Le Projet de loi de financement présenté en Conseil des ministres sabre massivement dans les dépenses liées au Covid, et prévoit une hausse de 4,1% des crédits pour les établissements de santé
Débarrassée du Covid, la Sécurité sociale se porterait (presque) comme un charme. Voilà ce qui ressort du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, présenté ce mardi en conseil des ministres. Encore abyssal cette année (17,8 milliards d’euros), le trou de la Sécu devrait être ramené à 6,8 milliards d’euros en 2023. L’afflux attendu de cotisations sociales dopées par la baisse du chômage et de l’inflation salariale y est pour un peu. La chute des dépenses liées à la crise sanitaire pour beaucoup.
Selon les projections de l’exécutif, la facture Covid, qui s’élève cette année à 11 milliards d’euros, ne serait plus en 2023 que de 1 milliard (600 millions au titre de la vaccination et 400 millions pour financer les tests de dépistage). Une provision « qui risque de se révéler très insuffisante », alerte le Haut Conseil des finances publiques.
Visio-consultations
Du moins cette coupe-là est-elle indolore et surtout massive. Les autres économies programmées pour l’assurance maladie sont de fait moins substantielles : 1,1 milliard d’euros sur les médicaments, 250 millions sur les laboratoires d’analyse médicale (via la baisse des tarifs de remboursement), 150 millions sur l’imagerie médicale et 150 autres millions sur les complémentaires santé. Une mesure retient particulièrement l’attention : pour éviter que les patients enchaînent les visio-consultations jusqu’à trouver le médecin qui voudra bien leur délivrer un arrêt de travail, l’exécutif a décidé de dérembourser, à compter du 1er juin 2023, ceux qui ne sont pas accordés par le médecin traitant.
Parier sur la fin prochaine de l’épidémie permet à l’exécutif d’atteindre un double objectif : soigner l’affichage comptable et redonner de l’oxygène à un système de santé sous tension. De fait, en matière de dépense maladie, la rigueur n’est pas de mise. Le PLFSS prévoit ainsi une hausse substantielle de l’objectif national des dépenses maladie (Ondam) en 2023 (+3,7 % hors dépenses liées à la crise sanitaire). « Cet effort financier important traduit la poursuite de la priorité du gouvernement d’investir dans la modernisation du système de santé et le soutien aux professionnels qui le font vivre », précise le document budgétaire. C’est notamment vrai pour les établissements de santé, qui verront en 2023 leurs crédits progresser de 4,1 %. De quoi a priori leur permettre d’absorber la montée en charge des mesures actées par le Ségur de la santé, la hausse du point d’indice de la fonction publique et la hausse de leurs charges courantes liées à l’inflation.
Allongement des études
Le gouvernement n’en reste pas au coup de pouce financier. Pour aider le système de santé à surmonter les grands défis qui s’annoncent, il modifie les règles d’accession à l’emploi. Au nom de la lutte contre les déserts médicaux, le projet de loi prévoit d’allonger d’un an les études des internes en médecine générale, « année de consolidation qui aura vocation à se dérouler en zone médicale sous-dense », selon le ministre de la Santé, François Braun. En signe de protestation, l’Isni, le principal syndicat d’internes en médecine, a annoncé dans la foulée une grande mobilisation au mois d’octobre.
À cette première mesure s’en ajoute une seconde, destinée à endiguer la fuite des soignants de l’hôpital : le recours à l’intérim va être encadré plus strictement. Ainsi, il ne sera plus possible aux jeunes infirmières de basculer vers l’intérim, plus souple et plus rémunérateur, dès leur sortie d’école. Il leur faudra au préalable avoir exercé « dans un autre cadre », salarié ou libéral, pendant une durée minimale qui sera fixée ultérieurement par décret.
par Nathalie Raulin
Source : liberation.fr
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