"La Vie Hospitalière"

jeudi 31 octobre 2019

Une réforme pour encourager les professionnels du paramédical à la recherche


Sage-femmes, infirmiers et professionnels de la rééducation vont voir leurs disciplines accéder au statut de sciences universitaires à part entière. Suite à un décret adopté ce 30 octobre, ce nouveau statut leur permettra de mener des projets de recherche plus facilement.
Techniquement, "trois nouvelles sections au sein du Conseil national des universités pour les disciplines de santé sont créées", selon le compte-rendu du conseil des ministres. Ces sections sont celles de la maïeutique (sages-femmes), des sciences de la rééducation et de la réadaptation (kinésithérapeutes, podologues, orthoptistes, orthophonistes....) et des sciences infirmières.
« Cela va permettre une universitarisation des formations », déclare à allodocteurs.fr Isabelle Derrendinger. Cette sage-femme travaille depuis longtemps sur l’intégration de la maïeutique à l’université. « La création d’un conseil national universitaire (CNU) va permettre aux sages-femmes de réaliser une thèse en tant que sages-femmes, sans devoir passer par d’autres champs de recherches. C’était une forme de renoncement à ce premier métier », ajoute la membre du conseil national de l’Ordre des sages-femmes.
Une reconnaissance supplémentaire des filières paramédicales
Isabelle Derrendinger loue une reconnaissance de la filière en tant que telle : « On va instituer des sages-femmes comme maîtres de conférences, elles pourront poursuivre dans un laboratoire de recherches et cela permettra à terme d’être qualifiée comme professeur des universités. »
C'est un grand jour pour notre profession, a dit à l'AFP le président de l'Ordre des infirmiers, Patrick Chamboredon. Les infirmiers expérimentés seront encouragés à mener des recherches - par exemple dans la manière de soulager la douleur, de vaincre les réticences contre la vaccination, ou de faire progresser la prévention de certaines pathologies - puisqu'ils pourront désormais accéder au titre de docteur en sciences infirmières, s'est-il félicité. Jusqu'à présent, ceux qui étaient actifs dans la recherche le faisaient sous couvert d'une autre spécialité universitaire.
« Rattraper le retard de la France dans ces champs de recherche »
Dans un communiqué commun, l'Ordre des infirmiers, le Cefiec (représentant les instituts de formation) et l'Andep (directeurs d'écoles paramédicales) ont salué une "chance pour le système de santé français de rattraper son retard dans des champs de recherche trop souvent délaissés alors qu'ils sont largement investis par les chercheurs d'autres pays".
Il s'agit d'"améliorer les connaissances cliniques et la prise en charge de nos concitoyens, mais aussi la formation des futurs soignants", affirment les trois organisations.
De son côté le gouvernement a souligné que cette évolution favoriserait "le développement d'activités de recherche dans ces domaines où de nouvelles connaissances sont indispensables à la compréhension d'enjeux comme les inégalités sociales de santé, les déterminants d'une société inclusive, le handicap (ou) la santé de la femme".


Source : francetvinfo.fr


mercredi 30 octobre 2019

Où commence la maltraitance?


