« Est-il bien raisonnable, au moment où la mortalité du Covid-19 se stabilise à une dizaine de décès par jour [...] d’imposer les mêmes masques qu’on déconseillait de porter au moment où le virus faisait régulièrement plus de mille décès par jour ? », interroge Philippe de Laitre, jeune médecin généraliste
L’obligation du port du masque, imposée de façon de plus en plus répandue, doit pouvoir être interrogée par tous les Français, et en particulier par les médecins. En dehors des atteintes évidentes aux libertés individuelles, il est essentiel de réfléchir sur le bien-fondé de cette mesure et de ses conséquences néfastes du point de vue du soignant que je suis.
Est-il bien raisonnable que l’on instaure un climat de méfiance et que l’on enseigne aux enfants de respecter des consignes de distanciations sociales sans réfléchir aux conséquences psychologiques que cela engendre ? Est-il bien raisonnable d’empêcher une famille de rendre visite à la maternité à un nouveau né bien réel, pour des logiques de prudence concernant une deuxième vague hypothétique ?
Est-il bien raisonnable de s’habituer à ne plus apercevoir le visage de nos voisins, élément essentiel à toute relation sociale, et à supporter les inconvénients physiques du port prolongé du masque ?
Est-il bien raisonnable, au moment où la mortalité du Covid-19 se stabilise à une dizaine de décès par jour depuis plusieurs mois (mais est-ce vraiment plus que les autres causes d’infections respiratoires ?), d’imposer les mêmes masques qu’on déconseillait de porter au moment où le virus faisait régulièrement plus de mille décès par jour ? La sévérité des mesures semble inversement proportionnelle à la gravité de la maladie.
Je ne comprends pas les raisons qui justifient l’imposition par la force de ces mesures, et je ne pense pas être le seul. Il faut que la majorité silencieuse des médecins besogneux, ceux-là même qui n’ont pas la possibilité de le faire, puissent exprimer les doutes légitimes qui les tracassent. Si j’ai choisi de m’exprimer publiquement, c’est dans l’espoir que puisse exister un débat. Et pour cela encore faut-il que l’opinion sache qu’il existe des médecins qui s’interrogent de plus en plus sur l’intérêt de cette politique restrictive.
La France doit savoir que ce n’est pas une majorité de médecins qui a demandé l’instauration du masque obligatoire, mais que c’est une décision imposée par une technostructure et cautionnée par une poignée de médecins qui semblent plus à l’aise avec la politique et les médias qu’avec le soin au patient.
Si beaucoup de mes collègues anonymes ne s’expriment pas ainsi, c’est par peur d’être ostracisés, d’être traité de nazis (comme le sous-entend le terme « négationniste du virus »), d’être jugé et condamné par leurs pairs. Nombreux sont ceux qui taisent leurs doutes en se justifiant par une obéissance aveugle aux recommandations. Peut-être même certains ont-ils peur d’y penser, dérive ô combien totalitaire, explicable par la peur des représailles, et la difficulté à s’opposer à un discours médiatique porté par des journalistes et des hommes politiques incompétents dans le domaine.
Je m’insurge contre cette absence de débat et cette « terreur idéologique » qui empêche toute critique justifiée. Je suis persuadé de n’être pas le seul médecin à avoir été profondément troublé par ces mesures, et j’aimerais que tous puissent dire comme moi qu’ils se désolidarisent publiquement de la décision de rendre le port du masque obligatoire tant que cela ne leur semblera pas justifié.
Article de Philippe de Laitre
Pornic (Loire-Atlantique)
Source : lemonde.fr
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