Alors que l’origine embryonnaire de certains tissus est encore mal connue, une équipe marseillaise vient pour la première fois de décrire les processus dynamiques qui sous-tendent la formation des ganglions lymphatiques
Ainsi, bien qu'on sache que la formation embryonnaire des ganglions lymphatiques repose sur des cellules dites "inductrices du tissu lymphoïde" (LTi), l’origine de ces dernières restait inconnue. Les travaux d'une équipe du Centre d'immunologie de Marseille, fondés sur l'utilisation de plusieurs techniques de pointe, changent aujourd'hui la donne : ils apportent des éléments déterminants pour la compréhension du développement de ces tissus et offrent des perspectives pour la recherche fondamentale comme pour la recherche clinique.
"Déterminer l’origine embryonnaire d’un tissu permet de mieux comprendre sa fonction", explique Serge van de Pavert*, qui a dirigé ce travail. Dans ce but, son équipe a mis en œuvre une technique d’imagerie puissante : la microscopie de fluorescence à feuillet de lumière.
"Elle donne des images tridimensionnelles de très haute résolution et nous a permis d’observer la migration des cellules au cours du temps. Nous avons ainsi pu analyser de grands tissus dans leur intégralité pour décrire en détail le processus de formation des ganglions lymphatiques et l'environnement dans lequel il se produit." Ce travail a été réalisé en collaboration avec une équipe allemande qui a mis au point un modèle de souris chez lesquelles un gène indispensable à la spécialisation progressive des cellules immunitaires est muté.
Des perspectives pour la médecine régénérative
Pour la première fois, il a été possible d’observer que les cellules à l’origine des ganglions lymphatiques dérivent de l’endothélium hématogène, un tissu spécifique de l’embryon. Ces cellules passent ensuite dans le foie du fœtus où elles prolifèrent. Elles migrent enfin dans l'organisme pour donner naissance aux ganglions. "Nous avons aussi observé que, chez l’adulte, les cellules qui composent ces derniers sont remplacées par des cellules dérivées de la moelle osseuse. La traduction de cette évolution sur le plan fonctionnel reste à élucider", explique le chercheur.
D'ici là, ces résultats offrent d'ores et déjà des perspectives intéressantes : "Notre travail montre que les cellules lymphoïdes proviennent d’une région embryonnaire très spécifique, à un moment très précis du développement, et non pas du sac vitellin, la poche de réserve nutritive annexe de l’embryon qui est connue pour être à l’origine d’autres progéniteurs hématopoïétiques importants", souligne Serge van de Pavert.
Or connaître l'origine exacte de ces cellules est crucial pour d’éventuelles approches thérapeutiques. Même si ces données ont été obtenues chez l’animal, on peut désormais les utiliser pour étudier des processus chez l’humain, et conduire au développement de nouvelles approches pour la médecine régénérative de maladies du sang et des organes hématopoïétiques.
Sur un plan plus fondamental, la méthodologie mise en place pour ce travail offre une approche nouvelle et performante pour l'analyse d'autres tissus dans lesquels les cellules immunitaires sont impliquées, comme les tumeurs.
"Cette approche permettrait non seulement d’y observer les différents types cellulaires en présence, mais aussi de connaître leur emplacement dans la tumeur. Leurs proximité et interaction avec d’autres types cellulaires pourraient ainsi être déterminées, et ouvrir des perspectives thérapeutiques."
Note :
* unité 1104 Inserm/CNRS/AMU, équipe xxxDéveloppement du système immunitairexxx, Centre d'immunologie de Marseille
http://www.ciml.univ-mrs.fr/fr/science/lab-serge-van-de-pavert/developpement-du-systeme-immunitaire
Source : M. Simic et coll. Distinct Waves from the Hemogenic Endothelium Give Rise to Layered Lymphoid Tissue Inducer Cell Ontogeny. Cell Rep, août 2020, DOI:
https://www.cell.com/cell-reports/fulltext/S2211-1247(20)30989-X
Source : inserm.fr
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