Résidents abandonnés sur les toilettes et médicaments administrés de force, la problématique de la maltraitance secoue et interroge sur les usages des maisons de retraite.
Cette forme de maltraitance est plus subtil mais pas rare.
Une étude réalisée en 2010 et 2011 par la Haute Ecole de la santé La Source, sur mandat de l’association Alter Ego, s’est penchée sur la question de la maltraitance. 
Sur 230 institutions romandes, l’étude conclut que près de 50% des personnes responsables interrogées avaient déjà été confrontés à des cas de maltraitance envers une personne âgée impliquant du personnel de l’institution. 
«Ce chiffre montre que le risque de maltraitance est toujours présent. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit dans tous les cas de situations  extrêmes, Mais plutôt de cas ponctuels où un soignant infantilise un résident par exemple». 
Mais alors où commence la maltraitance?
«Dans une situation où il y a atteinte à l’intégrité de la personne. Un coup ou une insulte constituent clairement de la maltraitance. Mais il peut y avoir des formes plus subtiles, comme l’infantilisation de la personne. Vu de l’extérieur, cela ne paraît pas très choquant, pourtant les dégâts sur la personne âgée peuvent être importants.»
Une conjonction de facteurs 
Il ne faut toutefois pas pointer du doigt le maltraitant. «Généralement, la personne n’a pas l’intention de nuire. Il existe souvent une conjonction de facteurs qui favorisent l’apparition de la maltraitance.
Cela peut être lié à la personne âgée elle-même, à son isolement, au fait qu’elle ne peut s’exprimer. 
Un membre du personnel d’une institution qui aurait des problèmes familiaux, par exemple, est plus à même de commettre un acte maltraitant. Il est aussi primordial que le personnel soit bien encadré, et ait un endroit où verbaliser et évacuer les situations vécues. Si le personnel est insuffisant et n’a pas de bonnes conditions de travail, cela peut aussi être un facteur de risque.»
Des résidents maltraités dans un EMS lausannois
PSYCHO-GÉRIATRIE | (source 24h)
L'EMS Grand-Vennes, dont la plupart des résidents souffrent de démence, est accusé de fournir à ses résidents une qualité de vie et de soins déplorables.
«Pour moi, c’est insupportable d’avoir vu toutes ces choses. Ce qui se passe là-bas est scandaleux et dégradant pour l’être humain.» Danielle Lyon, animatrice durant cinq ans à la Résidence Grand-Vennes, fait partie de la quinzaine d’anciens employés – licenciés ou démissionnaires – et d’employés encore en place à dénoncer les problèmes de maltraitance au sein de cet EMS lausannois. 
Cet établissement, qui accueille jusqu’à 21 personnes atteintes de démences, avait déjà été sous le feu de la critique en 1997. 
Encore émue, l’ex-employée raconte l’horreur. «La direction imposait de faire des économies sur les protections contre l’incontinence. Lorsqu’il y avait des traces de selles, ils remettaient simplement une couche de papier de toilette dessus et les remettaient aux résidents. J’ai d’ailleurs constaté qu’ils avaient souvent des infections urinaires.»
Les langues se délient
Comme Danielle Lyon, une infirmière, une aide-soignante, deux bénévoles, une assistante socio-éducative ou encore une femme de ménage ont décidé de parler. 
Dans un long dossier, les témoignages dressent un portrait inquiétant de l’EMS de Grand-Vennes. Extraits. «Des résidents sont laissés jusqu’à 90 minutes sur les WC.» «Il est habituel qu’une seule douche par semaine soit donnée. En cas de manque de personnel, ce qui arrive fréquemment, cette douche est supprimée.»
«J’ai vu une soignante obliger une résidente à prendre un médicament: elle la bloquait avec un bras et avec l’autre main, elle le lui enfonçait de force dans la bouche.» 
Plusieurs employés évoquent également la mauvaise prise en charge des chutes, mais aussi des problèmes lors de la préparation de médicaments. «Les aides-soignantes donnaient des médicaments, ce qui n’est pas autorisé.»
EMS jugé non conforme
Les employés et ex-employés ne sont pas les seuls à avoir constaté des dysfonctionnements. La CIVEMS, organisme cantonal d’inspection des EMS, a livré deux rapports à la suite d’une visite en octobre 2010 et d’une seconde en février 2011.
 Il ressort, entre autres, qu’une résidente a passé la nuit à côté du corps de sa voisine décédée la veille au soir. Une autre résidente a reçu sa douche en face d’une chaise percée contenant des selles et des urines, et restée ouverte tout au long du soin.
 A la suite de la dernière inspection, l’EMS de Grand-Vennes a ainsi été jugé non conforme par la CIVEMS.
Enfin, des conditions de travail déplorables sont également dénoncées. En plus des pressions, plusieurs cas d’agressions verbales et physiques sont rapportés. «Une soignante se promenait même armée d’un couteau au travail au cas où elle se ferait agresser», confie une ancienne bénévole de l’EMS. 
En cinq ans, Danielle Lyon a ainsi vu plus d’une vingtaine de personnes être licenciées ou démissionner. Avocate des plaignants, Me Natasa Djurdjevac Heinzer confirme: «Le taux de rotation du personnel de cet EMS est beaucoup plus élevé que dans d’autres établissements.» 
Mort suspecte
Cerise sur le gâteau. Un homme atteint d’Alzheimer est décédé récemment dans des conditions qui laissent songeurs certains membres du personnel encore en place. En mai 2010, l’homme tombe de son lit durant la nuit, le veilleur constate la chute mais ne prend pas de mesures pour le soigner.
 Le lendemain matin, lorsqu’une animatrice voit les blessures du résident, elle insiste pour appeler une ambulance. L’infirmière cheffe refuse. L’animatrice emmène donc l’homme au CHUV en taxi. Au vu de son état, il sera hospitalisé durant une semaine. De retour à l’EMS, le résident chutera encore avant de décéder. «Selon un témoignage, on aurait laissé cet homme agoniser», commente Me Natasa Djurdjevac Heinzer. 
Fin 2010, le groupe d’employés avertissait la Commission cantonale d’examen des plaintes des résidents ou usagers d’EMS. Après avoir entendu plusieurs témoins, la commission faisait part de son «extrême inquiétude» au conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard. Avant d’ajouter que «le personnel et les patients sont en danger permanent».
Présidente dès les débuts de cette commission en 2003, Me Claire Charton confirme: «Je n’ai jamais vu ça. C’est ce que l’on appelle un gros cas. Ce n’est toutefois pas forcément ce qui a été dénoncé qui a retenu le plus notre attention.»
La commission d’examen des plaintes rendait la semaine dernière son préavis à Pierre-Yves Maillard.
Contactés par téléphone, ni le directeur de l’EMS ni son avocat, n’ont souhaité s’exprimer.
Article de Stéphane Joumey

Source : soignantenehpad.fr
Lire aussi:

Un aide-soignant jugé pour des abus sexuels sur des patientes dans une maison de retraite


Un aide-soignant de 59 ans est jugé à Versailles mercredi et jeudi pour des viols et agressions sexuelles sur trois patientes souffrant de la maladie d'Alzheimer, dans la maison de retraite de Saint-Rémy-les-Chevreuse (Yvelines) où il travaillait. 
Il s'agit d'un des premiers procès devant la cour criminelle à Versailles, nouvelle juridiction expérimentée dans sept départements où des crimes sont jugés par 5 magistrats professionnels et sans jury populaire. "Je regrette tous ces faits, je m'en excuse auprès de tout le monde", a déclaré mercredi matin l'ancien aide-soignant, front dégarni et lunettes, qui s'exprime posément dans le box.
La directrice de l'établissement avait porté plainte en avril 2018 après un signalement d'une collègue qui travaillait en binôme avec lui et l'avait surpris le pantalon baissé près du lit d'une patiente octogénaire. Entendu en garde à vue puis par le juge, le soignant a reconnu avoir imposé deux pénétrations digitales et des attouchements sur les parties intimes de trois patientes, parlant d'une "pulsion". 
Mercredi matin, la cour s'est penchée sur sa vie avant les faits, évoquant son enfance au sein d'une fratrie de douze enfants dans le Calvados, sa scolarité compliquée par un strabisme, une formation en mécanique avortée puis son service militaire.
Il a été embauché en 1982 à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) où il travaillera 19 ans, d'abord comme agent des services hospitaliers puis comme aide-soignant, après avoir été diplômé à 31 ans. Barman pendant 5 ans, il a ensuite rejoint la maison de retraite de Saint-Rémy-les-Chevreuse en 2007. En couple depuis près de 40 ans et père de deux enfants, il a été dépeint par des proches comme un homme "renfermé", "coléreux", souffrant de problèmes d'alcool. L'accusé, qui a un casier judiciaire vierge, est jugé pour viols et agressions sexuelles sur des personnes vulnérables, par une personne abusant de l'autorité de sa fonction. Le verdict est attendu jeudi soir.

Source : parismatch.com
Lire aussi : (leparisien.fr)

Refus de CMU-C et d'ACS : psychiatres, gynécologues...


