"La Vie Hospitalière"

samedi 30 novembre 2019

Un médecin poursuivi au Havre pour cinq décès et prescription illégale


Le médecin, né en 1954, a reconnu avoir prescrit et fourni du midazolam, un puissant sédatif à ses patients mais en précisant "qu'il ne s'inscrivait pas dans une démarche d'euthanasie", selon un communiqué du parquet. Il a dit l'avoir prescrit "pour apaiser ses patients souffrant d'affections lourdes comme des cancers ou des insuffisances respiratoires", a précisé le magistrat. 
Il a été mis en examen le 13 novembre pour administration de substance nuisible ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur personnes vulnérables. La cour d'appel de Rouen y a ajouté jeudi l'interdiction d'exercer.
Un médecin traitant a été mis en examen pour avoir involontairement causé la mort de cinq personnes âgées en prescrivant un médicament réservé à un usage hospitalier, a annoncé vendredi le parquet du Havre confirmant une information révélée par Paris Normandie. "On a aucun élément qui nous permette de retenir la volonté de donner la mort (...) Le débat, c'est le lien de causalité. Est-ce que ce médicament a entraîné la mort ou a participé à l'accélérer sur un état déjà grave ? Ou est-ce que ça n'a pas eu de conséquences ? Il va y avoir des expertises très pointues", a précisé le procureur de la République du Havre François Gosselin.
Son épouse également mise en examen
Son épouse, née en 1958, est elle mise en examen pour complicité et abus de confiance. La cour d'appel lui a également interdit d'exercer. Cette anesthésiste a reconnu avoir prélevé des ampoules de midazolam dans le stock de la clinique où elle travaillait comme médecin anesthésiste en bloc opératoire.
L'homme n'avait jamais eu de problème avec le conseil de l'ordre des médecins
Dans le cadre de cette enquête, le corps de sept des patients du médecin, décédés entre 2015 et 2019, ont été exhumés et pour cinq d'entre eux les analyses toxicologiques ont conclu à la présence de midazolam dans l'organisme, selon le communiqué. Ces personnes étaient âgés de 80 à 90 ans au moment de leur décès, sauf une qui avait 64 ans, selon le parquet.
Treize ampoules de ce médicament ont été découvertes lors d'une perquisition au cabinet du médecin, selon le communiqué. Selon Paris-Normandie, l'homme qui exerçait à Angerville-la-Martel, à 50 km du Havre, n'avait jamais eu de problème avec le conseil de l'ordre des médecins durant sa carrière.
Le midazolam est le médicament qui est utilisé pour mettre en oeuvre une sédation profonde et continue jusqu'à la mort lors d'un arrêt d'un traitement autorisé par la loi en cas "d'obstination déraisonnable".

Source : europe1.fr



Crise à l’hôpital : un SOS géant affiché sur la façade du CHU de Caen


À travers ce SOS lancé dans la nuit du vendredi 29 novembre, les médecins veulent dénoncer les conditions de travail, le manque d’effectifs et la détresse du personnel.
Un SOS tracé avec les lumières d'une centaine de fenêtres de l'hôpital dans la nuit de vendredi… « C'est une initiative des médecins », explique Jocelyne Ambroise, de la CGT du CHU de Caen (Calvados).
« Réunis en assemblée générale la semaine dernière, ils ont décidé de mettre en place cette action le vendredi 29 novembre pour dénoncer les conditions de travail, le manque d'effectifs et la détresse du personnel. Ils ont procédé à des essais dans la semaine pour savoir quelles fenêtres des 23 étages que compte la façade devaient être allumées. » Et vendredi soir à 18 heures, « ils ont tracé leur SOS sur 8 étages ».

Aucun impact sur les patients
« Cette action symbolique dénonce la situation actuelle de tous les hôpitaux publics » explique le Dr Youssef Oulkhouir, pneumologue à l'hôpital universitaire. «Elle a mobilisé une grande partie du personnel médical et a concerné des lieux de consultation et des bureaux médicaux. Elle n'a eu aucun impact sur les patients hospitalisés. Le moment a été choisi à une heure où le périphérique qui longe l'hôpital est saturé afin de permettre une visibilité par le public. Nous aurions aimé qu'elle dure, mais les lumières ont été éteintes progressivement par l'institution. »
L'action de vendredi s'inscrit dans un contexte déjà délicat : les manipulateurs radio du CHU étaient en grève la veille, et les urgentistes une semaine auparavant. Ce vendredi matin, le collectif interhospitalier était de nouveau mobilisé sur le marché de Caen pour distribuer des tracts.
Enfin, le personnel s'associera à l'appel national à la grève du jeudi 5 décembre et une assemblée générale, le même jour, décidera d'une prochaine journée d'action le mardi 17 décembre.
Article d'Emmanuelle Lemesle

Source : leparisien.fr

De l’usage de la dette pour miner le service public hospitalier

Annoncée avec emphase par le gouvernement, la reprise partielle de la dette hospitalière par l’État se révèle dans les faits dérisoire. Cet endettement, alourdi parfois par des prêts toxiques, a été voulu, organisé depuis le début des années 2000. La paupérisation du service public hospitalier par la dette continue son œuvre.

