La campagne de vaccination contre la grippe a démarré. Elle reste recommandée cette année pour diminuer le risque de co-infection avec une « seconde vague » de covid-19. En réalité, le vaccin anti-grippal fait figure de suspect : selon certains scientifiques, le cru vaccinal 2019 a pu provoquer la flambée épidémique mondiale. Pourquoi, comment ? C’est ce que nous allons explorer dans cet article
Et si la vaccination antigrippale avait provoqué l’épidémie de coronavirus ? Ted Kuntz, président de l’association Vaccine Choice Canada, a osé poser cette question brûlante dans une tribunei publiée sur le site américain Children Health Defense de Robert F. Kennedy, Jr. Cet article présente plusieurs études décrivant le phénomène peu connu de l’interférence virale. Elle désigne la capacité d’une immunisation vaccinale pour un virus donné d’affecter, en bien ou en mal, notre immunité face à d’autres virus.
« Un essai randomisé contrôlé contre placebo chez des enfants a montré que le vaccin antigrippal a multiplié par cinq le risque d’infections respiratoires aiguës causées par un groupe de virus non grippaux, y compris les coronavirus », s’inquiète Ted Kuntz. Il fait référence à l’étude de Benjamin Cowlingii (2012), qui a fait date dans le paysage scientifique, et qui trouve un éclairage particulier aujourd’hui, car elle montre (même s’il s’agit ici des enfants) qu’une immunisation contre la grippe par un vaccin peut accroître le risque d’attraper un coronavirus.
Cette étude n’est pas la seule. En 2018, la revue Vaccine a publié les travaux de Sharon Rikin, portant sur 1000 personnes, dont 68% d’enfants, et sur trois saisons. Elle démontre le même phénomène d’interférence virale avec des virus respiratoires non grippaux à la suite de la vaccination contre la grippe, mais seulement chez les moins de 18 ans. Financée par les Centers for Disease for Control and Prevention américains (CDC), la publication rapporte un risque multiplié par 4,8 chez les moins de quatre ans.
La revue Vaccine a également publié en janvier 2020 une étudeiii conduite par GG. Wolf sur le personnel militaire américain qui décrit un même phénomène chez les adultes. Les milliers de militaires américains qui ont reçu le vaccin contre la grippe ont présenté une sensibilité accrue aux coronavirus (+36%) et au métapneumovirus (+51 %). Bien d’autres études encore (Kelly et al. 2011, Mawson et al. 2017, Diering et al. 2014) témoignent de la recrudescence d’infections respiratoires aiguës non grippales après une vaccination de la grippe, principalement chez les enfants.iv
Une interférence controversée
Cette hypothèse que la vaccination contre la grippe puisse favoriser les infections à coronavirus ou à un autre virus respiratoire est battue en brèche par les partisans de la vaccination, qui fournissent eux aussi une série d’études, comme celle de Sundaram et al (2013) ou encore Skowronski et al. (2020).v La première est entachée de conflits d’intérêts avec le laboratoire MedImmune (aujourd’hui Astra Zeneca), la seconde est financé par le ministère de la santé canadien mais plusieurs auteurs ont des conflits d’intérêts avec divers laboratoires de renom.
En l’état actuel de la science, le phénomène de l’interférence virale du vaccin contre la grippe avec d’autres virus, comme les coronavirus, reste pour l’instant à l’état d’hypothèse. Les autorités sanitaires maintiennent donc leurs recommandations en faveur de la vaccination contre la grippe : être protégé contre la grippe et ses complications peut contribuer à réduire le fardeau sur hôpitaux et veiller à ce que des installations soient disponibles pour les patients.
Mais tout de même, ce phénomène d’interférence virale apparaît de plus en plus crédible, comme le souligne une étudevi anglaise de 2019, spécialement dédié aux interactions virus–virus réalisée au Centre de recherche sur les virus de l’université de Glasgow : « Notre étude fournit un soutien statistique solide pour l’existence d’interactions entre des groupes génétiquement larges de virus respiratoires à la fois à l’échelle de la population et de l’hôte individuel. Nos résultats impliquent que l’incidence des infections grippales est liée à l’incidence des infections virales non grippales ».
Les chercheurs remarquent, par exemple, que le rhinovirus s’efface chaque fois que survient le pic de la grippe saisonnière, puis réapparaît juste après. Ils documentent d’autres phénomènes d’interactions complexes, certains virus agissant simultanément, d’autres à l’opposé. Les coronavirus semblent ainsi agir de manière synchronisée avec l’adénovirus, le parainfluenza et le virus respiratoire syncytial. Cet article illustre surtout notre méconnaissance des multiples interactions virales, à l’échelle individuelle ou communautaire.
On se demander donc légitimement se demander si la protection grippale attribuée au vaccin ne pénalise pas l’immunité de groupe acquise naturellement à cause des interférences virus-virus. Un vaccin contre la grippe saisonnière généralisé pourrait bel et bien contribuer à perturber la réponse naturelle à un virus et laisser place à la circulation d’autres virus non grippaux.