Un testing téléphonique mené par le Défenseur des droits révèle que 12% des patients bénéficiaires de la CMU-C ou de l'ACS subissent des refus de soins discriminatoires. 
"Pas de RDV pour les CMU/AME". En décembre 2018, le Défenseur des droits alertait sur ces mentions discriminatoires affichées par une dizaine de médecins et dentistes sur les sites de rendez-vous en ligne. 
Des mentions depuis retirées (l'Ordre a porté plainte), mais qu'en est-il de la réalité du refus de soin lié à l'origine ou la vulnérabilité économique ? 
(extrait de l'article d'Aveline Marques)
Source : egora.fr
(espace réservé aux professionnels de santé)

L'Assemblée nationale vote le PLFSS 2020 après quatre jours de débat sur l'hôpital


L'Assemblée nationale a voté ce mardi 29 octobre le projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020, après une semaine de débats où la situation des hôpitaux a été au cœur des préoccupations, dans l'attente d'un « plan de soutien » annoncé par l'exécutif. Le texte sera au Sénat le 12 novembre. 
Après l'adoption à une large majorité mardi dernier du volet « recettes » du budget de l'État, le texte porté par la ministre de la Santé Agnès Buzyn et celui des Comptes publics Gérald Darmanin a été validé par les députés avec 339 voix pour (188 contre sur 527 exprimés). 
Ce troisième projet de budget du quinquennat prévoit un déficit de 5,1 milliards l'an prochain avec une progression des dépenses de santé (ONDAM) limitée à 2,3 %, quand leur progression naturelle serait plutôt de l'ordre de 4,5 %.
Pendant quatre jours et soirs de discussions dans l'hémicycle, la difficile situation des hôpitaux publics est revenue de façon lancinante : ils sont « à bout de souffle », « brûlent », « agonisent  »…, ont martelé toutes les oppositions, de LR aux Insoumis, dans une atmosphère souvent tendue avec la majorité.
Alors que la santé est la première préoccupation des Français selon un récent sondage IFOP, la grève des urgences en cours depuis sept mois menace de s'étendre avec en point de mire une « grande manifestation » à Paris le 14 novembre.
Dès l'ouverture des débats, alors que des inquiétudes s'exprimaient jusque dans les rangs de la majorité, Mme Buzyn a dit voir dans l'hôpital public un « trésor national ». Elle a annoncé un « plan de soutien » avec « des moyens associés » qui sera « présenté dans le courant du mois de novembre ».
Emmanuel Macron a aussi promis lundi de remettre « des moyens » pour les urgences pour répondre à « la souffrance » des personnels de santé. Le système « tirait sur la corde depuis 10 ou 15 ans, et ça claque maintenant », a admis le chef de l'État, tandis que le ministre des Finances Bruno Le Maire a aussitôt averti qu'il faudrait trouver « des économies en face ».
Les représentants des directeurs et des médecins des hôpitaux publics réclament au moins 250 millions d'euros de crédits supplémentaires.
La pluriannualité, un « grand pas en avant » 
Sur les urgences, Mme Buzyn a déjà présenté un plan de « refondation » en septembre évalué à « plus de 750 millions d'euros » sur trois ans. Mais certains députés, notamment PS, se sont étonnés dans l'hémicycle de ne pas en trouver « trace » dans le projet de budget, ces financements devant se faire par « redistribution interne » au moins pour 2020.
L'Assemblée a aussi revu le mode de financement des urgences, avec un amendement issu des travaux menés par le député et urgentistes Thomas Mesnier (LREM).
Les députés ont en outre voté un amendement de dernière minute du gouvernement qui vise à offrir aux établissements de santé une visibilité à trois ans sur leurs ressources financières, dès la période 2020-2022, Agnès Buzyn vantant « un grand pas en avant ». Les créations d'un congé du proche aidant indemnisé, du nouveau service public de versement des pensions alimentaires et d'un fonds d'indemnisation des victimes de pesticides sont passés sans encombre. Les élus ont également donné leur feu vert à une expérimentation du cannabis thérapeutique, proposée par le rapporteur Olivier Véran (LREM).

Source : lequotidiendumedecin.fr
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Et, si la grève des urgences s'étendait à d"autres services ?


