"La Vie Hospitalière"

mercredi 29 janvier 2020

Affaire Vincent Lambert : le docteur Vincent Sanchez relaxé par la justice


Le chef de service de soins palliatifs du CHU de Reims faisait l’objet d’une plainte pour « non-assistance à personne en danger », de la part des parents de Vincent Lambert.
Le tribunal correctionnel de Reims (Marne) a relaxé le docteur Vincent Sanchez, ce mardi. Le jugement intervient un peu plus de cinq mois après la mort de Vincent Lambert, dont les traitements avaient été arrêtés par le corps médical.
Les réquisitions du procureur Matthieu Bourrette ont été suivies en tous points par le tribunal, qui a estimé que le docteur a « parfaitement respecté ses obligations légales ».
Appel de cette décision
Au terme de l’audience, l’un des avocats des parents de Vincent Lambert a indiqué qu’ils relèveront appel de la décision.
Vincent Sanchez, chef de service de soins palliatifs du CHU de Reims, avait initié l’arrêt des traitements du patient peu après la décision de la Cour de cassation le 28 juin. Outre l’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation par sonde, Vincent Lambert avait fait l’objet d’une « sédation profonde et continue ».
« Pas d’atteinte à son intégrité »
Pour le tribunal, la procédure collégiale amenant à l’arrêt des traitements du patient n’a pas porté atteinte à son intégrité, relate Le Parisien.
Âgé de 42 ans, Vincent Lambert était tétraplégique. Il se trouvait dans un état végétatif depuis un accident de la route en 2008. Le 18 novembre dernier, une expertise avait conclu que son « état végétatif chronique » était « irréversible ».
Ce mardi, les magistrats ont également estimé que l’action en justice des plaignants n’avait « d’autres motifs que de s’opposer à la loi Leonetti-Claeys », un texte de février 2016 sur la fin de vie.

Source : actu17.fr



Grève du codage : "Arrêtons de facturer, soignons nos patients"


La direction de l’AP-HP menacerait les grévistes du "codage" qui ne transmettent plus certaines données administratives à l’Assurance-maladie, de sanctions.
Depuis le mois d’octobre, certains médecins hospitaliers mènent une « grève du codage ». Ils ne transmettent plus à l’Assurance maladie les données sur les actes pratiqués. L’objectif est de faire pression sur le ministère de la Santé dans le contexte de crise de l’hôpital public.
D’après un document que nos confrères d’Europe 1 ont pu consulter, la direction des ressources humaines de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) menace de sanctions disciplinaires le personnel qui participe à cette « grève du codage ».
Le Pr Agnès Hartemann, chef de service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et membre du collectif Inter-Hôpitaux, répond à nos questions.
Qu’est que la « grève du codage » ?
Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « Ne pas coder, c’est arrêter de faire des factures. C’est grâce à ces factures que l’hôpital se fait payer par la Sécurité sociale. Pourquoi on fait ça ? Parce qu’on ne peut pas faire autrement, on ne veut pas faire la grève des soins. Et puis ce système de facturation, au début on y a cru, on nous a demandé d’optimiser ces factures et puis là on se rend compte que le système part en vrille et que le personnel s’en va, les lits ferment et on n’a plus de moyens de travailler ».
Est-ce qu’il y a une pression sur vos équipes pour arrêter cette « grève du codage » ?
Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « Il y a une pression très clairement. Ca nous choque beaucoup parce que nous on n’agit pas pour nous. On est en train de mener une grande action pour défendre l’hôpital public, tous les hôpitaux publics de France. On essaie d’obtenir un budget digne de ce nom pour cette année. En fait les directions sont la tête dans le guidon, elles regardent leurs recettes de leur hôpital et en effet on reçoit des pressions terribles. »
Quelles menaces de la direction recevez-vous ?
Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « On nous dit qu’on est en train de couler notre hôpital. C’est quand même dur à entendre. C’est du bouche-à-oreilles on ne l’écrit pas mais que certains médicaments ne seront pas délivrés, des médicaments chers pour certains patients, que certains postes ne vont pas être actés. Vous ne faites pas rentrer d’argent dans les caisses donc ce mois-ci vous n’aurez pas les traitements lourds. On ne fait pas de grève des soins donc comment on peut nous menacer d’une chose pareille. Les médecins ne sont pas dans l’obligation de faire ces factures ».
La suite de ce mouvement c’est quoi ?
Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « On ne lâchera pas. Ca nous fait du bien de sortir la tête de l’eau. Entre collègues, avant quand on se retrouvait dans les congrès, on parlait de recherche, on parlait de soins et maintenant quand on se croisait depuis des années on parlait de facturation. Arrêtons de facturer, soignons les patients. Donc la suite du mouvement, c’est les démissions dont on a parlé, elles sont actées et puis surtout on appelle à une manifestation le 14 février c’est la Saint-valentin donc on appelle les usagers et tous les soignants à venir déclarer leur amour à l’hôpital public ».
Vous avez de l’espoir ?
Pr Agnès Hartemann, Pitié-Salpêtrière : « On n’a plus le choix. On est en train de tirer une sonnette d’alarme. Il y a 100 lits fermés à la Salpêtrière, il y a 800 postes sans infirmière à l’AP-HP. On n’a plus le choix, on appelle la population à nous rejoindre ».

Source : allodocteurs.fr

Un cinquième cas, d'infection par le coronavirus, confirmé en France, deux patients en réanimation


Le nombre total de personnes chez qui des médecins ont diagnostiqué le coronavirus 2019-nCoV est passé à cinq en France, a annoncé Agnès Buzyn qui précise que deux malades ont été placés en réanimation.
La Ministre de la santé Agnès Buzyn a confirmé mercredi 29 janvier un nouveau cas de contamination au coronavirus 2019-nCoV en France.  «Un cinquième cas a été avéré, il s’agit de la fille du touriste chinois hospitalisé récemment en réanimation dans un état grave», qui, lui, représentait le quatrième cas recensé en France, a précisé la ministre.
«Nous avons maintenant un cas à Bordeaux qui est toujours sous surveillance, nous avons deux cas en réanimation: le patient touriste chinois de 80 ans et un membre du couple qui avait été diagnostiqué vendredi dernier, un homme de 30 ans dont l’état s’est aggravé et qui a besoin d’oxygène, actuellement dans le service des soins continus»,a-t-elle indiqué, avant d'ajouter que la femme du couple était dans un état stable.
Rapatriement des Français de Wuhan
Selon la ministre, un premier avion va partir mercredi 29 janvier au soir vers Wuhan pour ramener environ 200 ressortissants français désirant être rapatriés.
Ce premier vol, réservé à des «personnes qui ne présentent pas de symptômes», sera suivi d'un autre «demain ou après-demain» qui accueillera d'autres Français ainsi que des ressortissants d'autres pays européens.
Le nombre de victimes est passé à 6.151, et 132 personnes sont décédées.



Un cinquième cas de coronavirus avéré: "il s'agit de la fille du touriste chinois", selon Agnès Buzyn pic.twitter.com/hFp3zOFZ5Z
— BFMTV (@BFMTV) January 29, 2020

mardi 28 janvier 2020

Coronavirus chinois : Un 4ème cas confirmé en France


Il s’agit du quatrième patient en France à être contaminé par le coronavirus chinois 2019-nCov.
Un nouveau cas confirmé de coronavirus a été détecté en France ce mardi. Le patient qui est un touriste chinois originaire de la province de Hubei âgé d’environ 80 ans, est hospitalisé en réanimation à Paris a indiqué le ministère de la Santé. « Son état clinique est donc sévère, puisqu’il nécessite des soins de réanimation », a-t-il précisé.
Les autorités ont lancé une enquête afin de déterminer avec quelles personnes ce dernier a été en contact.
Deux autres cas ont été recensés à Paris et un troisième à Bordeaux. Leur état de santé n’inspire pas d’inquiétude.
Les personnes présentant les symptômes du virus (fièvre, toux et gêne respiratoire) après un voyage en Chine, ou après être entré en contact physique avec quelqu’un rentrant de ce pays, sont priées de contacter le SAMU au 15 et de ne pas se rendre aux urgences ou chez son médecin.

Source : actus17.fr


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Coronavirus en Chine : le bilan passe à 106 morts, plus de 4500 cas recensés


Le bilan du coronavirus en Chine s’est aggravé ont annoncé les autorités ce mardi. 24 personnes sont décédées ces dernières heures, portant le bilan à 106 morts dans le pays
L’épidémie continue à progresser. 106 personnes sont décédées en Chine après avoir été contaminées et près de 1.300 nouveaux cas ont été recensés. Au total, le pays est confronté à un peu plus de 4.500 patients contaminés.
L’une des victimes décédées lundi vivait à Pékin, il s’agit du premier mort dans la ville suite au coronavirus. L’homme âgé de 50 ans revenait de Wuhan, là où le virus est apparu à la fin du mois de décembre.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a jugé la menace « élevée » ce lundi sans toutefois déclencher une alerte sanitaire internationale, a précisé qu’elle ne savait pas encore si les personnes infectées étaient contagieuses avant de présenter les symptômes de la maladie, contrairement aux déclarations de certains responsables sanitaires chinois.
L’Allemagne et le Canada touchés
D’autre part, l’Allemagne a annoncé avoir recensé un premier cas ce lundi. Il s’agit du second pays européen touché après la France, où trois cas ont été confirmés.
Deux premiers cas ont également été découverts au Canada, à Toronto. 19 autres personnes font l’objet d’examens en Ontario. Par ailleurs, cinq cas ont été pris en charge aux États-Unis, tout comme en Australie. Un premier cas est aussi apparu au Sri-Lanka ces dernières heures.
Un premier vol pour rapatrier des Français ce jeudi
Plusieurs pays préparent l’évacuation de ses ressortissants, dont la France. Le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a annoncé ce mardi matin qu’un premier rapatriement aura lieu ce jeudi entre Wuhan et Paris.
« Un premier vol de rapatriement (…) partira demain (mercredi) de Paris pour revenir probablement jeudi, le 30, avec des personnes qui (…) ne présentent pas de symptôme », a-t-il indiqué à CNews, ajoutant qu’un « second vol, dont les dates sont à déterminer », rapatriera ensuite les « personnes possiblement porteuses du virus ».
Les personnes rapatriées seront soumises à une période de quarantaine. Environ un millier de Français se trouveraient à Wuhan. Des usines Renault et PSA sont présentes dans la ville de 11 millions d’habitants, ainsi que des étudiants français.

Source : actu17.fr




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Le chef de l'OMS est confiant dans la capacité de la Chine à prévenir et à contrôler les épidémies


L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait l'éloge des mesures décisives prises par le gouvernement chinois et est confiante dans la capacité de la Chine à prévenir et à contrôler les épidémies, a déclaré mardi le chef de l'OMS
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, a fait ces remarques lors de sa rencontre avec Wang Yi, conseiller d'État et ministre des Affaires étrangères de la Chine, à Beijing.
L'OMS et la communauté internationale louent et soutiennent pleinement les mesures décisives prises par le gouvernement chinois et apprécient les efforts déployés par la Chine pour lutter contre la propagation de l'épidémie, a indiqué M. Tedros.
Il a déclaré que l'OMS ne recommandait pas l'évacuation des ressortissants étrangers et a appelé la communauté internationale à rester calme et à ne pas réagir de façon excessive. 
L'OMS est confiante dans la capacité de la Chine en matière de prévention et de contrôle des épidémies.

Source : french.xinhuanet.com


Le 29 manifestons pour le retrait du projet de réforme des retraites !


Sur tout le territoire de nombreuses actions sont déjà programmées, interpellations de parlementaires, soirées de soutiens, débats, meeting, manifestations... Notre mouvement s'étend et se renforce dans la durée avec énergie et volonté.
L'intersyndicale réclame plus que jamais le retrait du projet de réforme pour ouvrir des négociations constructives afin d'améliorer le régime actuel pour tous les secteurs professionnels et toutes les générations.
Les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNEF appellent à faire du mercredi 29 janvier, veille de la conférence de financement, une journée massive de grève et de manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles. 
Elles appellent à poursuivre le renforcement et l'élargissement de la mobilisation en multipliant les initiatives les jeudi et vendredi qui suivent notamment avec des retraites aux flambeaux, des dépôts d'outils de travail, des assemblées générales, des initiatives en direction de la population.
Nos organisations décident de se revoir le 29 janvier pour décider ensemble des suites.
(Extrait d'un communiqué intersyndical)




Note de "La Vie Hospitalière" : il y a un départ collectif prévu pour 13 heures 30 de l'hôpital Cochin. Ayons ce jour là une pensée pour l'agent qui s'est suicidé le 7 mars 2017 à  Cochin. (Nous y étions ayant participé ce jour là à une manifestation quelques heures auparavant devant le Ministère de la Santé).

C'est maintenant, plus qu'hier qu'il faut bouger ! 
Face à ce gouvernement que l'on peut effectivement qualifier d'autoritaire (1), car il impose notamment aux citoyens et citoyennes des orientations contraires à leurs intérêts.
La démocratie ce n'est pas contrairement aux dires de certains s'autoriser d'avoir la main mise sur les patrimoines, spoliant ainsi le peuple avec pour finalité et insidieusement faire profiter des groupes financiers.
Il y a non seulement une sorte de despotisme mais encore des actions de détournements de capitaux appartenant aux citoyens et citoyennes, comme ceux de la Sécurité sociale (fruits de la Libération).
De là, une question se pose :  de quel côté sont nos ennemis ? 

1) Comme l'a dénoncé dernièrement Ségolène Royal, en effet l’ancienne ministre socialiste a estimé que  " la France basculait dans  " un régime autoritaire ", avec un pouvoir qui n'écoute pas, qui en fait qu'à sa tête ".






lundi 27 janvier 2020

Des dizaines de médecins du CHU de Rennes démissionnent de leurs fonctions administratives


Depuis plusieurs mois Le personnel hospitalier se plaint d’un manque crucial de moyens.
Les promesses ne suffisent pas. Deux mois après les annonces de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, plus de 50 médecins et de chefs de service du CHU de Rennes ont démissionné de leurs fonctions administratives  pour défendre le service public hospitalier.
 « La tarification à l’activité, qui est un goulet d’étranglement absolument phénoménal, la diminution des financements global de la santé, et des missions qui n’arrêtent pas d’augmenter sans qu’il n’y ait des ressources en regard », selon  le pneumologue Hervé Léna qui plus est très critique vis-à-vis de « l’effort financier » promis par son ministère fin novembre. Selon le docteur Hervé Léna:  « cette enveloppe évaluée à 1,5 milliard d'euros concerne surtout  des soignants en Île-de-France ou en gériatrie, alors que les difficultés touchent l’ensemble du monde hospitalier ».
Ces médecins démissionnaires représentent entre 5 à 10 % des effectifs d’encadrement de l’hôpital rennais.  Pour rappel le 14 novembre, plusieurs milliers d'hospitaliers avaient défilé partout en France, lors d’une grève suivie par plus d’un médecin hospitalier sur quatre et plus d’un personnel paramédical sur dix.
Le collectif Inter Hôpitaux, qui s'est réuni dimanche dans le cadre d'une assemblée générale, a décidé de passer aux actes et d'envoyer à partir de lundi des lettres de démissions collectives signées individuellement aux directions de leurs établissements respectifs, a expliqué le professeur André Grimaldi. Par ailleurs une nouvelle journée de grève est prévue pour le 14 février. 

Rapatriement, isolement, recherche des contacts, comment la France s’organise pour lutter contre le coronavirus


Le gouvernement Français a annoncé le rapatriement prochain des Français qui le souhaitent de la zone d’épidémie du coronavirus (virus 2019-nCoV) en Chine, alors que six cas suspects sont toujours à l’étude en France et que les trois cas confirmés sont toujours hospitalisés.
Ce rapatriement, prévu en milieu de semaine, se fera avec l’accord des autorités chinoises et sous la supervision d’une équipe médicale dédiée. Les personnes rapatriées devront en outre demeurer dans un lieu d’accueil pendant 14 jours, période d’incubation estimée, a précisé Agnès Buzyn ce 26 janvier. Quelques dizaines à centaines de personnes seraient concernées.
3 cas confirmés en France
Trois cas de ce virus 2019-nCoV ont été confirmés en France chez des personnes ayant récemment séjourné à Wuhan, où l’infection a démarré en décembre. Ce sont les premiers confirmés en Europe.
Un Français d’origine chinoise est hospitalisé à Bordeaux, au CHU Pellegrin. Âgé de 48 ans, il est revenu le 22 janvier en France après un séjour en Chine dans le cadre de son travail dans le milieu du vin.
Les patients hospitalisés à Paris sont un homme âgé de 31 ans et une femme de 30 ans, selon le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à Bichat. Originaire de Wuhan, le couple est arrivé le 18 janvier en France pour un voyage.
« Ils vont très bien. Nous sommes tout à fait rassurés sur leur évolution, a rassuré le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Nous avons identifié les cas contact des trois cas confirmés en France. Ces cas contact sont extrêmement peu nombreux et il n’y a pas de cas contact à haut risque. » Les autorités leur ont demandé de rester chez eux en surveillant l’apparition éventuelle de symptômes, fièvre, toux ou troubles respiratoires.
Les critères de risques sont soit des contacts très proches (contact à moins d’un mètre en face-à-face, situations de contact intime, le fait de vivre dans la même maisonnée...), soit des contacts moins proches mais prolongés, a précisé à l’AFP Daniel Lévy-Bruhl, de l’agence sanitaire Santé publique France.
Les personnes considérées à risque doivent prendre leur température deux fois par jour et appeler quotidiennement les autorités de santé locales.
Résultats attendus pour 6 autres cas
Par ailleurs, l’on attend les résultats des tests de six autres cas suspects, sans rapport avec les trois cas confirmés.
Une équipe médicale d’accueil de plusieurs dizaines de personnes est en place depuis ce 26 janvier à l’aéroport de Roissy pour prendre en charge des voyageurs qui présenteraient des symptômes d’infection, a aussi annoncé la Direction générale de la santé. La France n’a en revanche pas instauré de mesure de contrôle aux frontières de passagers en provenance de Chine (avec contrôle de leur température par caméra thermique) – une mesure dont l’efficacité est débattue par les scientifiques.
Une procédure articulée autour du 15 et des hôpitaux de référence
Les autorités se veulent rassurantes. Et de rappeler les consignes : si on pense être infecté par le coronavirus, il ne faut pas aller chez son médecin traitant ni aux urgences, pour éviter toute potentielle contamination, mais rester chez soi et appeler le 15 (Samu) en faisant état des symptômes et du séjour récent en Chine. Le cas échéant, des patients susceptibles d’avoir été infectés sont dirigés vers des hôpitaux de référence, disposant de chambres adaptées. À Paris, il s’agit de Bichat et de la Pitié-Salpêtrière. Il en existe 12 autres en province.
Le Centre national de référence (CNR) de l’Institut Pasteur de Paris doit vérifier si le patient est positif ou négatif, grâce à un test mis au point après le séquençage du virus par les Chinois. Ce test sera bientôt disponible en province pour accélérer le diagnostic. En l’absence de médicament contre le coronavirus, la prise en charge consiste à traiter les symptômes.
La coexistence avec l’épidémie grippale en plein pic, dont les symptômes sont proches de ceux du virus 2019 nCoV pourrait entraver le repérage, a estimé le Pr Salomon.
En Chine, 2.744 personnes ont été contaminées, au 27 janvier, et 80 malades sont décédés. Le taux de mortalité du virus serait assez faible. Mais il reste difficile à déterminer « puisqu’au stade initial de l’épidémie, on détecte seulement les cas sévères plutôt que les cas plus légers, voire asymptomatiques », explique « The Lancet ».
L’on dénombre aussi cinq cas en Thaïlande et aux États-Unis, quatre en Australie, Malaisie, et Singapour, trois cas au Japon, à Taïwan, en Corée du Sud, et deux cas présumés au Canada.
L’Organisation mondiale de la Santé a considéré ce 27 janvier que la menace liée au virus était trés élevée à l’International.
Article de  Coline Garré

Source : lequotidiendumedecin.fr

dimanche 26 janvier 2020

La Chine signale 1.975 cas confirmés de pneumonie causée par le nouveau coronavirus et 56 décès


Les autorités sanitaires chinoises ont déclaré dimanche que 1.975 cas confirmés de pneumonie causée par le nouveau coronavirus (2019-nCoV), dont 324 dans un état critique, avaient été signalés dans le pays samedi en fin de journée.

Au cours des 24 dernières heures, 688 nouveaux cas confirmés, 1.309 nouveaux cas suspects et 15 décès liés à la maladie (13 au Hubei, un à Shanghai et un au Henan) ont été signalés, selon la Commission nationale de la santé.
Jusqu'à samedi, la pneumonie a fait 56 morts, tandis que 49 personnes se sont rétablies et 2.684 étaient toujours des cas suspects.
Selon la commission, un total de 23.431 contacts étroits ont été retracés. Parmi eux, 21.556 étaient sous observation médicale tandis que 325 autres ont quitté l'hôpital samedi.
Dix cas confirmés ont été signalés dans les régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao ainsi qu'à Taïwan, dont cinq à Hong Kong, deux à Macao et trois à Taïwan.
À l'étranger, des cas confirmés ont été signalés en Thaïlande (quatre patients dont deux guéris), au Japon (deux patients dont un guéri), en République de Corée (deux), aux Etats-Unis (deux), au Vietnam (deux), à Singapour (trois), en Malaisie (trois), au Népal (un), en France (trois) et en Australie (un).


Source : french.xinhuanet.com

Un virus chinois et tant de questions


DÉCRYPTAGE - Le ministère français de la Santé a annoncé samedi la mise en place d'une équipe de médecins et d'infirmiers à Roissy. Les scientifiques, qui ignorent la dangerosité réelle du nouveau spécimen, appellent à ne pas céder à la panique.

