appelle «l’ensemble des services hospitaliers mobilisés et en grève sur tout le territoire à se rencontrer lors d’une nouvelle assemblée générale nationale le mardi 10 septembre 2019 à Paris». 


Nous dépasserons les 200 services d’ urgences en grève sans l’ombre d’un doute ! 
Pour nous, soignants et patients. L’été nous permettra d’encore mieux nous structurer Il y en avait 181 il y a deux jours, il y en a aujourd’hui plus de 200 . 
Plus de 200 personnels des services d’ urgence, en crise depuis bientôt trois mois, ont commencé à défiler jeudi 6 juin à Paris pour demander des hausses de salaires et plus. 
Refondation annoncée des urgences.
Dans le communiqué publié lundi soir, le collectif Inter-Urgences estime que «la majorité des services n’a pas vu la couleur des enveloppes fléchées pour pallier les difficultés estivales» et souligne «la nécessité absolue de stopper les fermetures de lits». 
Le collectif poursuit: «Puisque le budget global des hôpitaux n’est pas augmenté, les recrutements aux urgences se feront au détriment d’autres activités, comme la médecine ou la chirurgie. Nous refusons catégoriquement cette politique d’opposition entre services».
Revendications salariales, sous-effectifs, manque de matériel, insécurité...
Pour rappel, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait tenté d’apaiser la colère des urgentistes il y a un mois en promettant 70 millions d’euros de mesures immédiates, dont 55 millions consacrés à la généralisation et la revalorisation d’une prime de risque de 100 euros net mensuelle, versée dès juillet à tous les professionnels des services d’urgence, hors médecins. 
Le ministère avait également annoncé une enveloppe de 15 millions d’euros censée permettre «aux services d’urgence en tension» de «renforcer leurs effectifs paramédicaux durant la période estivale et de maintenir ainsi un maximum de lits ouverts». Des annonces jugées insuffisantes qui n’ont pas calmé la colère dans les services d’urgences.
Les revendications du personnel soignant sont connues de longue date. Le collectif Inter-Urgences réclame notamment 300 euros d’augmentation de salaire et 10.000 emplois supplémentaires. Il déplore également le manque de matériel (brancards, lits). 
Autre souci majeur: l’insécurité, avec des insultes et des violences physiques de plus en fréquentes.

Article de Guillaume Poingt 
Source : lefigaro.fr

jeudi 25 juillet 2019

CHU de Guadeloupe : le ras-le-bol du personnel


Un mouvement de grève a débuté mardi 23 juillet au Centre Hospitalier Universitaire de Guadeloupe. La structure peine à se relever depuis l'incendie de 2017. Sans compter la dette de 149 millions d'euros. Les conditions de travail sont devenues pénibles, faute de moyen financier.
Le CHU de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) est paralysé depuis mardi 23 juillet. Massés devant l'entrée, les grévistes filtrent chaque passage. Certains sont infirmiers, d'autres médecins, mais tous se disent éreintés par leurs conditions de travail. Au sein de l'hôpital, le personnel serait insuffisant et les locaux trop vétustes.
Mise en danger des patients
"On ne peut pas continuer à soigner des Guadeloupéens en faisant semblant de les soigner. On ne peut pas continuer à soigner des Guadeloupéens en ayant la peur au ventre chaque jour qu'il ne se passe quelque chose de grave", affirme Mona Hedreville, docteure et membre du collectif de défense du CHU de Guadeloupe. Dans les locaux où sont préparés les repas des patients et où leur linge est nettoyé, le matériel est souvent hors d'usage ou très détérioré : "Les cuisines sont en panne, la laverie aussi. À cause des pièces usées et comme il n'y a pas d'argent, l'entreprise chargée des réparations ne fera pas le nécessaire tant qu'elle n'aura pas été payée", détaille Tony Saint-Charles, de UTS-UGTG pôle logistique.

Source : francetvinfo.fr

mardi 23 juillet 2019

Violences à l'hôpital : 23.360 signalements en 2018, les services d'urgences et de psychiatrie toujours exposés


Ce mardi 23 juillet, l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS, rattaché au ministère) rend public son rapport annuel. S'il fait état de chiffres en stagnation par rapport à l' année dernière, il propose pour les faire baisser la mise en œuvre de « projets de service » au sein des établissements dans lesquels il invite les médecins à s'impliquer.
Avec 23.360 signalements réalisés par 426 établissements, le bilan comptable pour l'année 2018 de l'ONVS est à la hausse d'un peu plus de 1. 000 cas d'agressions pour vingt hôpitaux déclarants de moins. Une tendance trop faible pour conclure à une augmentation de la violence dans les structures.
Le constat n’en reste pas moins inquiétant. Dans le détail, ces cas d'agressions regroupent 80 % d'atteintes à la personne et 20 % d'atteintes aux biens. Les victimes sont majoritairement (82 %) les personnels des établissements. Parmi celles-ci, on compte 9 % de médecins, 47 % d'infirmières diplômées d'État (IDE) et 44 % d'aides-soignantes ou autres soignants. Seuls 6 % des cas touchent les personnels administratifs. Les patients représentent 10 % des cas signalés à l'ONVS et les agents de sécurité 5 %.
À l’inverse, les auteurs des agressions sont en majorité des patients (71 %) ou des visiteurs (19 %). Les personnels soignants ne sont responsables que de 3 % des agressions signalées.
Comme l'an passé, les cas de violence touchent d'abord les services de psychiatrie (18 %), puis les urgences (16 %) et les unités de soins de longue durée (USLD) ainsi que les EHPAD (11 %).
Les motifs des violences sont très majoritairement liés à un reproche relatif à la prise en charge du patient (59,1 %). Le temps d'attente n'arrive qu'en deuxième position (13,3 %), devant l'alcoolisation (11,6 %), les règlements de comptes (6,5 %), la drogue (3,3 %), le refus de prescription (3,1 %), le diagnostic non accepté (1,9 %) et le suicide ou sa tentative (1,2 %).
Violence physique, menace avec arme
Pour la première fois, le commissaire divisionnaire Vincent Terrenoir, auteur du rapport et délégué pour la sécurité générale à la Direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère), a réalisé une typologie des auteurs de violences à partir de l'analyse des fiches de signalement. Il distingue quatre types de violence. « Il y a celle des personnes au comportement délinquant parfois aggravé par l'alcool et les stupéfiants, celle de " Monsieur Tout-le-monde ", parfois inquiet, anxieux ou souffrant à la suite d’un différend, voire d’une simple incompréhension ou contrariété, celle de personnes souffrant d'un trouble psychique ou neuropsychique, et enfin celle qui a lieu par, ou entre professionnels », analyse-t-il.
En regardant le mode opératoire adopté, on remarque que 49 % des atteintes aux personnes sont des violences physiques et menaces avec arme, 33 % sont des insultes et des injures, 17 % des menaces d'atteinte à l'intégrité physique et 2 % des violences avec armes. « Je suis effaré de voir le niveau de violence verbale utilisé par les patients pour arriver à leurs fins avec les personnels », souligne particulièrement l'auteur de l'étude, qui pointe aussi parfois la soudaineté et l'imprévisibilité des agressions qui surviennent à l'hôpital.
Pour tenter d'endiguer la violence désormais inhérente au milieu hospitalier, l'ONVS suggère la mise en œuvre de « projets de service » au sein des établissements. « Lutter contre la violence ce n'est pas uniquement installer des portiques ou recruter un maître-chien, c'est aussi réfléchir à tout ce que cela va engendrer », argumente Vincent Terrenoir. Ce dernier y inclut une réflexion sur différents facteurs comme « les ressources humaines, la formation, les finances, l'architecture et l'entretien des locaux ».
« Il importe que les directeurs s'emparent de cet enjeu majeur et qu'ils le travaillent sur différents niveaux », poursuit-il. Mais pour assurer la réussite du projet, Vincent Terrenoir insiste sur l'importance de l'implication de la communauté médicale. « Là où ça marche bien c'est quand les médecins ont adhéré au projet », explique-t-il. Il illustre son argument par l'exemple : « À l'hôpital Bichat, un projet de service lancé par deux médecins a permis de refaire complètement les urgences. » « Il faut un projet de service global, impliquant tous les personnels, chacun à son niveau de responsabilité », résume Vincent Terrenoir.
Article de Martin Dumas Primbault
Source :  lequotidiendumedecin.fr



Les Ehpad anticipent la canicule : "On ferme les volets et on éteint les lumières"


Alors que 21 départements sont déjà placés en vigilance orange canicule, c'est toute la France qui se prépare, et notamment les établissements pour personnes âgées, comme à La Roche-sur-Yon, où s'est rendue Europe 1.
Vingt-et-un départements ont déjà été placés en vigilance orange : dès ce lundi, la canicule va toucher le sud-ouest et le centre-est du pays, avant de s'étendre ensuite à toute la France. Seule la pointe et la côte nord de la Bretagne devraient être épargnées. Les établissements pour personnes âgées se préparent ainsi à affronter la chaleur, notamment à La-Roche-sur-Yon, en Vendée, où s'est rendue Europe 1.
"Il a fallu faire des travaux coûteux"
Ici, les précédentes canicules ont servi de leçon. "L'an passé, nous avons vécu une canicule importante, sans équipements. Nous avons beaucoup souffert", expliquent notamment Suzanne et Roger, 87 et 89 ans, au micro d'Europe 1. Alors, ces deux habitants de la résidence pour seniors l'Yon d'Or ont pris leurs dispositions. "On s'est passé d'autres choses qui nous semblaient moins indispensables, et on s'est équipé. Il a donc fallu faire des travaux coûteux pour faire installer le climatiseur qui coûte 1.000 euros", souligne Suzanne.
"On éteint toutes les sources de chaleur"
Dans un Ehpad voisin qui accueille une trentaine de patients dépendants, on s’organise également, avant même l’arrivée de la chaleur. "On ferme les volets, on éteint toutes les sources de chaleur, notamment les lumières", détaille Maxime, un soignant. "Ce matin, on a tout ouvert, même s'il faisait un peu froid, notamment pour changer d'air et pour que la fraîcheur s'installe au niveau des murs. Je pense que ça ne fait pas de mal", poursuit-il. "On est entourés de baies vitrées : une heure de soleil suffit pour que la chaleur revienne".
Dès lundi, en plus des passages habituels, des distributions de boissons fraîches supplémentaires sont également prévues le matin et l’après-midi.

Source : europe1.fr

Après Charlie Gard et Alfie Evans, Tafida Raqeeb ?

Tafida Raqeeb a cinq ans, elle est hospitalisée au Royal London Hospital depuis le 9 février. Elle est dans le coma, suite à une malforformation artério-veineuse cérébrale (MAV). Une rupture d’un vaisseau sanguin dans son cerveau a provoqué une connexion anormale entre artères et veines, entrainant chez Tarifa un arrêt respiratoire et un traumatisme crânien. 