MOBILISATION - Alors que les mesures annoncées par Agnès Buzyn début septembre ne convainquent toujours pas les soignants en grève, plusieurs voix appellent à une mobilisation générale des établissements publics de santé. Ce mardi, les parlementaires vont devoir se prononcer sur le plan de financement de la Sécurité sociale en 2020. Pour les professionnels de santé, le compte n'y est pas, bien au contraire.
Sept mois après le début de la grève initiée en mars dernier à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, la colère des soignants est toujours vive et le sentiment de ne pas être entendus, sans doute encore plus présent. Et ce, malgré les annonces récentes d'Agnès Buzyn. De fait, les 750 millions mis sur la table par la ministre de la Santé ne convainquent pas les grévistes, qui continuent de demander des lits supplémentaires d'hospitalisation, une revalorisation salariale et des moyens humains. 
L'énième goutte d'eau à faire déborder le vase de la colère pourrait être le vote en première lecture, prévu mardi, du projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020. Le texte prévoit un ONDAM (l'objectif des dépenses de santé) limitée à 2.3% alors que la progression naturelle de ces dépenses serait plus de l'ordre de 4.5%, selon les professionnels. En tout, ce sont 4,2 milliards d'euros d'économies qu'il faudra trouver, dans le secteur. Cela représenterait "800 millions d'économies supplémentaires" à réaliser dans le secteur hospitalier, a récemment évalué le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, qui a dénoncé une "douche froide". 
Les hôpitaux vont devoir se serrer la ceinture dans un contexte social et sanitaire déjà très compliqué. De quoi rallumer la mèche ? Dans toute la France, ce sont à présent 269 services d'urgence qui sont en grève, selon le dernier comptage du collectif InterUrgences. Mais cette fois, c'est tout l'hôpital qui semble se mobiliser pour faire bouger les lignes. Récemment, les médecins de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France), ainsi que les infirmiers de bloc opératoire et le secteur de la psychiatrie ont rejoint le collectif Inter-Urgences dans sa mobilisation, avec des revendications similaires. Les syndicats hospitaliers ont, eux aussi, apporté leur soutien. 
Et puis il y a eu la création du collectif Inter-Hôpitaux : une entité mobilisant les chefs de services hospitaliers de toute la France, des paramédicaux, des médecins et des usagers. Sur son site, le collectif publie des témoignages édifiants : ceux de chefs de service dont les unités tournent parfois avec 25% de lits fermés en raison du manque de personnels au "salaire très insuffisant", comme en réanimation neurologique à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Dans un récent communiqué, on apprenait d'ailleurs qu'un jeune enfant n'avait pu être admis dans un service de réanimation parisien, faute de places disponibles et avait dû être transféré dans un service à 130 km de la capitale. Dernière illustration en date de la problématique : à l'AP-HP, la direction a dû fermer 900 lits d'hospitalisation sur 20 000, faute de personnels disponibles et 400 postes d'infirmiers sont vacants. 
Mobilisation par d'autres moyens
La première AG du collectif hospitalier a eu lieu il y a quelques semaines à Paris : la participation a été si grande que trois amphithéâtres ont été utilisés pour accueillir les personnels venus de toute la France. Deux motions ont été votées : la première reprend les revendication du collectif Inter-Urgences, et la seconde appelle à une mobilisation, ce 29 octobre, jour du vote du PLFSS à l'Assemblée nationale, avant une manifestation nationale prévue le 14 novembre prochain. 
Dans le service public de la santé, les soignants doivent continuent de prendre en charge les patients malgré la grève et la mobilisation. Il a donc fallu trouver d'autres moyens de se faire entendre, comme l'arrêt du "codage" des actes médicaux. "Un acte politique", selon André Grimaldi, ancien chef du service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière. Il s'agit par ce geste, de bloquer la facturation des actes médicaux pratiqués, privant ainsi les hôpitaux d'une source de revenus. Un moyen comme un autre pour se faire entendre, du côté de Bercy. 
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a récemment donné la position de l'exécutif sur la question. "L'état de nos finances publiques justifie que si l'on dépense de l'argent pour l'hôpital nous trouvions des économies en face", a-t-il fait valoir. Tout en ajoutant que le fait d'apporter "un soutien immédiat à des hôpitaux qui sont en souffrance, qui aujourd'hui n'arrivent plus à faire face à des défis, c'est légitime", a-t-il ajouté. Agnès Buzyn, ministre de tutelle des soignants, a estimé pour sa part que "hôpital public est un trésor national". 
Lundi 28 octobre, Emmanuel Macron s'est dit "bouleversé de voir des infirmiers, des aides-soignants, de médecins qui sont en souffrance au travail alors qu'ils sont d'un dévouement incroyable, qu'ils ne comptent pas leurs heures, leur énergie et qui sont mis dans des situations impossibles". Et de promettre de remettre "des moyens" pour les urgences. Ceux qui manifestent mardi le rappelleront sans doute au moment de leur "oraison funèbre" sous les fenêtres du ministère des Finances, où ils demanderont à être reçu par Gérald Darmanin.

Article d'Amandine Rebourg
Source : lci.fr


mardi 29 octobre 2019

Myriam El Khomri sur les aide-soignants : "Le concours est un frein d'accès à la profession"


Myriam El Khomri, ex ministre du Travail, et auteur d'un rapport sur l’attractivité des métiers du grand âge et de l’autonomie, était l'invitée d'Europe 1, mardi soir. 
De moins en moins de candidats au concours d'aide-soignant pour des besoins qui vont croissants. C'est l'un des constats tirés par le rapport rendu mardi par l'ex ministre du travail, Myriam El Khomri, à Agnès Buzn, ministre de la Santé et des solidarités. Invitée de Nathalie Lévy, Myriam El Khomri propose des solutions pour relancer le recrutement.
"Chaque année, 60.000 postes d'aide soignants sont ouverts et non pourvus", précise Myriam El Khomri. Il faut dire qu'en six ans, le nombre de candidats au concours a baissé d'un quart. "Aujourd'hui, le concours d'accès à la formation est devenu un frein", affirme-t-elle. Pour relancer le recrutement, l'ex-ministre préconise donc sa suppression. "Il faudrait plutôt examiner l'empathie, la patience et la volonté d'aider des candidats."
17% des aide-soignants vivent sous le seuil de pauvreté
À l'origine de la désaffection du métier, il y a les conditions précaires d'exercice, notamment la faible part de CDI, les temps de transport importants et surtout les bas salaires. 17% des intervenants à domicile vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, contre 6% pour la population française en général. 
D'après le rapport, 220 millions d'euros seraient nécessaire pour hisser l'ensemble des aide-soignants au niveau du Smic.

Source : europe1.fr
Télécharger le rapport
(et prendre connaissance du discours d'Agnès Buzyn fait à l'occasion de la remise du rapport)
Lire aussi :


Face au manque de moyens, médecins et infirmières transportent symboliquement la “dépouille de l'hôpital”


150 médecins, internes ou encore infirmières se sont rassemblés ce mardi dans la capitale pour réclamer plus de moyens à l'hôpital. Un défilé symbolique à l’occasion du vote du budget de la Sécu, et avant une « grande manifestation » le 14 novembre prochain.
Alors qu’en Île-de-France les hôpitaux publics font face à des difficultés importantes de recrutement et que les services de pédiatrie redoutent une « crise sanitaire », faute d'internes, environ 150 médecins, internes et infirmières ont défilé ce mardi à Paris pour réclamer une augmentation des moyens. Une action organisée à l’initiative du collectif Inter-Hôpitaux et du collectif Inter-Urgences.
Les manifestants, en blouses blanches pour la plupart, ont quitté à la mi-journée la station Chevaleret, près de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière dans le 13ème, au son de la marche funèbre de Chopin. Le principe, symbolique : apporter la « dépouille de l'hôpital » au ministère de l'Économie où ils espéraient être reçus. En vain.
Une « grande manifestation » le 14 novembre
Ce « tour de chauffe » précède une « grande manifestation » prévue le 14 novembre prochain. L’idée était en effet « de marquer le coup » avant le vote mardi à l'Assemblée nationale du budget de la Sécurité sociale pour 2020, comme l’explique le professeur Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil dans le Val-de-Marne, et membre du collectif Inter-Hôpitaux.
« On espère que ce ne sera pas la dernière mouture du texte », précise le chef du service. Collectifs et syndicats réclament en effet un relèvement du budget octroyé aux hôpitaux. Objectif : permettre des embauches, des hausses de salaires et des lits supplémentaires.
De son côté, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a promis qu'un « plan de soutien » à l'hôpital avec « des moyens associés » serait présenté « dans le courant du mois de novembre ». Dans les faits, le budget de la Sécu limite ceci dit la progression des dépenses de santé (Ondam, pour « objectif national de dépenses d'assurance maladie ») à 2,3 % en 2020, alors que leur augmentation naturelle serait plutôt autour de 4,5 %.


