"La Vie Hospitalière"

vendredi 1 novembre 2019

612 SDF sont décédés en France en 2018, ils avaient moins de 50 ans en moyenne


612 officiellement. Mais la liste pourrait être six fois plus longue, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.Le collectif des Morts de la rue publie ce mardi son triste rapport annuel sur la mortalité des personnes sans domicile fixe en France en 2018.
Ce recensement minutieux, élaboré grâce aux associations locales et à un travail de veille médiatique, ne peut prétendre à l’exhaustivité. Il permet toutefois de souligner encore une fois le profil particulièrement insaisissable, vulnérable et complexe de ceux qu’on appelle les « marginaux ».
13 mineurs décédés
Plus de 50 % de ces décès ont eu lieu sous nos yeux, sur la voie publique ou dans des abris de fortune. Et, pour 20 % d’entre eux, après plus de cinq ans à la rue.
Pour une écrasante majorité des hommes, ces SDF avaient en moyenne 48,7 ans au moment de leur disparition, quand l’espérance de vie moyenne en France s’élève à 82 ans. Autre fait notable : moins de la moitié des sans-abri est de nationalité française. 14 % sont européens, 20 % viennent d’un pays hors Union européenne et 25 sont d’origine inconnue. Au moins 13 mineurs, souvent des migrants, font d’ailleurs partie de ce décompte.
Si retracer les parcours de vie des SDF s’avère compliqué, comprendre les causes des décès l’est tout autant. Elles restent même inconnues pour près de la moitié des recensés. Le plus souvent emportés par des maladies, les SDF sont particulièrement exposés aux agressions et aux accidents mortels, respectivement responsables de 5 % et 11 % des décès. On recense en outre un taux de suicides de 5 %, contre 0,0001 % dans le reste de la population française.
Les femmes, encore « invisibles »
Dans un second volet, le collectif des Morts de la rue a décidé de s’intéresser aux femmes SDF sur une période plus étendue, de 2013 à 2018. « Souvent invisibles, elles font face à des difficultés particulières liées au genre, et subissent, durant leur vie à la rue, des violences multiples spécifiques », résument les auteurs.
280 femmes « SDF » sont décédées durant cette période, en moyenne à 45,6 ans. Un âge particulièrement bas en raison du nombre de mineures décédées : 24, dont la plupart sont des enfants de moins de 9 ans. Un tiers des disparues étaient mères d’un ou deux enfants.
Arrivées dans la rue principalement en raison d’une rupture familiale ou de violences conjugales, les femmes SDF sont pour un tiers d’origine française, et souffraient, dans la même proportion, d’une addiction.
« Cette discontinuité de l’accompagnement fragilise »
Ce nouveau rapport révèle, en creux, à quel point la prise en charge des sans domicile fixe n’évolue guère… et ce malgré l’engagement d’Emmanuel Macron, lors de ses vœux 2018 justement, d’apporter un toit à « toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans abri ».
L’urgence, selon le collectif, est de réformer le 115 - surchargé -, le système de l’hébergement à la nuitée et le principe de la trêve hivernale. « Cette discontinuité de l’accompagnement fragilise des personnes ayant déjà vécu nombre de ruptures (et) impacte leur santé mentale et physique », peut-on lire dans le rapport. L’association insiste également sur la nécessité de sensibiliser les services de police et de justice aux violences faites aux femmes : « Si elles sont mieux protégées, elles ne seront pas contraintes à fuir leur propre logement pour échapper aux violences qu’elles y subissent ». Le collectif des Morts de la rue appelle enfin à améliorer la documentation sur ce sujet miné par de nombreuses « zones d’ombre ». Mieux connaître les SDF, donc, pour mieux les accompagner dans l’égalité et la dignité.

Source : leparisien.fr

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