Cet article fait suite à la brève histoire du remdésivir (GS-5734) : une molécule d'intérêt thérapeutique très discutable sur le COVID-19. Cette molécule est fabriquée par la société Gilead, sur laquelle nous avons questionné le rôle joué dans le #LancetGate (cette revue de référence qui a publié une étude frauduleuse avant qu'elle ne soit retirée par ses auteurs) et les CoronaPapers
Le coût de développements de la molécule Remdesivir est très élevé sans qu'aucun bénéfice patient ne soit démontré. "Une lueur d'espoir" nous disait le professeur Mehra avant que son étude ne soit rétractée.
Lobbying ou l'arrosage tout azimut de Gilead
La grande technique de Gilead pour faire avancer le remdésivir qui ne l'oublions pas s'était avéré un échec dans le traitement d'Ebola a été avec le SARS-CoV2 de bétonner, dès le développement de l'épidémie en Chine, la mise en œuvre de l'approbation du remdésivir comme traitement de la maladie aux USA et en Europe. Ce qui, soit dit en passant, prouve bien que dans les milieux informés on était sûr que l'épidémie chinoise allait se transformer en pandémie mondiale frappant l'Occident avec l'argent fou qu'un traitement pouvait rapporter. Pour cela il fallait tout d'abord que le remdésivir soit testé par des grands hôpitaux de recherche, dans le cadre de soins compassionnels, chez des cas désespérés en réanimation. L'article paru dans le NEJM qui relate cette phase de développement d'un médicament (habituellement appelée phase 0/1) fait état d'une cohorte de 53 patients qui aurait reçu le remdésivir sur un mode compassionnel, répartie dans le monde : United States (22 patients), Japan (9), Italy (12), Austria (1), France (4), Germany (2), Netherlands (1), Spain (1), and Canada (1). Pas moins de 57 chercheurs investigateurs ont fait une requête formelle auprès de Gilead pour avoir le remdésivir (« Gilead Sciences began accepting requests from clinicians for compassionate use of remdesivir on January 25, 2020. ») !
Il serait intéressant de connaître l'aspect financier des contrats d'utilisation du remdésivir sur le mode compassionnel. Un bel exemple en tout cas de monde à l'envers et de la 'quenelle' faite à tous ceux qui ont la prétention de croire que ce sont les Big Pharma qui sont au service des chercheurs hospitaliers.
Genèse d'un article de promotion du remdésivir dans le Lancet
Nous montrons dans cette partie comment un essai conduit en dehors de l'Europe et ne démontrant aucune activité thérapeutique statistiquement significative du remdésivir a pu être publié dans le Lancet, parangon de la publication scientifique médicale européenne.
Le sponsor de cette étude chinoise, dont le protocole d'essai déposé sous l'identifiant NCT04257656 sur le site internet officiel d'enregistrement des essais cliniques US, ClinicalTrials.gov, est la Capital Medical University de Pékin.
Une première version du protocole de l'essai NCT03257565 dont les résultats ont été publiés dans le Lancet a été déposée sur le site officiel américain ClinicalTrials.gov, le 6 février 2020. Il apparaît que le premier investigateur (PI) était alors le Pr Yeming Wang, chef du Department of Pulmonary and Critical Care Medicine du China-Japan Friendship Hospital de Pékin. Notons que le premier investigateur est la personne la plus élevée dans la hiérarchie de responsabilité d'un essai clinique. Il arrive parfois que cette responsabilité soit partagée entre 2 co-investigateurs principaux.
Le changement en cours de route de cette personne est souvent considéré (mis à part décès ou retraite) comme le signe d'un problème important sous-jacent à la conduite de l'essai.
Normalement, la liste des autres investigateurs est constituée de médecins investigateurs, chercheurs opérant dans les hôpitaux où sont traités les patients pris en charge. Il est très étrange que la liste des investigateurs de cette étude inclut trois personnes dont les affiliations ne sont pas des hôpitaux de Wuhan mais sont situés aux USA et en Europe avec : le Pr Thomas Jaki de l'université de Lancaster, le Pr Frederick Hayden de l'University of Virginia School of Medicine et le Pr Peter Horby de l'University of Oxford !
En fait, la présence de chacune de ces 3 personnes a joué un rôle clé dans la mise au point de l'essai phase 3 du remdésivir et sa publication dans le très prestigieux Lancet. Tout d'abord, en ce qui concerne le statisticien Thomas Jaki, on peut de demander pourquoi, connaissant la susceptibilité de la Chine en matière de souveraineté, le plan statistique de l'étude a été réalisé par un chercheur non-affilié à un institut de recherche chinois alors qu'il s'agissait d'un essai qui concernait donc des patients chinois en tout premier lieu.
C'est difficile à comprendre à moins de considérer qu'il s'agissait là d'un essai dont les résultats devaient être exploitables avec une grande crédibilité, ou plutôt crédulité, en Europe et aux USA où la pandémie avait toutes les chances de se développer.
Nous rappelons à ce titre que la politique des frontières ouvertes de l'OMS a été un facteur contribuant à ce que la COVID-19 se répande de façon incontrôlable, en tout cas très rapidement, à travers le monde. Pour cela un plan statistique en bonne et due forme, conçu par un expert occidental, pouvait conférer à l'essai une dimension internationale. Ne doutons pas que les universitaires chinois auraient été parfaitement compétents pour établir un plan statistique fiable.