Opérée immédiatement, la petite fille s’est « battue avec acharnement ». Ses parents, Shelina Begum, avocate, âgée de 39 ans, et Mohammed Raqeeb, 45 ans, expliquent : « cinq mois plus tard, Tafida commence à montrer des signes de progrès, comme la réaction à la douleur, le mouvement des membres et l'ouverture et la fermeture des yeux ».
Après avoir envisagé un retour à la maison pour poursuivre la convalescence, les médecins ont changé d’avis, jugeant tout type de traitement comme relevant de l’acharnement thérapeutique et préconisant le retrait de la ventilation jusqu’au décès. « Les parents de Tafida sont très désemparés, car ils ont vu leur petite fille faire des progrès au cours des cinq mois qu'elle a passés en soins intensifs ; ils ont donc demandé de lui accorder plus de temps pour se rétablir ».
Un hôpital italien de Gênes a accepté de poursuivre les traitements de Tafida. Les spécialistes qui ont reçu la fillette en consultation video estiment que le cas de Tafida ne correspond pas à la définition de la « mort cérébrale », notamment à la vue des réponses de son tronc cérébral aux stimulations.
Une pétition lancée par les parents demande à l’hôpital londonien de « libérer » leur fille et d’accepter son transfert vers l’hôpital de Gênes. Cette pétition rassemble déjà plus de 6.000 signatures.
Ce cas rappelle celui de Charlie Gard, décédé en 2017 à 11 mois, malgré les demandes de transfert vers les Etats-Unis, et celui d’Alfie Evans, débranché en 2018 malgré l’offre d’un hôpital romain de soigner le garçon.
Pour aller plus loin :

Sources: 
The Independant, Peter Stubley (17/07/2019) - Tafida Raqeeb: Parents of five-year-old girl in coma launch legal challenge to decision to allow her to die
Aleteia, Zelda Caldwell (18/07/2019) - Parents ask UK court for permission to move comatose daughter to Italy
Source de l'article : genethique.org

 "La Vie Hospitalière" demande un peu plus d'humanité. Il faut que soit transférée cet enfant de 5 ans vers l'hôpital italien, la vie pour nous hospitaliers n'a pas de prix.
C'est un appel à la conscience afin de sauver la vie de Tafida Raqeeb  qui a que 5 ans.



dimanche 21 juillet 2019

Canicule à l'hôpital : "On est dans un système qui est arrivé à bout de souffle"


Alors qu'un nouvel épisode de canicule est annoncé sur le pays cette semaine, Frédéric Valletoux le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) fait part de ses inquiétudes sur Franceinfo.


Frédéric Valletoux : "Nos craintes portent sur des services qui pourraient être dépassés, des temps d'attente qui s'allongent, des personnes fragiles qui auraient à trop attendre", déclare Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France dimanche 21 juillet à franceinfo, alors que Météo France annonce une nouvelle vague de canicule en début de semaine prochaine.
Franceinfo : Les hôpitaux ont-ils les moyens d'affronter ce nouvel épisode de canicule ?
Frédéric Valletoux : "Les hôpitaux s'en sont bien sortis lors du précédent épisode de canicule en juin. Tout avait été préparé et anticipé, donc on a montré que nous étions rodés. Maintenant, c'est vrai que la période au coeur de l'été dans laquelle nous sommes est plus sensible que la fin du mois de juin, car il y a des tensions plus fortes sur les effectifs dans les établissements. Il y a aussi des tensions plus fortes dans les cabinets de ville qui sont moins ouverts pendant la période estivale. Ces tensions sur les effectifs pourraient jouer. Néanmoins, on parle d'un épisode de canicule qui va durer quelques jours, et non pas quelques semaines. À partir de là, tout devrait se passer normalement."
Franceinfo : Quelle est la proportion du personnel en congé actuellement dans les hôpitaux ?
Frédéric Valletoux : "C'est difficile à dire, car tout cela s'organise établissement par établissement. Ce que l'on sait, c'est qu'il y a des tensions extrêmes sur les effectifs hospitaliers en ce moment. Cela ne date pas de cet été. Il y a 25% des postes de médecins hospitaliers qui ne sont pas pourvus. Il y a, dans certains services d'urgences, de réelles tensions sur les effectifs de médecins, mais aussi des personnels soignants et paramédicaux. Dans certains services, nous sommes en permanence sur le fil du rasoir. Les congés d'été ont été organisés de manière à assurer la permanence des soins, mais dans des conditions qui sont parfois, il faut le dire, un peu acrobatiques. Surtout que c'est une période où il y a énormément de cabinets médicaux qui sont fermés, et donc le besoin de soins se reporte sur l'hôpital. La situation est très variable, mais de toutes les régions nous remontent des situations de tension qui, parfois, sont extrêmes."
Franceinfo : Y a-t-il des moyens suffisants pour rafraîchir les chambres, hydrater les patients ?
Frédéric Valletoux : "Oui, aujourd'hui, toute la prise en charge sur le matériel est organisée. Cela fait longtemps que les enseignements sur la canicule de 2003 ont été tirés : les pièces réfrigérées, les stocks d'eau, tout ça est anticipé. Ce n'est pas vraiment là-dessus qu'il pourrait y avoir des craintes. 
Les vraies craintes portent sur des services qui pourraient être dépassés, des temps d'attente qui s'allongent, des personnes fragiles qui auraient à trop attendre. Là, on nous annonce une période de canicule qui ne va durer que quelques jours avec des pics de chaleur moins élevés qu'au mois de juin. Il faut rester positif, cela s'est bien passé au mois de juin, il n'y a pas de raison que cela se passe moins bien à l'hôpital cette fois-ci. Vous savez, on trouvera toujours des endroits où cela se passe un peu plus mal qu'ailleurs. 
Je rappelle qu'il y a plus de 20 millions de Français qui passent aux urgences chaque année, que c'est le seul service public qui a vu sa fréquentation doubler en dix ans. 
En 2003, il y avait deux fois moins de personnes qui passaient aux urgences qu'aujourd'hui. Donc on est dans un système qui est arrivé à bout de souffle. La pression sur l'hôpital via les urgences est beaucoup trop importante. Tout l'enjeu des prochaines années est d'arriver à réformer le système. C'est le système en général qui marche sur la tête, on sait qu'il y a une crise de la médecine de ville qui est profonde. Cela ne facilite pas les choses à l'approche d'un événement comme celui de la canicule."

Source :   francetvinfo.fr

Justice et santé publique : étrange épidémie de «non-lieux» dans le scandale de l’amiante



Un vrai scandale peut-il en cacher deux autres ?
Scandale de l’amiante»: c’est ainsi que l’on désigne, en France, le délai qui a existé entre la découverte des effets sanitaires délétères de l’exposition humaine à ce matériau isolant et l’action préventive des autorités sanitaires et politiques. Ce laps de temps, qui apparaît aujourd’hui proprement invraisemblable, s’étale approximativement du milieu des années 1970 à la fin des années 1990 (1).
À l’époque, le concept de lanceur d’alerte n’existait pas, pas plus que celui de démocratie sanitaire
À l’époque, les médias généralistes étaient rarement en situation de dénoncer l’action des lobbies. 
À l’époque, les scandales sanitaires qui devaient suivre – à commencer par les affaires du sang contaminé – n’avaient pas encore conduit à théoriser la dissociation entre l’évaluation médico-scientifique du risque et la gestion politique de ce dernier. 
À l’époque, enfin, on était à cent mille coudées d’imaginer que l’on inscrirait un jour le principe de précaution au sein de la Constitution.
Depuis 1998, soit un an après l’interdiction de l’usage de l’amiante en France, le Programme national de surveillance des mésothéliomes pleuraux (PNSM) fournit des données chiffrées aidant à prendre progressivement la mesure de l’ampleur du scandale passé. Vingt ans plus tard, fin juin 2019, Santé publique France a dévoilé un rapport revenant sur ces vingt années de surveillance, qui confirme malheureusement que l’exposition à l’amiante demeure et demeurera encore pendant plusieurs décennies un sujet majeur de santé publique, une forme de tragédie nécessitant le maintien de la surveillance et le renforcement des actions de prévention.
«On estime aujourd’hui que 1.100 nouveaux cas de mésothéliome surviennent annuellement en France. L’augmentation est plus marquée chez les femmes, avec un doublement des cas en vingt ans pour atteindre 310 cas par an. La proportion des personnes atteintes de mésothéliome pleural ayant exercé une activité dans le secteur du BTP est en augmentation constante depuis 1998, pour atteindre 50% en 2016. Une exposition professionnelle à l’amiante est retrouvée de manière probable ou très probable pour 97% d’entre eux.»
Deuxième scandale
Les maladies générées par l’exposition professionnelle à l’amiante sont inscrites aux tableaux des maladies professionnelles du régime d’assurance-maladie des salarié(e)s comme des exploitant(e)s agricoles. Et depuis 2002, toute personne victime des effets de l’amiante peut également obtenir une indemnisation auprès du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA).
Or, et l’on peut voir là un deuxième scandale, les données du PNSM indiquent que le recours à ces dispositifs est encore loin d’être systématique. Ainsi, entre 2005 et 2017, plus d’une personne sur quatre atteinte de mésothéliome et affiliée au régime général de sécurité sociale n’avait entrepris aucune démarche de reconnaissance en maladie professionnelle, pas plus qu’elle n’avait sollicité le FIVA. Une telle situation est d’autant moins compréhensible que le mésothéliome est une pathologie spécifique et que l’établissement d’un tel diagnostic devrait aussitôt conduire à une prise en charge adaptée.
C’est dans ce contexte que l’on découvre la nouvelle dimension, judiciaire, de l’affaire. « En moins d’une semaine, les magistrats instructeurs du Pôle de santé publique de Paris chargés des dossiers d’exposition à l’amiante viennent d’ordonner deux non-lieux généraux dans des affaires vieilles de vingt-trois ans liées à cette fibre tueuse, reconnue cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 1973 » résume Le Monde (Patricia Jolly). De ce point de vue, la décision de non-lieu dans l’affaire Eternit est édifiante.
Le cas d’Eternit est hautement symbolique: l’entreprise était à la fois le premier producteur français d’amiante-ciment jusqu’à l’interdiction de la fibre et le premier producteur visé par une plainte de cette nature, déposée pour homicides et blessures involontaires par d’anciens salariés en 1996. Or, dans leur ordonnance datée du 10 juillet dernier, les juges d’instruction écrivent :
 «Compte tenu de l’impossibilité de dater l’intoxication des plaignants, il apparaît impossible de déterminer qui était aux responsabilités au sein de l’entreprise […] et quelles réglementations s’imposaient à cette date inconnue.[…] En tout état de cause, les investigations menées au cours de l’instruction ont démontré qu’aucune faute de nature pénale ne pouvait être imputée à une ou à plusieurs personnes physiques ou morales en lien avec la société Eternit».
Puis le 17 juillet dans celui de l’équipementier automobile Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau (Calvados) qui impliquait cinq ex-responsables d’usine. Les personnes visées dans ces deux affaires étaient mises en examen pour « homicides et blessures involontaires ». Ces décisions s’ajoutent à d’autres, analogues, prises depuis un peu plus d’un an dans les affaires de la centrale EDF d’Arjuzanx (Landes), d’Everite-Saint-Gobain, de DCN (chantiers navals militaires), des Charbonnages de France… « Le parquet n’a jamais précisé le nombre de dossiers amiante en cours mais les associations de victimes estiment qu’il en reste une dizaine à régler » précise Le Monde.
« Véritable permis de tuer» 
Me Michel Ledoux, avocat des victimes dans les affaires Eternit et Ferodo-Valeo, prévoit que la quinzaine de dossiers toujours au Pôle Santé seront voués au même sort. « Dans la mesure où le parquet est hostile aux victimes, on s’attend à une pluie de non-lieux motivés par les mêmes arguments dans les semaines à venir, prévient-il. On peut même se demander si le fait de nous les notifier en période de vacances n’est pas une manœuvre supplémentaire pour tenter de nous faire oublier le délai de dix jours pour faire appel. » Dans un communiqué, l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) a pour sa part dénoncé un « véritable permis de tuer sans crainte de poursuites pénales » délivré par les juges.
Les motivations des ordonnances de non-lieux qui se succèdent sont de véritables copier-coller qui, tous, puisent leur argumentation dans un rapport d’expertise définitif de février 2017. Ce dernier, selon l’interprétation des magistrats, affirme l’impossibilité d’établir la date d’une éventuelle faute ayant entraîné la contamination puis l’intoxication des victimes, et donc d’imputer avec certitude la responsabilité à une personne physique.
Dans les ordonnances des 11 et 17 juillet que Le Monde a consulté, les juges estiment qu’il n’est « pas possible de déterminer a posteriori une date précise d’intoxication par les fibres d’amiante » et donc « de mettre en corrélation le dommage et les éventuelles fautes qui pourraient être imputées à des personnes qui auraient une responsabilité dans l’exposition à l’amiante subie ». Une argumentation « spécieuse » pour Me Michel Ledoux. « Ce qu’ils nous demandent pour l’amiante équivaut à sommer un fumeur d’indiquer quelle cigarette est à l’origine de son cancer bronchopulmonaire, or, pour toute substance cancérogène, mutagène et reprotoxique, on ne peut raisonner que par période d’exposition et pas d’intoxication. Il s’agit d’un processus continu », dit-il.
On peut le dire autrement : les faits sont aujourd’hui prescrits parce qu’on ne peut pas les dater précisément. « Ce que je ne comprends pas, c’est qu en datant la période de contamination, et non pas le jour précis, on doit pouvoir faire partir la prescription du dernier jour où le salarié a été exposé à l’amiante 
»
 nous a confié une magistrate particulièrement au fait des questions de santé publique. 
«
Tout le débat est de savoir si le délai de prescription des délits,  qui est aujourd’hui de sept ans (et qui était de cinq ans à l’époque)  part du dernier jour d’exposition à l’amiante ou, comme dans tous les délits dits occultes ou cachés, du jour où la toxicité du produit a été découverte. Je pense que le « parquet santé » aurait dû tenter cette analyse juridique pour faire avancer les choses en matière de délits liés à la santé publique, c’est tout de même son travail... »

