La direction du Grand hôpital de l'est francilien qui gère les sites de Meaux, Jossigny et Coulommiers oblige les soignants à venir travailler, même malades
« Maintenant, en plus d’avoir peur d’attraper le Covid au travail, j’ai peur de l’avoir et d’être obligée de venir travailler, mettant en danger les gens qui m’entourent à l’hôpital ». Comme beaucoup de professionnels de santé de l’hôpital de Meaux, cette soignante est « consternée » par la dernière note de service publiée par le Ghef (Grand hopital de l’est francilien) et que nous nous sommes procurés.
Dans ce document, distribué au sein des quatre pôles du Ghef, les hôpitaux de Meaux, Jossigny, Coulommiers et l’hôpital gériatrique de Jouarre, il est stipulé que les soignants malades du Covid devront venir travailler malgré le virus.
Malade sauf si vous êtes non-remplaçable
Une note que les agents du Ghef ne sont pas les seuls à avoir reçu à l’occasion de cette deuxième vague du Covid. Plusieurs hôpitaux à travers la France ont également édité une information similaire pour pallier le manque de personnels.
Le 23 mai, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) rendait un avis indiquant qu’un professionnel de santé asymptomatique devait être absent de son poste de travail durant sept jours, « sauf si ce professionnel est jugé non-remplaçable ».
Actuellement, 150 patients Covid sont hospitalisés au Ghef, « nécessitant un renfort en personnel des services concernés. Plusieurs services sont fermés, notamment en chirurgie, pour pouvoir redéployer du personnel dans les unités accueillant des patients Covid » précise la direction du Ghef.
Un taux d’absentéisme croissant
Le Grand hôpital de l’est francilien doit faire face actuellement à « un taux d’absentéisme croissant » de la part du personnel soignant.
C’est un collège d’experts qui s’est réunit en début de semaine pour prendre cette décision, afin de « faire face à cette deuxième vague tout en mesurant le facteur bénéfice/risque pour les soignants et les patients ».
Les asymptomatiques et ceux supportant leurs symptômes doivent travailler
Et c’est bien ce « non-remplaçable » que le Ghef semble appliquer, puisque la note de service indique clairement que cette décision a été prise « compte-tenu de la pandémie et de la pression sur les effectifs disponibles« .
La note de service indique que les personnels soignants ayant le Covid ou en attente de résultat de leur PCR doivent venir travailler si :
si ils sont asymptomatiques
si ils sont paucisymptomatiques (avec peu de symptômes) tels que céphalées habituelles, troubles digestifs isolés (diarrhées, vomissements), courbatures d’effort.
Le Ghef assure qu’un suivi de ces personnels sera réalisé par le service de la santé au travail. C’est d’ailleurs le médecin responsable du service santé au travail qui « prononce en dernier lieu ou non l’éviction » indique le Ghef.
Et le Grand hôpital de l’est francilien de conclure :
Il est impératif que l'encadrement des services s'assure du respect des mesures barrières.
La direction du Ghef
La direction du Ghef précise qu’en cas de « nonéviction, l’agent concerné ne peut être placé auprès de certains types de patients (immunodéprimés notamment) » et que « l’éviction reste systématique s’il y a cumul des symptômes ».
« On fait comme on peut »
Une décision que le personnel hospitalier ne comprend pas alors que la deuxième vague s’annonce plus violente que la première, comme l’a indiqué récemment le ministre de la Santé, Olivier Véran. « Les soignants font comme ils peuvent. Mais si on est malade, on risque de transmettre le virus, même si on fait attention » soupire une soignante.
« J’aimerai bien connaître la réaction d’une mère qui vient d’accoucher et qui allaite, si elle savait que les personnels soignants qui s’occupent de son allaitement sont positifs au Covid… »
Pas d’unités Covid, mais des patients dans tous les services
Contrairement à la première vague, le Ghef n’a pas rouvert d’unités spécifiques pour les patients Covid. Cette fois, ils sont hospitalisés dans tous les services. En début de semaine, une soignante du pôle Femme-enfant nous explique s’être occupée d’une femme positive au Covid hospitalisée dans ce service pour des douleurs au ventre, « mais sans problème gynécologique, et qui n’était pas enceinte » soupire-t-elle. « Tout le monde est mélangé. Avant, des chambres étaient réservées dans l’aile ouest de la maternité, maintenant on a des patients Covid partout ».
Le Ghef assure qu’à « ce jour, aucun agent PCR+ entrant dans le cadre des critères de cette note n’a été autorisé à continuer son activité ».
Article d'Audrey Gruaz
Source : actu.fr
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