"La Vie Hospitalière"

jeudi 6 juin 2019

Urgences : La ministre promet des "propositions" aux grévistes...


La ministre de la Santé a prévu de se rendre au congrès des urgentistes, qui se tient jusqu’à demain à Paris. Elle a assuré qu’elle allait soumettre des mesures "de long terme", face au mouvement de grève qui prend de l’ampleur depuis de nombreuses semaines.
Grèves, réquisitions, arrêts maladie : la crise des urgences hospitalières dure depuis plus de deux mois et ne cesse de s'amplifier, avec une manifestation nationale prévue à Paris dans l' après-midi, après la venue d'Agnès Buzyn au congrès des urgentistes. 
"J'ai prévu de me rendre ce matin auprès d'eux et de leur parler", au Palais des congrès à Paris, a annoncé la ministre de la Santé sur Public Sénat  ce matin. "Je vais leur faire des propositions sur le long terme", a-t-elle assuré. "Les urgences sont en souffrance, et vraiment il faut l'entendre", a-t-elle concédé.
"Il y a des problèmes de moyens mais aussi un problème de démographie. Des internes urgentistes sont en train d’être formés et cela devrait soulager les urgences", a déclaré la ministre.
"Une concertation d'urgence" réclamée
Entamé mi-mars à Paris, le mouvement de grève dans les services d'urgences s'est étendu à plusieurs dizaines d'établissements - 80 d'après le collectif Inter-Urgences, "une cinquantaine" selon le gouvernement.
La pression monte un peu plus chaque jour sur la ministre de la Santé. Mercredi, l'Ordre des médecins a réclamé "une concertation d'urgence" pour prendre enfin les "décisions ministérielles qui ne sauraient être plus longtemps différées". Une prise de position qui fait suite à "des réquisitions préfectorales" qui ont "suscité de l'émotion", notamment à Lons-le-Saunier (Jura), où les gendarmes sont venus solliciter des soignants en pleine nuit la semaine dernière. Une mesure rendue nécessaire par "l'absentéisme soudain" de médecins "inscrits au planning et assignés" par la direction de l'hôpital, mais "s'étant déclarés en maladie", selon l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté.
Ce matin, la ministre de la Santé a pris ses distances avec un tel recours à la gendarmerie.
"Evidemment, ce n'est pas souhaitable, (...), c'est la première fois que j'entends une histoire pareille", a-t-elle indiqué, en rappelant qu'elle avait été "médecin hospitalier pendant 20 ans" et qu'il lui était "arrivé de faire grève".
Pour le collectif Inter- Urgences , l' urgence est telle qu'il a adressé une lettre à Agnès Buzyn , ministre de la Santé et que le 6 juin prochain, ils défileront à Paris entre Montparnasse et l'adresse de leur ministère de tutelle.
"Le malaise est profond"
En réalité, la surcharge est devenue la norme : le nombre de patients pris en charge aux urgences est passé de 10 millions en 1996 à 21 millions en 2016, un record sans doute dépassé depuis.
"On a doublé notre activité, mais on n'a pas doublé nos moyens", observe Tarak Mokni, responsable du Samu de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).
"On ne peut pas faire mieux avec moins", affirme Patrick Pelloux, emblématique président de l'Association des Médecins Urgentistes de France (AMUF), qui juge nécessaire "un débat au Parlement sur les urgences".
Sous le feu des critiques, l'exécutif peine à désamorcer la crise. "Nous entendons ce que nous disent les soignants", a assuré mercredi la secrétaire d'Etat Christelle Dubos à l'Assemblée nationale.

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