"La Vie Hospitalière"

mardi 9 avril 2019

Nés au Canada des jeunes enfants ne peuvent bénéficier du système de santé


L'Observatoire des tout-petits, dans un dossier publié via l'Internet, hier, dénonce le fait que des jeunes enfants, dont le statut d'immigrants des parents n'est pas régularisé, peuvent souffrir toute leur vie d'une mauvaise prise en charge médicale, lorsque les parents ne les font pas soigner en raison de frais exorbitants, est-il souligné dans le dossier.

L’Observatoire ne peut chiffrer le nombre d’enfants d’immigrants touchés par cette politique gouvernementale, mais il signale qu’en 2017-2018, une cinquantaine d’entre eux, sans carte soleil, se sont présentés à la clinique destinée aux migrants à statut précaire de Médecins du Monde. Parmi eux, 25 étaient nés au Québec.
Leurs parents ne vivent pas ici dans l’illégalité. Ils sont, pour la plupart, en attente d’une décision des autorités d’immigration. Ce ne sont pas non plus des demandeurs d’asile ou des réfugiés puisque, dans ces cas, c’est le fédéral qui paie les soins.
Certains parents sont venus au Canada avec un visa d’étudiant, par exemple, qu’ils ont voulu convertir en résidence permanente. Pendant les délais administratifs, plus longs que prévu, l’enfant naît.

Un simple accouchement, sans complication, peut coûter jusqu’à 1.000 $, indique l’Observatoire. Si le bébé doit séjourner en pouponnière, il en coûte 2475 $ par jour. Tous les autres frais médicaux sont majorés de 200 %.
Les parents y pensent donc à deux fois avant d’emmener leur enfant chez le médecin. Certains y renoncent, ce qui n’est pas sans conséquence, note l’Observatoire. « Un enfant qui n’a pas accès à des soins au moment opportun pourrait vivre avec des handicaps, des troubles du développement ou des maladies chroniques non dépistées, ce qui pourrait avoir des répercussions sur sa vie future, explique Fannie Dagenais », directrice de l’organisme.
Des cas légers devenus lourds
Le docteur Samir Shaheen-Hussain, pédiatre urgentiste qui travaille bénévolement à la clinique du Projet Migrants de Médecin du Monde, à Montréal, dit avoir vu plusieurs cas où un problème mineur a pris de l’ampleur à défaut d’être traité.
Un enfant avec des ongles incarnés, par exemple, n’a pas été soigné pendant des mois, car les parents ne pouvaient payer les frais médicaux. Lorsque la douleur est devenue trop grande, il a été amené à la clinique.
Un autre enfant, tombé en jouant au parc, s'est retrouvé à la clinique parce que ses parents ne voulaient pas l’amener à l’hôpital. Le Médecin soupçonnait une hémorragie interne. Les parents, angoissés, lui ont demandé si le traitement pouvait attendre, effrayés par les frais hospitaliers.
Une fillette souffrant d'infections urinaires – facilement traitables, mais qui ne l'ont pas été – est maintenant aux prises avec une insuffisance rénale.
Les familles sont mises dans des situations insoutenables, dit le médecin. Si les enfants avaient accès à des soins d'emblée, ils ne seraient pas confrontés à ces choix.

« Les enfants n'ont pas eu leur mot à dire sur l'endroit où ils sont nés. Si les enfants avaient accès à des soins d'emblée, ils ne seraient pas confrontés à ces choix. […] Il y a des impacts significatifs sur la santé de ces enfants qui ne sont pas couverts. On milite sur cet enjeu depuis des années. Ça doit devenir prioritaire. C'est une question de justice sociale. »
Docteur Samir Shaheen-Hussain
(Pédiatre urgentiste et professeur adjoint à la Faculté de médecine de l'Université McGill, médecin bénévole à Médecins du Monde.)


La Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ) indique pour sa part que les enfants d'étudiants étrangers en provenance d’un pays avec lequel le Québec n’a pas d’entente en matière de sécurité sociale ne sont pas admissibles.
Toutefois, « s’il y a un début de démarche auprès des autorités canadiennes de l’immigration, c’est suffisant pour rendre l’enfant admissible », indique la porte-parole de la RAMQ. « On ne demande pas que la démarche soit terminée. »
Toujours selon la porte parole, certains parents sont originaires de pays où l’on est méfiant envers le gouvernement. 
Alors que leur enfant pourrait être admissible, ils n’osent pas communiquer avec la Régie. Les démarches sont confidentielles, assure pourtant la porte-parole.
En Ontario et en Alberta, les enfants nés au Canada ont droit à des soins de santé gratuits, peu importe le statut de leurs parents.

(Selon les informations de La Presse canadienne)
Voir l'information de Radio Canada 

Note de "La Vie Hospitalière" : 1.000 CAD = 664,54 EUR.

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