"La Vie Hospitalière"

jeudi 5 décembre 2019

Grève à l’hôpital de Marseille, entre ras-le-bol et solidarité


L’hôpital de la Timone fonctionne au ralenti en ce jour de grève, jeudi 5 décembre. Les salariés grévistes se sentent doublement mobilisés : contre la réforme des retraites et pour les moyens de l’hôpital public.
Pas de file d’attente de patients, pas d’embouteillages d’ambulances. Ce 5 décembre, journée de mobilisation interprofessionnelle, au Centre hospitalier de la Timone - plus grand hôpital de Marseille et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur -, l’ambiance est calme. « C‘est bon signe, sourit Sophie Psalti, psychologue hospitalière de 54 ans, juste avant d’aller manifester avec la CGT, cela veut dire que la participation est élevée. »
Aux Urgences, de nombreux personnels soignants et agents hospitaliers, arborent sur leur blouse un petit badge rouge qui dit leur statut de gréviste. C’est le cas de Sylviane Ros. Cette aide-soignante de 58 ans travaille depuis 16 ans au sein de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (APHM) et gagne 1 800 € mensuels.
Réquisitionnée, elle est en grève depuis le mois de juillet dans le cadre du mouvement national pour demander plus d’effectifs et de moyens pour les services d’urgences. Elle se dit « doublement » gréviste aujourd’hui : « Les angoisses sur les retraites s’ajoutent à nos revendications premières, explique cette femme seule, mère de deux grands enfants. Pour moi, la retraite c’est demain. Mais je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangée… »
« On ne doit rien à Macron, on a cotisé toute notre vie »
Dans la salle d’attente des Urgences, Richard Ambrosioni, retraité de 66 ans, patiente, un œil sur les chaînes d’info en continu qui couvrent le mouvement social. Il aurait volontiers manifesté, mais a dû conduire sa maman, âgée, à l’hôpital. « On fait de nous, les retraités, des privilégiés. Mais on ne doit rien à Macron, on a cotisé toute notre vie. C’est notre dû ! », lâche cet ancien métallo qui se dit « solidaire à 2000 % » avec les grévistes.
À quelques mètres de là dans le local de la CGT les troupes d’Yves Castino, le secrétaire de section, se préparent à aller manifester. On attrape les drapeaux ; on enfile les gilets rouges. Sophie Psalti, la psychologue, réclame un système des retraites solidaire : « Je ne veux pas que ceux qui ont le moins vivent, une fois âgés, avec encore moins. Or on voit de plus en plus de retraités sous le seuil de pauvreté. Ils ont travaillé toute leur vie et vont aux Restos du cœur pour manger. Ça n’est pas possible, ça ! »
À ses côtés, Yves Castino en est convaincu : « Cette réforme pénalise tous les salariés dans leur diversité. Les femmes et les hommes, les jeunes et les vieux, le public et le privé… »
Tout près de l’entrée générale de l’hôpital, où elle a accompagné un proche, Béatrice Lecointe fume une cigarette pour tuer le temps. Éducatrice spécialisée en foyer d’accueil d’urgence, elle regrette de ne pas avoir « assez d’information » cette réforme des retraites pour s’en faire une idée claire. « Je ne suis pas contre par principe, réfléchit la quadragénaire. Seulement j’aimerais savoir si elle sera viable, si cela permettra à plus de jeunes d’entrer dans la vie active. Sinon, à quoi cela va-t-il servir ? »
Article de Coralie Bonnefoy

Source : la-croix.com



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