"La Vie Hospitalière"

samedi 14 décembre 2019

Retraites : les syndicats appellent à une nouvelle journée de mobilisation mardi 17 décembre

Mardi 10 décembre au soir, à la veille des annonces d’Edouard Philippe sur le contenu de la réforme des retraites, l’intersyndicale a annoncé une nouvelle mobilisation pour le mardi 17
Deux fois moins nombreux qu’il y a cinq jours, mais tout aussi déterminés. Les opposants à la réforme des retraites étaient, mardi 10 décembre, 339.000 à battre le pavé dans toute la France, selon le ministère de l’intérieur, 885.000 selon la CGT. Si les transports sont restés fortement perturbés mardi - une situation qui devrait perdurer mercredi et les jours suivants à la RATP et à la SNCF -, la mobilisation était donc en baisse. Mais pas de quoi décourager l’intersyndicale à l’origine de cet appel interprofessionnel.
Dans la soirée, la CGT, FO, Solidaires, la FSU et des organisations de jeunesse ont appelé à des grèves et à des manifestations, « localement », jeudi 12 décembre - au lendemain des annonces d’Edouard Philippe sur le futur système universel -, et ce week-end. Elles entendent aussi et surtout faire du mardi 17 décembre une « nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle massive ».
« Faire plier ce gouvernement »
« On compte faire plier ce gouvernement, a lancé Catherine Perret, numéro deux de la CGT. C’est le moment d’en mettre un grand coup pour qu’enfin il nous entende. » Dans son communiqué, l’intersyndicale, qui s’est réunie au siège de Force ouvrière, avenue du Maine, à Paris, a considéré que le mouvement « s’est inscrit depuis le 5 décembre dans la durée ».
Selon elle, la journée du 10 décembre a été « un nouveau temps fort avec de nouveaux salariés du privé et davantage de jeunes ». « Il y a eu sans doute des salariés qui n’ont pas fait grève aujourd’hui parce que ça coûte cher, la grève ; c’est perdre des journées de travail », a cependant reconnu Mme Perret. Mais, pour Eric Beynel, l’un des porte-parole de Solidaires, le mouvement « dépasse largement le seul secteur de ceux qu’on a tenté de jeter en pâture - les régimes soi-disant privilégiés » : le 17 « doit être un moment d’irruption des travailleurs dans les manifestations », a-t-il martelé.
L’intersyndicale attend de M. Philippe qu’il ouvre des négociations pour améliorer le système actuel.
L’intersyndicale attend désormais de M. Philippe qu’il tienne compte du « rejet massif » exprimé ces derniers jours, en retirant son projet et en ouvrant « sans préalable » des négociations pour améliorer le système actuel. Comme la semaine dernière, la CFE-CGC, qui ne s’était pas associée à l’action de mardi, était représentée lors de la rencontre au siège de FO, mais elle n’a pas signé le texte commun.
L’envoi d’un communiqué par la CGT pour appeler à deux nouvelles dates de mobilisation les 12 et 17 décembre a tendu l’atmosphère – le texte ayant été diffusé avant la fin de la réunion intersyndicale. Une façon de procéder qui a agacé ses partenaires, notamment FO. « Il n’y a pas eu de soucis ni de frictions », a cependant affirmé Frédéric Souillot, l’un de ses dirigeants :d’après lui, la longueur de la réunion était due à « des problèmes d’orthographe »…. « La CGT s’est impatientée et s’est excusée », a indiqué Mme Perret. « L’intersyndicale est, plus que jamais, unie », a assuré M. Souillot.
Il n’en demeure pas moins que la confédération de Philippe Martinez est susceptible de « donner l’impression qu’elle se montre sûre d’elle-même et qu’elle veut apparaître comme la meneuse des luttes », relève Raymond Soubie, président du groupe en stratégie sociale Alixio et fin connaisseur de ces thématiques : « Or, poursuit-il, une telle posture, si elle vient à se confirmer, n’est pas forcément en adéquation avec la réalité des rapports de force et - moins encore - avec les aspirations des autres organisations qui s’opposent à tout ou partie de la réforme. »
Des opérations plus décentralisées toute la semaine
Organiser une nouvelle journée interprofessionnelle dès jeudi s’avérerait compliqué en termes de logistique pour les confédérations de salariés - sans compter le risque qu’elle se transforme en échec. Le fait de retenir cette date, en vue d’opérations plus décentralisées, leur permet toutefois de ne pas être absentes ces prochains jours, tout en se projetant sur le 17 décembre, avec l’espoir que les annonces de M. Philippe leur permettent d’élargir le mouvement.

D’autant que, ce jour-là, une mobilisation des personnels hospitaliers est également programmée.
D’autres organisations pourraient à l’inverse rentrer dans le rang si elles décrochaient des concessions suffisantes à leurs yeux. Ainsi, la CFDT-Cheminots pourrait mettre fin à sa mobilisation si la « clause du grand-père » - qui consiste à n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux embauchés - était retenue pour les régimes spéciaux. Une hypothèse que ne semblait pas retenir Edouard Philippe, mercredi.
Les actions programmées jeudi laissent la main « aux organisations locales ou aux assemblées générales, ce qui n’est jamais un très bon signe », juge Dominique Andolfatto, chercheur en sciences politiques à l’université de Bourgogne-Franche-Comté.
À ses yeux, ce type de configuration peut préfigurer « un mouvement en archipel qui risque de se disperser et de se dissiper face à un gouvernement qui reste ferme sur les principes de la réforme ». « C’est aussi une sorte de stand-by en attendant les précisions sur la réforme que doit annoncer le premier ministre », complète-t-il.
Article de Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières

Source : lemonde.fr


Photo "La Vie Hospitalière"

6 commentaires:

