"La Vie Hospitalière"

mardi 2 juillet 2019

Le personnel est prié de ne pas tomber malade à l'hôpital du Mont (creuse)


Deux infirmières pour 24 patients, 11.000 jours de congés maladie... Les chiffres fous d'un hôpital creusois
La direction de l'hôpital d'Aubusson (Creuse) a décidé de ne plus remplacer les agents qui bénéficient d'un arrêt de travail de moins de trois jours.
Pour combler son déficit, la direction de l'hôpital du Mont d'Aubusson (Creuse) annonce que les arrêts inférieurs à trois jours ne seront plus remplacés, raconte France Bleu Creuse, lundi 1er juillet. Les 340 agents de cet établissement, qui rassemble un centre hospitalier, une maison de retraite et une ancienne clinique, ont cumulé 11.000 jours de congés maladie en 2018. C'est deux fois plus qu'il y a quelques années.
Un déficit de 1,4 millions d'euros en 2018
Ces arrêts maladie expliqueraient en partie le fort déficit de l’hôpital, qui s’élève à 1,4 millions d'euros en 2018. Alors, pour rétablir les comptes, la direction de l'établissement et l'Agence régionale de santé ont pris la décision de ne plus remplacer les agents bénéficiant d'un arrêt de travail inférieur à trois jours.
Selon le conseil de surveillance, cette mesure permettrait d’éviter le recours à une trentaine de CDD dans l'année, soit une économie de 450.000 euros. Ce même conseil a refusé, lundi 1er juillet, de voter les comptes de l’établissement. Un avis purement consultatif qui n'empêche pas l'application du plan d'économies.
"On nous dit que le bon ratio serait d'avoir six soignants pour dix résidents, on en est bien loin !"   Elise Méanard (ergothérapeute) 
"Nous sommes dix infirmières sur le planning. Ils nous disent qu'il y aura des réductions de postes, et que l'on passera bientôt à six infirmières, ce qui veut dire des journées de 12 heures", assure Isabelle, infirmière au Mont d'Aubusson depuis 20 ans. "Nos aides-soignantes ne sont que deux pour 24 patients. Comptez le nombre de minutes qu'il reste pour faire une toilette. Oui, je suis en colère", fulmine-t-elle.
"Les résidents [de la maison de retraite] payent 1.900 euros par mois, pour même pas cinq minutes de discussion quotidienne avec le personnel", déplore également Elise Méanard, ergothérapeute à l'hôpital du Mont. Elle participait lundi 1er juillet, avec une partie du personnel et les syndicats, à un pique-nique devant l’établissement pour interpeller les habitants. 
"Si on travaille avec un personnel qui est en sous-effectif, épuisé, rappelé sur ses congés, il n'y aura pas de prise en charge de qualité. C'est ça que je veux défendre : un service public de qualité et de proximité", ajoute la spécialiste.

Source : France Bleu Creuse


Une  ergothérapeute travaillant à l'hôpital du Mont a dénoncé :

" On nous dit que le bon ratio serait d'avoir 6 soignants pour 10 résidents, on en est bien loin ! Si on travaille avec un personnel qui est en sous-effectif , épuisé, rappelé sur ses congés, il n'y aura pas de prise en charge de qualité.  On est en milieu rural , on accueille des gens qui ont 800 à 900 euros de retraite et qui payent 1.900 euros par mois pour avoir même pas 5 minutes de conversation, hors soins techniques, avec le personnel." 

Pour "La Vie Hospitalière" effectivement ce cas est hélas pas unique loin de là et au niveau ratio (personnels administratifs et techniques compris), il n'est absolument pas respecté dans la plupart des cas, il est commun surtout la nuit d'avoir dans certains établissements 1 agent pour 80 pensionnaires, ceci s'est vu  en Seine-et-Marne dans un EPHAD  de la Fondation des caisses d'épargne, et cet agent n'était même pas qualifié...) (1), mais ce n'est pas, loin de là un cas d'exception de plus en plus les effectifs sont réduits (les arrêts de travail augmentent les difficultés, il est vrai, mais ils sont pour la plupart liés aux conditions de travail épuisantes) on tourne en rond sans régler les causes réelles et ceci par souci de rentabilité principalement et tout particulièrement pour les EPHAD privés. 
Les EPHAD sont il est vrai la "poule aux oeufs d'or" de certaines sociétés privées, il n'y a qu'à consulter les bilans annuels des AG pour en avoir la preuve, les actionnaires sont bien loin de se plaindre eux... c'est une honte que cette marchandisation de la Santé, où la personne âgée, la personne dépendante sont de simples numéros pour faire en fait que du chiffre !...
Rappelons que le ratio de personnel obligatoire en EPHAD est bien de 0.6 par pensionnaire (au minimum), et que pour le personnel de nuit il y a aussi une obligation de deux diplômés pour assurer la prise en charge des soins (le nombre de résident n'est pas pris en compte, à notre connaissance, c'est en fait là aussi le minimum pour assurer une certaine sécurité la nuit). rappelons tout autant qu'Il est important de consigner  tout évenement alourdissant la charge de travail du personnel soignant, exemple trouble du comportement du résident, ceci permet notamment au médecin coordonnateur d'ajuster le GIR et de faire une évaluation en soin individuel et global des pensionnaires à travers la coupe PATHOS qui détermine les budgets accordés et donc d'argumenter auprés du directeur le renforcement de l'équipe soignante.


1) C'est dans cet établissement qu'il a été recrutées aussi des personnes ayant aucune qualification, aucune formation ! ... Le résultat ne s'est pas fait attendre il y a eu des cas graves de maltraitance (où  une patiente atteinte de la maladie d'alzeitmer s'est trouvée mal suite aux mauvais traitements)  et de là une action en justice a été engagée avec à la clef des peines de prison ferme et des interdictions de travailler dans un établissement de santé ou social pour ces personnels non qualifiés.


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