Tout ce qu'on sait, c'est qu'on ne sait rien, avouent en chœur des experts pas plus inquiets que cela. Mais dans le doute et alors que la propagation de l'infection à la France n'est plus exclue, une application plus stricte du principe de précaution semble désormais prévaloir. 
À partir de dimanche, a-t-on appris samedi soir, une équipe médicale de plusieurs dizaines de médecins et d'infirmiers est chargée d'accueillir, à l'aéroport de Roissy, les voyageurs en provenance de Chine présentant les symptômes d'une infection par le virus de Wuhan (un coronavirus baptisé 2019-nCoV). Les trois patients français touchés, qui vont bien, avaient tous séjourné dans cette ville où la maladie est apparue en décembre.
En Chine, plus de 56 millions de personnes étaient samedi coupées du monde. Après ceux de Wuhan, les habitants de douze autres agglomérations de la province du Hubei, dans l'est du pays, sont à leur tour en quarantaine. La situation est "grave", a avoué samedi le président Xi Jinping, évoquant une épidémie qui "s'accélère". Les contrôles sanitaires des voyageurs sont systématiques dans les trains. Lundi, les séjours en groupe à l'étranger ou les réservations d'hôtels par les agences de voyages seront aussi interdits. De leur côté, les autorités de Hongkong ont déclenché samedi le niveau d'alerte sanitaire maximal et mis en place des mesures drastiques : fermeture des écoles ou annulation du marathon de la ville.


Une virulence encore inconnue
Le nouveau spécimen chinois, qui donne de la fièvre, fait tousser et peut causer des difficultés respiratoires, voire une pneumonie, est-il plus dangereux que les virus grippaux qui nous assaillent chaque hiver? 
Pour répondre à cette question, il faut attendre de connaître le taux de mortalité associé au 2019-nCoV. Selon le dernier bilan en Chine, sur les 1.300 personnes testées positives, 41 sont mortes, soit environ 3%. Mais seuls les patients touchés par des formes graves ou ayant des symptômes importants ont été recensés. "On ne voit en ce moment que le sommet de l'iceberg, explique le professeur de virologie Bruno Lina. Le nombre réel de cas est plus grand car les formes légères ne sont pas comptabilisées."
Selon cet éminent expert, le taux de mortalité devrait être inférieur à 3%. "Ça signifie que 97% des personnes infectées guérissent spontanément, ajoute-t-il. Le virus n'est pas anodin et peut durement atteindre des personnes âgées ou malades, mais il est moins dangereux que le Sras [syndrome respiratoire aigu sévère] et le Mers [syndrome respiratoire du Moyen-Orient]." Durant l'épidémie de Sras en 2002-2003, le taux de mortalité avait atteint 9,5% ; pour l'épidémie de Mers, toujours en cours, il est de 34,5%.
La comparaison avec la grippe semble plus judicieuse. L'an dernier, elle a touché en France 1,8 million de personnes et provoqué 9.000 décès. Le professeur Yazdan Yazdanpanah, spécialiste de maladies infectieuses et membre de l'équipe qui prend en charge à Bichat deux des trois patients français, se montre lui aussi rassurant : "Les personnes touchées sont dans un état moins grave qu'avec le Sras."
Le troublant malade sans symptômes
L'étude d'une équipe de l'université de Hongkong publiée vendredi par The Lancet offre un éclairage inquiétant sur le coronavirus. Elle relate le cas de sept membres d'une même famille de Shenzhen (sud de la Chine) ayant séjourné à Wuhan entre le 29 décembre et le 4 janvier. 
Après examens, six des sept personnes étaient diagnostiquées comme porteuses du 2019-nCoV. Parmi elles, un garçon de 10 ans ne présentait pourtant aucun symptôme clinique (fièvre, toux…). Ce n'est qu'après une radiographie des poumons, réalisée sur insistance de ses parents, que les médecins ont détecté la maladie. De tels patients, porteurs du coronavirus sans qu'ils le sachent, pourraient être des vecteurs importants de propagation de l'épidémie. L'étude préconise donc, outre l'isolement des cas avérés, "de tracer et de mettre ceux avec qui ils ont été en contact en quarantaine aussi tôt que possible parce qu'une infection asymptomatique apparaît possible".
Un risque épidémique
L'intensité de la transmission d'homme à homme est une autre inconnue majeure. Pour la mesurer, les spécialistes cherchent à évaluer le nombre moyen de personnes qu'un malade contagieux peut infecter (taux de reproductibilité primaire). Quand il est inférieur à 1, le nombre de nouveaux cas décline assez vite. Quand il est supérieur à 1, par contre, le risque d'épidémie est important. Il est de 1,5 pour la grippe et de 16 pour la rougeole. "Dans le cas du virus chinois, le taux pourrait varier de 1,5 à 2,4, mais les données ne sont pas assez robustes," explique Bruno Lina. "On peut faire l'hypothèse qu'il se transmet aussi bien que la grippe."
Des cordons sanitaires nécessaires
Pour le scientifique, il est peu probable que le reste de la planète soit épargné. "L'enjeu actuel est de ralentir la diffusion du virus. En mettant en place des cordons sanitaires, les Chinois nous font gagner du temps. Mais si des cas émergent partout, Pékin va arrêter ces mesures et le virus va se répandre." Comme c'est le cas depuis vendredi en France, tout patient atteint doit être placé à l'isolement pour éviter la contagion. 
À Bichat, les chambres à pression négative sont dotées d'un sas d'entrée et d'un sas de sortie. En parallèle, des équipes de Santé publique France mènent trois enquêtes épidémiologiques pour repérer les personnes qui ont pu être en contact avec les trois patients. De manière générale, pour éviter d'être contaminé, quelques mesures simples sont efficaces : se laver les mains, tousser dans le creux de son coude ou dans un mouchoir qu'on jette.
Des hôpitaux préparés
Dans l'hypothèse où l'Hexagone serait frappé par une épidémie d'ampleur, le système sanitaire est-il prêt à y faire face? Pour que tout se passe bien, il faudrait impérativement que les consignes des autorités soient respectées par la population : en cas de symptômes grippaux à la suite d'un séjour en Chine ou de contact avec une personne ayant voyagé dans ce pays, il convient d'appeler le 15 et d'éviter de se rendre chez le médecin ou aux urgences. On sait qu'un grand nombre de malades du Sras et du Mers ont été infectés dans des lieux de soins.
Pierre Carli, le responsable du Samu de Paris, assurait samedi que, malgré des appels un peu plus nombreux, la situation était sous contrôle grâce à des procédures bien rôdées et répétées maintes fois. 
De son côté, le Collectif Inter-Hôpitaux, composé de personnels grévistes, faisait observer que la prise en charge d'un afflux soudain de patients pourrait être compliquée pour des hôpitaux déjà en surchauffe.

Source : lejdd.fr

samedi 25 janvier 2020

Coronavirus chinois : comment l'hôpital prend en charge les patients


Les trois patients venus de Chine hospitalisés en France sont placés dans des unités spécialisées. Une mise à l'isolement qui répond à un protocole bien précis.

