"La Vie Hospitalière"

samedi 25 janvier 2020

Coronavirus chinois : comment l'hôpital prend en charge les patients


Les trois patients venus de Chine hospitalisés en France sont placés dans des unités spécialisées. Une mise à l'isolement qui répond à un protocole bien précis.

Si, en Chine, l'épidémie de pneumonie virale qui a fait 41 morts "s'accélère", ainsi que l'a annoncé ce samedi 25 janvier le président chinois Xi Jingping, les autorités de santé en France se montrent prudentes, et rassurantes. Ainsi, les deux patients d'origine chinoise qui ont contracté le virus et qui sont pris en charge à l'hôpital Bichat "vont bien", a assuré d'emblée Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital parisien lors d'un point presse ce même jour.
Le monde médical français est serein, assure-t-il, car les hôpitaux sont prêts à faire face à un virus de la forme du coronavirus chinois. De nombreux hôpitaux disposent en effet de chambres spécifiquement dédiées aux maladies infectieuses, qui permettent un isolement du patient afin de le soigner et d'éviter la contagion. 
CHU de Bordeaux (Crédit photo UGO AMEZ/SIPA) 
Désignés comme Établissements de santé de référence (ESR), ils sont dotés d'un service de maladies infectieuses qui comprend des chambres d'isolement à pression négative. "Dans ces chambres, la pression de l'air à l'extérieur est plus forte qu'à l'intérieur. L'air ne peut donc pas sortir et le virus du patient ne peut pas se propager hors de la chambre", explique Pierre Parneix, médecin hygiéniste et de santé publique au CHU de Bordeaux. C'est un système qui intègre le "maximum" de protection contre un virus, précise-t-il.
Des patients en observation
"L'objectif est que la maladie ne s'installe pas sur le territoire", évoque le professeur Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale au sein de l'institut Pasteur. "Nous mettons donc en place un isolement soit à domicile, soit à l'hôpital. Et cela, au minimum jusqu'au diagnostic de certitude qui lèvera toute suspicion".
Cette mise à l'isolement fait partie d'une gamme de procédures permettant un parcours sécurisé de la personne prise en charge. "Quand on a un début d'épidémie, tout patient va être hospitalisé dans ces conditions" détaille Pierre Perneix. Avec un temps d'incubation de deux à 14 jours, le 2019-nCoV présente des symptômes similaires au virus de la grippe. "On connaît la structure du virus, les patients ont rapidement été diagnostiqués après des analyses de l'institut Pasteur, il s'agit désormais d'observer le patient", précise le médecin.
Les deux personnes prises en charge à l'hôpital Bichat sont un couple de trentenaires originaires de Chine. Au moment de leur arrivée en France le 18 janvier, seul l'un des deux patients présentait les symptômes de ce coronavirus, a précisé Yazdan Yazdanpanah. "Aujourd'hui on regarde comment ceux qui sont atteints évoluent. Tant qu'ils ont des syndromes respiratoires, il y a des risques", précise Pierre Parneix depuis Bordeaux. Il n'existe pas de traitement particulier contre ce virus, note-t-il, ajoutant que le traitement des patients ne peut se faire que de manière "symptomatique".
Concrètement, au sein du service, les médecins sont équipés de masques, de gants, et de blouses permettant de les protéger des projections de "gouttelettes" susceptibles de transmettre le virus. "Un dispositif de formation des professionnels de santé est établi depuis plusieurs années avec des formations théoriques et pratiques, mais aussi avec des exercices avec le samu" a précisé Gisèle Bendjelloul, cadre de santé hygiène à Bichat, lors d'un point presse ce samedi.
Une prise en charge en ambulatoire recommandée
L'institut Pasteur réitère ses recommandations concernant l'identification de la maladie : en cas de symptômes grippaux (toux et fièvre) au retour d'un voyage en Chine, les patients doivent immédiatement appeler le samu, au numéro 15. Une série de questions est ensuite posée par un médecin pour définir la gravité du cas et son éventuelle prise en charge par un hôpital.
"On ne connaît pas le taux de reproduction du virus pour le moment, donc tout sujet qui a été en contact avec une personne identifiée comme ayant le virus doit être suivi jusqu'à la fin des 14 jours d'incubation", précise encore Bruno Hoen. "Ces précautions passent également par une enquête auprès des personnes qui ont été en contact avec le patient, avec des appels réitérés et un suivi tant qu'ils ne sont pas à 14 jours du premier contact".
Face à cette situation, Yazdan Yazdanpanah reste rassurant : les symptômes sont "beaucoup moins graves que pour le SRAS. Toutefois, il faut que l'on installe une prise en charge en ambulatoire car nous allons rapidement avoir, c'est sûr, d'autres patients suspects". "La probabilité d'une épidémie en France et en Europe est très faible, parce qu'on est très bien préparé", juge-t-il encore.


Source : lexpress.fr



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