"La Vie Hospitalière"

lundi 30 décembre 2019

«Le problème, ce ne sont pas les urgences, c’est l’hôpital»


Faute de personnel et de lits disponibles alors que les patients sont nombreux aux urgences pendant les fêtes, des médecins et chefs de service tentent d'alerter leur direction. Qui ne propose pas assez de renforts.
Il sera de garde mardi, comme il l’a été à Noël. «Je n’ai pas le choix, nous dit-il, un rien désabusé. Autrement, il n’y aurait pas de médecins.» Chef de service des urgences au CHU du Kremlin-Bicêtre près de Paris (AP-HP), Maurice Raphaël n’est pas un novice. Il occupe ce poste depuis dix ans, et auparavant il était à l’hôpital de Montfermeil. Les urgences, c’est son monde.
Là, il se montre presque philosophe. La semaine dernière, il l’était beaucoup moins. Dans un mail adressé à la direction de l’hôpital, il s’est énervé et a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Évoquant le «risque majeur d’événements graves», il motivait sa mise en garde : «La situation pour les semaines à venir s’annonce extrêmement préoccupante. La privation de 100 lits avec une activité qui reste stable, voire qui augmente pendant les fêtes, conduit mathématiquement à un engorgement des urgences et avec pour résultat des patients dans l’attente de lits installés sur des brancards dans les couloirs.» La preuve ? «Le 23 décembre, quand je suis arrivé le matin, nous devions nous occuper de 35 patients sur des brancards, les voir un par un, leur trouver une place, ce qui prend du temps. Et pendant ce temps-là, le flux continue d’arriver et vous êtes toujours en retard.»
Maurice Raphaël résiste. Mais parfois, il a le sentiment de radoter, tant la situation s’est enkystée. «Le problème, ce n’est pas les urgences, c’est l’hôpital, nous explique-t-il. Avec 110 lits fermés faute de personnel, nous n’en avons pas de place. Alors, tout est tendu. On a des conditions de travail difficiles, on n’est pas assez nombreux, et on n’arrive ni à recruter ni à faire rester le personnel.» Parallèlement, l’activité augmente : plus de 60 000 passages par an, c’est-à-dire au moins 180 personnes par jour.
Pour affronter cette marée constante, la direction de l’hôpital a prévu le renfort de deux aides-soignants… Une goutte d’eau. «Le 26 décembre, il y avait 40 patients en attente de lits. A chaque fois, on le sait, on prévient la direction. On dit : "Attention, on va avoir des problèmes." Les gens restent là, dans les couloirs. Il y a un risque majeur d’erreurs graves, parce que vous ne pouvez pas avoir des yeux partout et surveiller tout ce qui se passe, c’est impossible», s’inquiète Maurice Raphaël.
«Sur le papier, c’est parfait»
L’été dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) de l’île de France avait lancé un plan «zéro brancard aux urgences», s’inscrivant d’avance dans le pacte de refondation des urgences annoncé en septembre par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. «La démarche a pour objectif d’améliorer la qualité de la prise en charge et des conditions de travail dans les services d’accueil des urgences», était-il dit en préambule. Fin novembre, bon élève, l’hôpital du Kremlin-Bicêtre a été le premier établissement francilien à signer un engagement avec l’ARS. Avec une série de mesures annoncées, comme l’ouverture de dix lits supplémentaires, mais aussi une accélération des prises en charge pour l’imagerie adultes pour les urgences non vitales.
Le plan évoquait aussi «une grille de fragilité» afin «d’identifier les patients susceptibles d’être hospitalisés pendant plusieurs jours afin d’accélérer leur prise en charge sociale». Joli programme. «Sur le papier, c’est parfait, analyse le Dr Maurice Raphaël, mais les 10 lits ouverts ont été fermés ailleurs. Alors il y a toujours le même goulot d’étranglement, d’autant que dans notre hôpital, pour des raisons non éclaircies, la durée de séjour des patients est un peu plus longue qu’ailleurs.»
Appel à la démission
Au CHU du Kremlin-Bicêtre, il manque chaque jour entre 70 et 80 infirmières. Un cas pas isolé. Les exemples sont légion de cette tension maximum, avec des réponses parfois déroutantes des administrations. La semaine dernière, selon France 3 Grand Est, on a appris qu’au centre hospitalier Emile-Muller de Mulhouse (Haut-Rhin), «une journée de garde à 2.200 euros a été proposée à un médecin urgentiste» pour le faire venir. De quoi susciter la colère de Jean-Marc Kelai, secrétaire de la section CFDT du groupement hospitalier Mulhouse Sud : «Il y a quelques semaines, nous avons manifesté parce que la direction voulait [toucher à] une partie de la prime de services des agents. Et là, on voit qu’on arrive à trouver de l’argent pour rémunérer ces médecins intérimaires.»
Autre symptôme de cette crise, au service des urgences de l’hôpital Joseph-Ducuing à Toulouse : 9 des 11 médecins ont envoyée leur lettre de démission à la direction de l’établissement, «ne voulant plus travailler dans un service démuni d’une aide-soignante la nuit et dans lequel une seule infirmière s’occupe de l’accueil et des soins».
Une fin d’annus horribilis. Au niveau national, ce sont maintenant 1.062 chefs de service qui ont signé un appel à la démission, dans un texte commun adressé à la ministre de la Santé pour «faire en sorte que l’année prochaine ne ressemble pas à cette année».


Source : liberation.fr

dimanche 29 décembre 2019

À J-2 du réveillon, les médecins alertent sur les dangers des pétards


Les pétards sont une tradition bien française lors de la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Mais attention, ils peuvent causer des accidents graves. Pour sensibiliser les plus jeunes, certains médecins organisent des visites de leurs services. Exemple au CHU de Strasbourg, où l’équipe médicale se prépare activement à la nuit de mardi.
REPORTAGE
Ils ne coûtent bien souvent que quelques euros et sont très prisés la nuit du Nouvel An : les pétard et les feux d'artifice sont pourtant interdits par les autorités à cette occasion. Ce qui n'empêche pas la mesure d'être rarement respectée. À Strasbourg, deux personnes ont été amputées d'un doigt lors du dernier réveillon de la Saint-Sylvestre. Alors, pour prévenir les plus jeunes, le service SOS-Main du CHU de la capitale alsacienne a organisé une visite pour les collégiens. 
"Il y a beaucoup d'amputations les soirs de Nouvel An"
Ces jeunes visitent le service et apprennent les bons gestes à adopter, tout en découvrant les différents instruments utilisés par le personnel hospitalier. "Des instruments assez fragiles qui permettent de réparer les nerfs et les artères qui ont été sectionnés", leur précise une membre du service. SOS-Mains est prêt pour le passage à 2020 : nuit blanche pour tout le monde, et une équipe renforcée en nombre au bloc opératoire. 
La prévention est nécessaire, les accidents pouvant être gravissimes. "Il y a beaucoup d'amputations les soirs de Nouvel An", explique Martine, kinésithérapeute. Juliette, ergothérapeute, abonde : "Il y a tout un parcours de reconstruction derrière. Il faut parfois changer de métier, et réaménager son quotidien pour vivre avec un ou plusieurs doigts en moins. Les conséquences peuvent être dramatiques sur la vie privée et professionnelle." 
"Ça donne vraiment moins envie d'en faire"
En classe de quatrième dans un collège strasbourgeois, Théo et Lilian le reconnaissent : ils ont retenu la leçon. "Quand on a vu le doigt avec la chair, et l'os coupé avec la moitié du doigt amputé, ça donne vraiment moins envie d'en faire", expliquent-ils. "Après les images, c'est répugnant." La prévention pourrait donc dissuader ces jeunes, qui sont particulièrement concernés par ce type d'accidents. En 2019 plus de la moitié des 65 personnes blessées par un pétard dans le Bas-Rhin étaient mineures. 
Par Arthur Helmbacher, édité par Ariel Guez

Source : europe1.fr



Faute d’infirmières, l’hôpital de Roubaix n’ouvrira pas son unité d’hiver


Confronté à des difficultés dans le recrutement d’infirmiers, l’hôpital de Roubaix, dans le Nord, n’ouvrira pas son unité hivernale au 1er janvier. Ce coup dur est symptomatique des conditions de travail difficiles et du manque d’attractivité de la fonction publique hospitalière.
L’unité représente 12 lits supplémentaires destinés à « répondre aux hospitalisations en surnombre aux urgences pendant l’hiver », explique Maxime Morin, directeur de l’établissement qui emploie 2.900 agents (équivalent temps plein). « C’est indispensable. Si on ne fait pas ça, on va tendre la situation dans les services ».
Mais, pour la faire fonctionner sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, l’hôpital a besoin, entre autres, de six infirmiers, des postes qu’il n’arrive pas à pourvoir, même en retardant l’ouverture de l’unité de plusieurs semaines : en 2018, elle avait pu commencer à fonctionner début décembre. « Ce qui nous empêche d’avoir tous nos postes remplis, c’est l’absentéisme : cela nous oblige à remplacer d’abord là où il y a des trous. Du coup, les gens qu’on embauche ne sont pas disponibles pour les postes vacants ou l’unité hivernale », souligne Maxime Morin.
10 % d’effectifs manquants tous les jours
De fait, à Roubaix, il manque chaque jour plus de 10 % des effectifs du personnel non médical (PNM : infirmiers, aides soignants…), soit une moyenne de 37,9 jours d’absence par agent en 2018, selon les chiffres d’HospiDiag. Une situation liée à un quotidien professionnel « épuisant », estime une infirmière du service des urgences, qui souhaite rester anonyme. « Il y a des jours où on n’a pas le temps d’aller aux toilettes, certains n’osent même pas boire un verre d’eau. C’est beaucoup de soins à la chaîne, c’est l’usine… »
D’un côté donc, un fort absentéisme, et de l’autre, des difficultés à recruter. L’hôpital de Roubaix dispose pourtant dans ses murs d’un Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), dont 80 étudiants sont sortis diplômés en juillet et 40 en décembre, mais peine de plus en plus à les attirer. Parmi les facteurs qui pèsent dans le choix des jeunes diplômés, « le salaire joue beaucoup, c’est ce qui les attire vers les pays étrangers », comme la Suisse ou la Belgique, et vers le secteur libéral, explique Alain Messien, directeur de l’IFSI.
Instabilité des horaires
À la rémunération s’ajoutent aussi d’autres éléments selon lui : « Les conditions de travail et l’instabilité des horaires ». Face à l’absentéisme, l’hôpital public rappelle souvent son personnel sur ses heures de repos, quand le secteur privé, lui, « fait appel à des personnels intérimaires », plus chers et moins productifs, pour garantir les emplois du temps des titulaires.
Les effectifs en poste, eux, tirent la langue. Selon le dernier bilan social, le stock d’heures supplémentaires non récupérées et non payées s’élevait à 112.287 fin 2018. « Les gens ont l’impression de travailler gratuitement », estime un infirmier anesthésiste. « Le système tient parce qu’il y a beaucoup d' « anciens » qui sont venus à l’hôpital avec l’idée de dévouement, mais la nouvelle génération ne veut plus de tout ça. Et avec les départs en retraite, on va avoir de gros problèmes ».


Source : 1001infos.net

samedi 28 décembre 2019

Grosse épidémie de démissions de médecins aux urgences de l'Hôpital Ducuing à Toulouse


De source syndicale, pas moins de 9 des 11 médecins des urgences de l'Hôpital Ducuing de Toulouse ont été atteints de démissionite aigüe. 

Ils ne veulent plus travailler dans un service dépourvu d'aide soignante la nuit. Un poste que la direction refuse de combler malgré 35 jours de grève.
Ils ont jeté l'éponge les uns après les autres.

C'est une grosse épidémie nosocomiale. Elle décime les urgences, touchant exclusivement les médecins et se manifestant sous la forme de démissionite aigüe.

9 des 11 médecins des urgences de l'Hôpital Ducuing de Toulouse, chef de service compris, ont en effet, selon la CGT, envoyé leur lettre de démission à la direction de l'établissement.

Ils ne veulent plus travailler dans un service démuni d'une aide-soignante la nuit et dans lequel une seule infirmère s'occupe de l'accueil et des soins.

35 jours de grève du personnel médical et paramédical en novembre et décembre n'ont en effet pas suffi à faire plier la direction sur la principale revendication d'un poste d'aide-soignante de 12 heures par nuit. La direction n'a cédé que sur un poste 6 heures par nuit.

Au mois de novembre le service des urgences avait dû fermer, le médecin assigné s'étant déclaré en arrêt maladie.

Des équipes "dépitées" et "très inquiètes" sur l'avenir du service
Sur place, les équipes se déclarent "dépitées" et "très inquiètes" sur l'avenir du service qui connaît une augmentation régulière et importante de sa fréquentation.


C'est compliqué de travailler dans ces conditions sans savoir ce qui va se passer ne serait-ce que le mois prochain, témoigne une infirmière. Elle explique aussi que "la qualité des soins et la sécurité des patients sont engagées dans le service la nuit".
Lorsque la seule infirmière se retrouve toute seule pour faire l'accueil, la secrétaire, la brancardière, le laborantin, ça en devient dangereux.
Pour la direction, le fonctionnement du service est "satisfaisant".La direction n'a pas souhaité nous recevoir.

Elle nous a toutefois indiqué par mail que "ces démissions concernent principalement des postes à temps partiel". "Leur décision leur appartient et je ne tiens pas la commenter", écrit le directeur Eric Fallet. "À ce jour le service fonctionne normalement", précise-t-il. "Nous avons recruté deux urgentistes à partir du mois de janvier".

Selon lui, le service des urgences de l'Hôpital Ducuing ne serait "pas en danger". Il fonctionnerait même "dans des conditions satisfaisantes eu égard au contexte de grève".

Article de Vincent Albinet 

Source : france3-regions.francetvinfo.fr



"Si on fait une trêve, c'est perdu" : contre la réforme des retraites, l'espoir de la convergence des luttes


Enseignants, cheminots et agents du service public, entre autres, étaient bien dans la rue ce samedi pour manifester, une nouvelle fois, contre la réforme des retraites. Rejetant toute idée de trêve pendant les fêtes, ils espèrent au contraire une convergence des luttes pour faire céder le gouvernement.

REPORTAGE
"À quoi bon faire une trêve ? Si on fait une trêve, c'est perdu, ça ne sert à rien. Qui va reprendre un mouvement après une trêve ?" Laurent, conducteur de métro parisien, est en grève depuis 24 jours et ne compte pas s'arrêter là. Comme tant d'autres agents de la RATP, mais aussi enseignants, cheminots ou agents du service public, il était bien dans les rues de Paris, ce samedi. Répondant à l'appel des unions régionales CGT, FO, Solidaires et FSU, les manifestants se sont élancés depuis la gare du Nord pour rejoindre Châtelet dans l'après-midi. 
"La grève générale, c'est maintenant ou jamais"
Et Laurent, comme bien d'autres, espère une convergence des luttes. "C'est pas normal, il faut que les gens se réveillent. On attend que les autres corporations, que tout le monde vienne se joindre à cette bataille. La grève générale, c'est maintenant ou jamais", témoigne-t-il au micro d'Europe 1. 
Une convergence qui a déjà commencé, assurent certains. Isabelle, manifestante de la première heure, voit d'un bon œil la présence dans le cortège de nombreux "gilets jaunes". "Les 'gilets jaunes' apportent beaucoup aux manifestations un peu classiques. Ils ont initié une forme de mouvement, de contestation nouvelle, qui est très forte", estime-t-elle.
Les manifestants insistent tous sur l'esprit de solidarité très présent pendant ce mouvement. Esprit qui perdurera, assurent-ils, bien après les fêtes.

Par Hélène Terzian, édité par Margaux Baralon

Source : europe1.fr


Pour nos retraites solidaires, nous ne lâcherons rien !

La journée de grève et de manifestations du 17 décembre a marquée une nouvelle étape forte du processus de mobilisation engagé pour le retrait du projet gouvernemental de réforme des retraites.

