Manque de ressources humaines et matérielles, retard dans la formation, informations tronquées, insuffisances du gouvernement… Un personnel soignant testé positif au Covid-19 témoigne de la situation alarmante de l’hôpital public où elle travaille au micro de Sputnik
En première ligne depuis le début de l’épidémie, le personnel soignant se dévoue corps et âme pour sauver le maximum de malades. Pourtant, malgré ces efforts, près de 16.000 patients ont perdu la vie à ce jour en France. Pour en savoir plus sur le quotidien et les conditions de travail de ces soignants en première ligne, Sputnik a tendu le micro à une kinésithérapeute qui pratique dans une unité de soins longue durée, rattachée à un hôpital public de la région parisienne.
Ce témoignage est d’autant plus important qu’il est actuellement difficile pour les soignants travaillant dans le public de témoigner. Comme l’explique notre source, «nous avons deux collègues de région parisienne qui ont réalisé une vidéo dans laquelle elles mettaient en avant leurs conditions de travail, qui ont été réprimandées et menacées de licenciement pour avoir réalisé celle-ci.» C’est donc sous couvert d’anonymat que cette kinésithérapeute a décidé de partager son témoignage, qui n’est pas tendre à l’égard du gouvernement. Pour elle, les réponses concrètes qu’il a apportées n’ont pas été à la hauteur des enjeux:
«Ils nous ont fait croire qu’il y avait des stocks de masques, alors qu’il n’y en avait pas. Je suis consciente que c’est difficile à prévoir, mais il y a vraiment eu une absence de matériel. Pas que les masques, d’ailleurs… Nous avons eu des lunettes de protection il y a seulement quinze jours, on a manqué de surblouses, aussi. Au début, dans notre service, on nous a dit qu’il ne fallait pas mettre de masque, alors qu’on a énormément de personnes âgées. Je me suis d’ailleurs battue avec mon directeur de service pour avoir plus de masques.Et le gouvernement a quand même menti, car comme ils n’avaient pas de masques, ils ont fait croire à tout le monde que des masques chirurgicaux suffisaient, alors que nous savions très bien que ce n’était pas le cas. Face à un patient qui a le Covid-19, un masque chirurgical ne protège pas du tout. Surtout que dans notre service, les patients n’ont pas de masques.»
Si des tests ont été réalisés pour les soignants et les malades, en ce qui concerne leur protection au quotidien, c’est une autre histoire, nous explique donc cette professionnelle de santé.
Personnel non formé, soignants et patients en danger
Et ce, malgré le fait que le Président et son gouvernement apportent à longueur de journée leur soutien moral aux soignants qui sont «au front», en «première ligne» dans cette «guerre sanitaire», mais ils ne mettent pas la même énergie à apporter des solutions pratiques à ces «soldats».
En effet, si cette kinésithérapeute a une formation médicale poussée, ce n’est pas le cas de tout le personnel non-soignant de l’hôpital et encore moins des patients. Le manque de formation sur les gestes barrières dans un hôpital, qui sont différents des gestes barrières dans la vie de tous les jours, a coûté au début de l’épidémie.
«On n’a pas été formés, donc certaines personnes dans l’hôpital faisaient n’importe quoi, surtout les personnes dans l’hôpital qui n’ont pas de formation médicale. Seulement après deux mois d’épidémie, nous avons reçu un hygiéniste à l’hôpital. Avant la venue de cet hygiéniste, on essayait de les guider, mais on ne peut pas être partout. Donc même si une crise de ce type est difficile à gérer, il y a tout de même eu de gros manquements», souligne cette soignante.
Une situation pour le moins problématique qui a longtemps ralenti le bon fonctionnement du service et l’a mis en danger. De plus, le service de la soignante en question a été contaminé dans son entièreté, de nombreux soignants ont dû s’éloigner du service et sont restés confinés le temps qu’ils ne soient plus contagieux.
La santé du personnel mise à rude épreuve
Tous ces manques et retards ont lourdement pesé sur la santé du personnel et des malades de l’hôpital: «Pour ma part, depuis que j’ai été testée positive au coronavirus, je suis restée chez moi une quinzaine de jours et je vais revenir à l’hôpital après trois semaines. Pendant que j’ai été malade, j’ai eu une forte fièvre, mal à la poitrine et une toux persistante. J’ai aussi perdu le goût au bout d’une semaine», explique la soignante.
Alors que la population n’est toujours pas testée en masse, le personnel de l’hôpital a quand même été dépisté, une fois que le gouvernement a pris la mesure de la crise, relate la kinésithérapeute. Lorsqu’une personne contracte le virus, ou qu’il y a une suspicion de contamination, c’est-à-dire qu’elle présente des symptômes liés au Covid-19, l’ensemble des soignants du service en question sont testés. Notre témoin a vécu cette situation dans son service et des mesures ont été prises en conséquence.
«La consigne, c’est une semaine de confinement pour les personnels soignants qui travaillent aux urgences, car l’on a vraiment besoin d’eux. Dans notre service, ce n’est pas la même perspective, car on essaye de protéger au maximum les patients, donc quand on a le Covid-19, on reste chez soi plus longtemps», conclut la kinésithérapeute.
Source : sputniknews.com
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