Article de Jean-Yves Nau


1) Voir « Le scandale de l’amiante est une bombe à retardement » Slate.fr (19 juillet 2019)


Notes de "La Vie Hospitalière" :
Jean-Yves Nau est une personnalité incontournable,  ancien instituteur,  il a été en charge de la rubrique médecine du journal "Le Monde" de 1980 à 2009, en tant que journaliste scientifique et médecin spécialiste des questions de médecine, de biologie et de bioéthique.
Il publie ses articles sur son blog jeanyvesnau.com.
Lire  aussi ses articles sur slate.fr




samedi 20 juillet 2019

Réforme de la santé : "Il n'y aura pas d'autre occasion pour les médecins", alerte le président de l'Ordre


CPTS, assistants médicaux, projet de loi : le premier acte de la grande réforme de santé souhaitée par Emmanuel Macron vient de s'achever. 
S'il se félicite de voir ses grandes propositions reprises par le Gouvernement, le Conseil national de l'Ordre des médecins ne relâche pas pour autant sa vigilance face aux textes d'application à venir. Refonte des études de médecine, recertification, urgences, remplacement, titre d'homéopathe…
(Article d'Aveline Marques)
Source : egora.fr
Pour plus d'informations (uniquement réservé aux professionnels de santé)



" Doc Stephan 
Franchement qu attendre de l Ordre ? Arrêtons cette mansuétude"


9ème jour de grève à la clinique de Gien (Loiret)


L'inquiétude est toujours aussi forte pour les soignants de la clinique Jeanne d'Arc de Gien. Ils attaquent aujourd'hui leur 9ème jour de grève même si les soins sont assurés. 

Photo Syndicat Santé Solidaires (SSRC-SAS)
L'établissement doit être repris par l'hôpital public d'Orléans. Mais le personnel est inquiet sur la future organisation du travail, les salaires et la perte des avantages actuels.
Hier, la nouvelle rencontre avec le directeur de l'hôpital d'Orléans n'a rien donné. Les employés de la Clinique ont jusqu'au 31 Juillet pour signer leur nouveau contrat.

Source : radiono1.fr

"La Vie Hospitalière" avait fait état en avril 2015 d'une grève des personnels de cette clinique suite à de mauvaises conditions de travail.
Lien

Une enquête est en cours après le décès d’une fillette d’un an au CHU de Strasbourg


La fillette est passée dans deux hôpitaux avant de mourir dans le troisième. Sa mère et son avocat s'interrogent sur sa prise en charge.
L'enfant est décédée fin juin à l'hôpital de Strasbourg d'un problème cardiaque. La mère d'une fillette âgée d'un an a déposé plainte et une enquête est en cours sur d'éventuels manquements dans la prise en charge de l'enfant, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Le 27 juin, cette mère constate que le cœur de sa fille bat « anormalement vite ». La mère « appelle le 18 », explique-t-elle. Le médecin-régulateur la dirige vers l'hôpital d'Altkirch (Haut-Rhin), qui conseille de se rendre à Mulhouse, car il ne dispose « pas d'un pédiatre sur place », raconte cette mère de 33 ans.
En sortant de l'hôpital d'Altkirch, sa fille se met à vomir. Elle appelle le Samu qui dépêche une ambulance, arrivée selon elle au bout de « 20-25 minutes ». Sans médecin à bord.
Trois hôpitaux avant de mourir
Aux urgences pédiatriques de Mulhouse, l'enfant est examinée au bout de seulement « une demi-heure ». Le diagnostic est simple : « Un problème d'asthme et une petite crise de vomissements », expose la mère.
Un médicament est donné à la petite, cela semble la calmer. Mais son état se dégrade rapidement. Son transfert en hélicoptère au CHU de Strasbourg (Bas-Rhin) est finalement décidé. Là où la fillette s'y éteindra peu après.
Choquée, la mère a déposé plainte le 10 juillet à la gendarmerie de Dannemarie, son lieu de résidence, a expliqué son avocat, Me Sacha Rebmann. La plainte est traitée par le parquet de Mulhouse et l'enquête a été confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Mulhouse.
« Des explications sur les temps d'attente »
Pour l'heure, seule une autopsie médicale a été pratiquée et « nous n'avons que très peu d'éléments sur cette mort dramatique », déplore Me Rebmann.
Un médecin « aurait évoqué une suspicion de myocardite d'évolution foudroyante », selon le conseil qui exige désormais « des explications sur les temps d'attente (dans les prises en charge de l'enfant) qui (lui) semblent injustifiés ».
Source : leparisien.fr/