Massivement mobilisés, les personnels de la Fonction publique ont largement pris leur part dans ce nouveau développement de la bataille engagée.
Nos organisations réaffirment leur soutien à tous les personnels de la Fonction publique qui, dans de nombreux secteurs, ont décidé de reconduire la grève, tout comme elles expriment leur solidarité en particulier aux grévistes de la SNCF et de la RATP, engagés dans un mouvement reconductible depuis le 5 décembre.
Nos organisations dénoncent la minoration des taux de grévistes dans la Fonction Publique une fois de plus effectuée par le gouvernement.
La forte mobilisation des personnels de la Fonction publique démontre qu'elles et ils ont bien compris, en dépit de la désinformation du gouvernement et de sa majorité, qu'elles et ils seraient toutes et tous impactés négativement par la réforme si celle-ci allait à son terme.
Ce projet est très majoritairement rejeté, il est de la responsabilité du gouvernement et du Président d'y renoncer.
Nous soutenons et partageons l'appel interprofessionnel qui affirme notamment :
« En conséquence, au-delà des initiatives d'ores et déjà programmées, le 19 décembre et sans trêve jusqu'à la fin de l'année 2019, les organisations (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNEF, UNL) appellent à une nouvelle puissante journée de grève et de manifestations interprofessionnelle et inter générationnelle le jeudi 9 janvier 2020. »
Nous continuons à revendiquer :
- Une amélioration et une consolidation de nos retraites, avec le maintien des régimes existants, notamment le Code des pensions civiles et militaires et la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales, ce qui est en totale contradiction avec le projet gouvernemental.
- Le maintien de la catégorie active pour tenir compte des spécificités dans les trois versants de la fonction publique et une meilleure prise en compte de toutes les formes de pénibilité.
- Des augmentations générales de salaire avec, en particulier, une revalorisation immédiate du point d'indice et l'attribution de points d'indice supplémentaire de manière uniforme.
- Des créations d'emplois statutaires dans les nombreux secteurs qui en ont besoin, et un plan de titularisation des contractuels.
- La défense des missions publiques et donc l'abandon de toutes les formes d'externalisation et de privatisation.
- Le renforcement du Statut Général, garantie pour le citoyen d'un service public neutre et impartial et, par voie de conséquence, l'abrogation de la loi dite de transformation de la Fonction publique.
Le Président et le gouvernement doivent nous entendre et vite, car nous sommes déterminés à poursuivre la mobilisation !

Communiqué unitaire Fonction publique
CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNEF, UNL



"La Vie Hospitalière" vous conseille de consulter les divers sites pour de plus amples informations (tracts, lieux et heures des départs des cars, lieux et heures des manifestations...)

Organisations syndicales de la Fonction Publique (Nationales)
Confédération Générale du Travail  CGT SP
Fédération Autonome de la Fonction Publique FA FP
Fédération Générale des Fonctionnaires FO  FGF FO 
Fédération Syndicale Unitaire FSU
Solidaires dans la Fonction publique S FP

Confédération Française Démocratique du Travail CFDT FP
(non signataire au 28 décembre (1))
Fédération Générale Autonome des Fonctionnaires FGAF 
(non signataire au 28 décembre (1))
Union Nationale des Syndicats Autonomes UNSA FP 
(non signataire au 28 décembre (1))

Liste non exhaustive 
1) Ne veut pas dire qu'il y a un non engagement pour la manifestation interprofessionnelle  et inter générationnelle du 9 janvier 2020.
Associations et syndicats de lycéens et d'étudiants (Nationaux)
Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne FIDL
Mouvement National Lycéen MNL
Union Nationale des Étudiants de France UNEF
Union Nationale Lycéenne UNL




Médecins remplaçants non thésés : les revendications du SNJMG à l’occasion de la grève des internes


Comme deux autres organisations d’internes (la FNSIP et l’ISNI), le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) participe depuis le 10 décembre 2019 à la grève des internes.
Parmi nos revendications, certaines concernent l’exercice des remplacements par les internes.
Cette année, de nombreux internes ont vu leurs démarches pour obtenir leur licence de remplacement entravée par des difficultés administratives non justifiées (1). Par ailleurs, des rumeurs bruissent sur de nouvelles contraintes pour pouvoir faire des remplacements avant d’avoir passé sa thèse. Enfin, l’article L642-4-2 du code de la sécurité sociale créé par la LOI n°2018-1203 du 22 décembre 2018 - art. 47 (VD) oblige les remplaçants non thésés à s’affilier soit à la CARMF soit au RSPM à compter du 1er janvier 2020 (2).
Face à ces menaces qui planent pour les internes et remplaçants non thésés, le SNJMG demande :
- Confirmation des conditions actuelles de remplacement pour les médecins et internes non thésés.
- Évaluation de l'encadrement, de la supervision et de l'acquisition de compétence en SASPAS pour la filière de MG (pour les autres spécialité, le SNJMG prône des évaluations nationales de stages spécifiques par spécialité).
- Concertation entre organisations nationales d’internes et organisations nationales d’enseignants, sur la base de cette évaluation, pour d’éventuelles modifications des conditions d’accès à la licence de remplacement qui s’appliqueront aux internes à venir.
- La possibilité laissée aux médecins remplaçants non thésés de s’affilier ou non à un régime de retraite/prévoyance (CARMF ou RSPM).
Du fait du calendrier, le SNJMG entend médiatiser le détail de ses revendications sur le sujet précis des remplacements avant les fetes de fin d’année.
Le choix de la ministre de ne pas mettre en place toutes les garanties évitant aux internes de dépasser la limite légale de leur temps de travail (3) et la désinvolture de sa réponse aux interrogations sur la qualité de la formation (4) nous poussent à maintenir notre préavis de grève des internes de Médecine Générale, effectif depuis le 10 décembre 2019. Et son absence totale de réponse à nos revendications spécifiques, nous font préparer activement la journée nationale de mobilisation des internes, le 20 janvier 2020.


1. : Interne de MG et licence de remplacement (Fil d’info SNJMG)


Contact Presse : Benoit Blaes - webmaster@snjmg.org - 06.26.25.54.57




Source : snjmg.org


Les profits avant la santé


De l’alimentation au médicament, les multinationales dictent les règles du jeu. Au détriment de notre santé.
Dans le monde merveilleux du capitalisme, la santé est un marché comme les autres. Il est même souvent plus captif : difficile de changer l’air que l’on respire ou de se passer des prescriptions médicales lorsqu’on est malade. Au cours du XXème siècle, les maladies infectieuses ont reculé dans les pays industrialisés. Ce n’est pas le cas des maladies chroniques (Alzheimer, Parkinson, diabète, pathologies cardiovasculaires…), qui touchent toujours plus de personnes, et pas uniquement en raison du vieillissement de la population. L’environnement joue un rôle essentiel. En cause : les industries chimiques et agroalimentaires qui façonnent de plus en plus nos modes de vie. À l’autre bout du spectre, le secteur pharmaceutique a un poids toujours croissant. Son chiffre d’affaires a dépassé les 1.000 milliards de dollars en 2017 1.
Effet cocktail. 
Du côté de la chimie (Bayer, Dupont…), on n’en finit plus d’inventer des molécules : plus de 100.000 depuis 1945, qu’on retrouve dans les cosmétiques, le plastique ou… nos assiettes, par le biais des pesticides. Selon l’Inra, une pomme qui n’est pas issue de l’agriculture bio subit en moyenne 36 traitements chimiques. Problème : même ingurgitées à petite dose, les molécules se combinent. Cet « effet cocktail » affaiblit le système immunitaire, contribuant à certaines pathologies chroniques et à l’infertilité, car beaucoup sont des perturbateurs endocriniens 2.
L’Union européenne s’est bien dotée en 2007 du règlement Reach, qui a permis de restreindre l’utilisation de 200 molécules jugées dangereuses pour la santé humaine, aussi bien dans des produits de nettoyage que des peintures, mais cela reste insuffisant. Même s’il est plus efficace que la procédure d’interdiction administrative étasunienne, qui n’a concerné depuis 1976 que quatre substances, Reach repose sur un principe d’autorisation dérogatoire qui limite de fait les interdictions 3. Le secteur ne lésine en outre pas sur le lobbying en fabriquant de la controverse scientifique, et fait ainsi reculer l’application du principe de précaution, comme l’a démontré la journaliste Stéphane Horel à propos des perturbateurs endocriniens 4. 
L’exemple du glyphosate l’illustre aussi : alors que le Centre international de recherche sur le cancer a estimé en 2015 que cette substance était un « cancérogène probable », la plupart des agences de réglementation ne lui ont pas emboîté le pas. En 2017, l’Union européenne l’a de nouveau autorisé pour cinq ans. Seule l’Autriche a décidé cet été de le bannir.
Diabète et obésité.
 De son côté, l’industrie agroalimentaire vend des produits transformés bourrés de sucre, de sel et de gras. Une façon de produire à moindre coût tout en nous rendant accros 5. Bien dosés, le sucre et le gras activent les circuits cérébraux de la récompense et peuvent créer une accoutumance. Les conséquences sur notre santé sont dévastatrices. L’obésité touche aujourd’hui un adulte sur huit dans le monde. En Chine, près de 10 % de la population souffre d’un diabète de type 2, qui était quasi inexistant en 1980.
Face à cela, les pouvoirs publics multiplient les recommandations. Mais « entre le slogan “manger cinq fruits et légumes par jour” et l’efficacité des campagnes publicitaires pour les produits les moins diététiques (...), le match apparaît d’autant plus inégal que le prix des produits est souvent inversement proportionnel à leur intérêt nutritionnel », rappelle le spécialiste Didier Tabuteau 6.
Santé business. 
L’industrie pharmaceutique, enfin, est passée maître dans l’art de faire de la santé un business. Son modèle économique de blockbuster, un médicament protégé par un brevet et vendu en masse, est certes en train de s’essouffler avec l’arrivée des biotechnologies, qui ont complexifié et allongé la phase de recherche. C’est pourquoi, de plus en plus, les grandes firmes travaillent en joint-venture ou rachètent des start-up qui ont réalisé les premières phases de R&D.
Elles développent désormais des médicaments ciblés sur une catégorie précise de patients souffrant de maladies chroniques, qu’elles vendent à un coût exorbitant pour la Sécurité sociale. Ainsi du Sovaldi, que le laboratoire Gilead a proposé en France au prix de 41.000 euros les douze semaines de cure. Le prix démesuré ne rémunère pourtant pas une recherche autonome puisque des laboratoires de recherche publique sont souvent à l’origine des nouvelles molécules. L’ONG néerlandaise Somo souligne que les patients paient souvent trois fois pour un nouveau médicament : pour financer la recherche publique, pour subventionner les start-up, et pour l’achat final. De fait, entre le milieu des années 1990 et aujourd’hui, le taux de dividende, soit la part des bénéfices versés aux actionnaires sous cette forme, s’échelonne entre 40 % et plus de 100 % dans les plus grosses entreprises du secteur, selon le think tank belge Mirador. Autrement dit, près de la moitié des bénéfices au moins part sous forme de dividendes. Capitalisme et santé font bon ménage qu’au profit de certains.
Article de Céline Mouzon