C’est la seule mesure du plan d’urgence pour les hôpitaux qui a quelque mérite aux yeux des personnels hospitaliers. Dans la liste des annonces présentées par le gouvernement le 20 novembre, l’allègement de la dette des hôpitaux est la seule disposition qui fait consensus. Le dispositif peut permettre de soulager un peu l’hôpital, selon les soignants et les médecins. Au contraire de toutes les annonces faites par le gouvernement.
Après plus de neuf mois de grèves dans les services d’urgence, la réponse du gouvernement a été jugée si décevante, si inadaptée sur tous les autres points que les soignants et les médecins vont manifester à nouveau le 30 novembre. Le syndicat des internes hospitaliers a appelé à une grève reconductible à partir du 10 décembre.
Les chiffres avancés par le gouvernement se veulent pourtant convaincants : 1,5 milliard d’euros supplémentaires doivent être versés au secteur hospitalier d’ici 2022. Mais l’essentiel de cette aide est reporté à plus tard. Au lendemain de ses annonces, le gouvernement a fait un amendement au budget de la Sécurité sociale. Finalement, il ne sera versé que 200 millions de plus en 2020 aux hôpitaux, priés dans le même temps de réaliser 800 millions de plus d’économie (voir notre article « La charité pour l’hôpital »). Et c’est peut-être la même mauvaise surprise qui se prépare autour de la reprise partielle de la dette hospitalière.
Avec cette disposition, le gouvernement donne l’impression d’avoir fait une immense concession aux personnels hospitaliers. Un mois avant, la reprise de la dette hospitalière par l’État, proposée par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, était vigoureusement écartée par le ministre des finances, Bruno Le Maire. Pour lui, il ne pouvait être question d’accepter une telle mesure, qui ne pourrait être qu’un mauvais signal, illustrant le laxisme supposé de la gestion publique. L’austérité étant censée être la mère de la bonne gestion, il fallait s’y tenir. Finalement, Bercy a plié. En apparence.
« C’est le signe de la grande confiance dans l’hôpital public », a assuré le premier ministre, Édouard Philippe. Cet allègement de la dette des hôpitaux doit permettre de réduire les charges financières et « de retrouver rapidement les moyens d’investir », a-t-il indiqué. À terme, cette mesure devrait permettre de dégager « 800 millions d’euros de marges de manœuvre », selon lui.
Des chiffres faux
L’ennui est que ces chiffres sont faux. Les frais financiers liés aux charges d’emprunt du secteur hospitalier sont évalués à 850 millions d’euros aujourd’hui par la Fédération hospitalière de France. Pour parvenir à 800 millions d’euros d’allègement par an, il aurait fallu que le gouvernement accepte de reprendre quasiment l’intégralité des 30 milliards d’euros de dette contractés par les établissements hospitaliers. Il a choisi de n’en reprendre qu’un tiers, soit 10 milliards d’euros. Et encore sur trois ans : ce qui représente une reprise de 3,3 milliards d’euros de dette par an, soit 0,1 % de l’endettement public total. Au mieux, les frais financiers seront réduits à quelque 90 millions d’euros en 2020, selon les premières évaluations de la Fédération hospitalière de France. Une goutte d’eau dans un budget total de 84 milliards d’euros par an.
Rien n’empêchait le gouvernement de faire un geste d’ampleur et de reprendre la totalité de la dette hospitalière. Même pas les fameux critères de Maastricht. À la différence de l’Allemagne, qui a régionalisé l’essentiel de ses dépenses hospitalières, la dette des hôpitaux publics est déjà comptabilisée dans les comptes publics établis dans le cadre des traités européens. Transférer la dette des bilans des hôpitaux à ceux de l’État n’aurait donc rien changé par rapport aux exigences de déficit et d’endettement imposées par les règles européennes. Cela aurait même pu contribuer à améliorer les comptes publics : l’État emprunte traditionnellement à des taux bien inférieurs à tous les autres, même les organismes publics. Et en ce moment, les taux sont négatifs pour les emprunts d’État.
La prise en charge par l’État de la totalité de la dette des hôpitaux et des charges financières qui lui sont liées aurait été aussi un moyen de compenser au moins partiellement les 2,7 milliards d’euros qui vont disparaître des recettes de la Sécurité sociale en 2020, à la suite des allègements consentis par le gouvernement (défiscalisation et suppression des cotisations sociales sur les heures supplémentaires, les primes, l’intéressement…). La loi Veil oblige normalement le gouvernement à compenser tous les allègements qui pénalisent le budget de la Sécurité sociale. Mais, cette fois-ci, le gouvernement s’y est refusé.
Si le gouvernement n’a pas voulu reprendre l’intégralité de la dette hospitalière, c’est moins pour des questions de gestion que de principe. Cela aurait été contraire à sa politique, à ses croyances.
Depuis plus d’une décennie maintenant, de nombreux économistes ont documenté le rôle de la dette dans la logique néolibérale. C’est l’outil idéal de contrainte pour forcer les États ou tout ce qui relève de la sphère publique – la sphère privée a le droit à de tout autres égards – pour les forcer à reculer, à plier face au tout économique, à la marchandisation du monde (lire ici ou là).
La prescription qui est imposée par le gouvernement aux hôpitaux s’inscrit totalement dans cette vision. Il va jusqu’à s’inspirer des pratiques instaurées par la Troïka en Grèce, imposant l’austérité contre des financements : les établissements hospitaliers qui demanderont une reprise de dette devront s’engager, en retour, par contrat avec l’État, « dans une trajectoire de désendettement et/ou dans un plan de transformation », précise-t-il, dans un langage caricatural de ce néomanagement devenu la norme de toute parole publique officielle.
Faire un autre choix aurait été irresponsable, assure le gouvernement. Délestés de tout endettement, les hôpitaux auraient été poussés à s’endetter à nouveau sans limites, ceux-ci dépensant sans compter, à en croire le gouvernement. « La dette des hôpitaux a augmenté de 40 % en dix ans », insiste le dossier de presse du gouvernement, ancrant l’idée d’une gabegie infinie du secteur hospitalier. Un argument repris par Agnès Buzyn, ministre de la santé, devant l’Assemblée nationale, qui dénonce l’incurie gestionnaire des hôpitaux publics, illustrée par l’explosion de leur dette ces dernières années.
L’ennui, là encore, est que tout ceci est faux. Deux rapports de la Cour des comptes, le premier en 2014, le second en 2018 retracent avec précision la trajectoire de la dette hospitalière des dernières années. En 2003, la dette des hôpitaux s’établit à 9,8 milliards d’euros. Puis elle s’envole tout au long de la première décennie 2000 pour finir à 29,3 milliards d’euros en 2012. Depuis, comme le constate la Cour des comptes, les hôpitaux ont mené une politique constante de rigueur, en vue de stabiliser les dépenses et de reprendre le contrôle de l’endettement et des charges financières. Avec un certain résultat. En 2019, la dette hospitalière est au même niveau qu’en 2012 : 30 milliards d’euros.
Un endettement organisé
Cette dégradation financière du secteur public hospitalier n’est pas seulement liée à un manque de financement, à des erreurs dans des politiques publiques mal maîtrisées. Elle a été voulue, organisée à partir des années 2000. C’est François Fillon, ministre de la santé dans le gouvernement Raffarin - deux hommes qui, pourtant, n’ont cessé par la suite de dénoncer le malheur de la dette « laissée à nos enfants » - qui en a été le grand organisateur. À l’époque, il s’agit de lancer la modernisation des hôpitaux dans le cadre d’un plan nommé « Hôpital 2007 », visant à augmenter de 30 % l’investissement hospitalier.
Mais le gouvernement a une idée bien arrêtée pour mener cette modernisation : celle-ci ne sera pas financée par l’État comme auparavant mais par l’appel aux banques et aux marchés, par la dette donc. C’est dans le cadre de cette modernisation que le gouvernement introduit un autre levier : la tarification à l’acte.
Deux mesures clés qui participent au dynamitage du service public de la santé. L’hôpital n’est plus un bien commun, qui s’inscrit dans un réseau de soins organisés, mais une entreprise, qui a ses moyens et ses projets propres, en concurrence avec tous les autres. « Plus l’activité est soutenue, plus l’hôpital gagne de l’argent, exactement comme dans une entreprise », confirmera plus tard Jean de Kervasdoué, l’un des grands inspirateurs de la « modernisation » de la santé en France et notamment de la tarification à l’acte. Cet économiste libéral a sévi à la direction des hôpitaux et au ministère de la santé pendant plus de trois décennies.
Pour parachever cette transformation, le gouvernement adopte des dispositions qui n’ont l’air de rien mais qui se révéleront dévastatrices pour la suite : d’une part, il supprime tous les contrôles des autorités de tutelle sur les emprunts hospitaliers, d’autre part, les dirigeants hospitaliers, auxquels le gouvernement accorde les pleins pouvoirs face aux médecins et aux responsables de santé, n’ont plus l’obligation de soumettre les plans de financement, les emprunts contractés à l’approbation de leur conseil d’administration. Tous les garde-fous sont levés. Le directeur d’hôpital est seul roi en son royaume, mais sans porter aucune responsabilité, sans qu’il ne lui soit demandé aucun compte.
À la merci des banques
Ce recours fléché à l’endettement est accueilli par des applaudissements par le monde bancaire. À l’époque, les collectivités locales et tous les services publics sont des marchés à conquérir pour les banques : il est possible de leur prêter à des taux bien plus élevés que ceux consentis à l’État (en moyenne, les hôpitaux emprunteront durant cette période à des taux de 2 % à 6 % plus élevés que ceux de l’État) et, en même temps, ils sont considérés comme des emprunteurs sûrs, car l’État est toujours garant en dernier ressort.
Dexia (ancien Crédit local de France), interlocuteur traditionnel des collectivités locales, détient naturellement une part prépondérante de ces marchés (40 %). Toute à sa folie d’expansion, la banque entend bien défendre sa place et même l’accroître, par tous les moyens (voir notre enquête sur Dexia). Mais le Crédit agricole, la Deutsche Bank, les Caisses d’épargne, le Crédit suisse et bien d’autres sont aussi sur les rangs. Tous lorgnent ces nouveaux clients, d’autant plus intéressants qu’ils sont inexpérimentés.
C’est l’époque où la créativité bancaire est débordante. Taux variables, emprunts indexés sur le yen, le franc suisse, prêts structurés, avec des remboursements différés, au moins au début… : l’imagination bancaire est au pouvoir pour attirer les clients publics, les convaincre que rien ne fait obstacle à leurs projets d’agrandissement, de modernisation, d’expansion, en se garantissant des marges substantielles. Entre 2003 et 2008, la dette hospitalière est ainsi multipliée par deux : elle est alors à 18,9 milliards d’euros.
Comme les maires, les directeurs d’hôpitaux signent à tour de bras des emprunts, parfois très toxiques, pour agrandir et moderniser leur hôpital. Sans aucun contrôle. En 2012, à la suite de la faillite de Dexia et du scandale des prêts toxiques, une première évaluation de ceux-ci dans le secteur hospitalier sera menée par la Cour des comptes. Selon ses estimations, un milliard d’euros de prêts souscrits par les hôpitaux sont classés comme très toxiques. Les autres prêts considérés à « risque très élevé » sont estimés à 2,5 milliards d’euros. Au total, 12 % du total de l’encours des dettes hospitalières est considéré comme faisant porter un risque élevé aux établissements hospitaliers, se traduisant dès cette époque par des surcoûts de plusieurs dizaines de millions chaque année.
Les autorités de contrôle n’ont rien vu. Comme elles n’ont rien vu quand les directions s’engageaient tête baissée dans des partenariats public-privé (PPP) pour la construction, l’agrandissement ou la modernisation d’établissements hospitaliers. Une trentaine de contrats en PPP, représentant un endettement global de 1,5 milliard d’euros, remboursables sur des périodes de 18 à 30 ans, seront signés, sans la moindre opposition des autorités de tutelle, pendant cette période. Ce n’est qu’après le scandale de l’hôpital Sud-Francilien que les ministères de la santé et des finances se décideront à les exclure du secteur de la santé.
La faillite de Dexia au début de la crise financière de 2008, la découverte des emprunts toxiques à la suite de cet effondrement, la crise plus générale de la dette en Europe auraient pu conduire le gouvernement de l’époque à tenter de reprendre les choses en main ou, en tout cas, à revisiter son plan « Hôpital 2012 », bâti sur le même modèle que le précédent. Roselyne Bachelot, ministre de la santé du gouvernement de François Fillon, son prédécesseur à ce poste, décida au contraire de poursuivre sur la même ligne : la modernisation des hôpitaux devait se continuer, sans l’aide des finances publiques, par le biais de l’endettement. Et l’endettement hospitalier continua de grimper de 10 milliards, pour arriver à 29,3 milliards. En dix ans, il avait été triplé.
C’est la crise de la zone euro en 2011 qui donne finalement un coup d’arrêt à cette fuite en avant. L’heure est à l’austérité, à la rigueur. À son arrivée au pouvoir, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault reprend le dossier, mais sans vraiment changer l’équation financière des hôpitaux. Si le recours à l’emprunt a été quasiment banni, tout le reste demeure inchangé.
Paupérisation
Entre-temps, la situation s’était considérablement dégradée : au nom de la rigueur, l’enveloppe globale destinée au financement des hôpitaux n’a pas augmenté, les tarifs pratiqués à l’acte ont été baissés. Dans le même temps, le secteur privé hospitalier, autorisé à se développer sans contraintes, a écrémé les activités les plus rémunératrices (accouchements, appendicectomies, opérations de court séjour), laissant aux hôpitaux la prise en charge des maladies les plus incapacitantes, des soins chroniques comme le diabète, qui pèsent lourd mais rapportent peu, selon les barèmes tarifaires de la Sécurité sociale. Les pouvoirs publics laissent délibérément prospérer une concurrence sans entraves entre le public et le privé, au profit de ce dernier.
Étranglés financièrement par des charges financières de plus en plus lourdes et des recettes en baisse, les gestionnaires des hôpitaux ne voient qu’une seule issue : l’austérité, toujours et encore l’austérité. Les moyens financiers, humains, matériels ne cessent de diminuer, tandis qu’il est demandé d’augmenter sans cesse les actes, la productivité des agents. Alors que l’investissement hospitalier représentait encore 5 milliards d’euros en 2012, il est tombé à 3 milliards aujourd’hui. La contrainte de la dette fait son œuvre : la paupérisation et la dégradation du service public de la santé sont en marche.
Dès 2014, la Cour des comptes, qui pourtant ne cesse de déplorer la faible productivité dans les hôpitaux, s’alarme de la situation financière des établissements hospitaliers : les frais financiers deviennent insupportables, ils représentent 4,1 % de la marge d’exploitation pour une marge totale de 5,1 %. Autant dire que les hôpitaux sont à sec, qu’ils n’ont plus les moyens d’investir, voire de maintenir une activité normale. « Sans l’amélioration de la marge brute des hôpitaux ou sans octroi d’aides financières extratarifaires, le poids actuel de l’endettement mettra […] les hôpitaux dans l’incapacité de financer à l’avenir leurs investissements courants », prévient-elle dans un rapport sur la dette des établissements publics de santé.
Ni le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ni celui de Manuel Valls n’entendent l’avertissement. Pire : ils décident que les hôpitaux, contrairement aux collectivités locales, se débrouilleront tout seuls avec leurs emprunts toxiques. Pour sortir des emprunts les plus risqués et payer les pénalités de remboursement anticipé, la Cour des comptes a pourtant évalué que les hôpitaux devraient dépenser au moins 1,4 milliard d’euros. Autant de ressources financières mobilisées pour les banques et non pour la santé.
Une restructuration de l’endettement hors de prix et insuffisante
En 2015, cependant, le gouvernement est forcé d’intervenir, en raison d’un événement qui, normalement, n’aurait jamais dû avoir d’impact sur la gestion hospitalière : la Banque centrale suisse a décidé début janvier 2015 de ne plus soutenir la parité du franc suisse face à l’euro et de laisser sa monnaie s’apprécier. Or, nombre d’hôpitaux ont contracté des emprunts indexés sur le franc suisse et n’ont pu les dénoncer. Leurs frais financiers explosent.
Dans la précipitation, le gouvernement décide de mettre en place un fonds de soutien pour aider les établissements à sortir de leurs emprunts à risque et restructurer leurs dettes. Mais celui-ci est beaucoup moins généreux que les mécanismes instaurés pour aider les collectivités locales piégées par les emprunts toxiques.
Le fonds est plafonné à 400 millions d’euros. L’assurance-maladie y contribue à hauteur de 75 millions. La SFIL (Société de financement local), héritière de Dexia, apporte 45 millions. Le reste (280 millions d’euros) est lié à l’instauration d’une taxe bancaire. Mais il est prévu que la charge pour les banques sera étalée dans le temps : elles doivent apporter 28 millions d’euros par an entre 2016 et 2025.
Ces aides sont consenties sous condition. Comme pour les collectivités locales, les hôpitaux doivent renoncer à toute poursuite judiciaire contre leurs créanciers pour pouvoir en bénéficier. Surtout, seuls les établissements hospitaliers qui ont moins de 100 millions de produit d’exploitation et ceux qui ont des emprunts en francs suisses peuvent en bénéficier. Tous les CHU et les grands établissements hospitaliers en sont exclus, le gouvernement jugeant qu’ils sont capables de se débrouiller par eux-mêmes. Ce qui plombe d’autant leurs comptes.
Une soixantaine de contrats de prêt hospitaliers ont pu être renégociés grâce à ce mécanisme d’aide. Les chiffres à eux seuls illustrent la nocivité de ces contrats, les pratiques usuraires des banques, la négligence, pour le moins, des autorités de tutelle et les surcoûts indus imposés par les banques aux hôpitaux publics qui ont contribué à la dégradation de leur situation. Les contrats renégociés représentaient un encours total de 299,8 millions d’euros. Cela « a conduit à des indemnités de remboursement anticipé d’un montant de 609,5 millions d’euros, soit plus de deux fois supérieur à cet encours », pointe la Cour des comptes dans son rapport, qui s’indigne du coût élevé de ces renégociations, d’autant que le montant de l’aide était plafonné à 75 % des indemnités de remboursement anticipé. À côté du fonds d’aide, les banques créancières ont accepté de renoncer à une partie de leurs créances. Mais le reste a bien été laissé à la charge des hôpitaux.
Instituée comme la structure de défaisance de Dexia en faillite, la SFIL a été la première concernée par les prêts toxiques des hôpitaux. Sur un encours total de 6 milliards de prêts aux hôpitaux, ces derniers représentaient 1,25 milliard. La SFIL assure qu’aujourd’hui la quasi-totalité des prêts toxiques a été renégociée. Prenant le relais de Dexia, la structure continue de prêter au secteur public de la santé. Depuis 2013, elle a prêté au total 3,3 milliards d’euros à 280 hôpitaux. Les prêts à taux fixe sont en moyenne de 1,12 % sur dix-neuf ans.
Les chiffres manquent pour les dettes contractées auprès des autres établissements bancaires. Mais tout indique que la restructuration des dettes contractées par les établissements hospitaliers n’a donc été que partielle et hors de prix.
La reprise très limitée de la dette hospitalière par l’État n’apporte aucun remède et ne répond pas à l’urgence de la situation. L’effondrement du système de santé que tous constatent nécessite pour y remédier des moyens, une vision, un projet. Le gouvernement préfère rester confiné dans sa politique de contrainte malthusienne, fermer les structures jugées trop coûteuses comme les maternités du Blanc (Indre) ou de Die (Drôme), condamner des services, supprimer des lits, accepter l’arrêt de services d’urgence. S’il n’y avait eu la révolte des soignants et des médecins, il aurait sans doute accepté de privatiser l’hôpital de Longué-Jumelles (Maine-et-Loire). Car c’est bien vers cette solution censée être inéluctable que tend la politique de la santé menée depuis quinze ans.
Le gouvernement s’en défend, assure qu’il n’a aucune arrière-pensée de la sorte. Toutes ses décisions s’inscrivent, assure-t-il, dans le souci d’économie des derniers publics, de réduction de la dette, de la bonne gestion. Il ne saurait faire mieux. Pourtant, alors qu’il se dit incapable de trouver plus de 200 millions d’euros pour les hôpitaux, il est capable au même moment d’annoncer la création d’un fonds d’investissement de 5 milliards d’euros, en partie financé par la BPI, filiale de la Caisse des dépôts, pour investir dans des entreprises du numérique. Mais il est vrai que ce n’est pas la même chose. Il s’agit de la « start-up nation ».
Article de Martine Orange

Source : mediapart.fr
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"On prend les gens pour des imbéciles" : le personnel hospitalier reste mobilisé contre le plan d'urgence du gouvernement


Dix jours après l'annonce par le gouvernement d'un plan d'urgence en faveur de l’hôpital, les blouses blanches sont toujours mobilisées. Malgré le déblocage de 1,5 milliards d'euros, le collectif Inter-Hôpitaux n'est pas satisfait et entend le dire aux citoyens français, en allant à sa rencontre dans la rue samedi. 
Près d'une cinquantaine de rassemblements sont prévus partout en France samedi. Le personnel hospitalier reste mobilisé face au gouvernement, malgré la promesse il y a dix jours d'un plan d'urgence en faveur des hôpitaux
Aucune manifestation n'est prévue ce samedi, le collectif Inter-hôpitaux ayant choisi une autre forme d'action : la discussion. Les blouses blanches vont aller samedi à la rencontre des Français pour les convaincre que l'aide débloquée de 1,5 milliards d'euros ne suffit pas. Comme à la Pitié Salpêtrière à Paris, où "le moral des troupes n'est pas bon", estime Sophie Crozier, neurologue.
"On colmate des petites brèches"
Malgré tout, l'état d'esprit n'a pas changé au service des urgences AVC. Le personnel est toujours combatif. "On reste très déterminé, parce que l'on est insatisfait et très inquiet de l'avenir de l’hôpital public", explique Sophie Crozier. Dans les couloirs, elle continue à haranguer ses collègues. Mais les autocollants "Collectif Inter-Hôpitaux" collés sur les blouses blanches prouvent que la plupart d'entre eux sont déjà convaincus.
"On prend la population pour des imbéciles", s'emporte Corinne. La secrétaire hospitalière estime que "l'on fait croire à la population que l'on donne une fortune aux hôpitaux, alors que l'on colmate des petites brèches à droite ou à gauche". Pour elle, "quand on voit le prix d'un examen ou d'un appareil en location, 1,5 milliards d'euros c'est rien pour un hôpital".
66 euros en plus par mois
Samedi matin, des tracts seront distribués aux passants pour faire de la pédagogie, comme sur le sujet des 800 euros de prime annuelle promis aux plus bas salaires en Île-de-France. "Quand vous recalculez, cela fait 66 euros par mois", souffle Julie. Cette infirmière, dans l'assistance publique depuis douze ans, en bénéficiera, mais vu le retard accumulé cela ne suffira pas. "Je suis à 1.860 euros net dans ma poche. 66 euros en plus cela ne donne pas envie", soupire la provinciale qui ne trouve pas la mesure "très juste" pour ses collègues qui n'exercent pas en région parisienne.
Depuis plusieurs semaines, le collectif Inter-Hôpitaux tente de mobiliser la population autour d'une pétition. Plus de 230.000 signatures ont déjà été récoltées. Le personnel hospitalier espère en obtenir 500.000 à la fin de ce weekend de mobilisation.

Source : europe1.fr


Nous avons donné notre position dès que le plan du gouvernement a été connu, il est évident que les hospitaliers ne peuvent accepter des demi-mesures dont certaines vont en plus traîner sur 3 années, et après ?...
Les problèmes réels du monde hospitalier ne seront pas réglés pour autant, loin de là. Comme nous l'avons écrit le jour même où le plan a été porté à la connaissance des citoyens et citoyennes les mesures doivent être à la hauteur de l'urgence si le gouvernement veut vraiment sauver l'hôpital public. 
Ci-dessous le texte que nous avons publié (pour rappel) :

C'est un peu de la poudre de Perlimpinpin
Pour "La Vie Hospitalière" le compte n'y est pas. réellement...Des réponses qui sont pour la plupart  à côté des vrais problèmes, de chaque jour, de l'Hôpital public, c'est un peu de la poudre de Perlimpinpin du moins compte tenu que l'urgence existe et que tous les problèmes doivent être traités immédiatement ! 
Immédiatement, ce n'est pas en 2020 mais bien là, en novembre 2019.
Ainsi la T2A doit être impérativement supprimée, elle est à l'origine de biens des problèmes budgétaires des établissements de santé ! Il ne sert à rien de tourner en rond.
Les effectifs dans les services doivent être augmentés (notamment dans les services d'urgences qui ne peuvent plus assurer correctement leurs missions), et ceci ce sont dès maintenant que des dispositions doivent être engagées. 
La situation est trop alarmante, ceci pour l'intérêt général (personnels et patients - dont nous pouvons l'être, tous potentiellement, un jour ou l'autre).
Les lits ne doivent plus être fermés. Il faut redonner aux services quels qu'ils soient tous leurs moyens (effectifs, matériels etc).
Une augmentation de 300 euros pour les personnels apparaît tout autant une des solutions afin de pouvoir retenir ceux qui s'en vont travailler ailleurs épuisés par les conditions qui leur sont imposées et qui ne leur permettent plus de travailler correctement (certains quittent même notre pays).
Donc l'urgence pour la sauvegarde de l'Hôpital public est là, elle doit être traitée dans l'immédiat.


vendredi 29 novembre 2019

Psychiatrie : Adeline Hazan étrille le centre hospitalier du Rouvray


La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté a visité le centre hospitalier du Rouvray entre le 7 et le 18 octobre dernier. Notre partenaire du Poulpe s’est procuré le compte-rendu d’une réunion avec les cadres hospitaliers, les représentants du personnel et des patients, où sont dénoncées des atteintes à la dignité et aux droits fondamentaux des patients.
L’hôpital du Rouvray, spécialisé dans la prise en charge des personnes en souffrance psychique, n’est pas sorti de la crise. Après la médiatique grève de la faim menée à l’été 2018, après une rentrée 2019 sous haute tension sociale, c’est Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui remet une pièce dans la machine.
La situation chaotique au Rouvray a récemment conduit la CGLPL à se rendre sur place en compagnie de onze contrôleurs. Le 18 octobre 2019, au terme de sa visite de l’établissement, Adeline Hazan a tenu une réunion avec les chefs de pôle, chefs de service, cadres supérieurs de santé, représentants du personnel et des usagers de l’hôpital. Nos partenaires du Poulpe se sont procuré le compte-rendu de cette rencontre, établi par l’hôpital et validé par la CGLPL.
Selon ce document, le centre hospitalier du Rouvray ne possède pas « de projet d’établissement ni de projets collectifs pour donner du sens aux équipes ». « Cela engendre une dépendance des patients vis-à-vis du personnel, vis-à-vis des pratiques, ce qui entraîne une inégalité de traitement ainsi qu’une inégalité d’accès aux soins », est-il encore écrit. « Des dysfonctionnements importants ont été constatés, impactant fortement la dignité et les droits fondamentaux des patients », attaque en outre la CGLPL.
« Les conditions de vie des patients sont très disparates, certaines installations sont indignes », peut-on lire en tête d’une longue liste d’observations mentionnées dans le compte-rendu. Les chambres manquent de mobilier et sont encombrées par des lits d’urgence. Elles ne sont pas toutes équipées de sanitaires. Certains patients ne disposent que d’un seau pour se soulager. En revanche, toutes les portes comportent un « fenestron » qui prive les personnes d’intimité.
La CGLPL observe que de nombreux patients s’ennuient et n’ont pas l’opportunité de participer à des activités. Beaucoup d’unités ne disposeraient d’ailleurs même pas de salle d’activités. Les soignants seraient reclus dans leurs bureaux et peu accessibles pour les patients. Le contrôleur souligne aussi le manque de dialogue entre médecins et soignants.
Pour la CGLPL, les patients sont insuffisamment informés de leurs droits et maintenus dans l’ignorance quant au fonctionnement de l’établissement. La contrôleuse entreprend d’exposer la principale conséquence de cette méconnaissance du règlement. « La liberté d’aller et venir est très limitée et disparate, au profit du sécuritaire », affirme le document. De nombreux patients en soin libre sont ainsi privés de déplacement et leurs sorties dans les jardins sont limitées.
Le tournant sécuritaire de l’établissement se traduit par des pratiques particulièrement intrusives, comme l’expérimentation de la vidéosurveillance dans les chambres d’isolement. Un dispositif qui, lorsqu’il ne concerne pas des détenus particulièrement dangereux, viole la Convention européenne des droits de l’homme. La CGLPL considère cette expérience comme étant inacceptable. En isolement, la surveillance physique des patients est intermittente et le suivi médical insuffisant. Les chambres d’isolement, dépourvues de sanitaires, ne disposent pas non plus de bouton d’appel. Certains patients sont contraints de rester nus pour éviter les tentatives de suicide.
La CGLPL pointe aussi la gravité de l’hospitalisation des mineurs de plus de 16 ans en service adultes, malgré la prise en charge de qualité par l’unité mobile pour adolescents hospitalisés. L’isolement des mineurs doit être exceptionnel, ce qui n’est pas le cas, rapportent également les contrôleurs. Des prises de position qui viennent en écho à la récente enquête du Poulpe sur la prise en charge de patients mineurs dans des services adultes, avec pour conséquence, notamment, la survenue d’agressions sexuelles et de viols.
Au Rouvray, le nombre de personnes hospitalisées sans leur consentement ne cesse d’augmenter. Il est passé de 24 % des patients en 2016 à plus de 42 % aujourd’hui. Un certain flou entoure les raisons de ces procédures. La CGLPL observe que de nombreux patients en soins libres passent ensuite dans cette catégorie. « L’agitation du patient, son refus des soins ou la nécessité de le mettre en isolement » suffisent parfois à motiver sa privation de liberté.

Concernant la pratique de l’isolement, la contrôleuse déplore encore une fois le « trop grand souci de la sécurité au détriment du droit à la dignité des patients ». Mais Adeline Hazan dénonce aussi la méconnaissance et le non-respect de la législation par le personnel. La CGLPL observe ainsi que les patients sont placés à l’isolement pour des motifs illégaux, parfois simplement pour les punir. Les détenus d’une unité en particulier sont placés en isolement d’office de manière parfaitement illégale.
Plus globalement, le centre hospitalier du Rouvray est décrit dans le document comme « une juxtaposition d’unités sans projet médical d’établissement, sans politique d’ensemble ni coordination susceptible de donner du sens aux équipes ». Ces critiques sont en grande partie partagées par le personnel, qui manifestait le 15 octobre dernier pour réclamer du personnel et des moyens supplémentaires afin d’assurer correctement ses missions, dans le respect des malades (lire le reportage de Mediapart). Dans les heures qui viennent, la CGLPL devrait rendre un rapport provisoire appelant une réponse des ministères de la justice et de la santé. Face à une telle situation, la loi autorise également la contrôleuse à publier au Journal officiel des recommandations en urgence.

Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

Par Theo Englebert, Manuel Sanson (Le Poulpe.info) et Mathilde Goanec

Source : mediapart.fr
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En 2018, 20.000 interventions non réussies ont été enregistrées dans les hôpitaux belges.


Selon l'organisation à but non lucratif de Bruxelles Premisse, 2.000 à 4.000 personnes en seraient mortes. 
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que le nombre d'interventions incorrectes se situe entre 8 et 12 % dans le monde. Une sur dix d'entre elles serait fatale au patient. En Belgique, 477 de ces interventions incorrectes ont fait l'objet d'une plainte du patient ou de sa famille.

Source :  Express.be



Les mauvaises conditions dans les hôpitaux sont à l'origine d'un « génocide silencieux », disent les médecins zimbabwéens en grève.



Les médecins des hôpitaux publics du Zimbabwe  protestent contre la détérioration des conditions de travail et le licenciement de plus de 435 médecins subalternes par le gouvernement à la suite d'une impasse de trois mois reposant sur des salaires médiocres...

La Senior Hospital Doctors Association (SHDA), un groupe de médecins, y compris des spécialistes qui étaient restés en service dans les hôpitaux du pays, tandis que les médecins juniors ont commencé un boycott en Septembre pour une rémunération plus élevée, a annoncé une grève dans un mouvement qui devrait aggraver le situation sanitaire déjà désastreuse du pays.

Source : thezimbabwean.co


jeudi 28 novembre 2019

Une sexagénaire meurt après 5 appels au Samu et plus d’une heure d’attente, sa famille porte plainte


Sa famille a porté plainte « pour que cela n’arrive pas à d’autres gens ». Une femme de 62 ans est décédée d’un infarctus le 14 septembre dernier, alors que sa famille avait téléphoné plusieurs fois au Samu et attendu plus d’une heure les secours, avant qu’elle soit enfin prise en charge. 
Une situation qui n’est pas sans rappeler l’affaire Naomi Musenga à Strasbourg, dans le Bas-Rhin, ou plus récemment celle d’un quinquagénaire de Dombasle-sur-Meurthe en Meurthe-et-Moselle.
Le drame s’est déroulé à La Chapelle-sous-Chaux, une commune du territoire de Belfort, rapporte France 3, qui révèle l’affaire. Ce jour-là, Anne-Sophie Forni Greffier rend visite à ses parents pour un repas familial. Sa mère, jeune retraitée, ne se sent pas bien : elle a mal au bras gauche, a des difficultés à respirer, et est particulièrement pâle. Inquiète, sa fille appelle le 15 à 15h22, comme en attestent les enregistrements des appels passés ce jour-là au Samu, qu’Anne-Sophie Forni Greffier a pu récupérer et que France 3 a consultés.
Elle décrit les symptômes de sa mère et précise que celle-ci souffre d’hypertension. L’opératrice transmet l’appel à une médecin régulatrice, qui est informée des symptômes. Anne-Sophie Forni Greffier lui précise que sa mère a également été prise de vomissements et répète plusieurs fois que sa mère souffre d’hypertension. La médecin, qui visiblement soupçonne une gastro, finit par lui annoncer qu’une ambulance va être envoyée :
« On va la voir puisqu’elle ne se sent pas bien. Vous savez, il y a beaucoup de gastros en ce moment. »
« Si elle décède ce sera de votre faute »
Dans les minutes qui suivent, l’état d’Edith Greffier se dégrade : à 15 heures 39, sa fille rappelle le 15 et demande si les secours sont encore loin. On lui indique que le véhicule est parti 5 minutes plus tôt et devrait bientôt arriver. À 15 heures 52, elle appelle une troisième fois. Sa mère ne respire plus. La famille commence un massage cardiaque tout en ayant un opérateur au téléphone. 
Ce dernier annonce qu’il envoie une équipe médicale du Samu, en plus de l’ambulance déjà en route. De son côté, l’entreprise de l’ambulance envoyée chez la famille a expliqué plusieurs semaines après les faits qu’ils n’avaient pas été prévenus qu’il pouvait y avoir une urgence vitale.
À 16 heures et  5 minutes, c’est le mari de la victime qui appelle cette fois le Samu. Il leur demande notamment pourquoi le Samu n’a pas été envoyé tout de suite. Sur l’enregistrement, on peut entendre l’opératrice téléphonique échanger avec la médecin régulatrice qui explique : « Parce qu’elle avait juste une gastro, hein… Alors, euh. Et le Smur va arriver. »
Le mari d’Edith Greffier prévient alors, selon les enregistrements consultés par France 3 :
« Depuis tout à l’heure qu’on nous mène en bateau. Dans 5 minutes il arrive… Moi je veux les bandes. Si elle décède ce sera de votre faute. »
Si l’ambulance est arrivée 40 minutes après le premier appel de la famille, le Samu arrivera encore 20 minutes plus tard. Pourtant, souligne Anne-Sophie Forni Greffier auprès du site de la chaîne, « les pompiers de Giromagny et Offemont sont à trois minutes du domicile de ma mère ». Edith Greffier est finalement déclarée décédée d’un infarctus au centre hospitalier de Trévenans près de Belfort, deux heures après le premier appel de sa fille.
« Terrible huis clos »
Anne-Sophie Forni Greffier a déposé plainte au commissariat de Belfort, le 16 septembre, pour non-assistance à personne en danger, estimant qu’une prise en charge plus rapide aurait pu permettre de sauver sa mère. Une plainte requalifiée par la police en homicide involontaire.
« On ne dit pas qu’une arrivée plus précoce du Samu aurait sauvé la vie de Mme Greffier, mais cela aurait évité à la famille d’être confrontée à ce terrible huis clos », explique à France 3 l’avocate de la famille, maître Camille Gaudineau.
« La préoccupation première de cette famille, c’est l’inquiétude sur l’évolution de services de secours qui fonctionnaient avant… Il y a une démarche d’altruisme de la part de la famille d’Edith Greffier. Pour que cela n’arrive pas à d’autres gens. On veut éviter que cela se reproduise. »
Et l’avocate de s’interroger notamment sur la centralisation des appels vers un unique centre d’appels du 15 pour toute la Franche-Comté, à Besançon, à 100 kilomètres du domicile de la famille :
« La difficulté, c’est que plus vous éloignez les appels, moins les interlocuteurs ont de contacts, de réflexes communs. »
Contacté par France 3, le CHRU de Besançon, dont dépend le centre 15, a assuré « qu’une analyse de la situation en interne est en cours ».

Source : nouvelobs.com

Note de "La Vie Hospitalière" : Ces faits ce sont passés le 14 septembre 2019...

lundi 25 novembre 2019

Réponse d’un soignant aux propositions de Buzyn : « Parce que nous savons lire »



M. le Président,
J’ai regardé ce matin les annonces faites par votre 1er ministre et la ministre des solidarités et de la santé pour le plan d’urgence pour l’hôpital suite au mouvement de grève et de contestation qui ébranle le milieu hospitalier depuis 9 mois.

