"La Vie Hospitalière"

dimanche 27 septembre 2020

Covid-19 : Erreurs commises pendant la crise, les chiffres finiront par dire la vérité


ANALYSE : Peut-être vous sont-elles passées inaperçues, mais deux phrases du ministre de la Santé Olivier Véran lors de son audition devant les sénateurs le 24 septembre sont lourdes de sous-entendus.  A vrai dire ce sont de véritables aveux quant aux décisions passées de début 2020 et de la réalité et contradictions des autorités.

 « Nous n’avons jamais opéré selon les courbes, mais uniquement sous la pression sanitaire».

« Notre objectif a été et est toujours de traquer et d’éradiquer le virus Covid-19 »

Notons déjà l’aspect « contradiction » où depuis plusieurs semaines on nous parle matin et soir de la courbe des « cas » puis la courbe « des hospitalisations » puis de la courbe du « taux de positivité » pour dire devant le Sénat « on ne regarde pas les courbes mais la pression sanitaire »


Et comme « le ridicule ne tue pas » photo prise le 23 septembre


Notons également l’aveu naïf de sa seconde affirmation sur lequel il peut lui être répondu « et bien vu le nombre de cas positifs aujourd’hui on ne peut pas dire que la gestion de la première vague ait été une réussite »


Petit historique pour comprendre le côté ubuesque de la situation actuelle

La France compte entre 5.600 lits de réanimation. Or depuis longtemps ces lits sont « occupés à 85% à 90% sur des maladies « standard ou connues ». En temps normal, avait expliqué Edouard Philippe ce 19 avril, « les services de réanimation comptent 5.000 lits. Le taux d’occupation normal est de l’ordre de 85% à 90%. Cela veut dire que hors épidémie, à n’importe quel moment, il y a de l’ordre de 4.000 à 4.500 lits occupés ».

Le 20 avril, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, interrogé sur le sujet, avait répondu : « C’était une des grandes surprises du début de l’épidémie, on a vu disparaître, c’est peut-être un grand mot, ou en tout cas fortement se réduire, les autres pathologies. En particulier les pathologies chroniques, mais aussi les pathologies aiguës, comme les infarctus, les accidents vasculaires cérébraux, les embolies pulmonaires ».

Ce qu’évidemment les médecins hospitaliers confirmaient : « C’est vrai que, pendant quelques semaines, les services de réanimation n’ont quasiment plus admis de patients ne souffrant pas du Covid », confirme le Pr Annane Djillali, chef du service de réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, selon lequel au plus fort de la crise, «la baisse du nombre de patients non-Covid en réanimation a été de 80%». « Dans mon hôpital, le pavillon où se trouve mon service de réanimation a été entièrement transformé en pavillon Covid. Toute ma réa était "Covid+". On ne pouvait évidemment mélanger des patients touchés par l’épidémie avec des patients ne l’étant pas. La réanimation pédiatrique qui est située dans un autre pavillon a été transformée pour accueillir les adultes nécessitant les soins en réa et n’ayant pas de Covid-19. On avait jusqu’à 36 lits Covid+ en réa, et six lits pour les autres.»

Dès ce constat dressé tout est dit : la priorité donnée aux malades de l’épidémie, mais aussi la crainte des certains malades non-Covid d’entrer à l’hôpital, ont fait baisser significativement le nombre de lits de réanimation occupés par des patients souffrant de pathologies habituelles. Non sans conséquences, mettent en garde des médecins réanimateurs (Note 1).

À la moindre épidémie nécessitant environ 10% à 15% de la capacité de réanimation (soit 1.000 patients supplémentaires) la France est sous « pression sanitaire » pour ne pas dire en « urgence sanitaire »

Le problème, c’est que cela n’est pas nouveau !

Déjà en 2012, « il restait samedi des lits disponibles en réanimation, dix pour l'ensemble des hôpitaux, assurait-on, alors que Patrice Pelloux faisait lui état d'un seul lit vacant en réanimation. L'urgentiste reproche aux autorités « de n'avoir pas cette année encore anticipée l'épidémie », qui si elle est assez soutenue n'a rien d'exceptionnelle. « Les agences régionales de santé multiplient les demandes aux hôpitaux d'ouvrir des lits supplémentaires alors que ce sont elles qui ont imposé aux mêmes hôpitaux de réduire leurs capacités ces dernières années », souligne-t-il.

En 2018 : des malades entassés un peu partout. Aujourd'hui, la puissance de l'infection est telle qu'elle arrive à gripper tout le système de soins français : hôpitaux surchargés, services saturés, malades entassés n'importe où (et parfois pendant vingt-quatre heures) en attente d'un lit disponible, personnel soignant épuisé et au bord de la crise de nerfs, etc. »

En constatant : « depuis le début de l’épidémie, la part des hospitalisations après passage aux urgences pour grippe a été de 51 % pour les personnes de 65 ans et plus », souligne l'organisme. On pourrait écrire que c'est du jamais vu. Mais non.

Il ne s'agit que de la répétition d'un scénario éprouvé il y a quelques années, lors de la précédente crise sanitaire où - au cours de l’hiver 2015-2016 - l’épidémie avait conduit à une surmortalité de 18.300 personnes, dont 90 % chez les plus de 65 ans.

Aucune leçon n'a donc été tirée des événements passés ? »

Autrement dit, la France est en état chronique « d’urgence sanitaire en réanimation » et dès la plus petite épidémie c’est la saturation et les effets délétères associés. Ce que souligne le collectif Santé en danger présidé par le Dr Arnaud Chiche qui demande un Ségur 2 afin d’avoir des moyens supplémentaires ou un redéploiement des ressources à l’hôpital.

Quantitativement la Covid-19 n’est qu’un cas parmi d’autre et les raisons en sont connues  

Dès mars notre confrère Libé confirmait que l’on allait probablement manquer de lits en réanimation et que la situation était critique dans certaines régions. (Note 2). En fait, la gestion d’Olivier Véran en première vague 2020 et aujourd’hui part du même constat « à partir de 1.000 patients épidémiques non prévus », le système hospitalier est saturé.

Le Dr. Arnaud Chiche le confirme « On n’a rien appris depuis mars et la situation est même pire ».

Mais que se passe-t-il réellement ?

(Cet article excellent est un extrait, pour lire la suite)




Source : francesoir.fr

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Note de "La Vie Hospitalière"

Ci-dessous un graphique "plus subjectif"





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