1. Voir Economie du médicament, par Philippe Abecassis et Nathalie Coutinet, coll. Repères, La Découverte, 2018.
2. Voir Ça chauffe dans nos assiettes. Des recettes pour sauver le climat, par Yves Leers et Jean-Luc Fessard, Buchet-Chastel, 2017.
3. Voir Toxiques légaux. Comment les firmes chimiques ont mis la main sur le contrôle de leurs produits, par Henri Boullier, La Découverte, 2019.
4. Voir Intoxication. Perturbateurs endocriniens, lobbyistes et eurocrates : une bataille d’influence contre la santé, par Stéphane Horel, coll. Cahiers libres, La Découverte, 2015.
5. Voir Sucre, sel et matières grasses. Comment les industriels nous rendent accros, par Michael Moss, Calmann-Lévy, 2014.
6. Voir « La santé dans l’assiette », Les tribunes de la santé n° 49, 2015.

Source : alternatives-economiques.fr

"On nous prend pour des imbéciles" : plus de 1.000 médecins démissionnent de leurs fonctions administratives


L'hôpital public entre dans son dixième mois de crise avec plus de 250 services d'urgences en grève. Des médecins rejoignent le mouvement en abandonnant leur casquette administrative. Une façon pour eux d'alerter le gouvernement.
"On réclame juste d'être écouté, entendu et reçu", martèle Stéphane Dauger. Ce chef du service réanimation pédiatrique de l'hôpital parisien Robert-Debré depuis treize ans est l'un des 1.000 médecins qui ont décidé d'abandonner leurs fonctions administratives pour dénoncer "l'effondrement" de l'hôpital public. 
Ces chefs de service ont rejoint le mouvement de grève lancé par les services d'urgences. La contestation s'étend ainsi à l'ensemble de l'hôpital public. Ils attendent du gouvernement des réponses concrètes aux problèmes budgétaire et d'attractivité et demandent le retour à une gouvernance partagée entre personnel, direction et usagers. 

Une démission "symbolique" 

"Ce mouvement des chefs de service est historique", relève André Grimaldi, professeur d'endocrinologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, qui coordonne la pétition. Derrière cette décision "symbolique", il n'y aucune "revendication personnelle", insiste Stéphane Dauger. "Je suis chef de service depuis 2006 et n'ai perçu aucun centime supplémentaire pour cette activité qui me prend deux heures par jour en plus de mon rôle de soignant", précise celui qui, comme les autres chefs, continue son activité de soignant, mais aussi de chercheur et d'enseignant. 
"On nous prend pour des imbéciles depuis plusieurs mois", s'insurge ce chef de service. Comme les cosignataires, il réalise un "acte de désobéissance" en n'appliquant plus la codification tarifaire, qui permet ensuite de demander le paiement des actes à l'assurance-maladie. Stéphane Dauger a arrêté aussi de gérer "administrativement" ses équipes et ne siège plus dans les instances bureaucratiques. 
Je n'ai plus aucune relation avec l'administration, qui fait semblant de ne pas être au courant.(Stéphane Dauger, chef de service à l'hôpital Robert-Debré à franceinfo)
La liste des médecins ayant abandonné leurs fonctions administratives est en constante augmentation depuis la publication de la tribune, le 15 décembre, dans Le Journal du dimanche. En moins de dix jours, la pétition est passée de 600 à plus de 1.000 signataires, ce qui représente "environ 10% des chefs de service toutes spécialités et services confondus sur l'ensemble du territoire", confirme André Grimaldi. 
Tous se disent déçus jusqu'à présent des réponses de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, face à la crise dans les hôpitaux. "Le plan du gouvernement est très très faible, c'est simplement un plan de communication", analyse le professeur d'endocrinologie, qui avait cru en la ministre lorsqu'elle est arrivée au gouvernement. 
C'est fou que l'on en soit arrivé là. On a décidé de rayer l'hôpital public de la carte.(Stéphane Dauger, chef de service à l'hôpital Robert-Debré à franceinfo)
Dans le viseur des chefs de service, les rallonges budgétaires avancées par Agnès Buzyn. "On nous a parlé de 1,5 milliard sur trois ans. Mais en réalité, ces nouvelles dotations correspondent à 200.000 euros de plus par an seulement", se désole André Grimaldi.
La réponse de Martin Hirsch, le directeur de l'AP-HP, envoyée mi-décembre aux chefs des urgences pédiatriques d'Ile-de-France, ne les a pas non plus rassurés. "Cela ne représente que 10% de nos demandes", s'insurge le chef des urgences pédiatriques de Robert-Debré. Car cet acte de désobéissance est aussi un moyen de mettre en avant une situation préoccupante, notamment en pédiatrie. 

