Même les personnes vaccinées contre le Covid ne sont pas à l'abri de développer des symptômes prolongés de la maladie. C'est ce que montrent des chercheurs américains dans « Nature Medicine »
« Notre étude implique plus de 13 millions de personnes. Nous avons évalué tous les aspects du Covid long et examiné le risque à six mois, indique au « Quotidien » le Dr Ziyad Al-Aly, épidémiologiste et premier auteur. Il s'agit de l'analyse la plus vaste et la plus complète sur le risque de Covid long chez des personnes ayant été infectées après la vaccination. »
Un effet plus important sur les troubles de la coagulation
Les chercheurs se sont appuyés sur la base de données américaine des vétérans (US Department of Veterans Affairs national healthcare). Ils ont constitué une cohorte de 33 .940 anciens combattants ayant été infectés par le Covid après vaccination ainsi que plusieurs groupes « contrôles » d'individus sans signe connu d'infection, dont 2 .566 .369 vaccinés. Les patients ont été inclus du 1er janvier au 31 octobre 2021, avant la vague causée par le variant Omicron, à l'exception des 5 .785 .273 individus d'une cohorte dite historique, c'est-à-dire avec des données prépandémiques.
La vaccination réduit le risque de décès de 34 % et le risque de Covid long de 15 % - une réduction « modeste », selon le Dr Al-Aly. Néanmoins, la vaccination s'est révélée plus efficace sur certaines manifestations du Covid long : elle est associée à une réduction de 49 % des symptômes pulmonaires et de 56 % des troubles de la coagulation. À noter que, récemment, selon des chercheurs britanniques, la vaccination avec deux doses après avoir été testé positif pour le Sars-CoV-2 est associée à une baisse de 20 % de la probabilité de symptômes persistants du Covid. Leur étude est parue dans le « BMJ ».
Développer d'autres approches pour lutter contre le Covid long
L'étude montre aussi que, parmi les personnes infectées après vaccination, le risque de Covid long est 17 % plus élevé chez les patients immunodéprimés par rapport aux individus par ailleurs en bonne santé.
Et en comparant les données de la cohorte historique avec les données à long terme des personnes ayant développé une infection post-vaccination, les chercheurs ont constaté que ces dernières étaient associées à des risques accrus de décès et de pathologies telles que les maladies cardiaques et pulmonaires, les affections neurologiques et l'insuffisance rénale.
« L'ensemble de ces résultats montre que le fardeau en termes de décès et de maladies subi par les personnes atteintes d'infections Covid post-vaccination n'est pas anodin », souligne le Dr Al-Aly, ajoutant qu'il est essentiel de surveiller sa santé après une infection Covid.
S'il insiste sur l'importance de la vaccination pour réduire le risque de décès et d'hospitalisation, le Dr Al-Aly estime que « s'appuyer sur la vaccination comme seule ligne de défense n'est pas une stratégie optimale ». Il considère que « nous devons développer et déployer de toute urgence des niveaux de protection supplémentaires - peut-être des vaccins spécialement conçus pour réduire le risque de complications à long terme ou des médicaments qui pourraient atténuer le risque de Covid long ».
Par Charlène Catalifaud
Source : lequotidiendumedecin.fr
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