Les crédits de la journée de solidarité sont "détournés" de leur objet initial, assure l'AD-PA


"Une partie des crédits qui ont été récoltés [dans le cadre de la journée de solidarité] a été détournée par les pouvoirs publics" depuis 2004, a accusé sur Franceinfo  Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). 


En 2004, le lundi de Pentecôte avait été décrété "journée de solidarité", et devait donc être travaillé sans être payé, pour financer la dépendance. Depuis 2008, chaque employeur peut décider de faire travailler cette journée ou de récupérer ce temps sur un autre jour, voire de supprimer un jour de congé.
Selon Pascal Champvert, ce mode de financement présente deux défauts. Tout d'abord, "il est contesté par l'ensemble des organisations syndicales, par une partie des organisations d'employeurs et une grande partie des Français". Ensuite, selon le président de l'AD-PA, "année après année, le ministère de l'Economie et des Finances, avec l'aval des différents Premiers ministres, a fait en sorte que tous les crédits n'aillent pas intégralement aux personnes âgées."
"Maigres crédits"
La journée de solidarité devrait générer en 2019 plus de 2,87 milliards d'euros de recettes, indique la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). Entre 2004 et 2019, la journée autonomie a rapporté 34,9 milliards d’euros (contributions des salariés) auxquels s'ajoutent 4,9 milliards d'euros depuis 2013 (contributions des retraités imposables). Ces fonds destinés à financer des actions pour les personnes âgées et les handicapés viennent en partie abonder des fonds gérés par les départements, comme celui qui est dédié à l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).
Pascal Champvert assure qu'une partie de ces crédits reversés aux départements a servi à la création de collèges, à l'amélioration de routes départementales, au renflouement de fonds de réserve pour la retraite ou encore à l'aide à la lutte contre la pauvreté. "Toutes ces choses sont extrêmement utiles mais ne doivent pas être financées par les maigres crédits qui sont destinés aux personnes âgées."
Pascal Champvert assure que ces "détournements réguliers" expliquent "le retard de notre pays en matière d'aide aux personnes âgées". Il déplore le fait qu'il n'y ait "pas assez de professionnels à domicile et en établissement" auprès des personnes âgées. Il avance le chiffre de moins de six professionnels pour dix personnes âgées dans chaque établissement alors qu'en 2012 "on nous avait dit qu'il faudrait huit professionnels pour dix personnes âgées". Il estime que les augmentations de moyens compensent "à peine" l'augmentation du nombre de personnes âgées.

Source:   francetvinfo.fr

vendredi 19 juillet 2019

L’Allemagne compte 800 hôpitaux en trop


En Allemagne, la fermeture à grande échelle d’hôpitaux pourrait améliorer les soins de santé des patients, indique une étude de la Fondation Bertelsmann et de l’Institut für Gesundheits-und Sozialforschung (Iges). L’Allemagne compte environ 1.400 hôpitaux. Selon le rapport, le fait de supprimer 800 hôpitaux permettrait aux hôpitaux restants de disposer de plus de personnel et de meilleures installations.
Les résultats de l’étude ont été vivement critiqués par des représentants du gouvernement allemand, de la gauche et des associations de santé.
Qualité
Selon les chercheurs, de nombreux hôpitaux sont trop petits et ne disposent pas de l’équipement et de l’expérience nécessaires. 57% de tous les hôpitaux allemands sont des cliniques comptant moins de 200 lits. De nombreux établissements ne sont pas en mesure de gérer correctement les urgences, mettant ainsi la vie des patients en danger. Ces petits hôpitaux n’ont pas l’expérience requise pour faire face aux crises cardiaques ou aux accidents vasculaires cérébraux, estiment les auteurs de l’étude.
Une réduction du nombre d’hôpitaux pourrait même prévenir certains décès. Les fermetures pourraient en outre faire en sorte que les hôpitaux restants aient de meilleurs équipements. En outre, cette réduction permettrait également d’aboutir à une spécialisation accrue et à de meilleurs soins pour les patients.
Selon les auteurs, les hôpitaux devraient disposer d’au moins 200 lits et de moyens techniques nécessaires au traitement d’urgence complet des patients souffrant de crises cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux. En outre, les hôpitaux devraient pouvoir compter sur un personnel suffisant. Les départements spécialisés devraient avoir au moins 25 lits.
Jens Spahn (CDU), ministre allemand de la Santé, a expliqué en réponse à l’étude qu’il fallait combiner les soins locaux et la spécialisation. « Tous les hôpitaux ne doivent pas tout faire. Les cas les plus compliqués appartiennent à un hôpital qui possède l’expertise nécessaire », a déclaré le ministre. « La qualité d’un traitement est étroitement liée à l’expérience de l’hôpital en la matière. Les hôpitaux qui ne peuvent pas fournir une expertise pour ces traitements ne devraient en aucun cas recevoir d’indemnité pour ces procédures. »
Critique
Selon Karl Lauterbach, expert en matière de santé du Sozialdemokratisch Partei Deutschlands (SPD), fermer plus de la moitié des hôpitaux allemands serait une erreur. « Mais il est vrai qu’il n’y a pas assez de médecins et d’infirmières disponibles pour offrir des services de haute qualité partout dans le monde. La surcapacité existe surtout dans les villes, où des fusions ou des fermetures sont envisageables. Dans le pays, cependant, la pénurie menace de nombreux endroits. »
D’autres partis affirment que, même s’il y a trop de lits, cela ne signifie pas qu’il y a trop d’hôpitaux.
Jan Korte, représentant du parti d’opposition Die Linke, a formulé des critiques acerbes contre l’étude. « Les propositions de la Fondation Bertelsmann, capitaliste radical du marché, constituent une attaque contre les habitants des zones rurales », a déclaré Korte. « Au contraire, plus d’hôpitaux doivent être aux mains du gouvernement ».
Klaus Reinhardt, président de la Bundesärztekammer, l’association médicale allemande, a également déclaré qu’il était étrange que la Fondation Bertelsmann ait suggéré la fermeture de huit cents hôpitaux. L’association médicale allemande a souligné que la commission gouvernementale sur l’égalité des conditions de vie avait récemment souligné l’importance d’une infrastructure de santé locale.
Selon Reinhardt, dans certaines zones urbaines, il serait logique que les médecins et le personnel infirmier traitent les patients dans des structures plus grandes.
Selon la Deutsche Stiftung Patientenschutz, la Fondation allemande pour la protection des patients, la fermeture de 800 hôpitaux va porter un coup dur aux soins de santé allemands. « C’est peut-être scientifiquement justifié, mais cela serait dévastateur pour le peuple », a déclaré Eugen Brysch, président de l’organisation.