Des moyens réclamés pour « pouvoir soigner correctement les gens »
« À partir du moment où les députés votent un Ondam qui ipso facto entraîne un déficit des hôpitaux, il y a une rupture épouvantable avec les préoccupations du terrain », s’indigne d’ailleurs le docteur Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France.
Dominique Minier, infirmière en réanimation pédiatrique à Bicêtre dans le Val-de-Marne, présente dans le cortège, résume la colère des personnels : « Ce qu'on réclame c'est des moyens humains, financiers et matériels pour pouvoir soigner correctement les gens ».
Les revendications portées par les manifestants seront au cœur de la journée de mobilisation prévue le 14 novembre, alors que les organisations engagées dans le mouvement espèrent étendre la grève en cours depuis sept mois aux urgences à tout l'hôpital public. D’après le collectif Inter-Urgences, 269 services restaient toujours en grève le 23 octobre dernier.

Source : france3-regions.francetvinfo.fr


Vendredi, c’est le lancement du Mois sans tabac !


Comme chaque année, ce défi collectif propose à tous les fumeurs d’arrêter pendant un mois.
«Vendredi 1er novembre: premier jour sans cigarette. Vous avez été fort, déterminé comme jamais. Bien sûr, la cigarette vous a manqué. Celle du matin, celle d’après le déj, celle de ’’on se met en terrasse?’’ (...) Mais vous avez surtout appris une chose: votre envie de cigarette s’arrête après trois minutes». Allez-vous arrêter de fumer à partir du 1er novembre, comme vous y invitent les trois spots télévisés diffusés à l’occasion du Mois sans tabac?
C’est en tout cas ce qu’espère le Ministère de la Santé qui organise avec Santé publique France et l’Assurance maladie la 4ème édition du Mois sans tabac. Une inscription sur la plateforme dédiée offre aux futurs ex-fumeurs divers petits bonus: un kit d’aide à l’arrêt, un accompagnement par mail tout au long du mois et un programme d’aide personnalisé sur application mobile. Celui-ci donne en temps réel les bénéfices de l’arrêt pour la santé... et le portefeuille.
242.000 participants en 2018
Depuis 2016, année de la première édition, l’initiative a enregistré un total de 580.982 inscriptions. Quant à l’édition 2018, elle a été «couronnée de succès», se félicite Santé publique France dans un communiqué. L’année passée, un peu plus de 242.000 personnes se sont inscrites (53% de plus qu’en 2017), 86.000 ont téléchargé l’application et 21.000 ont eu recours au «3989», la ligne téléphonique de Tabac Info Services.
Combien ont réellement arrêté de fumer? Nul ne le sait, mais il est certain que les chiffres ne sont pas aussi éloquents. Car pour arrêter de fumer, la volonté ne suffit pas toujours. Alors tous les conseils sont bons à prendre. Les tabacologues recommandent par exemple aux fumeurs de prévenir leur entourage afin de pouvoir s’assurer de leur soutien. Autre astuce: éliminer de son domicile briquets, cendriers et tout ce qui pourrait rappeler la cigarette!
Des bénéfices immédiats
Si le Mois sans tabac n’est pas la solution miracle pour arrêter de fumer, il peut donner à certains un petit coup de pouce. C’est aussi l’occasion de se pencher sur les différents types d’aide au sevrage (patchs nicotiniques, gommes à mâcher, cigarette électronique, inhaleurs, médicaments) et de choisir celui qui convient le mieux.
Surtout, il faut garder en tête que, quel que soit le nombre de cigarettes fumées chaque jour et la durée de tabagisme, l’arrêt du tabac est suivi de bénéfices immédiats. Ainsi, un jour après la dernière cigarette, le corps ne contient plus de nicotine. Deux jours de plus, et respirer devient plus facile. Et deux semaines après l’arrêt, le risque d’infarctus commence à diminuer. Pour que tous les bénéfices soient au rendez-vous, il faudra encore maintenir les efforts: au bout de 3 mois, la toux et la fatigue régressent, le souffle revient.
Bon courage à tous les participants du Mois sans tabac 2019 !

Article de Cécile Thibert

Source : sante.lefigaro.fr

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lundi 28 octobre 2019

14 Novembre : journée d’action solidaire


L’UFMLS appelle les médecins de ville à une première journée d’action solidaire avec l’hôpital public le 14 novembre.
L’hôpital public, notre bien commun est aujourd’hui symbolique de la casse de notre système de santé par les politiques sanitaires successives.
Gouvernance administrative absurde. Manque de moyens, déstructuration des équipes, épuisement des acteurs, pénuries professionnelles, sur-utilisation et sous rémunération des internes, fréquent non respect de leur temps de repos de sécurité…
L’UFMLS appelle les médecins de ville à arrêter leur activité le 14 novembre et à marcher au coté de leurs partenaires de l’hôpital public partout où des manifestations seront organisées.
Face à l’urgence sanitaire c’est une évidence : nous n’avons qu’une médecine et notre responsabilité commune est de refuser son effondrement.
l’UFMLS appelle la communauté du soin à se lever en ville comme à l’hôpital pour remettre des soignants à la gouvernance du soin et augmenter les moyens humains et financiers par un doublement de l’ONDAM.
L’UFMLS rappelle que le coût de la Santé par an et par habitant est de 2.977 euros, (source ministère des Affaires sociales) alors que la dépense moyenne annuelle pour un élève ou un étudiant est de 8.810 euros par an (source ministère Education nationale).
Comme l’Éducation, la Santé ne doit plus être vue sous le seul angle du coût mais sous celui de l’apport pour la nation.
L’UFMLS demande :
- Le doublement de l’ONDAM de la médecine de ville et hospitalière.
- L’ arrêt des fermetures de lits hospitaliers et l’ouverture de lits d’aval pour les urgences.
- La relance d’une politique d’embauche hospitalière pour une meilleure qualité des soins.
- Une réforme totale de la gouvernance du soin à l’hôpital comme en médecine de ville avec sa cogestion par les représentants des soignants.
- L’ouverture sans délai de vrais États Généraux de la santé copilotés par les représentants élus des soignants.