Si, en Chine, l'épidémie de pneumonie virale qui a fait 41 morts "s'accélère", ainsi que l'a annoncé ce samedi 25 janvier le président chinois Xi Jingping, les autorités de santé en France se montrent prudentes, et rassurantes. Ainsi, les deux patients d'origine chinoise qui ont contracté le virus et qui sont pris en charge à l'hôpital Bichat "vont bien", a assuré d'emblée Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital parisien lors d'un point presse ce même jour.
Le monde médical français est serein, assure-t-il, car les hôpitaux sont prêts à faire face à un virus de la forme du coronavirus chinois. De nombreux hôpitaux disposent en effet de chambres spécifiquement dédiées aux maladies infectieuses, qui permettent un isolement du patient afin de le soigner et d'éviter la contagion. 
CHU de Bordeaux (Crédit photo UGO AMEZ/SIPA) 
Désignés comme Établissements de santé de référence (ESR), ils sont dotés d'un service de maladies infectieuses qui comprend des chambres d'isolement à pression négative. "Dans ces chambres, la pression de l'air à l'extérieur est plus forte qu'à l'intérieur. L'air ne peut donc pas sortir et le virus du patient ne peut pas se propager hors de la chambre", explique Pierre Parneix, médecin hygiéniste et de santé publique au CHU de Bordeaux. C'est un système qui intègre le "maximum" de protection contre un virus, précise-t-il.
Des patients en observation
"L'objectif est que la maladie ne s'installe pas sur le territoire", évoque le professeur Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale au sein de l'institut Pasteur. "Nous mettons donc en place un isolement soit à domicile, soit à l'hôpital. Et cela, au minimum jusqu'au diagnostic de certitude qui lèvera toute suspicion".
Cette mise à l'isolement fait partie d'une gamme de procédures permettant un parcours sécurisé de la personne prise en charge. "Quand on a un début d'épidémie, tout patient va être hospitalisé dans ces conditions" détaille Pierre Perneix. Avec un temps d'incubation de deux à 14 jours, le 2019-nCoV présente des symptômes similaires au virus de la grippe. "On connaît la structure du virus, les patients ont rapidement été diagnostiqués après des analyses de l'institut Pasteur, il s'agit désormais d'observer le patient", précise le médecin.
Les deux personnes prises en charge à l'hôpital Bichat sont un couple de trentenaires originaires de Chine. Au moment de leur arrivée en France le 18 janvier, seul l'un des deux patients présentait les symptômes de ce coronavirus, a précisé Yazdan Yazdanpanah. "Aujourd'hui on regarde comment ceux qui sont atteints évoluent. Tant qu'ils ont des syndromes respiratoires, il y a des risques", précise Pierre Parneix depuis Bordeaux. Il n'existe pas de traitement particulier contre ce virus, note-t-il, ajoutant que le traitement des patients ne peut se faire que de manière "symptomatique".
Concrètement, au sein du service, les médecins sont équipés de masques, de gants, et de blouses permettant de les protéger des projections de "gouttelettes" susceptibles de transmettre le virus. "Un dispositif de formation des professionnels de santé est établi depuis plusieurs années avec des formations théoriques et pratiques, mais aussi avec des exercices avec le samu" a précisé Gisèle Bendjelloul, cadre de santé hygiène à Bichat, lors d'un point presse ce samedi.
Une prise en charge en ambulatoire recommandée
L'institut Pasteur réitère ses recommandations concernant l'identification de la maladie : en cas de symptômes grippaux (toux et fièvre) au retour d'un voyage en Chine, les patients doivent immédiatement appeler le samu, au numéro 15. Une série de questions est ensuite posée par un médecin pour définir la gravité du cas et son éventuelle prise en charge par un hôpital.
"On ne connaît pas le taux de reproduction du virus pour le moment, donc tout sujet qui a été en contact avec une personne identifiée comme ayant le virus doit être suivi jusqu'à la fin des 14 jours d'incubation", précise encore Bruno Hoen. "Ces précautions passent également par une enquête auprès des personnes qui ont été en contact avec le patient, avec des appels réitérés et un suivi tant qu'ils ne sont pas à 14 jours du premier contact".
Face à cette situation, Yazdan Yazdanpanah reste rassurant : les symptômes sont "beaucoup moins graves que pour le SRAS. Toutefois, il faut que l'on installe une prise en charge en ambulatoire car nous allons rapidement avoir, c'est sûr, d'autres patients suspects". "La probabilité d'une épidémie en France et en Europe est très faible, parce qu'on est très bien préparé", juge-t-il encore.


Source : lexpress.fr



Réforme des retraites : le Conseil d’État assassine le projet du gouvernement


Des projections financières « lacunaires », des « différences de traitement » injustifiées, un recours exagéré aux ordonnances, des promesses contraires à la Constitution… Dans son avis rendu le 24 janvier, le Conseil d’État attaque sévèrement la réforme des retraites. Et dénonce l’empressement de l’exécutif à vouloir faire passer un texte dont la « sécurité juridique » n’est pas garantie.

