"La Vie Hospitalière"

dimanche 6 octobre 2019

Grève : après le « jeudi noir » aux urgences de Purpan, la direction du CHU riposte


Alors que les urgences du CHU de Purpan ont été paralysées par des arrêts maladies, jeudi 3 octobre 2019, la direction pointe du doigt « certains représentants syndicaux ».
À Toulouse, les urgences du CHU de Purpan ont été une nouvelle fois paralysées, jeudi 3 octobre 2019, en raison d’un mouvement de grève et d’arrêts maladie en cascade. Alors que le malaise social est profond depuis plusieurs mois, les professionnels de santé grévistes réclament davantage de moyens humains, soit au moins une quarantaine d’embauches de médecins et de paramédical, rien qu’aux urgences de Purpan. 
Des urgences paralysées par des arrêts maladie
« Notre équipe est à bout, épuisée, d’où les arrêts maladies qui s’enchaînent. La direction refuse de céder sur quoi que ce soit, et n’a pas trouvé d’autres moyens que de nous envoyer un huissier de justice pour faire constater notre mouvement de grève, durant la nuit », déplorait hier Pauline Salingue, représente de la CGT. Pour le syndicat, les urgences étaient fermées, jeudi, un terme démenti par la direction du CHU, qui conseillait néanmoins aux patients « de se tourner vers leur médecin traitant ou tout autre structure habilitée à recevoir des urgences ». 
En fin d’après-midi, jeudi, la direction du CHU a organisé la riposte. « Sur une vingtaine d’agents de ce service, nous avons eu entre 10 et 15 arrêts maladies. Les urgences n’étaient pas fermées mais en service très minimum », explique Vannessa Fage-Moreel, directrice des ressources humaines du CHU de Toulouse. La direction indique être confrontée depuis l’été, au sein de son service d’hématologie, et depuis une semaine au sein des urgences et du service d’orthopédie-traumatologie, à des « stratégies d’absentéisme coordonné » et à une forme de protestation « d’une violence inédite ». 
« Le fait que ça soit coordonné nous interpelle » 
Anne Ferrer, directrice générale adjointe du CHU, poursuit. « Les  arrêts ne remontent pas à cette nuit. La semaine passée on a affronté le même phénomène. On s’est organisés pour pouvoir ne pas fermer les urgences, assurer avec nos partenaires un accueil de qualité pour tous les patients qui se présentaient au CHU.  Les urgences de Toulouse n’ont pas été fermées. On peut avoir des patients réorientés lorsqu’ils appellent le 15. Le Samu peut les orienter vers des cliniques et des hôpitaux qui les accueillent dans de bonnes conditions. Nous accueillons aussi sur nos lits des patients en urgence qui relèvent de disciplines que le CHU est le seul à pouvoir offrir ».
Si la direction du CHU de Toulouse n’a pas donné de chiffres sur la grève du jeudi 3 octobre, elle assure que « la mobilisation sociale dans sa forme classique est restée faible. 165 professionnels se sont ainsi déclarés grévistes sur les 15.500 agents le 26 septembre 2019. Près de 120 de ces 165 grévistes l’ont été moins de 3 heures »
Anne Ferrer pointe du doigt les représentants syndicaux, accusés d’organiser ces arrêts maladies coordonnés : «Il faut refuser le modèle de l’arrêt maladie comme enjeu de négociations, qui est prôné par certains représentants syndicaux. Les gens qui sont en arrêt sont des gens qui sont en souffrance, et qui ont été arrêtés par leur médecin. Le fait que ça soit coordonné nous interpelle. Il est important de travailler avec les professionnels de santé pour qu’il n’y ait pas de digues qui cèdent. Il y a une digue symbolique qui cédera le jour où on considérera qu’on peut désorganiser, par des arrêts coordonnés la continuité du service public… »
« On entend le malaise au sein des urgences » 
Pour autant, et même si les tensions semblent s’accroître entre direction et grévistes, la direction du CHU assure que « le dialogue social n’est pas fermé » : « On entend le malaise de nos professionnels au sein des urgences. On y répond par un dialogue qui est nourri, qui est construit. On les encourage à participer à des groupes de travail dont les conclusions devront être rapides, car on cherche à réorganiser avec eux l’accueil des patients en situation d’urgence. Les flux de patients sont croissants dans nos urgences. On doit apporter une réponse pérenne. Aujourd’hui, le mouvement national qui touche les urgences appelle à des réponses locales, hôpital par hôpital », poursuit Anne Ferrer. 
La directrice générale explique encore : « L’hôpital accueille un nombre croissant de patients au sein de ses urgences depuis une dizaines d’années. Les urgences aujourd’hui sont un peu détournées de leur objectif initial avec des prises en charge légères là où antérieurement nous accueillions que des patients très lourds. Il faut prendre acte de ce phénomène de société et y répondre, assurer la transition jusqu’à ce que les nouveaux modes d’organisation puissent être mis en oeuvre et dans l’intervalle, répondre aux besoins de la population en les prenant en charge aux urgences. Nous cherchons par le biais du projet « Marche en avant » à la fois d’avoir des patients pris en charge pendant les périodes de pic mais aussi qui permettent à chaque soignant d’assurer un accueil personnalisé du patient. On a besoin de travailler encore sur ce projet qui sera mis en oeuvre à partir de novembre ». 
De  nouvelles actions prévues 
De leurs côtés, les syndicats prévoient une nouvelle mobilisation, la semaine prochaine. La grogne des professionnels de santé est d’ailleurs en train de gagner les établissements privés. Plusieurs cliniques ont prévues de se mettre en grève dans les prochains jours.
Le CHU de Rangueil pourrait également être concerné…  « Une grève touche aussi la clinique Ambroise Paré. La clinique Ducuing a prévu de faire grève lundi 7 octobre et Rangueil va également se mobiliser la semaine prochaine », expliquait Pauline Salingue, qui assurait encore : « Il est temps que la direction réagisse. Il y a actuellement une mise en danger de la population toulousaine ». 
Article de Gabriel Kenedi
Source : actu.fr

Pour "La Vie Hospitalière" il est quand même grave, voire inqualifiable, de s'attaquer aux syndicats et aux arrêts de travail des personnels ! 
Les personnels ne sont pas des bêtes de traits mais des êtres humains qui demandent un peu plus de considération  dans leur travail, et, surtout de respect lorsqu'ils sont obligés de s'arrêter pour le simple fait qu'ils n'en peuvent plus des conditions de travail devenues insupportables et qui, hélas, de plus en plus se pérennisent, pour ne pas écrire : se banalisent !...
Quand vont être pris en compte les besoins réels des services d'urgences en effectif notamment ? Quand ?...
La situation devient de plus en plus pénible, au sens propre et au figuré, et les directions feraient bien de quitter leurs fauteuils pour venir brancarder (par exemple), histoire de participer à la vie de chaque jour des services actifs comme ceux des urgences... toutes ces personnes s'apercevront, alors, très vite de la fatigue  qu'ont les personnels et peut être qu'ils s'arrêteront aussi au bout de quelque jours, épuisés physiquement et probablement moralement... à méditer.

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