"La Vie Hospitalière"

jeudi 28 novembre 2019

Une sexagénaire meurt après 5 appels au Samu et plus d’une heure d’attente, sa famille porte plainte


Sa famille a porté plainte « pour que cela n’arrive pas à d’autres gens ». Une femme de 62 ans est décédée d’un infarctus le 14 septembre dernier, alors que sa famille avait téléphoné plusieurs fois au Samu et attendu plus d’une heure les secours, avant qu’elle soit enfin prise en charge. 
Une situation qui n’est pas sans rappeler l’affaire Naomi Musenga à Strasbourg, dans le Bas-Rhin, ou plus récemment celle d’un quinquagénaire de Dombasle-sur-Meurthe en Meurthe-et-Moselle.
Le drame s’est déroulé à La Chapelle-sous-Chaux, une commune du territoire de Belfort, rapporte France 3, qui révèle l’affaire. Ce jour-là, Anne-Sophie Forni Greffier rend visite à ses parents pour un repas familial. Sa mère, jeune retraitée, ne se sent pas bien : elle a mal au bras gauche, a des difficultés à respirer, et est particulièrement pâle. Inquiète, sa fille appelle le 15 à 15h22, comme en attestent les enregistrements des appels passés ce jour-là au Samu, qu’Anne-Sophie Forni Greffier a pu récupérer et que France 3 a consultés.
Elle décrit les symptômes de sa mère et précise que celle-ci souffre d’hypertension. L’opératrice transmet l’appel à une médecin régulatrice, qui est informée des symptômes. Anne-Sophie Forni Greffier lui précise que sa mère a également été prise de vomissements et répète plusieurs fois que sa mère souffre d’hypertension. La médecin, qui visiblement soupçonne une gastro, finit par lui annoncer qu’une ambulance va être envoyée :
« On va la voir puisqu’elle ne se sent pas bien. Vous savez, il y a beaucoup de gastros en ce moment. »
« Si elle décède ce sera de votre faute »
Dans les minutes qui suivent, l’état d’Edith Greffier se dégrade : à 15 heures 39, sa fille rappelle le 15 et demande si les secours sont encore loin. On lui indique que le véhicule est parti 5 minutes plus tôt et devrait bientôt arriver. À 15 heures 52, elle appelle une troisième fois. Sa mère ne respire plus. La famille commence un massage cardiaque tout en ayant un opérateur au téléphone. 
Ce dernier annonce qu’il envoie une équipe médicale du Samu, en plus de l’ambulance déjà en route. De son côté, l’entreprise de l’ambulance envoyée chez la famille a expliqué plusieurs semaines après les faits qu’ils n’avaient pas été prévenus qu’il pouvait y avoir une urgence vitale.
À 16 heures et  5 minutes, c’est le mari de la victime qui appelle cette fois le Samu. Il leur demande notamment pourquoi le Samu n’a pas été envoyé tout de suite. Sur l’enregistrement, on peut entendre l’opératrice téléphonique échanger avec la médecin régulatrice qui explique : « Parce qu’elle avait juste une gastro, hein… Alors, euh. Et le Smur va arriver. »
Le mari d’Edith Greffier prévient alors, selon les enregistrements consultés par France 3 :
« Depuis tout à l’heure qu’on nous mène en bateau. Dans 5 minutes il arrive… Moi je veux les bandes. Si elle décède ce sera de votre faute. »
Si l’ambulance est arrivée 40 minutes après le premier appel de la famille, le Samu arrivera encore 20 minutes plus tard. Pourtant, souligne Anne-Sophie Forni Greffier auprès du site de la chaîne, « les pompiers de Giromagny et Offemont sont à trois minutes du domicile de ma mère ». Edith Greffier est finalement déclarée décédée d’un infarctus au centre hospitalier de Trévenans près de Belfort, deux heures après le premier appel de sa fille.
« Terrible huis clos »
Anne-Sophie Forni Greffier a déposé plainte au commissariat de Belfort, le 16 septembre, pour non-assistance à personne en danger, estimant qu’une prise en charge plus rapide aurait pu permettre de sauver sa mère. Une plainte requalifiée par la police en homicide involontaire.
« On ne dit pas qu’une arrivée plus précoce du Samu aurait sauvé la vie de Mme Greffier, mais cela aurait évité à la famille d’être confrontée à ce terrible huis clos », explique à France 3 l’avocate de la famille, maître Camille Gaudineau.
« La préoccupation première de cette famille, c’est l’inquiétude sur l’évolution de services de secours qui fonctionnaient avant… Il y a une démarche d’altruisme de la part de la famille d’Edith Greffier. Pour que cela n’arrive pas à d’autres gens. On veut éviter que cela se reproduise. »
Et l’avocate de s’interroger notamment sur la centralisation des appels vers un unique centre d’appels du 15 pour toute la Franche-Comté, à Besançon, à 100 kilomètres du domicile de la famille :
« La difficulté, c’est que plus vous éloignez les appels, moins les interlocuteurs ont de contacts, de réflexes communs. »
Contacté par France 3, le CHRU de Besançon, dont dépend le centre 15, a assuré « qu’une analyse de la situation en interne est en cours ».

Source : nouvelobs.com

Note de "La Vie Hospitalière" : Ces faits ce sont passés le 14 septembre 2019...

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