Ce matin pour ces annonces, j’étais, comme de nombreux collègues hospitaliers, devant ma télé et j’ai été bien attentif à chaque mesure et une nausée incontrôlable m’est venue devant tant de mépris de la part de vos ministres.
Cependant, après une réflexion de Mme Buzyn, qui nous conseillait de lire le plan, je m’y suis attelé ce soir. Et après la nausée…. J’ai vomi… car effectivement j’ai pu lire en détail le plan que votre gouvernement a élaboré pour diviser les soignants de l’hôpital, d’un service à un autre, d’au grade à un autre, d’un hôpital à un autre, d’un territoire à un autre.
Et j’ai décidé de vous écrire, en détaillant ce plan, pour vous montrer à quel point vous tenter de diviser et en vous montrant comment, moi, infirmier de zone rurale, je ne suis touché par aucune ou presque de vos mesures.
Mais sachez déjà, Mr le Président, qu’à défaut d’avoir éteint l’incendie, vous avez attisé les flammes, vous avez jeté de l’huile sur le feu, et il risque de se propager davantage encore.

Sachez qu’à défaut d’avoir réussi à nous diviser, vous avez réussi à nous rassembler davantage et de nous faire serrer les coudes encore plus fort !
L’hôpital ferait partie de notre patrimoine national, dites vous. L’hôpital fera t il donc son entrée à la française des jeux pour un loto de sauvegarde du patrimoine ?

Vous souhaitez d’abord renforcer l’attractivité des métiers et fidéliser les soignants.

Pour cela vous proposez d’accompagner les débuts de carrière des soignants… avec des primes…. Sur lesquelles on ne cotise pas pour la retraite… et pour quelques années seulement… donc rien de très attractif, et pour ma part je n’y ai pas le droit.
Vous proposez aussi de renforcer l’attractivité des hôpitaux situés dans les territoires en tension (Comprendre Paris et la petite couronne !) en proposant une prime de 800e par an pour les agents gagnants moins de 1950e par mois et travaillant à Paris donc. Pensez vous réellement que 66e par mois rendra attractif les hôpitaux parisiens ? Cela ne paye même pas le pass navigo ! Et pensez vous qu’il est plus aisé pour le personnel hospitalier de se loger à Bordeaux, Marseille ou Toulouse, par exemples ? Je n’ai pas le droit à cette prime non plus.
Un des clous du spectacle, la mise en place d’une politique de valorisation financière des équipes engagées dans des projets de transformations ! La encore, une prime…. Dont chaque établissement pourra définir les critères d’attribution !!!! Pour valoriser la qualité des soins et de prise en charge !!! La je crois vraiment rêver ! Pensez vous, réellement, que nous ne faisons pas tous des soins de qualité ? Dans un service, un infirmier pourra percevoir cette prime et pas son collègue, parce qu’il aurait moins bien pris en charge les patients ? 
Comment comptez vous évaluer cela, si ce n’est à la tête du client ? Encore une arme à destination des cadres qui devront choisir à qui la donner ou à qui ne pas la donner, et qui recevrons les foudres des non destinataires ? Nos cadres sont elles vouées, comme dans des entreprises lambda à inciter le personnel à une meilleure rentabilité ? Verrons nous fleurir dans les salles d’attentes des tableaux d’honneur valorisant les meilleurs infirmiers et aides-soignants du services tout en dénigrant les autres ? Et tout ça pour….. 25 euros par mois !?! Étant sûr de réaliser des soins de qualité et une prise en charge optimale de chacun des patients dont je m’occupe, je vais faire comme ci cette prime me sera octroyée.
Vous voulez revaloriser le métier d’aide soignant…. Enfin…certains aides soignants…Les fins de carrières et les personnels des Ehpad avec une formation supplémentaire (financée comment ? par qui ?) et de nouveau par une prime…. Je ne suis pas concerné.
Les mesures pour les médecins ne me concernent bien évidemment pas non plus.
Ensuite, vous proposez de lever les blocages de l’hôpital public avec une série de mesures dont je retiendrai que la fonction de management sera revalorisé, cadres, chefs de service, chefs de pôle, présidents de CME… des rôles importants certes, mais ce ne sont pas ceux qui sont au plus proche du patient que vous revalorisez une fois de plus. De plus dans certaines structures, nombre de cadres et cadres supérieurs, en bon petits soldats, ont mené la vie dure aux grévistes et se voient ici récompenser sur notre dos !!! À vomir !!
Quand à l’allègement des procédures administratives avec notamment la suppression des concours de praticiens hospitaliers, il doit s’agir la d’une mesure sortie d’un vieux carton poussiéreux des archives du ministère, sûrement.
La mise en œuvre des protocoles de coopération entre professionnels…. Ayant pour but de libérer du temps médical en redistribuant certains actes aux infirmiers pour une prime (encore 1) de 100 euros brut par mois, pour arrondir 80 euros net !
Une petite question…. Le temps que je vais prendre pour réaliser ces actes pour libérer du temps médical… je vais le chercher où ? Pensez vous que ma journée de travail n’est pas encore suffisamment chargée pour faire le travail des autres ? Pour une prime ? Celle-ci, je m’assois dessus et vous la laisse… voyez moi aussi je fais faire des économies !
Sur le paragraphe des intérims je suis en accord avec vous (ouf enfin un point d’accord) il faut lutter contre les mercenaires, mais ça ne rendra pas plus attractif nos hôpitaux, et certains se verront bien démunis, une fois ceux-ci partis car ils n’arrivent à fonctionner que grâce à eux !!
Parlons maintenant de l’investissement dans l’hôpital.

Vous proposez de réhausser l’ONDAM de 2.1 à 2.4%, soit un effort de 300 M d’euros en 2020.
Bel effort… mais il reste 500 M d’euros d’effort à faire par les hôpitaux sur la même année ! 
Donc le bilan reste toujours négatif ! Et il en va de même pour les années à venir, car les crédits supplémentaires octroyés ne couvrent pas encore les dépenses et les besoins !
Des grands chiffres qui finalement ne servent à rien au bout de la chaîne. Le dernier maillon étant le patient…
Afficher une hausse des tarifs hospitaliers en misant sur une réduction des actes inutiles ou non pertinents ne sera jamais réalisable avant la fin de votre mandat. Sur quels critères allez vous juger ou faire juger qu’un acte est inutile ou non pertinent ? 
Le médecin ne sera plus décisionnaire des actes qu’il prescrit ou veux prescrire ?? Il devra avant demander l’autorisation de savoir si c’est utile à son diagnostique ? J’ai du mal à saisir….
La reprise de la dette hospitalière pour dégager des marges nécessaires pour les établissements… Quand on reprend 1 tiers des dettes, il en reste toujours 2 tiers. Donc la dette est toujours présente donc il faut continuer la politique de retour à l’équilibre et on ne peux pas investir davantage ! Si je doit 100 euros à mon collègue et que mon voisin lui en donne 30 en mon nom, je lui suis toujours redevable de 70 euros Sur mon compte personnel si je suis à découvert de 100€ et que je rajoute 30€ je suis toujours à découvert de 70 euros et je ne me peux pas me permettre de faire des courses ! Ce sont des calculs d’école primaire….
Encore des annonces de chiffres à plusieurs zéros ne changent en rien le quotidien du personnel et du patient !

