"La Vie Hospitalière"

vendredi 6 septembre 2019

Suicide d’un cadre à l’hôpital de Flers : François Morel dénonce les propos de la direction


Le 22 août dernier, un cadre a mis fin à ses jours sur son lieu de travail à l’hôpital de Flers dans l’Orne, l’un des plus endettés de France. « Il y a une chose qui est certaine, c’est qu’il n’y a vraisemblablement pas de lien entre l’acte et le contexte actuel de l’hôpital », avait rapidement assuré David Trouchaud, le directeur de l’établissement cité par France 3 Normandie. Une déclaration qui a indigné l’humoriste François Morel, qui en a tiré une chronique acerbe ce vendredi 6 septembre au micro de France-Inter.

Le chroniqueur y dénonce la formulation du directeur David Trouchaud, qu’il estime syntaxiquement incohérente : « La phrase est curieuse parce que si une chose est certaine, ce n’est plus le moment d’évoquer sa vraisemblance. »
« Si je dis par exemple : “Il y a une chose qui est certaine c’est que je ne suis vraisemblablement pas un écureuil”, c’est que je ne suis pas tout à fait sûr de ne pas être un écureuil, ajoute-t-il, la mine grave. Sinon je dirais : “Il y a une chose qui est certaine c’est que je ne suis pas un écureuil” et le directeur de l’Hôpital de Flers aurait dit : “Il y a une chose qui est certaine, c’est qu’il n’y a pas de lien entre ce suicide et le contexte actuel de l’Hôpital.” »
« L’ombre d’un doute »
Pour le comédien, cette référence à la vraisemblance montre, contrairement à ce qu’a voulu dire le directeur, la présence d’un doute sur les causes de la mort de ce cadre hospitalier :
« Même chez un monsieur qui a pour ordre de suivre les directives de l’Agence Régionale de Santé, de faire des économies sur tout, en supprimant des lits dans les services, en ne remplaçant pas le personnel manquant, il existe quand même au fond de son esprit, qui pourrait s’apparenter à une conscience, l’ombre d’un doute qui l’empêche de dire que ce suicide (qu’il dénomme acte comme si en utilisant l’euphémisme on rendait la violence moins visible), que ce suicide n’a rien à voir avec la politique générale de santé en France. »
Avec cette chronique, François Morel entend mettre en lumière la situation précaire dans laquelle se trouvent de nombreux établissements hospitaliers. Il explique que plus tôt dans l’année, il avait reçu un courrier signé par un syndicat de l’hôpital de Flers évoquant les difficultés rencontrées par le personnel. Il en retient une phrase :
« Le climat social et les maltraitances s’aggravent dans notre hôpital, nous craignons beaucoup pour la santé physique et psychique de nos collègues. »
A cette phrase, François Morel, qui confie avoir lui-même fréquenté l’hôpital de Flers en tant que visiteur, propose d’ajouter : « Nous craignons beaucoup pour la santé physique et psychique de nos collègues… ainsi que de celle des patients, des malades qui ne peuvent pas bénéficier des soins auxquels ils ont droit quand leur prise en charge est détériorée, quand les conditions de travail se dégradent, quand le climat social est si délétère. »
« Les cadres sont les premiers touchés »
Comme l’explique François Morel, le cadre qui a mis fin à ses jours s’appelait Christophe, était marié et avait 4 enfants. « Il y a une chose qui est vraisemblablement certaine, c’est que sa famille mérite la compassion de tous et nos pensées les plus solidaires et nos sentiments les plus révoltés », conclut-il.
La famille du disparu a demandé à ce que son suicide soit reconnu comme un accident du travail, rapportait France 3 après le drame. Si le directeur de l’établissement, estime qu’il n’est pas lié à la situation de l’hôpital, il a convenu qu’il fallait « déterminer si l’acte de l’intéressé est lié à son travail ».

Source : nouvelobs.com

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