Source : ufml-syndicat.org
(Union Française pour une Médecine Libre)


Soins psychiatriques à Cayenne : "des traitements inhumains et dégradants " selon le CGLPL

Le centre hospitalier Andrée Rosemon (CHAR) de Cayenne (Guyane), a été visité par quatre contrôleurs du Contrôle général des lieux de privation de liberté (CGLPL) du 5 au 12 octobre 2018. Les constats opérés lors de cette visite ont donné lieu à l’élaboration d’un rapport provisoire communiqué au directeur du centre hospitalier et à la directrice générale de l’agence régionale de santé (ARS) de Guyane le 24 décembre 2018.
Ils ont respectivement répondu par lettres des 30 janvier et 12 février 2019,  leurs observations ont été prises en compte.


Le rapport de visite définitif et les recommandations qui l’accompagnent ont été adressés le 14 mars 2019 à la ministre des solidarités et de la santé qui n’a fait part d’aucune observation en retour.
À la suite de cette procédure, conformément à l’article 10 de la loi n° 2007-1545 du 30 octobre 2007, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté publie les recommandations suivantes.
Les services de psychiatrie du CHAR de Cayenne sont regroupés au sein d’un pôle qui comprend six unités de psychiatrie adulte (84 lits d’hospitalisation temps complet) et une unité de pédopsychiatrie (10 lits d’hospitalisation temps complet).
Les constats les plus graves, objets des présentes recommandations, concernent l’accès aux soins médicaux, les pratiques d’isolement et les locaux dans lesquels ces isolements sont opérés. Les présentes recommandations ont été adressées à la ministre des solidarités et de la santé après consultation de la directrice générale de l’agence régionale de santé de Guyane et de la directrice du centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne (Guyane). La directrice du CHAR et la directrice générale de l’ARS de Guyane n’ont pas contesté les constats ni les recommandations ici mentionnées. Elles en ont pris acte en visant d’une part à mettre en place au sein du CHAR « un nouveau fonctionnement du pôle qui sera totalement effectif à partir du mois de février 2019 » et d’autre part au niveau régional à « renforcer rapidement le respect des droits et de la dignité des patients, bien que ces sujets, et les investissements nécessaires ne fassent l’objet d’aucune trace dans les COPERMO [comités interministériels de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers] récemment signés » et à faire « figurer ce sujet en bonne place dans les CPOM [contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens]
L’accès aux soins psychiatriques est déficient au CHAR de Cayenne.
L’offre de soins psychiatriques de Guyane pour les soins sans consentement se concentre sur le CHAR de Cayenne, le centre hospitalier de Saint-Laurent du Maroni, éloigné de 250 km, n’hospitalisant en psychiatrie que des patients en soins libres. Il n’y a pas d’offre privée alternative. Le département ne propose que deux maisons d’accueil spécialisées mais sans place à orientation psychiatrique ; il n’existe pas de foyer d’accueil médicalisé ni de centre d’accueil thérapeutique à temps partiel. Les capacités de prise en charge en structures extra-hospitalières ne permettent pas d’apporter de réponse aux besoins de soins des patients, et occasionnent un recours à l’hospitalisation trop fréquent ou trop long. Les urgences psychiatriques proposent néanmoins des consultations ambulatoires pour les patients sortants pour lesquels le délai de rendez-vous dans un centre médico-psychologique - de l’ordre de trois mois - est trop long.
Dans les unités d’hospitalisation de psychiatrie, l’accès à un médecin n’est pas assuré quotidiennement. La continuité des soins n’est donc pas garantie, l’accès à des entretiens avec un psychologue n’est pas non plus partout possible.
En l’absence de médecin généraliste dans le pôle, les patients n’ont accès aux soins somatiques qu’à l’entrée du CHAR au service des urgences, puis lors des transferts vers ce service durant l’hospitalisation en cas de problème soulevé par le psychiatre.
Les patients en chambre d’isolement ne sont jamais vus par un somaticien.
Enfin, les patients ont accès à trop peu d’activités, qu’elles soient occupationnelles ou thérapeutiques. Ils déambulent souvent dans le service seuls et l’ennui est la règle, malgré l’existence d’une unité d’activité thérapeutique qui n’est pas suffisamment sollicitée au profit des patients de toutes les unités de psychiatrie. L’investissement aléatoire des praticiens pour ces activités nuit à leur intégration dans les projets de soins individualisés. Celles réalisées par les soignants dans certaines unités sont financées par ces agents eux-mêmes pour acheter le matériel nécessaire en l’absence de crédits fournis par le CHAR (par exemple, achat d’un four à micro-onde pour remplacer une gazinière).
Les pratiques d’isolement sont abusives, dépourvues de tout cadre réglementaire et exercées dans des locaux indignes.
L’ensemble du pôle de psychiatrie dispose de douze chambres d’isolement dont deux en pédopsychiatrie. Certaines de ces chambres sont appelées « chambres carcérales », « chambres d’isolement », « chambres d’apaisement » ou encore « chambres sécurisées » ; huit d’entre d’elles ont la forme d’une cage et deux celle d’un cachot. Au moment du contrôle, sept chambres d’isolement sur les douze étaient occupées, aucune contention n’était en cours ; plusieurs patients placés dans ces locaux pouvaient aller et venir la journée au sein de l’unité ce qui confère un caractère paradoxal à leur mise à l’isolement.
La conception architecturale de ces locaux ne correspond en rien aux normes en vigueur. Ainsi le patient isolé ne dispose d’aucun bouton d’appel, d’aucune possibilité d’allumer ou d’éteindre sa lumière, certaines chambres n’ont pas accès à la lumière naturelle et il est presque partout impossible de se repérer dans le temps en l’absence d’horloge ; la plupart des chambres n’ont pas de ventilation. Il n’y a pas d’accès à l’eau faute de lavabo.
Sept chambres disposent d’une caméra avec des écrans de visualisation placés dans le bureau des infirmiers ou du médecin. L’écran présente un petit carré noir, sauf dans deux unités, à l’endroit de la douche et des toilettes mais il ne cache quasiment rien de la nudité de l’isolé, également visible des patients venant dans le bureau. Les lampes restent allumées toute la nuit, afin que les images de la caméra soient exploitables, sauf dans l’unité de pédopsychiatrie où les caméras sont équipées d’une technologie infrarouge.
Toutes permettent un accès aux toilettes et à une douche mais la chasse d’eau ne peut être actionnée que de l’extérieur, aucun papier hygiénique n’est laissé au patient. La plupart des chambres disposent d’un lit métallique fixé au sol, équipé d’un matelas en mousse plastifié , aucun oreiller n’est prévu, parfois le lit n’a pas de draps.