Les services pédiatriques en tension

La pédiatrie et la réanimation pédiatrique sont "sinistrées", s'alarment les trois médecins. "À la date du 23 décembre, je n'ai que trois places de libre dans le service, s'inquiète Stéphane Dauger. Et nous avons dû transférer 25 nourrissons à plus de 150 km du domicile de leurs parents faute de place en pédiatrie dans un des trois hôpitaux habilités d'Ile-de-France." La situation, à l'approche du pic de grippe du début d'année, est aussi compliquée ailleurs, note André Grimaldi. "À Toulouse, le chef de pôle pédiatrie a démissionné et à Clermont-Ferrand la pédiatrie est en grève." 
Impossible pour nous de basculer les urgences pédiatriques sur le privé car il n'y a pas d'hospitalisation pédiatrique dans les cliniques. Faut-il qu'il arrive un malheur pour que le gouvernement réagisse ? (André Grimaldi, chef de service à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à franceinfo)
Ces chefs de service estiment faire les choses "graduellement" et dans le respect du personnel hospitalier et des patients. 
"Il est important que la population comprenne que nous faisons cela pour eux", précise Stéphane Duger, qui se rend sur les marchés le week-end pour expliquer le mouvement et recueillir des signatures de soutien.

Des signatures remises début janvier

Car les signataires ont pour ambition d'"assurer la qualité des soins et garantir la sécurité des patients". Pour cela, un rééquilibrage budgétaire est nécessaire. Cette année, à l'hôpital Robert-Debré, le budget a été élaboré sans aucun médecin autour de la table, déplore Stéphane Dauger, qui dénonce une gestion purement "comptable".
Depuis 2009, on est géré comme une entreprise privée qui doit être rentable et avec comme seul maître à bord le directeur de l'établissement qui est jugé uniquement sur sa gestion budgétaire.(Xavier Mariette, chef de service à l'hôpital Bicêtre à franceinfo)
L'ensemble des signatures des médecins démissionnaires sera remis début janvier, le 6 ou le 7, à la ministre de la Santé. Afin d'anticiper une éventuelle demande du ministère de la Santé, les signataires se sont assurés auprès de leurs collègues que ces derniers refuseront d'assurer le rôle de chef de service si la demande leur était formulée.  
Article de Guillemette Jeannot

Source : francetvinfo.fr

vendredi 27 décembre 2019

Un EHPAD recherche un logement pour l’une de ses employées


L’EHPAD de Sillingy lance un appel au secours pour garder sa dernière recrue.
Une demande de logement au Père Noël
C’est une lettre au Père Noël un peu particulière qui est apparue sur facebook et les réseaux sociaux, il y a quelques jours.
L’EHPAD de Sillingy en Haute-Savoie lance un appel pour trouver un logement pour l’une de ses employées récemment embauchée.
Venue de Picardie avec son mari et son jeune fils, Linda, aide-soignante, travaille dans cet EHPAD depuis 3 mois mais elle ne trouve pas de logement.

Haute Savoie : des records de loyers

La Haute-Savoie, limitrophe de la Suisse, est l’un des départements français où les loyers sont les plus chers.
Depuis plusieurs semaines, Linda et sa famille vivent dans « un logement provisoire », un mobile home de 20m2.
Elle s’est confiée à nos confrères de France Bleu Savoie : « il coute extrêmement cher 1192€ pour le mois. Et puis, mon fils est pénalisé je ne peux pas le mettre à l’école vue qu’on n’a pas d’adresse fixe ».
L’aide soignante a déposé des dossiers auprès de plusieurs organismes mais sans succès.

Malgré les difficultés l’aide-soignante veux rester

Au micro de France Bleu Savoie, l’aide-soignante explique son engagement pour rester travailler, malgré les difficultés, dans cette maison de retraite. « Comme j’ai dit on a peut être du mal a trouver le logement mais on ne repartira pas. Si on repart, ça fait des personnes en moins et qui dit personnes en moins dit manque de personnel. Après les toilettes ne seraient plus faites. Non. Nous on est venu ici en secours et on reste ici en secours. »
Il y a quelques mois, Linda avait effectivement répondu à l’appel d’urgence lancé sur les réseaux sociaux par ce même EHPAD de Sillingy. A l’époque l’organisme ne trouvait pas de personnel pour s’occuper des pensionnaires et face à cette pénurie envisageait de fermer des lits. Grâce à l’arrivée de Linda, les lits ont été maintenus.
La maison de retraite fait donc une nouvelle fois appel aux réseaux sociaux pour trouver une solution pérenne pour son employée et sa famille.


Source : francetvinfo.fr


Le rapport Mesnier/Carli propose le 113 comme numéro unique santé, les libéraux inquiets


Le Dr Thomas Mesnier, député LREM de Charente, et le Pr Pierre Carli, patron du SAMU de Paris, ont rendu ce jeudi 19 décembre à Agnès Buzyn leur volumineux rapport "pour un pacte de refondation des urgences".
Tandis que le tome I a déjà alimenté les annonces d'Agnès Buzyn en septembre pour tenter d'éteindre la crise aux urgences, le tome II dévoile le contenu du service d'accès aux soins (SAS), réforme qui vise à désengorger les urgences en amont. 
Mais cette plateforme est loin de satisfaire la médecine de ville. Les deux rapporteurs revisitent également les transports médicalisés.

