"La Vie Hospitalière"

jeudi 15 août 2019

Une étude confirme l’absence de lien entre vaccins et sclérose en plaques


Cette controverse née dans les années 1990 a déjà été plusieurs fois démentie scientifiquement. Une nouvelle étude enfonce le clou.
En matière de santé, il est de vieilles rumeurs sur lesquelles il convient de revenir lorsque de nouvelles données émergent. Ce fut le cas en mars dernier, lorsqu’une vaste étude confirmait une bonne fois pour toutes que le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) ne déclenche pas l’autisme. Cette fois, il s’agit du lien entre sclérose en plaques et vaccination. Depuis les années 1990, l’origine de cette maladie auto-immune chronique qui touche le système nerveux central a régulièrement été attribuée au vaccin contre l’hépatite B. Dès lors, de nombreuses études ont exploré ce lien, sans jamais pouvoir le démontrer. Malgré cela, les craintes subsistent. Une nouvelle étude récemment publiée dans la revue Neurology vient définitivement asseoir ce constat rassurant.
223.000 dossiers médicaux
En pratique, les scientifiques - essentiellement des statisticiens - ont passées au peigne fin des données extraites du système d’assurance maladie de Bavière (Allemagne) entre 2005 et 2017. 
Au total, 223.000 dossiers médicaux ont été analysés: 12.262 patients ont reçu un diagnostic de sclérose en plaques en 2010 ou après, les autres correspondant au groupe «contrôle» (en bonne santé ou atteint d’une maladie de Crohn ou de psoriasis). 
En parallèle, les chercheurs ont regardé quels étaient les vaccins reçus par chaque individu parmi une dizaine (dont l’hépatite B), ainsi que la date de leur administration.«Les résultats de notre étude ne montrent pas que la vaccination est un facteur de risque de développer une sclérose en plaques.»
Les auteurs de l’étude
Sans rentrer dans les détails, les conclusions de l’étude sont implacables: «Les résultats de notre étude ne montrent pas que la vaccination est un facteur de risque de développer une sclérose en plaques», affirment les chercheurs, affiliés à l’université technique de Munich.
Une conclusion qui rejoint celles de toutes les études solides menées sur la question, comme le rappelle le site gouvernemental Vaccination Info Service. «Les données constituées depuis plus de quinze ans permettent d’écarter avec une grande sûreté un lien entre vaccination contre le virus de l’hépatite B et la survenue d’une sclérose en plaques.»
Un effet protecteur?
Plus étonnant, les résultats suggèrent au contraire que la vaccination (en particulier contre la grippe) est associée à un risque plus faible d’être diagnostiqué d’une sclérose en plaques dans les cinq années qui suivent. Plusieurs hypothèses sont avancées. «Les infections étant associées à des rechutes de la maladie, la prévention des infections (par la vaccination, NDLR) pourrait donc diminuer les rechutes et le risque de sclérose en plaques», indiquent les chercheurs.
Autre possibilité: «La stimulation du système immunitaire avec les antigènes vaccinaux pourrait avoir un effet positif sur la réponse auto-immune qui accompagne l’apparition et la progression de la maladie», supposent encore les chercheurs. Mais ce potentiel «effet protecteur» doit, de leur propre aveu, encore être étudié.
Aux origines de la controverse
Durant les années 1990, des cas de sclérose en plaques survenus à la suite d’une vaccination contre l’hépatite B ont été signalés. En 1998, leur médiatisation a conduit les autorités sanitaires à suspendre la campagne de vaccination en milieu scolaire, malgré l’absence de preuves d’un tel lien. 
Ces cas sont survenus dans un contexte où le vaccin contre l’hépatite B était largement administré à la population (plus de 75 millions de doses fin 1997). «Un grand nombre de premières poussées de SEP ont ainsi pu, par hasard, survenir peu après une vaccination anti-VHB», explique Vaccination Info Service.
Article de Cécile Thibert
Source : sante.lefigaro.fr

Voir aussi : «En France, 100.000 personnes sont atteintes de sclérose en plaque»

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