En synthèse après ces annonces, je ne vois ni lits supplémentaires pour les patients, qui continuerons donc à dormir sur des brancards dans les couloirs des urgences, ni embauche massive de personnel, et je gagnerai au mieux 25 euros de plus par mois ! Sûrement de quoi me réjouir selon vous. Mais je ne fais pas encore la manche et ces 25 euros je les prends comme un crachat en pleine gueule qu’un roi aurait pu envoyer à un manant mourant de soif….
Pourtant nos demandes sont claires et précises ! Il faut des lits, du personnels et une revalorisation salariale (et non des primes).
Vous voulez être attractif ?

Faites cessez les contrats précaires dans les hôpitaux, titularisez les personnels soignants rapidement avec une augmentation salariale. Recréez les postes et les lits supprimés.
Vous avez dis nous avoir entendu et compris, mais vos paroles ne sont pas suivis par des actes.
En ce qui me concerne, je vous promet de rester mobilisé jusqu’à ce que de vraies mesures pour les patients et les soignants soient prises. 

Et ce soir je suis déterminé, comme beaucoup de mes collègues dans la France entière, et nous allons continuer à nous faire entendre et à faire du bruit pour dénoncer cette politique de déstructuration de l’hôpital public.
Aujourd’hui j’ai lu des dizaines de commentaires de soignants voulant démissionner après de telles annonces, écœurés, nauséeux… mais nous ne vous ferons pas ce plaisir car cela serait vous permettre de dissoudre la fonction publique hospitalière en la privatisant avec des personnels soignants sous contrats.
Non, nous ne démissionnerons pas massivement…. Mais nous allons continuer massivement à nous mobiliser !
Vous avez pris la mesure de la problématique de l’hôpital dites vous, vous n’avez pas encore pris la mesure de notre détermination et de notre union.
J’ai un profond mépris pour votre personne, mais je respect votre fonction, tâchez de respecter la mienne et celle des milliers de soignants du territoire en engageant de vraies négociations pour aboutir sur des propositions décentes et égalitaires pour tous.

Un soignant parmi tant d’autres, un soignant décidé à continuer à se battre pour nos patients et nos conditions de travail.

Source : interurgences.fr


Le coût des Ehpad, une source d’angoisse pour les Français


Le gouvernement a promis une loi, au plus tard début 2020, qui réduirait la facture pour les personnes dépendantes. 
Des soignants trop peu nombreux au chevet des personnes âgées, inquiets d’être malgré eux complices d’une « maltraitance institutionnelle » : les grèves dans les maisons de retraite en 2017, 2018 et celle du 8 octobre ont braqué les projecteurs sur leur manque de personnel. À l’inquiétude sur la qualité des soins s’ajoute pour les Français celle de ne pouvoir faire face à la cherté des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Le think tank Cercle vulnérabilités et société a interrogé au printemps 850 proches d’une personne âgée placée en Ehpad. Parmi eux, 54,7 % jugent que « le principal défaut de ce lieu de vie » est son « coût », 18 % critiquant « la non-disponibilité des professionnels ».
Emmanuel Macron s’est fait fort de baisser la facture des seniors en maison de retraite. Le 13 juin 2018, le président de la République s’est engagé à présenter une loi sur la prise en charge du grand âge. Ce « sera un autre grand marqueur social de ce quinquennat, peut-être un des plus importants », a renchéri le premier ministre, Edouard Philippe, un an plus tard. Promise par la ministre de la santé Agnès Buzyn au plus tard « début 2020 », la réforme pourrait être débattue au Parlement au printemps.
Résoudre le casse-tête de la tarification des Ehpad suppose de remettre à plat un système complexe et relativement inéquitable. « Les plus mal loties sont les classes moyennes inférieures, constate le sociologue Serge Guérin. Elles ne sont ni assez pauvres pour avoir des aides sociales, ni assez riches pour faire face au coût. » Les plus modestes peuvent prétendre à une allocation logement versée par l’Etat et obtenir une « aide sociale à l’hébergement » (ASH) financée par les départements. Les plus aisés sont avantagés par le crédit d’impôt dont ils peuvent bénéficier.
Le prix médian pour une chambre s’élève à 1.977 euros
En 2018, le prix médian pour une chambre individuelle en Ehpad s’élève à 1.977 euros, selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Or, le montant moyen net des pensions de retraite est d’environ 1.330 euros.
Les prix indiqués ne sont certes pas le montant que déboursent les personnes âgées puisqu’elles bénéficient notamment de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Il n’empêche : 75 % des 620. 000 résidents en Ehpad ont des revenus inférieurs au coût de leur séjour et la moitié sortent de leur poche au moins 1.850 euros par mois, selon une étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) parue en novembre 2018. Un tiers d’entre eux puisent dans leur épargne et 11 % font appel à leur entourage.
Si le gouvernement reste muet sur ses arbitrages financiers, il dispose du rapport remis en mars à Mme Buzyn par Dominique Libault, le président du Haut Conseil du financement de la protection sociale. Celui-ci avance plusieurs solutions, dont la création d’une prestation mensuelle dégressive en fonction des ressources. M. Libault propose aussi un « bouclier autonomie » si le séjour dure plus de quatre ans : un financement public couvrirait le reliquat de la facture afin que la personne n’ait pas à débourser plus de 90 % de ses revenus.
Pérenniser les établissements publics
Maintenir une offre de prix abordables implique également de pérenniser les établissements publics (45 % du parc), dont les tarifs médians sont inférieurs, selon la CNSA, de plus de 860 euros à ceux à but lucratif, qui répercutent l’amortissement des dépenses immobilières et la rétribution de leurs actionnaires dans leurs tarifs.
« Face à quelques grands groupes privés bien organisés, les établissements publics sont balkanisés. Il est possible de baisser leurs tarifs en les pilotant différemment pour chercher l’efficience », estime Jérôme Guedj, ex-patron de l’Essonne. En 2013, l’ancien patron (PS) du département a engagé la collectivité dans la recherche de terrains bon marché pour y construire des Ehpad et les gérer en direct. La création d’un « service essonnien du grand âge » a permis de mutualiser les charges et de pratiquer des prix inférieurs à ceux du secteur privé local.
Dégager des marges de manœuvre pour les Ehpad publics suppose de ne pas leur imposer une « inégalité de traitement », affirme de son côté la Fédération hospitalière de France (FHF), qui dénonce les exonérations partielles des charges patronales sur les salaires, uniquement autorisées pour les Ehpad privés. « On voudrait tuer les établissements publics qu’on ne s’y prendrait pas autrement », s’indigne Marc Bourquin au nom de la FHF.
M. Libault préconise aussi un plan de 3 milliards d’euros sur dix ans pour remettre en état le secteur public. Les mesures qu’il propose, par ailleurs, pour baisser la note des seniors sont évaluées à 2 milliards d’euros à partir de 2024 et à 2,7 milliards à compter de 2030. À mettre sur le compte de l’Assurance-maladie.
Article de Béatrice Jérôme




Source : lemonde.fr