Troublante étude brésilienne
Alors que la vaccination grippale s’apprête à redémarrer, une étude brésiliennevii (et Suisse) tombe à pic pour alimenter l’argumentation pro-vaccinale. Publiée en pré-print sur le site MedRxiv (donc pour l’instant sans révision par les pairs), elle soutient que les patients qui ont reçu le dernier vaccin antigrippal présentent en moyenne 8% de chances en moins de nécessiter un traitement de soins intensifs, 18% de chances en moins de nécessiter une assistance respiratoire invasive et 17% de chances en moins de décès (chez les 10-18 ans). A noter que les moins de 18 ans ne représentent que 2% de la cohorte et sont les moins vaccinés, à la différence des plus âgés, qui n’ont finalement, selon l’étude, que 3% de bénéfice en termes de mortalité.
Il s’agit d’une étude de type « Big Data » (une technique d’analyse très fustigée de célèbre Didier Raoult)viii. Elle porte sur 90.000 cas passés entre les mains des centres de santé brésiliens. La cohorte compte en moyenne 30% de vaccinés contre la grippe en 2020. Elle affiche surtout 47% de décès, dont 15% chez les moins de 10 ans, ce qui est énorme et ne reflète pas la situation dans la population générale. Enfin, 66% des cas avaient des co-morbidités. Bref, difficile de se fier à cette étude. Mais on peut toutefois noter qu’elle soutient le concept d’interférence virale, cette fois au profit de la vaccination.
Plus de mortalité dans les pays très vaccinés ?
Les chiffres de l’Union européenne de la vaccination contre la grippe et les décès dus aux coronavirus semblent contredire l’étude brésilienne. C’est ce que soulignent deux personnalités anglaises, Niall McCrae et David Kurten, dans une tribune publiée sur evidencenotfear.com.ix L’un est chercheur, l’autre homme politique. A l’aide des registres nationaux, ils ont comparé les taux de vaccination et les taux de mortalité du coronavirus.
« Malgré quelques cas contraires, il est intéressant de noter que les pays ayant les taux de mortalité les plus élevés sont la Belgique, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, la Suède, l’Irlande et les États-Unis, tous ayant vacciné au moins la moitié de leur population âgée contre la grippe. Le Danemark et l’Allemagne, avec une utilisation moindre du vaccin contre la grippe, ont une mortalité de Covid-19 considérablement plus faible. Bien sûr, la corrélation n’est pas la causalité, et le nombre disproportionné de décès de Covid-19 pourrait s’expliquer par d’autres facteurs. (…) Cependant, la cause de la mortalité due au Covid-19 est probablement multifactorielle et le vaccin contre la grippe doit être envisagé dans le cadre d’une enquête post mortem plus large sur cette pandémie ». Parmi les exceptions notoires, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, très vaccinées, qui affichent un taux de mortalité bien plus faible, mais qui se sont aussi distinguées par une prise en charge bien différente des patients.
Pour confirmer cette hypothèse, « il serait intéressant de savoir combien de décès attribués au COVID-19 sont survenus chez des personnes vaccinées avec le vaccin antigrippal ces dernières années », explique pour sa part Ted Kuntz, président de l’association Vaccine Choice. C’est en effet une question cruciale qui mériterait une étude rétrospective approfondie. Une idée pour Didier Raoult et sa cohorte de 4000 patients?
Deux autres études suspectent aussi le vaccin contre la grippe d’aggraver la mortalité covid
[Mise à jour, octobre 2020] En attendant, une autre étude, mexicaine, publiée sur le site Researchgate (voir l’étude), montre cette même corrélation chez les personnes âgées : plus elles ont été vaccinées contre la grippe, plus leur risque de décéder du covid-19 serait élevé. Epidémiologie n’est pas causalité, certes, et il s’agit d’une étude de type big data, complexe, avec beaucoup d’abréviations, et qui mériterait d’être décryptée plus profondément. Avis aux décodeurs scientifiques !
Une autre étude s’intéresse à cette hypothèse. Publiée en juin 2020 sur le site de pré-print papers.ssrn.com (donc non revue par les pairs), elle a été réalisée par l’Evidence-based medicine, public health and environmental toxicology consortium (EBMPHET). Le consortium a comparé le taux de couverture vaccinale parmi les personnes âgées (≥ 65 ans) et le risque d’infection par la Covid-19 et la gravité de la maladie, en Europe et aux États-Unis. Elle conclut que le vaccin peut aggraver la sévérité des symptômes.
La bataille scientifique commence à faire rage autour de cette question, avec également des études qui suggèrent au contraire un effet protecteur du vaccin. Par exemple, cette étude réalisée auprès du personnel d’un hôpital néerlandais. « Les auteurs ont constaté que l’infection par le SRAS-CoV-2 était moins fréquente chez les employés des hôpitaux néerlandais qui avaient été vaccinés contre la grippe pendant la saison hivernale 2019/2020. Ils soulignent pourtant une limite de cette étude, l’existence d’un facteur de confusion : les employés ayant développé le SRAS-CoV-2 avaient plus de contacts directs avec les patients« , commente le site Esanum, qui cite aussi deux autres études italiennes en ce sens.
Ma conclusion, il faut appliquer le principe de précaution d’Hippocrate, « D’abord ne pas nuire », et s’abstenir d’une telle roulette russe vaccinale ! C’est d’ailleurs ce que suggère l’Aimsib, association pour une médecine bienveillante, composée de plusieurs médecins, dans son article « Vaccin anti-grippal et facilitation de l’infection par les anticorps », sous la plume d’Emma Kahn, le 27 Septembre 2020.
Article de Pryska Ducoeurjoly
Source : pryskaducoeurjoly.com
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