Le service d'accès aux soins (SAS) : 113 et...  
 Le SAS est une « plateforme téléphonique et en ligne, fonctionnant en lien étroit avec les services de secours » et fondée « sur un partenariat équilibré » entre les libéraux et les professionnels de l'urgence hospitalière. Ce service « intégrerait principalement l'aide médicale urgente et les soins non programmés ambulatoires ».
Il couvre tout l'Hexagone - y compris les déserts médicaux - afin de répondre « 24 heures/24, 7 jours sur 7 et 365 jours/an à la demande de soins des Français » et désengorger les services d'urgences hospitalières  qui sont « par défaut, un recours pour répondre à la demande de soins non programmés ». 
Le déploiement d'une « première phase grandeur nature » du SAS est prévu « pour l'été 2020 ». Le coût du dispositif oscille entre 78,8 millions d'euros et 96,9 millions d'euros. 
Conscients des enjeux et des réticences de la médecine de ville, les auteurs insistent : le SAS est un guichet unique qui ne se « substitue en aucun cas à la médecine de premier recours, à la médecine générale ou aux autres numéros d'accès aux soins non programmés, tels que l'appel vers des maisons médicales de garde ou l'appel vers des maisons pluridisciplinaires de santé structurées ou l'appel vers d'autres structures ».

... régulation médicale « déportée »
Son architecture repose sur deux niveaux : l'urgence médicale ou l'urgence santé qui relève des SAMU d'une part ; et l'aide médicale urgente et les soins ambulatoires non programmés d'autre part. Mais par quels numéros ? Le rapport explore tous les scénarios pour n'en garder qu'un « d'une modernité absolue » selon ses inventeurs : « deux numéros uniques, l'un dédié au secours et à la sécurité, l'autre dédié à la santé [le 113 en l'occurrence] allant de l'urgence médicale au conseil médical en passant par toutes les possibilités de réponses aux besoins des patients ». 
À la manœuvre de ce guichet unique du SAS : des assistants de régulation médicale (ARM) « en position de front office », sous la présence d'un « superviseur » et en rotation toutes les quatre heures. Leur job : orienter les appels vers l'aide médicale urgente (SAMU) ou vers les soins non programmés ambulatoires. Cette organisation représente « une garantie de sécurité, permettant de détecter une urgence vitale et un circuit court de prise en charge afin d'apporter [une réponse] dans des temps qui ne doivent pas dépasser 30 secondes ». 
Concernant la présence de médecins régulateurs, les deux rapporteurs jugent « illusoire d'imaginer que le nombre de médecins volontaires sera suffisant pour être présents au sein de la plateforme SAS 24 heures/24 ». C'est pourquoi ils préconisent le développement d'une régulation « déportée » au sein des cabinets médicaux « voire en dehors des heures ouvrables, du domicile de certains médecins généralistes volontaires ». 

Appli et site
Outre le 113, le SAS prendra la forme d'un site internet (sas.fr ou urgencesante.fr) puis d'une appli. 
Le SAS serait « cogouverné » par l'hôpital pour le volet aide médicale urgente et par la médecine de ville (les communautés professionnelles territoriales de santé - CPTS) pour la partie soins ambulatoires non programmés. « Fondamentale », cette cogouvernance sera « très probablement départementale ». 

Transports : des SMUR avec ou sans médecin, pas des taxis

Pour libérer du temps médical et paramédical aux urgences, les deux experts se sont penchés comme la DREES (ministère) sur le volume et la pertinence des recours aux structures mobiles d'urgences et de réanimation (SMUR). « En 2018, parmi les 602 913 interventions primaires [directement auprès du patient, NDLR] du SMUR, 222 100 sorties ne sont pas suivies par un transport médicalisé. Différents motifs sont possibles : décès du patient, refus d’évacuation du patient, traitement du patient sur place ou, le cas le plus fréquent, transport du patient à l’hôpital par un moyen non médicalisé (130 256 interventions) », constatent-ils.


Les auteurs rappellent que « le SMUR doit être vu non pas comme un transport sanitaire mais comme une activité de soins déportée vers le patient » et qu’il est le seul à exercer cette activité en plus de son activité de transport.


Pour éviter que les SMUR ne deviennent les taxis de l’hôpital, il est proposé de généraliser dès 2020 les transports infirmiers interhospitaliers (TIIH, sans médecins) pour les transferts de patients entre établissements. La mission entend toutefois « encadrer cette possibilité par des protocoles visant à déterminer clairement ses modalités d’activation et de réalisation » afin de garantir la sécurité de la prise en charge. Les TIIH pourraient être équipés d’outils de télémédecine facilitant les relations avec le médecin régulateur du SAMU-Centre 15 et le SMUR.

En parallèle, il est proposé de mettre en place dès 2020 un découplage de l’équipe SMUR (médecin/infirmier) au cours des interventions primaires. En pratique, il s’agit de permettre au médecin de décider, lorsqu’il est auprès du patient, de déclencher un transport paramédicalisé alors confié à l’infirmier. Le médecin pourrait ainsi regagner la structure d’urgence dont il dépend afin d’y reformer une équipe SMUR complète.

Les médecins libéraux sur le qui-vive

Alors qu'une grève des gardes se profile tous les samedis, les médecins libéraux ont rapidement réagi à la lecture du rapport. La CSMF a rappelé « son attachement à un numéro d’identification tel que le 116 117 permettant de séparer les appels pour les services d’urgences des demandes pour des soins non programmés ». Le syndicat a réclamé des moyens « dans le cadre conventionnel pour valoriser l’engagement de la médecine libérale ». 
Même son de cloche chez les généralistes de MG France : sans moyens à la médecine générale libérale, le SAS, ce sera sans eux ! Et de rappeler que le choix d'un numéro santé unique « n’est pas celui des médecins libéraux car il confond urgences médicales et demandes de soins non programmés, alors que deux appels sur trois ne sont pas des urgences médicales ». 
Article d'Anne Bayle-Iniguez

Source : lequotidiendumedecin.fr