"La Vie Hospitalière"

mardi 17 décembre 2019

La fin de vie décryptée dans un Mooc


Le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie veut développer l’information sur la fin de vie en créant un cours en ligne, gratuit et ouvert à tous, professionnels de santé comme usagers.
Comme un coup de tonnerre. Nous évoquions la semaine dernière l’histoire de ce médecin généraliste dans le bocage normand, apprécié de tous, et mis en examen pour avoir prescrit de l’Hypnovel à des personnes très âgées alors en pleine agonie. Où est l’erreur ? L’instruction judiciaire la trouvera peut-être, mais à l’évidence, le cas suscite de l’incompréhension et atteste le manque criant d’information en matière de fin de vie.
«Un Mooc sur la fin de vie ? On en avait besoin, et c’est une très bonne nouvelle», nous explique Florence Lallemant, anesthésiste-réanimatrice au CHU de Lille, représentante de la Société française d’anesthésie et de réanimation, qui a été une des pilotes de ce Mooc inédit lancé le mois prochain. Un Mooc ? 
L’acronyme désigne un Massive open online course. En clair, il s’agit d’un type ouvert de formation à distance capable d’accueillir un grand nombre de participants. Aujourd’hui ce type de formation fait florès, tant il est facile d’accès.
La fin de vie prendrait-elle un coup de jeune ? 
En tout cas l’initiative du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie donne un coup de vieux à l’information classique. «Notre Mooc a été conçu pour un large public, aussi bien des professionnels de santé, que vers les patients, les proches, les aidants, les bénévoles, les associations», nous explique Corentin Ringot, cheville ouvrière du projet. Le but ? «Il ne vise pas à former des spécialistes de la fin de vie. L’objectif est plus basique : transmettre des informations factuelles, décrivant de façon précise le contexte législatif, les ressources à disposition en matière d’accompagnement en fin de vie, en particulier les ressources en soins palliatifs, quelques données médicales simples permettant à chacun de se repérer face à un symptôme et de réagir de façon plus éclairée, et tout autre élément permettant de faciliter le dialogue avec un proche malade, un patient ou dans le cadre d’un débat citoyen.»
Mettre un peu de clarté là où il y a souvent de la confusion ou de l’idéologie : pour y parvenir, le contenu de ce Mooc s’articule autour de trois axes. Le premier informe sur «les droits et aides relatifs à la fin de vie en France», comme les directives anticipées, ou la personne de confiance. 
À quoi servent-elles, quel est leur rôle, qui a le dernier mot ? Le second axe vise à mieux faire comprendre les enjeux de la fin de vie en France et à l’internationale. Enfin, le troisième est «de donner des clefs pour dialoguer avec les autres sur ce sujet que l’on soit patient, proche, médecin ou autre soignant».
Dans son déroulement, ce Mooc reste sur une formule classique : il s’étend sur huit semaines, chaque séquence hebdomadaire étant centrée sur un thème lié à la fin de vie et discutée par des experts, avec cas pratiques, vidéos d’experts et de praticiens, et des témoignages venus du terrain. Et comme le veut le Mooc, «chaque séquence comporte des tests d’autoévaluation afin de valider les acquis sur les notions abordées».
Retour maintenant en Normandie, avec ce médecin accusé de tous les maux. Il a prescrit de l’Hypnovel, un sédatif anxiolytique, largement utilisé en fin de vie pour la prise en charge de la douleur, de l’anxiété, mais aussi dans le cadre de la sédation profonde et continue jusqu’au décès que permet désormais la loi. Le praticien a-t-il eu tort ? Il existe pour l’heure peu de molécules disponibles pour accompagner la fin de vie, et encore moins en ville, dans le cadre de l’exercice libéral. Ainsi l’Hypnovel doit être prescrit d’abord à l’hôpital. Résultat, chaque généraliste se débrouille pour en avoir, au cas où.
Ce Mooc explique cela en détail. Il ne va pas remplacer les ambiguïtés de la loi ou de son application. Mais il pourra expliquer et rassurer, aussi bien les professionnels que les usagers. 
Et ce n’est pas rien. Il compte d’ores et déjà plus de 3.000 inscrits.

Source : liberation.fr



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