"La Vie Hospitalière"

mardi 19 mai 2020

Coronavirus à Melun : le loyer demandé par la clinique privée à l’hôpital public fait tousser les syndicats


Le directeur du groupe hospitalier sud Ile-de-France attend une facture d’environ 50.000 euros dans le cadre d’une convention signée avec le groupe Saint-Jean l’Ermitage qui lui a loué une aile d’hébergement de 36 lits durant la crise du Covid-19

« C’est scandaleux ! À l’heure où des entreprises, des collectivités et des particuliers ont fait des dons de masques, de surblouses, etc, à notre hôpital, la clinique facture un loyer à l’hôpital pour avoir prêté un espace de 36 lits. On nous parle de 20.000 euros par mois. Faire du business en ce moment, c’est inadmissible ! » Les adhérents du syndicat SUD Santé du Groupe hospitalier sud Ile-de-France (GHSIF) voient rouge.
En cause : la convention qui lie l’hôpital à la clinique Saint-Jean l’Ermitage qui jouxte ses murs au sein du Santépôle. Pour faire face à la grave crise sanitaire liée au coronavirus et à l’afflux de patients, le site privé qui a dû stopper ses activités chirurgicales programmées mi-mars a reconverti son bloc opératoire en unité de réanimation de quinze lits ; l’Agence régionale de santé (ARS) l’a dédommagé pour cela.

Mais la clinique a aussi mis à disposition de l’hôpital une aile d’hébergement de 36 lits de début avril au 14 mai. Le GHSIF y traitait des patients de médecine atteints du Covid-19 , mais aussi des patients de chirurgie pouvant être Covid-19 positifs ou négatifs (mais très souvent négatifs). La chirurgie était évidemment à distance de la partie médecine. Au final, ce geste s’est traduit par le paiement d’un loyer.

« Contrepartie équitable » 

« La convention prévoit un loyer de 20.000 euros TTC par mois pour 15 lits et 48.000 euros TTC par mois pour 36 lits. La location a pris fin car l’hôpital a retransféré le 14 mai les derniers malades présents au sein de la clinique », précise Dominique Peljak, le directeur du groupe hospitalier Sud Ile-de-France. Selon lui, « Les loyers qui seront facturés par la clinique s’élèvent à environ 50.000 euros . La facture n’est pas encore émise puisque la location vient de prendre fin. »

« C’est honteux ! », lance Fabienne Bezio, déléguée CGT au GHSIF. « D’autant plus que la clinique a touché 350.000 euros de l’ARS alors que ce sont les médecins et une partie du personnel de l’hôpital qui se sont occupée de cette aile !  Bon, le principal, c’est qu’on a soigné les patients ! »
Le Dr Philippe Cosson, dirigeant de la clinique Saint-Jean l’Ermitage, estime que le loyer demandé à l’hôpital est une « contrepartie équitable »
Directeur de la clinique Saint-Jean l’Ermitage, le Dr Cosson garde pour lui le montant de la transaction entre l’hôpital et son établissement. Mais il insiste : « Cet accord avec le GHSIF a été parfaitement consensuel, n’en déplaise aux syndicats de l’hôpital. Il correspond à une mise à disposition de nos propres locaux, sur lesquels nous payons nous même un crédit bail, justifiant une contrepartie équitable, d’autant que cette activité a évidemment généré du chiffre d’affaires pour le GHSIF. Notre activité s’est effondrée de 80% pendant la même période, avec des charges fixes... »

En fait, la chirurgie programmée représente 90 % de l’activité de la clinique qui réunit 70 praticiens et 210 salariés. Or, sur injonction de l’Etat dans le cadre de l’activation du niveau 2 du Plan blanc, les activités chirurgicales non urgentes ont été reportées partout en France dès le 12 mars...

Plus de 4 millions d’euros de surcoût liés au Covid-19 pour l’hôpital

« Les conditions de cet accord ont d’ailleurs dû plutôt satisfaire le GHSIF puisque son directeur m’a demandé tout récemment si nous pourrions de nouveau lui accorder cette mise à disposition en cas de besoin dans les mois qui viennent si rebond épidémique », conclut le Dr Cosson.

Et il poursuit : « Le GHSIF a perçu, en deux fois, près de 2,5 Millions d'euros d’aide pour les couvrir; d’abord 1,5 Million d'euro puis un peu moins d’1 Million d'euro. L’ARS nous a indiqué que tous les surcoûts Covid-19 seraient couverts. J’ai confiance dans la parole donnée par l’État. En fin de crise, j’imagine qu’il y aura d’autres délégations de crédits . »
Article de Sophie Bordier


Source : leparisien.fr
Pour plus d'informations 





Note de "La Vie Hospitalière"

Nous ne comprenons pas l'attitude des syndicats SUD et CGT du GHSIF, est-ce bien dans leurs attributions en plus d'intervenir sur une convention Public-Privée si cette dernière ne porte pas de préjudice par exemple aux conditions de travail, aux effectifs, aux moyens mis à disposition ? (etc) 
En calculant le prix de la location lit/J on approche de 23,15 euros...franchement on a du mal à comprendre.

Aucun commentaire: