L’Ukraine théâtre européen d’expériences biologiques américaines ? Les accusations russes ont été confirmées à Washington et pas par n’importe qui. C’est Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État américaine qui l’affirme devant une commission au Sénat
De quoi dérouter les partisans de la théorie du complot qui ont raillé les informations émanant de la Russie qualifiant les propos de cette dernière de «grossière manipulation». La Chine est montée au créneau pour exiger des explications à la partie américaine. Le gouvernement ukrainien est aux abonnés absents.
L’opération spéciale russe en Ukraine a eu le mérite de démasquer le rôle trouble de Kiev et le danger que fait encourir la stratégie de fuite en avant des pouvoirs inféodés aux néoconservateurs américains issus de la «révolution orange» de 2004 et de l’«Euro-Maïdan» de 2013. Il y a une dizaine de jours, des officiels russes ont déclaré que la Russie avait découvert 26 laboratoires biologiques affiliés aux États-Unis sur le territoire ukrainien et que même si les éléments pertinents avaient été détruits, des traces de peste, d’anthrax et d’autres pathogènes avaient été découvertes
Pourquoi avoir détruit les preuves si les laboratoires avaient une existence légale ? Il est plutôt question de détruire les preuves d’une coopération contre-nature et hautement criminelle. Les informations publiques montrent que des dizaines de laboratoires biologiques en Ukraine opéraient sous les ordres du Département de la défense des États-Unis, que les Etats-Unis ont investi plus de 200 millions de dollars dans les activités de ces laboratoires et que la recherche américaine visait à établir des mécanismes pour la propagation secrète de virus pathogènes meurtriers.
Pis, cette coopération américano-ukrainienne peut être fatale en termes de dangers pathogènes non seulement au niveau local (Ukraine et pays limitrophes) mais aussi international (risque de pandémies et de contamination de masse). Et cette coopération remonte au lendemain du succès de la révolution orange qui a porté au pouvoir à Kiev, un gouvernement américanophile.
Ainsi, dans le cadre d’un accord signé en 2005 entre les États-Unis et l’Ukraine, les représentants du Département américain de la Défense ont l’autorisation de participer à toute activité liée aux installations ukrainiennes et l’Ukraine a l’interdiction de divulguer les informations que les États-Unis estiment «sensibles».
Ce caractère inféodé de Kiev aux desideratas de Washington a poussé cette dernière à profiter de la volonté de découplage ukrainien par rapport à la Russie pour passer à la vitesse supérieure. D’après ce qui a été présenté par les Etats-Unis à la Réunion des États parties à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CIAB) en 2021, les États-Unis possèdent 26 laboratoires et autres installations coopératives en Ukraine.
Aussi, avec le soutien des États-Unis, le premier centre biologique d’Ukraine a été ouvert le 15 juin 2010 «dans le cadre de l’Institut de recherche Mechnikov Anti-Plague à Odessa en présence de l’ambassadeur américain John Teft. Le centre d’Odessa s’est vu attribuer un niveau permettant de travailler avec des souches utilisées dans le développement d’armes biologiques», selon plusieurs observateurs de la scène ukrainienne. Il ajoute : «Rien qu’en Ukraine en 2013, des bio-laboratoires ont été ouverts à Vinnytsia, Ternopil, Uzhhorod, Kiev, Dnepropetrovsk, Simferopol, Kherson, Lviv et Lugansk avec le soutien des États-Unis».
Devant l’ampleur qu’avaient prise les accusations «occidentales» contre la Russie, l’administration Biden n’avait d’autre issue que d’admettre l’existence de ses laboratoires en Ukraine. Questionnée au Sénat par une commission d’enquête, c’est Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État l’a admis. En réponse à une question du sénateur Marco Rubio : «L’Ukraine possède-t-elle des armes chimiques ou biologiques ?», Nulande a répondu : «L’Ukraine dispose d’installations de recherche biologique, dont, en fait, nous sommes maintenant très préoccupés par les troupes russes, les forces russes, qui pourraient chercher à prendre le contrôle. Nous travaillons donc avec les Ukrainiens sur la manière dont ils peuvent empêcher que l’un de ces matériaux de recherche ne tombe entre les mains des forces russes si elles s’approchent».