Article d'Arnaud Lefebvre
Source : fr.express.live

jeudi 18 juillet 2019

Se déconnecter pendant les vacances : un droit et un devoir !


L’arrivée des smartphones et des messageries électroniques a considérablement brouillé la frontière entre la vie professionnelle et la vie privée. Vérifier sa boîte mail, emporter des dossiers à terminer… ces mauvaises habitudes des salariés en congé peuvent provoquer du stress voire gâcher les vacances mais que dit le droit du travail ? 
Le droit à la déconnexion : qu’est-ce que c’est ?
La culture d’entreprise axée sur le surinvestissement et la disponibilité de tous les instants incite de manière implicite les salariés à rester connecter en permanence. C’est justement pour faire face à de nombreux cas de burn-out, d’heures supplémentaires non payées et de non-respect des heures de repos qu’a été introduit le droit à la déconnexion par la Loi du 8 août 2016. Dans le chapitre 2 de cette loi, consacré à « l’adaptation du droit du travail à l’ère du numérique », l’article 55 pose une nouvelle exigence de négociation collective. Dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail, on doit désormais inclure le droit à la déconnexion. Ce dernier a pour objectif d’assurer le respect des temps de repos et de congé et ainsi préserver la vie personnelle et familiale des salariés.
La déconnexion est à la fois technique et intellectuelle 
Afin de préserver le droit au repos du salarié, la jurisprudence s’est efforcée d’encadrer le chevauchement entre la sphère privée et la sphère professionnelle du fait de l’usage des technologies de I’information et de la communication. La Cour de cassation consacre cette notion dans un arrêt rendu le 17 février 2004. Il s’agissait en l’espèce d’un ambulancier qui avait refusé de répondre à des appels de son employeur sur son téléphone portable privé durant son temps de repos : « le fait de n’avoir pu être joint en dehors des horaires de travail sur son téléphone portable personnel est dépourvu de caractère fautif et ne permet donc pas de justifier un licenciement disciplinaire ». Ainsi, le travailleur bien que matériellement connecté n’est plus une « victime » de la « télé-subordination » . Il préserve sa santé mentale en exerçant son « droit à la déconnexion » à des heures autorisées que l’employeur doit à son tour respecter et faire respecter. Le salarié peut par conséquent ignorer les sollicitations de son employeur en dehors de son temps de travail et du régime de l’astreinte.
Les managers doivent montrer l’exemple
Les sollicitations étant potentiellement permanentes, non seulement le salarié doit pouvoir éteindre son ordinateur ou son portable et exercer sa capacité de déconnexion pendant ses vacances mais surtout l’employeur doit veiller à ce qu’il puisse le faire. Il doit en effet mettre en place des actions afin que les salariés ne se sentent pas obligés de répondre à une requête professionnelle durant leurs vacances. Les managers ont ainsi pour devoir de montrer l’exemple. 
Un arrêt de la Cour d’appel de Paris du 24 mars 2014 retient que des appels téléphoniques ou SMS incessants en particulier en dehors des heures de travail, peuvent constituer du harcèlement moral managérial. 
Rappelons enfin que la déconnexion a des effets positifs avérés pour la santé et la productivité. Lorsqu’elle est réellement mise en place et effective, le nombre d’arrêts maladie chute nettement. Décrocher de son travail pour se reposer, c’est l’assurance d’être efficace à la rentrée !
Et Yann-Maël Larher, docteur en droit social - Okay Doc


Source : cadreaverti-saintsernin.fr


mercredi 17 juillet 2019

VIH : la Cour des comptes épingle les efforts insuffisants en matière de prévention et de dépistage