Le port du pyjama est systématique en chambre d’isolement dans toutes les unités. Les visites sont rarement autorisées.
En l’absence de table et de chaise, le patient doit manger un plateau posé sur ses genoux, assis sur le lit, voire, comme cela a été observé dans deux unités, le repas posé sur le matelas.
Les chambres d’isolement de l’unité de pédopsychiatrie ont un aspect moins austère et disposent d’une salle d’eau protégée du regard. Elles ne sont cependant pas équipées de bouton d’appel.
Les dix chambres d’isolement pour adultes sont ainsi indignes, et ne permettent pas en l’état l’hébergement d’un patient dans des conditions de dignité et de sécurité acceptables ; elles ne doivent pas être utilisées. Les deux qui sont destinées aux mineurs doivent permettre l’appel du patient.
La chambre d’hospitalisation du patient n’est pas toujours conservée lors de son entrée en isolement. Elle peut être attribuée à un autre patient en attente de place. En outre, des entrées directes en chambre d’isolement depuis les urgences ou une autre unité sont courantes lorsque l’unité n’a plus de chambre normale. Ainsi au moment du contrôle, une unité comptait quatorze patients alors même que onze lits au maximum pouvaient être occupés.
Les décisions d’isolement - aucune contention n’étant décidée - ne sont pas informatisées, elles sont manuscrites et figurent sur des feuilles de prescription. 
Seuls quelques infirmiers et de rares médecins utilisent le logiciel Cimaise pour enregistrer les mesures d’isolement. Seules deux unités ont initié un registre partiel d’utilisation des chambres d’isolement. 
Les feuilles de prescription ne mentionnent jamais l’heure de début de la mesure. Il n’y a quasiment jamais mention des renouvellements des décisions à douze heures puis toutes les vingt-quatre heures.
Il n’y a ainsi aucune traçabilité des mesures d’isolement au sein des unités, ni de registre tel que prévu par l’article L. 3222-5-1 du code de la santé publique. Certaines unités utilisent une feuille de surveillance de contention et une feuille de prescription de contention physique. Aucune feuille de traçabilité de la surveillance infirmière des personnes placées en isolement n’est renseignée.
Des personnes placées dans les « chambres sécurisées », ayant l’aspect d’une cage fermée à clef avec un sas, ne sont pas considérées comme placées en chambre d’isolement , il n’y a aucune décision médicale pour ces enfermements.
Par ailleurs, face à un certain état d’agitation, les pratiques soignantes constatées dans tous les services consistent à enfermer les personnes dans leurs chambres sans décision médicale ni traçabilité dans un quelconque registre.
La pratique de l’isolement n’est pas analysée en collégialité par les équipes soignantes. On n’hésite pas à affirmer que les décisions d’isolement ont un caractère punitif, ou reposent sur la volonté de prévenir une fugue ou de garantie de la sécurité des soignants.
Au moment du contrôle, la plupart des personnes mises en isolement l’étaient sans que le médecin ait renouvelé la décision à vingt-quatre heures, parfois depuis plus de trois jours. Aucun des patients isolés n’a été perçu par les contrôleurs comme agité, manifestant de la violence ou de l’agressivité. La plupart pouvaient sortir seuls dans l’unité à certains moments.
Enfin, les mineurs faisant l’objet d’une mesure d’isolement à l’arrivée au CHAR sont placés dans une chambre d’isolement d’un service pour adultes. Deux soignants de l’équipe de liaison de pédopsychiatrie passent quotidiennement les voir.
Ces pratiques ne respectent pas la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 qui en son article 72 indique « l’isolement et la contention sont des pratiques de derniers recours; il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre, prise pour une durée limitée ». 
Le contrôle général rappelle les termes de son avis du 15 février 2011 relatif à certaines modalités de l’hospitalisation sans consentement, repris dans son rapport thématique de mai 2016 sur l’isolement et la contention dans les établissements de santé : « toute privation de liberté est attentatoire aux droits fondamentaux ; aussi tout doit être mis en oeuvre pour apaiser la personne en situation de crise avec des approches alternatives à une mesure de contrainte physique. Si, en dernier recours, la décision d’un placement en chambre d’isolement ou sous contention doit être prise, les modalités de sa mise en oeuvre doivent garantir au mieux le respect de la dignité et des droits des patients ».
Les pratiques illégales et abusives d’isolement, dont les mises en chambre d’isolement « si besoin » doivent cesser immédiatement. Les mesures peuvent durer plusieurs jours, voire semaines (1) ; elles ne correspondent pas aux seuls moments de crise et n’ont pas le caractère d’un « dernier recours », alors même que toutes les unités sont fermées.
Le personnel ne dispose aujourd’hui ni de formations suffisantes ni d’une capacité d’évaluation des pratiques adaptée. Des formations sur la gestion de la violence, l’isolement et la contention ainsi que des évaluations des pratiques professionnelles doivent être mises en place sans délai, pour tous les soignants, et un réel travail de recherche de solutions alternatives à l’isolement devra être engagé.
Les contrôleurs ont pris connaissance du projet de modernisation des chambres d’isolement du pôle qui vise à porter leur nombre de douze à dix-neuf en aménageant certaines d’entre elles et en transformant quatre chambres ordinaires – les autres chambres demeurant dans leur état indigne. Ce projet architectural prévoit ainsi une augmentation du nombre de chambres d’isolement sans projet médical qui définirait le besoin et sans analyse de pratique justifiant un tel accroissement. Aucun rapport annuel sur l’isolement n’a été présenté en commission médicale d’établissement.
Si les chambres actuelles sont indignes et doivent être rénovées, la construction de chambres d’isolement supplémentaire doit être justifiée par un projet médical qui en explique le besoin.
La mise en place d’un registre opérationnel de l’isolement et de la contention doit être assurée dans les plus brefs délais ; il permettra d’aider les soignants à analyser leurs pratiques, tel qu’imposé par la loi du 26 janvier 2016 suscitée, et précisée par les recommandations du CGLPL dans son rapport de mai 2016 Isolement et contention dans les établissements de santé mentale ainsi que celles de la Haute autorité de santé de mars 2017 et l’instruction de la ministre des affaires sociales et de la santé du 29 mars 2017.
L’évocation des premiers constats opérés durant la visite a suscité une attention et une prise en compte forte de la communauté médicale, notamment du chef de pôle récemment nommé, et de la communauté soignante du CHAR. Néanmoins, la gravité et le caractère structurel des constats du CGLPL ne permettent pas de laisser l’établissement seul face à ses difficultés.