Ni fait ni à faire. C’est en substance l’avis que le Conseil d’État a rendu sur les deux projets de loi - organique et ordinaire - destinés à créer un régime universel de retraite par points, adoptés vendredi 24 janvier en conseil des ministres. Dans un document rendu public le même jour, et que Mediapart publie in extenso ci-dessous, la plus haute juridiction administrative française étrille littéralement la façon dont le gouvernement - et son chef Édouard Philippe, pourtant lui-même conseiller d’État - a conduit cette réforme, dont l’examen parlementaire doit démarrer le 3 février à l’Assemblée nationale, malgré une mobilisation qui ne faiblit pas.
Saisi le 3 janvier, le Conseil d’État n’a eu que trois petites semaines pour rendre son avis sur les deux textes, que le gouvernement a par ailleurs modifiés à six reprises dans cette période. Des conditions de saisine qui ne l’ont pas « mis à même de mener sa mission avec la sérénité et les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique de l’examen auquel il a procédé », écrit-il. Avant d’ajouter que cette situation est « d’autant plus regrettable » qu’il s’agit d’une « réforme du système des retraites inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir […] l’une des composantes majeures du contrat social ».
Le Conseil d’État, qui n’est franchement pas connu pour son caractère révolutionnaire, est également très sévère vis-à-vis de l’étude d’impact qui accompagne les deux projets de lois, un document bourré de chiffres sur lesquels la majorité comptait s’appuyer pour défendre ce que certains qualifient encore de « réforme de gauche », redistributive et solidaire. Mais pour l’institution, cette étude, d’abord jugée « insuffisante », ne donne toujours pas satisfaction malgré les précisions apportées par le gouvernement. Elle « reste en deçà de ce qu’elle devrait être », souligne l’avis, qui parle de projections financières « lacunaires », notamment sur la hausse de l’âge de départ à la retraite.
Le choix de recourir à 29 ordonnances, y compris « pour la définition d’éléments structurants du nouveau système de retraite », est aussi vertement critiqué. Il « fait perdre la visibilité d’ensemble qui est nécessaire à l’appréciation des conséquences de la réforme et, partant, de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité », estime le Conseil d’État, qui souhaite aussi voir disparaître du texte la promesse de revalorisations des enseignants et des chercheurs par des lois de programmation. Car « sauf à être regardées, par leur imprécision, comme dépourvues de toute valeur normative, ces dispositions constituent une injonction au gouvernement de déposer un projet de loi et sont ainsi contraires à la Constitution ».
L’avis confirme que, dans sa dernière version, le texte du gouvernement renvoie « à une ordonnance le soin de définir les modalités de retour à l’équilibre financier des régimes en utilisant plusieurs leviers possibles, sur la base des propositions émises par une conférence des financeurs » - le fameux semblant de compromis obtenu par Édouard Philippe avec la CFDT et l’Unsa. Les députés qui se pencheront sur la réforme à partir du 3 février, le feront donc sans connaître les modalités d’équilibre, puisque ces dernières sont censées émerger des travaux de la fameuse conférence à la fin du mois d’avril, soit au moment de la deuxième et dernière lecture des projets de loi au Sénat.
Pour finir, le Conseil d’État anéantit aussi la promesse d’Emmanuel Macron de créer un régime universel, en soulignant, malgré ce qu’en dit l’exécutif, que « le projet de loi ne crée pas un “régime universel de retraite” qui serait caractérisé, comme tout régime de sécurité sociale, par un ensemble constitué d’une population éligible unique, de règles uniformes et d’une caisse unique ». Si le gouvernement crée bien le même système pour les salariés du public et du privé, il maintient à l’intérieur « cinq régimes » (le régime général des salariés ; celui des fonctionnaires, magistrats et militaires ; celui des salariés agricoles ; celui des non-salariés agricoles ; et celui des marins).
« À l’intérieur de chacun de ces régimes créés ou maintenus, des règles dérogatoires à celles du système universel sont définies pour les professions concernées », note encore l’institution qui demande au gouvernement de mieux « justifier » les raisons pour lesquelles il garde ces « différences de traitement […] entre assurés relevant du système universel de retraite et rattachés, le cas échéant, à des régimes distincts ». S’agissant de la dérogation obtenue par les navigants aériens pour conserver leur caisse complémentaire et financer ainsi des départs anticipés, les juges écrivent : « Aucune différence de situation ni aucun motif d’intérêt général ne justifiant une telle différence de traitement, elle ne peut être maintenue dans le projet de loi. »
Aussitôt l’avis du Conseil d’État publié, plusieurs élus d’opposition s’en sont emparés pour demander le retrait du texte. « Il faut arrêter cette folie maintenant », a tweeté la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen. « On reste sidérés par le niveau d’amateurisme et d’improvisation du gouvernement pour une réforme aussi cruciale pour chacune et chacun ! », a commenté l’eurodéputé EELV Yannick Jadot. « L’avis rendu par le conseil d’État a valeur de claire sanction de l’amateurisme gouvernemental dans la méthode de travail, de sanction publique de ses mensonges », a également écrit le chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, sur son blog.
Selon cette décision du Conseil constitutionnel, les projets de loi ne peuvent être inscrits à l’ordre du jour du Parlement, si la conférence des présidents de la première assemblée saisie - en l’occurrence l’Assemblée nationale, présidée par Richard Ferrand, macroniste de la première heure - « constate que les règles fixées par la loi organique sont méconnues ». « En cas de désaccord entre la conférence des présidents et le gouvernement, le président de l’assemblée intéressée ou le premier ministre peut saisir le Conseil constitutionnel qui statue dans un délai de huit jours. » Pour l’heure, personne au gouvernement ni dans la majorité n’a officiellement réagi à l’avis du Conseil d’État.
Article d'Ellen Salvi

Source : mediapart.fr
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C'est ce 24 janvier que la ministre des solidarités et de la santé et le secrétaire d’État auprès de la ministre des solidarités et de la santé, chargé des retraites, ont présenté le projet de loi organique relatif au système universel de retraite et le projet de loi instituant un système universel de retraite.



La Chine rejette l'information des médias au sujet d'une personne hypercontagieuse


Gao Fu, chef du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, a rejeté samedi un reportage sur une personne hypercontagieuse dans le cadre de cette épidémie du nouveau coronavirus
Le patient qui aurait infecté 14 membres du personnel médical dans un hôpital de Wuhan ne devrait pas être considéré comme une personne hypercontagieuse parce qu'il avait été transféré d'un pavillon à un autre à maintes reprises, a déclaré M. Gao, un virologue et immunologiste de premier plan et membre d'une équipe d'experts de haut niveau de la Commission nationale de la santé (CNS)."Il n'y a pas lieu de paniquer", a-t-il indiqué.
D'autres experts en médecine préventive interrogés par Xinhua se sont fait l'écho du point de vue de M. Gao.
Il n'y a aucune preuve jusqu'à présent de l'existence d'une personne hypercontagieuse, avait annoncé M. Gao lors d'une conférence de presse plus tôt.
L'épidémie de pneumonie causée par le nouveau coronavirus a d'abord éclaté à Wuhan, ville située dans le centre de la Chine. Ensuite, elle s'est rapidement propagée à travers le pays. Vendredi en fin de journée, un total de 1.287 cas confirmés ont été signalés, dont 41 morts, dans 30 régions de niveau provincial.
Contrôle sanitaire de la population à Wuhan
"Nous suivons de près la situation. Ce sur quoi nous devons nous concentrer maintenant, c'est d'assurer une prévention et un traitement conformes à la science", a indiqué M. Gao.


Cas de coronavirus en France : « Ça ne sert à rien d’avoir peur »


Les présidents du Samu et de l’association des urgentistes de France se montrent rassurants après la confirmation en France de cas de coronavirus appelant à « arrêter l’hystérie collective »
« Ça ne sert à rien d’avoir peur » : François Braun et Patrick Pelloux, les présidents du Samu et de l’association des urgentistes de France (Amuf), se sont montrés rassurants samedi après la confirmation en France de trois cas de coronavirus, qui a fait 41 morts en Chine.
« Nous avons des gens qui nous appellent parce qu’ils ont croisé quelqu’un d’origine asiatique dans la rue qui se mouchait », a témoigné auprès de l’AFP Patrick Pelloux, président de l’Amuf, appelant à « arrêter l’hystérie collective ».
« Il faut savoir raison garder. Il y aura cette année à nouveau plusieurs milliers de gens qui vont mourir de la grippe hexagonale, et ça ne fait pas la Une des journaux », a encore relevé l’urgentiste.
« Là, nous avons trois cas en France et qui ne sont même pas graves. C’est une épidémie qui est contrôlée, il faut faire confiance aux autorités, il faut faire confiance à l’OMS » (Organisation mondiale de la santé) , a-t-il ajouté.
Pas d’affolement
De son côté, le Dr François Braun, président de Samu-urgences de France, a indiqué à l’AFP que « pour l’instant », il n’y avait « pas un pic d’appels, pas d’affolement ».
« Si ça devait être une crise qui dure, au-delà d’une semaine, 10 jours, nous passerons dans le cadre des situations exceptionnelles, avec des mobilisations de personnel plus importantes notamment », a-t-il expliqué.
« C’est ce qui avait été fait lors de la grippe H1N1 », maladie respiratoire aiguë déclenchée en 2009.
« On n’est pas du tout dans ce champ, loin de là », a relativisé le médecin, expliquant qu’en France, les « schémas d’organisation en cas de risque épidémique sont bien rodés ».
« Nous sommes en permanence en alerte sur des risques émergents. Il y a encore le virus Ebola en Afrique et il y a une surveillance régulière. C’est l’essence même de la régulation médicale », a insisté Dr Braun.
« Nous avons des mises à jour tous les matins en lien avec le ministère de la Santé et la direction générale de la Santé pour savoir quel est le risque réel, si ça s’étend », a-t-il ajouté.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a invité la population à ne pas aller aux urgences, mais surtout à appeler le 15.
« Faire le 15, pourquoi pas, mais il faut aussi appeler son médecin traitant. Surtout, ça ne sert à rien d’avoir peur », a dit Patrick Pelloux.