La deuxième personne clé de l'étude, nous pourrions presque appeler « la mule », est le Pr Frederick Hayden pour la simple raison qu'il est affilié à un hôpital de recherche aux USA et qu'à ce titre l'essai pouvait recevoir un numéro d'enregistrement officiel sur ClinicalTrial.gov (NCT04257656) après revue et acceptation des autorités de santé américaines. Il aurait été impossible d'obtenir ce sésame de crédibilité sans un institut impliqué sur un territoire des USA. Une telle identification permet en principe de garantir que le protocole de l'essai est établi selon des critères conformes aux meilleurs pratiques cliniques internationales, mais surtout de le faire percevoir de façon occidentalisée. Il faut savoir, d'autre part, que la politique hyper-rigoureuse d'éthique du Lancet requiert obligatoirement, pour publier les résultats d'un essai clinique, un numéro d'enregistrement NCT nord-américain ou EUDRACT européen.
Enfin, la troisième personne clef est le Pr Peter Horby, directeur du Centre for Tropical Medicine and Global Health à Oxford University. Cette personne a le rôle le plus trouble, car de façon mystérieuse le Pr Horby est passé d'investigateur simple à investigateur principal, devant le Pr Yeming Wang, dans la version modifiée du protocole déposée sur ClinicalTrials.gov le 15 avril 2020 ! Bien que tout indique qu'il a joué un rôle nous ne pouvons l'établir avec certitude tant l'intrication de Big Pharma, en l'occurrence Gilead, et le monde de la recherche médicale est profonde. Le réseau d'influence de Big Pharma forme une nébuleuse d'intérêts et prise de participations croisées avec des acteurs qui se connaissent de façon plus ou moins informelle et se cooptent en s'échangeant des services. Il est de moins en moins nécessaire à présent de subventionner directement un essai clinique pour obtenir le résultat escompté. L'essai NCT04257656 en est l'illustration parfaite.
Notons que le Pr Horby est un chercheur médical reconnu en Grande-Bretagne. Il s'était déjà fait connaître lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest qui avait sévi entre 2013 et 2016. Il était en charge de conduire un essai clinique afin d'identifier rapidement des molécules candidates pour devenir des traitements efficaces et de toxicité acceptable. Nous renvoyons le lecteur à un dossier complet sur le conflit d'intérêt sous-jacent dans les conclusions de l'essai britannique Recovery, sur le bras d'étude concernant l'hydroxychloroquine, où le Pr Horby a tenu également un rôle de principal investigateur. La position académique et les fonctions occupées par le Pr Horby, lui permettent sans doute d'avoir ce que l'on appelle vulgairement l'entre-gens et certainement l'oreille des éditeurs du Lancet.
Big Pharma, par l'intermédiaire de relais académiques bien rodés que nous avons commencé à mettre en évidence ici et dans un dossier précédent, peut donc organiser un essai clinique et le faire publier dans un journal de grande influence auprès des décideurs de santé publique comme le Lancet, malgré le fait que le produit de santé testé ne présente aucune activité thérapeutique significative ! Ce procédé est d'autant plus critiquable que l'on s'aperçoit que la variabilité physiologique entre l'Europe et l'Asie empêchent de tirer des conclusions médicales d'un continent à l'autre ; problème d'ailleurs bien connu depuis longtemps.
Guerre intestine entre les USA et la Chine
Quand le torchon brûle entre deux nations rivales rien ne va plus et les amis d’antan deviennent les ennemis du présent : la fuite organisée par l'OMS des résultats anticipés négatifs de l'essai chinois sur le remdésivir de Gilead intervient le 23 avril, soit juste 1 semaine après l'annonce faite (le 15 avril) par le président Trump de suspendre la contribution des USA à cet organisme !
Ce malencontreux double accident de parcours entre la Chine et les USA n'est pas le fruit du hasard et l'on peut même affirmer avec un brin d'ironie qu'il s'agit là d'une longue tradition de communication entre les deux géants géopolitiques, frères ennemis. La technique est bien rodée : il s'agit de faire transiter sur un espace informatique d'accès publique (site internet ou espace non protégé de transfert de fichiers) des documents confidentiels à un jour j et une heure h donnés que seul le destinataire connaît. Et : « oups ! Zut, chef on a fait une erreur » ... Cette technique de communication non verbale a déjà acquis ses lettres de noblesse par le passé. Il y a 25 ans, un physicien chinois employé sur le site ultra secret de Los Alamos avait fait fuiter par erreur les plans du dernier-né des sous-marins nucléaires d'attaque américain.
Le physicien chinois avait fait l'objet d'un programme d'échange diplomatique, 2 ans après, pour qu'il puisse regagner sa patrie d'origine.
Tout cela pour dire que l'essai chinois était un essai auquel les Américains (Gilead) tenaient énormément comme pièce maîtresse de propagande dans leur campagne promotionnelle éclair du remdésivir durant l'épidémie. Les Chinois quant à eux n'en avaient cure, car ils avaient déjà compris qu'ils soigneraient leurs malades précocement et préventivement à coups d'antiviraux génériques comme l'hydroxychloroquine.
Malgré la déconfiture de cette annonce assassine sur le site de l'OMS le syndicat des amis universitaires de Big Pharma, que nous avons décrite dans la section précédente, a pu se mobiliser sans se démonter et a continué son plan de promotion académique du remdésivir.
Et on peut dire qu'ils ont largement réussi avec la publication d'un essai avec résultat négatif, dénoncé sur le site de l'OMS, dans le plus grand journal médical européen
Le Collectif Citoyen pour FranceSoir
Source : francesoir.fr
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