Le pavé dans la marre de Horowitz
Selon l’avocat américain Daniel Horowitz, un document du BioWeapons Prevention Project qui détaille le réseau de biolabs ukrainiens du projet de prévention des armes biologiques explique que ces derniers étudiaient Ebola et «les virus du groupe de pathogénicité II en utilisant des méthodes virologiques, moléculaires, sérologiques et express». De plus, le laboratoire a fourni «une formation spéciale aux spécialistes sur les questions de bio-sûreté et de biosécurité lors de la manipulation d’agents pathogènes biologiques dangereux».
Le même avocat polémiste c’est posé la question sur les véritable bénéficiaire de ces activités laborantines. Selon lui, Dilyana Gaytandzhieva, une journaliste bulgare, a identifié la société de biotechnologie américaine Metabiota Inc., qui est fortement soutenue par Google, dans un article extrêmement détaillé de 2019 comme le principal acteur des laboratoires ukrainiens.
C’est une entreprise qui suit la trajectoire des épidémies et vend une assurance contre la pandémie, mais semble également avoir la main sur les laboratoires réels qui, comme nous l’avons douloureusement appris ces deux dernières années, pourraient être à l’origine de certaines de ces épidémies.
Pour Horowitz, le fil est ténu entre les activités des laboratoires américains en Ukraine et la pandémie du covid-19.
D’ailleurs, il a titré son article bien documenté «Les biolabs ukrainiens sont-ils connectés à la recherche sur le gain de fonction du coronavirus ?».
Ceci nous amène à la Chine. Longtemps soupçonnée d’être à l’origine du SRAS-CoV-2, dans un laboratoire de la ville de Wuhan, le gouvernement chinois est revenu à la charge.
Lors d’une conférence de presse lundi dernier, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a critiqué les réponses «inconstantes et lacunaires» des États-Unis concernant leurs laboratoires biologiques en Ukraine. Pékin appelle Washington à faire la lumière complète sur ses activités bio-militaires à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.
«Nous ne pouvons pas s’empêcher de demander: les États-Unis ont-ils envoyé des équipes en Ukraine ou non? Quelle est exactement l’ampleur de leurs activités? Combien d’installations collaboratives y a-t-il en Ukraine? Quelles informations sensibles dans le domaine de la santé publique est-il interdit de divulguer? L’Ukraine sait-elle ce que font les États-Unis sur son territoire? ». S’est questionné Zhao Lijian.
«Si les informations communiquées par les États-Unis eux-mêmes sont inconstantes et lacunaires, comment la communauté internationale pourrait-elle croire que les États-Unis s’acquittent de leurs obligations liées à la CIAB?», a fait remarquer Zhao Lijian, en référence aux propos ambigus de Victoria Nuland.
Les États-Unis sont le seul pays qui s’oppose à l’établissement d’un mécanisme de vérification pour la CIAB. Dans le même temps, ils accusent depuis plusieurs décennies les autres pays de ne pas se conformer au traité, allant même jusqu’à les sanctionner voire à utiliser la force à leur encontre. «Lorsque les États-Unis sont mis en cause, ils échappent à l’inspection, ce qui est typique de leurs deux poids et deux mesures», a raillé le porte-parole des Affaires étrangères chinois.
Reste qu’au-delà de toute polémique, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a «fortement recommandé» au ministère de la Santé en Ukraine de détruire de façon sécurisée les «pathogènes à hauts risques» qui pourraient être abrités dans les laboratoires de santé publique du pays, afin de prévenir «toute fuite potentielle». Une complication fatale que le monde se passerait bien de connaître.
Par Mahmoud Benmostefa
Source : jeune-independant.net
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