Source : nouvelobs.com

Wuhan va accélérer la construction d'un hôpital de 1.000 lits


Wuhan, la capitale de la province du Hubei (centre de la Chine), épicentre de la nouvelle flambée de pneumonie à coronavirus, va construire un hôpital de 1.000 lits pour recevoir les patients afin de pallier la pénurie de lits dans la ville, a annoncé le 23 janvier au soir le gouvernement de la ville.

L'hôpital mobile, d'une superficie de 25.000 mètres carrés, sera achevé avant le 3 février, a ajouté le gouvernement provincial. Tandis qu'un plan de conception de l'hôpital a été terminé le 24 janvier, la préparation des travaux de construction avait déjà commencé la veille au soir, a-t-il précisé.
L'hôpital sera une copie de l'hôpital Xiaotangshan de Beijing. La construction de cet établissement - le plus grand complexe médical au monde consacré uniquement aux patients atteints du SRAS - s’était faite en six jours et sept nuits seulement à partir du 23 avril 2003. Jusqu’à 7.000 ouvriers du bâtiment avaient alors travaillé sur le site sur une superficie de 25.000 mètres carrés situé à Changping, à la périphérie nord de Beijing.
À l’époque, sur 680 patients atteints du SRAS hospitalisés à l’hôpital Xiaotangshan, seuls 8 étaient décédés, soit un taux de mortalité de seulement 1,18%. C'est pourquoi l'hôpital avait été alors surnommé « l'arche de Noé ».


Dès le 23 janvier, des engins de construction ont déjà commencé à aplanir la zone du Sanatorium des travailleurs de Wuhan, situé dans le district de Caidian, où l'hôpital sera construit. Le projet d'hôpital, composé de maisons simplement équipées, a été finalisé le 24 janvier, a rapporté le Changjiang Daily, le journal officiel de Wuhan.
Selon le journal citant un expert anonyme, il est absolument nécessaire de construire cet hôpital pour atténuer la tension entre la demande croissante de patients infectés par le virus et des ressources médicales insuffisantes.
Le nombre de cas confirmés de pneumonie causée par le nouveau coronavirus est passé à 830 sur la partie continentale de la Chine le 23 janvier à minuit, soit une augmentation de 259 cas par rapport à la veille, a annoncé le lendemain matin la Commission nationale de la santé chinoise.