Les différents constats décrits, ci-dessus, conduisent le CGLPL à formuler les recommandations suivantes :

1) Les pratiques illégales et abusives d’isolement doivent cesser immédiatement. Des formations sur la gestion de la violence, l’isolement et la contention ainsi que des évaluations des pratiques professionnelles doivent être mises en place sans délai pour tous les soignants. Un registre de l’isolement et de la contention doit être créé. Son analyse doit être effectuée régulièrement par les soignants et permettre de limiter les pratiques d’isolement à ce qui n’a pas pu être obtenu par d’autres moyens.
2) Toutes les chambres utilisées pour des mesures d’isolement doivent respecter la dignité des personnes. A défaut elles ne doivent pas être utilisées.
3) L’accès aux soins somatiques pour les patients de psychiatrie doit être assuré sans délai, en particulier pour les examens médicaux en chambre d’isolement.
4) La continuité des soins doit être garantie aux patients et la présence médicale organisée au sein de chaque unité, y compris dans les modalités de remplacement et de permanence des soins.
5) Une culture médicale partagée avec tous les soignants doit être construite autour de réunions cliniques régulières et la présence forte des médecins dans les unités, permettant l’instauration de projets de soins individualisés.
6) Les activités thérapeutiques doivent pleinement intégrer les projets de soins individualisés des patients de psychiatrie quel que soit le statut de leur hospitalisation et être financées par l’établissement à la hauteur des besoins.

(Recommandations du 14 mars 2019 du Contrôleur général des lieux de privation de liberté relatives au centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne.)
(1) En l’absence de registre et de décisions de renouvellement, la durée des mesures ne peut pas être mesurée.

Source : santementale.fr

Hôpital : Emmanuel Macron promet de "remettre des moyens"



Le chef de l'État affirme ce lundi travailler à un prochain plan d'actions pour "remettre des moyens" dans les hôpitaux, les urgences et la médecine en milieu rural.
C'est une nouvelle promesse censée endiguer la crise dans les hôpitaux et les urgences: Emmanuel Macron est "en train de finaliser une réponse d'urgence", qui devrait également permettre de lutter contre la désertification médicale dans les campagnes.
"Il va falloir qu'on remette des moyens, il faut qu'on réponde aussi à la souffrance des personnels de santé (...) On arrive au bout d'un système qui tirait sur la corde depuis dix ou quinze ans, et ça claque maintenant", a déclaré Emmanuel Macron au micro de RTL ce lundi.
"On se retrouve aujourd'hui (...) dans une situation où on n'a pas assez de médecins, et donc de la désertification dans nos campagnes (...) et de l'autre côté des urgences qui sont saturées", a souligné le chef de l'État, dans l'avion qui le ramenait de son voyage à Mayotte et La Réunion.
"Dans cinq ans, ça ira mieux"
"L'objectif est de rebâtir notre système de santé du XXI ème siècle, en décloisonnant l'hôpital, la médecine de ville, en changeant la manière de tarifer, en faisant plus de prévention et moins de soins, en accompagnant mieux", a-t-il encore indiqué.
Malgré l'annonce du Plan Santé l'an dernier et des mesures présentées par la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour répondre à la crise des urgences, le chef de l'État a par ailleurs rappelé que ces réformes mettront des années à porter leurs fruits. "Le problème, c'est qu'on a fait une stratégie très intelligente qui va mettre cinq à dix ans à se déployer, il faut dix ans pour former un médecin (...) Je ne peux par former un médecin en six mois!", a-t-il souligné.
Mais le président de la République l'assure: avec la "réponse d'urgence" qu'il compte apporter prochainement pour "traiter les souffrances immédiates", "dans cinq ans, ça ira déjà beaucoup mieux".

Source : lexpress.fr


"Dans cinq ans, ça ira mieux"?...
Dans cinq années que seront devenus les hôpitaux publics ?... 
C'est là une question qui mérite toute l'attention de Monsieur Macron, si un médecin demande des années de formations ce n'est pas une révélation qui permet d'avancer pour le moment, c'est une constatation sans plus. 
Compte tenu des conditions de travail dans les hôpitaux il y aura aussi peu de médecins qui seront  enclins à travailler en milieu hospitalier et ceci doit être pris tout autant en considération.
Donc, ce n'est pas dans cinq ans que "ça ira mieux" rien ne permet de le penser vraiment en plus, non ce n'est pas dans cinq ans mais maintenant et sans plus tarder que ça doit aller mieux !
Il y a des solutions à certains problèmes qui existent dans le monde hospitalier comme l'arrêt des fermetures de lits, de fermetures de services, et l'embauche de personnels soignants et autres dans tous les services (non seulement aux urgences)  où les effectifs ne sont plus en nombre pour effectuer leur travail tel qu'il doit l'être. Les arrêts de travail ne peuvent, dans l'avenir, que se multiplier tant les agents sont épuisés. La seule réponse : fermer des lits, des services, des hôpitaux... il y a une sorte de déni... 
L'hôpital entreprise voulue par nos décideurs a montrées ses limites : là où la déshumanisation a commencé les profits ont augmentés dans un sens (réductions des budgets de fonctionnement de manière insidieuse etc), certes c'est de plus en plus évident, mais les conséquences commencent à devenir très dommageables. Non seulement les personnels en sont les victimes directes mais les patients aussi, et c'est tout particulièrement grave! La notion de service public est remise en question...
Les budgets de fonctionnement doivent donc être augmentés en prenant en considération les réels besoins de l'hôpital public, dit "hôpital public" qui dans 5 ans (si la situation continue à se dégrader) aura bien du plomb dans l'aile, mais c'est peut-être en fin du compte ce qui est recherché, le temps passant ?...

"La Vie Hospitalière"