"La Vie Hospitalière"

jeudi 12 décembre 2019

Renvoyée de la maternité à plusieurs reprises, elle accouche à son domicile


La jeune femme n’a pas eu le temps de se rendre à la maternité de Lisieux (Calvados), située à 40 km de chez elle, la plus proche depuis la fermeture de celle de Bernay (Eure).
À 29 ans, celle que nous appellerons Madame S est mère de quatre enfants. Dans la nuit du 30 novembre dernier, cette habitante de Brionne (Eure), enceinte de plusieurs mois, est sujette à de légers saignements. Puis, très vite, vient la sensation de l’arrivée imminente de son bébé.
Pas le temps de prendre la route pour la maternité la plus proche, située à 40 km de là, à Lisieux (Calvados). En effet, vingt petites minutes seulement vont s’écouler avant qu’elle ne donne naissance à une fille, dans son lit, avec l’aide de son époux. Ce sont les pompiers, arrivés juste après l’accouchement, qui couperont le cordon ombilical.
« Dès le 24 et 25 novembre, j’ai consulté à Lisieux parce que j’étais prise de contractions, mais on m’a à chaque fois renvoyée chez moi », raconte la jeune mère quelques jours plus tard. « Avec quarante minutes de route, ils auraient pu se dire : On va la garder. Pour mes précédentes grossesses, j’étais suivie à la maternité de Bernay. J’avais également eu des contractions et des accouchements bien avant terme et on m’avait prise en charge. »
45 minutes de route séparent Brionne de Lisieux, contre moitié moins pour rejoindre Bernay, ville qui a vu sa maternité fermer en mars dernier, sur décision de l’Agence régionale de santé (ARS), malgré la mobilisation d’un collectif d’habitants, de la mairie et d’élus locaux.
« À Bernay, nous avions un service de proximité »
« Avant la fermeture de notre maternité, les gens de la région de Brionne venaient très souvent accoucher à Bernay, réagit Édith Buffet, trésorière de l’association Liberté Égalité Proximité, et ancienne sage-femme de la maternité. On ne peut pas forcément prévoir la rapidité d’une naissance. Mais à Bernay nous avions un service de proximité, avec un flux moins important. On pouvait se permettre d’entourer les femmes et de les garder éventuellement pour une hospitalisation de courte durée. »
Selon l’association, une autre femme a accouché au service d’urgence de l’hôpital de Bernay au début du mois. « Mais si cela était arrivé la nuit, le personnel des urgences se serait trouvé en difficulté », s’indigne l’ancienne sage-femme.
Pour Madame S, l’accouchement s’est au final bien passé. « Mais en y repensant, je réalise que j’aurais pu faire une hémorragie ou avoir d’autres complications. J’aurais alors eu à faire 45 minutes de route pour rejoindre la maternité la plus proche. »
Contactée par Le Parisien, l’Agence régionale de santé Normandie n’a pas communiqué de réaction à ce témoignage.

Source : leparisien.fr

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