Source : french.china.org




vendredi 24 janvier 2020

Urgences au Québec : La grippe n’est pas le seul mal des urgences


Les urgences débordent à cause de la grippe. Mais elle n’est que le facteur à court terme qui déstabilise un réseau déjà sous tension en raison du manque de personnel et du manque de lits d’hospitalisation. Tour d’horizon par Alain Vadeboncoeur.
À la radio, Patrick Lagacé m’a demandé ce qui causait ce débordement hivernal des urgences qui nous frappe actuellement. La grippe ? Oui, certainement : c’est un facteur à court terme indéniable.
Mais la grippe, sévère cette année, se greffe à des problèmes à moyen terme (la pénurie de personnel) et à long terme (le manque de lits d’hospitalisation) qui offrent un terrain fertile pour causer ses effets délétères bien connus sur les urgences québécoises.
Une mauvaise grippe
Commençons par la grippe, puisque grippe il y a. Cette année, durant les Fêtes, sa montée rapide en a surpris plus d’un. Pas que l’arrivée de la grippe n’est pas le même vieux film qui tourne chaque année durant cette période à côté de Jésus et Ben-Hur. Jusqu’à mi-décembre, cela s’annonçait raisonnable, mais la vague intense des deux dernières semaines a poussé à sa limite la capacité du réseau.
La grippe ? Je devrais écrire : « les grippes ». Comme plusieurs fois, la grippe A de type H3N2 est virulente cette année. Mais son petit frère, la grippe B, qui le plus souvent apparaît bien plus tard durant la saison, a décidé de se joindre aux partys des Fêtes de même que leur cousin H1N1. On ne sait pas encore si le vaccin est bien ciblé ou pas. Ajoutons à cela les fameux virus respiratoires syncytiaux (VRS), qui font tousser pendant des semaines, aussi à la hausse.
Suivi hebdomadaire des virus de la grippe. Les courbes bleu et rouge montrent les virus A et B actifs et la somme est la courbe noire. Les barres verticales sont les examens demandés, en hausse récemment. Source :Laboratoire de santé publique du Québec.
Des petits virus ne devraient pas congestionner tout le réseau de la santé, n’est-ce pas ? Tout dépend. Inévitablement, année après année, ils font plier les genoux des plus vulnérables d’entre nous : les personnes âgées et les malades chroniques surtout, qui forment par ailleurs un contingent de plus en plus important de la population globale.
Résultat : non pas une bonne grippe et une semaine passée à la maison à se morfondre, mais des complications et même la nécessité d’hospitaliser ces patients déstabilisés par le virus.
Des patients très malades
Quand on parle de congestion des urgences, comme celle vécue au Québec actuellement, on parle donc de patients malades qui ne pourraient pas être en sécurité à la maison et sont par conséquent en attente d’un lit d’hospitalisation.
À distinguer des grippés « sur pieds », un peu amochés, mais encore debout, qui consultent surtout pour faire évaluer leurs symptômes et s’en retourneront chez eux par leurs propres moyens.
Ceux-là ne se retrouvent pas sur les civières des urgences, mais dans la salle d’attente. Ça fait beaucoup de monde à soigner (surtout dans les grandes urgences et les milieux pédiatriques), et ça prend du personnel et des médecins, mais ils ne sont pas en cause dans l’actuelle congestion des urgences.
Si ces personnes restaient à la maison, consultaient au besoin leur médecin ou encore les cliniques de grippe établies, ce serait certes mieux. Mais il ne faut pas tout mélanger en pensant qu’ils sont la cause de la congestion actuelle des urgences.
Les cliniques de grippe aident à retirer ces patients des salles d’attente des hôpitaux, mais elles n’ont pas vraiment d’effet sur la congestion des hôpitaux eux-mêmes.
Une question de capacité de soigner
Passons au cœur du problème. Vous vous demandez peut-être pourquoi nos urgences débordent ainsi chaque saison de grippe. N’avons-nous pas la capacité de soigner tout le monde ? Certes, notre système de santé fait des merveilles, mais sa faiblesse la plus évidente est une faible capacité d’absorber de telles hausses de la demande des soins hospitaliers.
J’ai déjà écrit sur le sujet : il suffit de comparer le nombre de lits par habitant au Canada (2.5/1000 qui est cette capacité d’hospitalisation) et un corollaire, le taux d’occupation moyen de ces lits, pour comprendre que nous avons bien moins de lits (de capacité) qu’en France (6/1000) ou en Allemagne (8/1000), et que par ailleurs nos lits sont bien plus « occupés » (l’occupation principale d’un lit d’hôpital étant d’avoir un patient couché dedans) que les lits d’Europe.
Lits d’hôpitaux
La grippe, à cause de son impact sur les plus vulnérables (et parfois de jeunes patients très affectés, surtout par le H1N1), entraine donc une hausse rapide de la demande en lits d’hospitalisation. Si les lits sont occupés en moyenne à 75 % (comme en France en 2007, disons), il est assez facile d’absorber la demande accrue.
Taux d’occupation des lits de soins aigus dans les hôpitaux, 1995 et 2007 (ou année la plus proche)
Mais si, comme chez nous, les hôpitaux sont déjà saturés (à gauche sur le graphique : 89 % en 2007 en moyenne au Canada), la marge de manoeuvre est bien moindre sinon nulle. Cette hausse bien réelle de la demande ne peut être alors comblée par une hausse conséquente de la capacité.
Résultat : ça déborde par où ça peut déborder. Pas sur le toit des hôpitaux, il faut bien trop froid, mais plutôt dans les urgences, baromètres de la capacité des hôpitaux, ou sur les unités de débordement associées. Les urgences qui débordent expriment alors le trop-plein affectant l’hôpital lui-même, déjà plein avant même que la grippe arrive. La grippe, c’est donc la goutte qui fait déborder le vase.
Plus que des lits
Mais j’écris depuis tout à l’heure à propos de ces fameux « lits ». On comprend qu’il ne s’agit pas fondamentalement d’un problème de taies d’oreillers, matelas, draps, sommier, doudou et compagnie. Ce serait trop simple.
Quand on parle de lits d’hôpitaux, on sous-entend la capacité de soigner, qui ne dépend pas seulement du lit (dont la fonction est de vous garder à l’horizontale confortablement), mais surtout de celles qui soignent, les infirmières au premier chef, les préposés, les autres professionnels de la santé et les médecins.
Cette capacité s’exprime couramment par le nombre de lits « dressés » dans les hôpitaux (aussi les CHSLD et les ressources dites « intermédiaires »). La question qui pourrait être : « Pourquoi n’avons-nous pas plus de lits ? », devient ainsi : « Pourquoi n’avons-nous pas plus de capacité de soigner ? ».
À moins que vous habitiez sur la planète Mars, vous avez certainement entendu parler de la pénurie de personnel hospitalier, qu’on parle d’infirmières et de préposés, mais aussi d’autres catégories de soignants. Une pénurie actuellement criante, il manque de gens un peu partout.
Cela a deux effets importants : la capacité d’affronter les pics est d’autant compromise ; le personnel en place est surutilisé, conduisant à son lot d’effets secondaires humains, absences pour maladie, blessures musculo-squelettiques, épuisement professionnel, etc., qui, au-delà de leur impact humain difficile, contribuent à fragiliser les soins.
C’est de ce cercle vicieux qu’il est difficile de sortir. Quant aux lieux physiques et aux budgets, ils ne semblent pas, du moins à court terme, les principaux facteurs limitants.
Comment réagir ?
Devant une augmentation significative de la demande en soins causée par la grippe, la riposte est d’augmenter les lits. Comment y arrive-t-on, quand on ne jouit pas d’une marge de manœuvre suffisante dans l’hôpital ? On essaie d’ouvrir de nouvelles ressources de soins, temporaires ou non, où l’on placera les malades « surnuméraires » pour les soigner, hors de l’hôpital.
Bien souvent, il s’agit d’ouvrir des lits de transition situés dans des ressources intermédiaires, pour y transférer certains patients ayant complété leur épisode de soin à l’hôpital, mais requérant encore certains services (réhabilitation, soins de base, postopératoire, etc.) et qui occupent toujours des lits de courte durée. Cela permet ensuite à l’hôpital de monter plus de patients hospitalisés à partir de l’urgence.
On peut aussi hausser les soins à domicile avec le même objectif d’y maintenir des patients n’ayant pas besoin de la lourde infrastructure hospitalière. S’il y a du personnel, évidemment.
Un problème à court terme (la grippe) se trouve conjugué à autre long terme (le manque de lits ou de capacité de soigner), alors que les solutions (ouvrir plus de lits, notamment de niveau intermédiaire) ne peuvent être appliquées aisément par manque de personnel.
Résultat : les urgences, le seul endroit qu’on peut étirer — presque à perte de vue ! — débordent.
À court, moyen et long terme
Mais pourquoi ne pas avoir prévu la grippe, embauché du personnel et augmenté préventivement notre capacité de soigner ? C’est la question à 137 %, le taux d’occupation moyen des urgences québécoises au moment où j’écris ces lignes.
Selon mes informations, on discute de la situation depuis déjà plusieurs mois, mais les mesures concrètes (augmenter temporairement la capacité du réseau) lancées tardivement à l’automne commencent à peine à avoir un certain effet. Bref, on aurait manqué un peu le bateau du côté de la planification ministérielle.
Quant au problème actuel est la difficulté de recrutement, il y a beaucoup de postes ouverts, plusieurs avec des avantages bonifiés, mais on ne réussit pas à recruter. On a beau disposer actuellement de budgets et de postes, si on ne recrute pas, ça ne sert à rien.
Cette pénurie est à l’image de celle qui touche plusieurs secteurs de l’économie : les métiers de la santé semblent avoir moins la cote et quand le chômage est bas, les gens ont plus de choix. Il faudra tout de même finir par trouver une manière efficace de revaloriser les métiers de la santé!
Adapter le réseau ?
Est-ce qu’on ne pourrait pas répondre à cette hausse de la demande en soins l’hiver en modulant les activités cliniques dans les hôpitaux ? Autrement dit, faire plus de « cas urgents » l’hiver et moins l’été, par exemple ?
Le problème, c’est que les autres activités de l’hôpital, ce sont les 340 000 chirurgies d’un jour réalisées chaque année ou encore les centaines de milliers d’examens passés en externe. Comme les délais d’attente sont déjà longs, une diminution saisonnière de ces soins « électifs » (c’est-à-dire effectués hors de toute situation urgente) compromettrait l’accès aux soins.
À long terme, pourquoi ne pas avoir plus de « lits », donc de capacité de soigner, comme en Europe ? C’est une question complexe, que j’ai déjà abordée. Je la comprends de mon mieux ainsi : produire des soins coûte plus cher chez nous (en Amérique du Nord en général), sans doute en raison des salaires (ceux des médecins notamment), des médicaments, et peut-être des technologies et des fournitures.
Ainsi, à budget par habitant similaire, nous avons une capacité de soins inférieure à celle de la France ou de l’Allemagne. D’où ces délais accrus et cette congestion. Changer cela supposerait de transformer les bases mêmes de l’économie de la santé… et ce n’est pas demain la veille que ça arrivera. D’autant plus qu’on ne s’est pas vraiment aidé quand on a fermé des milliers de lits de courte durée au Québec dans les années 1990 et mis beaucoup de personnel à la retraite.
Par ailleurs, augmenter les lits de l’hôpital, des unités de transition ou des CHSLD ou encore les soins à domicile, ça coûte cher. Et comme la tendance est plutôt d’éviter de tout miser dans le budget de la santé, il faudrait des transformations majeures pour y arriver, au risque de faire grincer des dents des contribuables. Reste qu’investir davantage dans certains soins encore sous-utilisés chez nous (les soins les à domicile par exemple) représente une avenue encore négligée.
Conclusion: nos urgences débordent parce qu’il y a beaucoup de patients affectés gravement par la grippe, qui attendent sur des civières d’accéder aux lits des unités d’hospitalisation, dont nous ne disposons pas en quantité suffisante. Nous avons plus de difficulté que d’habitude à nous adapter en raison de la pénurie de personnel. Et nous avons pris du retard cet automne pour planifier la réponse.
Ce n’est pas une conclusion réjouissante, ni pour les patients ni pour les soignants, j’en conviens. Mais c’est la réalité.
Article d' Alain Vadeboncoeur

Source : lactualite.com