Laure a dit…

"Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, n’a pas indiqué dans sa déclaration d’intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique sa fonction d’administrateur au sein d’un institut de formation d’assurance. En sa qualité d’association agrée par la HATVP, Anticor a demandé à cette autorité administrative indépendante de saisir le parquet."
Source :
https://www.anticor.org/2019/12/10/declaration-dinteret-de-jean-paul-delevoye-anticor-saisit-la-hatv

Laure a dit…

Jean-Paul Delevoye, n'a pas déclaré son poste d’administrateur bénévole de l’école de formation aux métiers de l’assurance, Ce qui a fait naître un soupçon de conflit d'intérêts compte tenu de sa proximité avec une profession intéressée par la gestion de l’épargne-retraite... de là il a donné sa démission à l'Ifpass, je pense qu'il n'avait pas le choix.
Comme il est écrit dans l'article "Misère, misère ! " du 11 décembre : "L'avenir n'est certainement pas dans l'épargne retraite, les assurances complémentaires... car ce sont des sociétés qui sont derrière et ils peuvent mettre la clef sous la porte bien plus facilement qu'une caisse de retraite
Qu'allons-nous apprendre encore d'ici les prochains jours ?... "

La conclusion de cet article était quelque peu prémonitoire car ce pauvre Monsieur Delevoye a aussi omis qu'il siégeait également au conseil d’administration de la Fondation SNCF, pourtant la case n° 6 de la déclaration prévue à cet effet, indique les « fonctions bénévoles susceptibles de faire naître un conflit d’intérêts », un "oubli" bon... ça peut arriver... mais deux oublis ça commence à entraîner une certaine suspicion...
De là il va rembourser 140.000 euros au think tank dont il était le président d’honneur (quand même).
Décidément, nous avons aussi l'autre Président, celui de notre République, élu par des citoyens et citoyennes pour que tous soient représentés dignement et que leurs intérêts soient défendus et non bradés à des intérêts privés, qui en outre sont étrangers pour la plupart (je pense pour les retraites au groupe financier BlackBlock et tous les autres, notamment dans le domaine de la santé...).
Le projet de réforme des retraites ne pourrait-il pas entraîner une profonde réforme de notre gouvernement et de bien des trublions ?
Ce sont les citoyens et les citoyennes qui sont la République qui décideront, car en finalité l'avenir de notre peuple est en jeu.Et, c'est bien là le plus grave.

Laure a dit…


Corrigendum

Mon commentaire publié à 13:45 se doit d'être corrigé, ce n'est un oubli, une erreur non plus c'est tout simplement une faute de frappe passée inaperçue à la relecture. Il faut lire "BlackRock" et non "BlackBlock"... l'un participe à la casse des retraites, et l'autre à une autre forme de casse, un peu comme ceux qui nous dirigent et cassent progressivement nos acquis, nos droits, tout ce qui peut l'être et qui peut profiter aux groupes financiers. Comment des groupes privés peuvent-ils faire des bénéfices alors qu'au niveau de l'État il y a toujours des déficits (il y a aussi bien des profiteurs...) ?...

À lire :
https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/notre-dossier-retraites-la-reforme-point-par-point

Sans oublier: BlackRock souffle ses conseils pour la capitalisation à l’oreille du pouvoir
https://www.mediapart.fr/journal/france/091219/retraites-blackrock-souffle-ses-conseils-pour-la-capitalisation-l-oreille-du-pouvoir

À écouter le mp4 :

https://mamot.fr/system/media_attachments/files/007/416/877/original/1146ed79bd3e824e.mp4

Lu aussi sur le site de Mediapart : "La réforme des retraites, pour les financiers, doit être l’occasion de mettre en œuvre un système par capitalisation, qui, jusque-là, n’a pas réussi à s’implanter en France, en dépit des divers mécanismes instaurés depuis quinze ans (dispositifs Madelin, Perco, Perp). Elle doit leur permettre de mettre enfin la main sur une épargne « parmi les plus élevées d’Europe » qui leur échappe jusqu’à présent."

Alors maintenant vous ne pourrez pas dire on ne savait pas !

Pierre de l'Ansac a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Pierre de l'Ansac a dit…

Delevoye déclare en finalité 13 mandats dans sa nouvelle déclaration d'intérêts, alors qu'il en avait déclarés que trois dans sa première déclaration.
Lien :
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/12/14/transparence-jean-paul-delevoye-declare-finalement-treize-mandats-et-regrette-une-erreur_6022904_823448.html

GAP a dit…

Le système des fonds de pensions aux E.U.A. a plongé des millions de personnes dans la misère, ils vivent dans leur voiture...(quand ils en ont encore une) vivant de petits emplois ici et là, à 70 ans, ils ont plus rien, leurs économies se sont envolées, ce sont des précaires sans aucun avenir.
C'est là l'un des côtés plus ou moins caché de ces fonds privés, dites sociétés qui peuvent du jour au lendemain déposer leur bilan. Aucune garantie réelle en fait, on a déjà un exemple de ce qui c'est passé outre-Atlantique... Pourtant le Président de la République semble avoir de bonnes relations avec BlackRock, ce "géant" de la finance qui devrait rester chez lui.
Il est utile de rappeler qu'un député avait interpellé Jean-Paul Delevoye en ces termes: «Une partie de la réforme des retraites a déjà été votée dans la loi Pacte et depuis un peu plus d’un mois, votre gouvernement a en effet autorisé le géant des fonds de pension américain BlackRock, qui pèse plus de 6000 milliards d’euros, à collecter directement la retraite privée des Français»...
Il y a encore bien des choses à comprendre beaucoup plus clairement.
Dans ce flou organisé, de la transparence, de la transparence vrai s'impose au nom des intérêts des français et des françaises.