« Nous devons porter notre effort sur la prévention qui est un des défauts de notre système de santé. » 
En une phrase, le président de la sixième chambre de la Cour des comptes, Denis Morin, résume le principal reproche formulé à la politique française en matière de prévention et de prise en charge du VIH. « Le coût d'une bonne politique de prévention représente moins de 10 % de celui du traitement de l'épidémie qui est de l'ordre de 1,5 milliard d'euros dans notre pays », poursuit le haut fonctionnaire, qui estime qu'il faut « saturer l'espace public de moyens de dépistage gratuits, accessible sans médiation ».
À l'échelle de la population, un dépistage précoce constitue en effet le premier moyen de prévention. On estime en effet que 24.000 personnes ignorent leur séropositivité en France (sur plus de 172.000 malades). Cette « épidémie cachée » serait responsable de plus de 60 % des nouvelles contaminations. En 2017, 6.424 découvertes de séropositivité ont été recensées en France, soit un taux de découverte de 7,8/100.000 habitants supérieur à celui de l'Union européenne (3,6/100.000).
TROD, dépistage gratuit, préservatifs
Quelles mesures adopter pour améliorer le dépistage, et donc la prévention ? Selon les recommandations de la Cour des comptes reprises par la commission des Affaires sociales du Sénat, il faut élargir l'accès à toutes les modalités de dépistage : réalisation de TROD VIH dans les pharmacies, mise en place d'un portail unique Santé publique France/CNAM ou encore généralisation du dépistage gratuit sans prescription dans les laboratoires de biologie médicale. Les auteurs du rapport proposent aussi de généraliser le remboursement du préservatif masculin (c'est le cas de 2 marques pour l'instant).
D'autres mesures incitatives sont proposées, telles que la création d'un « pass santé sexuelle », donnant accès aux populations les plus vulnérables aux préservatifs gratuit et aux outils de dépistage. Cette proposition est donc une version étendue du « pass préservatif », prévu dans la stratégie santé sexuelle 2018-2020, mais pas encore appliqué.
Afin de dégager les moyens pour cette ambitieuse politique de prévention, la Cour des comptes préconise d'accélérer la réduction des prix des traitements antirétroviraux, sous l'impulsion du Comité économique des produits de santé (CEPS).
Épidémiologie perfectible
Dans son rapport, la Cour des comptes déplore également le manque d'exhaustivité des données concernant l'épidémie. Bien que les infections par le VIH soient une maladie à déclaration obligatoire depuis 2003, le taux d'exhaustivité reste médiocre : 70 % pour les laboratoires de biologie et 49 % pour les médecins. « 20 ans après la mise en place d'une déclaration obligatoire à tous les stades de la maladie, la France reste toujours dans l'attente d'un dispositif fiable de recueil » des cas, résume la Cour des comptes.
Article de Damien Coulomb

mardi 16 juillet 2019

Montpellier: Des corps conservés sur le parking du CHU, faute de place à la morgue


Sur le parking du CHU Lapeyronie, à Montpellier, un camion frigorifique s’est installé. À l’intérieur, des cadavres sont conservés.
Des conditions extrêmes qui aggravent une situation déjà tendue. Depuis une dizaine de jours, un camion frigorifique est stationné à l’entrée du CHU Lapeyronie, à Montpellier. 
À l’intérieur, des corps sont entreposés à cause du manque de place dans la morgue du centre hospitalier universitaire. L’institut médico-légal, qui compte actuellement 60 places, accueille les patients décédés et les corps nécessitant une prise en charge médico-légale.
Une capacité augmentée à deux reprises en moins de dix ans
Si des cadavres sont conservés actuellement dans un camion frigorifique, cela s’explique par le fait que le service fait face à une augmentation du nombre de cadavres qui demandent à passer par une autopsie en ce moment, mais aussi par l’évolution démographique de la région, qui s’accroît depuis plusieurs années. « Pour répondre à l’évolution des besoins de la population, la capacité de la morgue a été agrandie de 12 places en 2010 puis de 18 places en 2015 » nous indique-t-on du côté du CHU. Malgré cette augmentation, cela n’est pas suffisant pour la morgue du CHU Lapeyronie, dont les besoins sont de plus en plus grands.
« Face à un afflux exceptionnel de corps nécessitant une analyse médico-légale ces derniers jours, le CHU a recours à une chambre froide mobile pour continuer à assurer sa mission de service public dans des conditions d’hygiènes et de sécurité optimale tout en respectant les délais de prises en charge de rigueur pour ce type de missions » déclare l’établissement public de santé. Les corps qui sont situés dans cette morgue mobile sont donc en attente d’autopsie.
Une situation « exceptionnelle »
« Cette situation demeure exceptionnelle», assure le CHU de Montpellier. «Elle n’a aucun impact sur l’accueil des familles et les conditions de présentation des corps qui respectent toujours les principes d’intimité et d’accompagnement indispensables dans ces moments difficiles pour tout proche d’une personne décédée ».
« Nous avons des corps qui arrivent tous les jours de l’Hérault, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales. Face à cette situation, nous avons pris des mesures urgentes » explique de son côté Eric Baccino, le chef du service de médecine légale du CHU de Montpellier, à nos confrères de Métropolitain. Il assure également que la situation s’était déjà produite l’année dernière, afin de remédier à des besoins similaires.
Source : 20 minutes

Lancement du Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé


Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, ont lancé lundi 15 juillet la structure de coordination nationale pour favoriser une meilleure qualité de vie des étudiants en santé : le centre national d'appui pour la qualité de vie.
La qualité de vie et le bien-être des étudiants sont une préoccupation majeure des réformes des études de santé portées par le Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et par le Ministère des Solidarités et de la Santé.
Parmi les engagements pris afin d'améliorer le bien-être des étudiants, certains ont déjà été concrétisés : la création dans toutes les universités d'une structure d'accompagnement des victimes de violence, l'accès de tous les étudiants en santé à la médecine préventive, aux activités culturelles et sportives ou encore la refonte des cursus pour les centrer sur les compétences à acquérir et sortir d'une logique de compétition, notamment concernant la réforme du second cycle des études médicales avec l'objectif d'une disparition de l'ENCi dans sa forme actuelle.
Le Centre national d'appui (CNA) permettra de développer une expertise, de proposer des recommandations, de favoriser l'échange des bonnes pratiques et leur évaluation.


Note de "La Vie Hospitalière" 
La création du Centre national d'appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA) figurait parmi les 15 mesures annoncées en 2018 par Agnès Buzyn ministre de la santé, et Frédérique Vidal ministre de l'enseignement supérieur,  pour améliorer leurs conditions.
Le CNA s'est inspiré du rapport rédigé par le Dr Donata Marra et donné à Agnès Buzyn le 3 avril 2018.