"La Vie Hospitalière"

jeudi 11 juillet 2019

DMP : la Fédération des Médecins de France réclame au moins 46 euros pour alimenter le volet de synthèse médicale


« Quelle valeur pour le volet de synthèse médicale ? ». Difficile de savoir combien de médecins se posent la question, mais la FMF a tranché : il faudrait au moins le tarif d'une consultation complexe (46 euros), voire très complexe (60 euros) pour la première alimentation du DMP. « Ce ne serait que justice, et le seul vrai moyen de faire enfin décoller l’Arlésienne du DMP », tacle la FMF. 
Le syndicat a été échaudé par une récente publication de l'assurance-maladie indiquant que ce volet médical de synthèse pouvait être généré « en un clic » à partir du logiciel métier. « Alors non, le VSM ne se génère pas d’un clic dans le logiciel métier. Un logiciel ne peut ressortir que ce qui a été patiemment entré, de façon réfléchie et structurée afin de pouvoir facilement le retrouver. Et les logiciels qui proposent cette fonction se comptent (au mieux) sur les doigts d'une main », répond le syndicat dans une publication sur son site.
« Chaque médecin a sa manière de collecter, retranscrire et ranger l’information, ce qui rend le développement de l’outil éminemment complexe, explique le Dr Richard Talbot, membre de la FMF qui s'est penché sur le sujet. Les médecins peuvent aussi programmer eux-mêmes une telle fonction dans leur logiciel, mais cela prend beaucoup de temps en amont, or les médecins n'en ont pas beaucoup, c'est d'ailleurs pour cela que l'assurance-maladie a mis en place les assistants médicaux… »
Pourtant, le volet de synthèse médicale est « la pierre angulaire du DMP et son intérêt médical et sa valeur ajoutée médicale sont évidents, estime le Dr Talbot, mais encore faudrait-il le rémunérer correctement ». Pour l'assurance-maladie, cette rémunération se fait via le forfait patientèle médecin traitant (FPMT), mis en place le 1er janvier 2018 pour remplacer plusieurs forfaits versés au médecin traitant (MPA, FMT, RMT) et le paiement de la synthèse médicale, à l'origine dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP).
Or, cela est bien insuffisant par rapport au temps passé sur le dossier, fait valoir le syndicat. « Le FPMT recouvre d’autres missions que l’établissement du volet de synthèse, et sa valeur est insuffisante, cela correspond à quatre minutes de temps "médecin" par an ! »
 Pièce maîtresse
Un autre médecin de la structure a par ailleurs calculé (en extrapolant à partir de quelques patients) que le temps nécessaire à l’alimentation du DMP de ses 1.450 patients serait de deux mois et demi, à raison de 52 heures par semaine…
« La CNAM écrit elle-même que le VSM est la pièce maîtresse du DMP, mais voudrait que les médecins fassent ce travail bénévolement ? Ce n’est évidemment pas acceptable », conclut la FMF.
De son côté, l’URPS médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes estime que le temps passé à alimenter le VSM équivaut à une visite longue. « Nous avons mené ce travail il y a plusieurs années déjà avec les assistants techniques en informatique médicale», explique le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, ancien généraliste lyonnais élu de l'URPS et expert de la cellule juridique de la FMF. «En rapportant le temps passé par dossier, nous avons évalué que la rémunération nécessaire était de 70 euros [pour la première alimentation, NDLR] soit le coût d'une visite longue actuelle. »
Depuis la relance du DMP en novembre 2018, plus de 5 millions de dossiers sont ouverts et 6,5 millions de documents y ont été déposés. 14 % d'entre eux ont été alimentés par des professionnels de santé libéraux.
Article de Marie Foult


Tour de passe-passe : @ameli_actu reconnaît la valeur médicale du VMS, le rend obligatoire ainsi que son intégration dans le DMP, mais ne le rémunère pas à sa juste valeur https://t.co/Vl8ormaPjL
— Richard Talbot (@RichardTalbot9) July 7, 2019



Aucun commentaire: