Depuis le lancement des campagnes vaccinales contre le covid, les déclarations d'effets indésirables ont submergé les services de pharmacovigilance en France mais aussi partout à l’étranger. Des signaux d'alerte ont été émis pour de multiples pathologies. Entre des autorités sanitaires qui rechignent à établir des liens avec le vaccin et des opposants qui les considèrent incontestables, décryptage du malaise et des raisons qui poussent les malades à s'inquiéter
Partie 3 : À la recherche de signaux d'alerte tangibles
Pour comprendre la problématique des effets indésirables des vaccins anti-covid, allons au delà des cas individuels pour nous pencher sur la pharmacovigilance. Ce système de surveillance collecte les déclarations afin de détecter quelles pathologies peuvent se manifester suite à une vaccination. Il s'applique à tous les médicaments après leur mise sur le marché pour trouver leurs effets secondaires, particulièrement des effets rares non identifiés lors des essais cliniques en raison d'un nombre forcément limité de participants. Par exemple, celui réalisé en 2020 par Pfizer incluait 30.000 personnes dont une moitié a reçu le vaccin et l'autre un placebo. Il n'était donc pas possible de découvrir de façon significative des effets touchant moins d'un individu sur 10.000. Mais avec des millions de vaccinés, ces effets rares frapperont nombre d'entre eux. Le rôle de la pharmacovigilance est de les repérer.
En France, elle s'appuie sur un réseau de 31 centres régionaux qui analysent l'ensemble des déclarations et fait remonter au niveau national les pathologies suspectes pour lesquelles seront déclenchés des signaux d'alerte.
Avec les vaccins covid, ce système de surveillance des effets indésirables a été « plus que débordé, submergé. Nous avons connu depuis le début de la campagne de vaccination un volume de déclarations quatre à six fois plus important que d'habitude », en soupire encore le docteur Annie-Pierre Jonville-Béra, présidente du réseau des centres régionaux de pharmacovigilance.
Plus de 180.000 événements indésirables ont été enregistrés, dont 25 % qualifiés de graves, d'après les derniers rapports publiés par l'ANSM. Ces chiffres ne signifient pas qu'autant de vaccinés ont subi un effet secondaire provoqué par leur vaccination. Un événement post injection n'atteste pas forcément d'une relation de cause à effet avec le vaccin. On peut développer une maladie ou faire une crise cardiaque comme cela arrive tous les jours sans que cela soit dû à une injection anti covid. Lors d'une vaccination de masse ces événements indésirables seront forcément pour certains concomitants avec l'injection, bien qu'ils puissent survenir pour une autre cause. D'où l'importance de recenser chaque cas et d'élargir le champ de vision pour trouver lesquels se révèlent similaires et inexpliqués, suggérant une responsabilité du vaccin et l'émission d'un signal.
Des signaux non confirmés
Le docteur Jonville-Béra rappelle qu'« une centaine de signaux ont été remontés pour l'ensemble des vaccins ». Pour le Pfizer, le plus utilisé que l'on retrouve dans les trois quarts des déclarations d'effets graves, une trentaine de signaux ont été émis sur des pathologies telles que l'hépatite auto-immune (inflammation du foie liée généralement à des facteurs génétiques) ou la thrombose veineuse cérébrale (un caillot dans une veine irriguant le cerveau), et à peu près autant pour le Moderna et l'AstraZeneca. Si ces signalements sont effectués par les centres régionaux de pharmacovigilance qui a remarqué des cas où la vaccination parait suspecte, « l'ANSM décide ensuite s'il faut confirmer le signal puis le faire remonter au niveau européen, explique Annie-Pierre Jonville-Béra. L'Agence européenne du médicament (EMA) peut alors ouvrir le signal, ou pas, et faire une expertise qui conduit en cas de confirmation à ajouter l'effet indésirable au résumé des caractéristiques du produit du vaccin en question. » Ce qui n'arrive guère.
La plupart des signaux envoyés par les centres régionaux sont qualifiés par l'ANSM de potentiels ou d'événements sous surveillance, surtout pour le vaccin Pfizer avec notamment les troubles du rythmes cardiaques, le zona ou la polyarthrite rhumatoïde. Seuls les myocardites/péricardites et l'hypertension artérielle sont des signaux confirmés. Et au niveau européen, la tension artérielle n'a même pas été validée comme effet indésirable, « alors qu'on en est tous persuadés », confie le docteur Jonville-Béra qui dresse un parallèle avec les troubles des cycles menstruels.
« Nous croyons beaucoup à l'existence de ces troubles que l'Europe avait laissé tomber en estimant le problème non grave. Nous avons donc réactivé ce signal, mais nous ne sommes que les petites mains dans ce système. À la fin, c'est l'EMA qui décide. » Et avant cela, l'ANSM, qui n'a toujours pas confirmé ce problème des règles dans la synthèse de son dernier point de situation du 28 octobre.
Ce dernier annonce en revanche que l'EMA vient de considérer les « saignements menstruels abondants » comme un effet indésirable potentiel des vaccins Pfizer et Moderna, à indiquer dans leur notice d'utilisation. Une reconnaissance donc partielle des troubles du cycle menstruel, laissant notamment de côté l'arrêt des règles ou leur retard qui ont pourtant fait l'objet de nombreuses déclarations et avaient contribué à l'envoi d'un signal d'alerte dès l'automne 2021 par le réseau de la pharmacovigilance française. « Pour être certain que l'EMA valide enfin le signal qu'elle avait ouvert sur les saignements abondants, nous avons dans un premier temps transmis de nouvelles données à ce sujet, indique Annie-Pierre Jonville Béra. Mais nous poursuivons l'analyse des cas et la synthèse de données sur d'autres pathologies en lien avec les troubles menstruels. »
Cherchant à comprendre pourquoi des signaux envoyés par le réseau des centres de pharmacovigilance ne sont pas confirmés par l'ANSM dans ses rapports, j'ai interrogé l'agence. Mais sur ce point comme sur bien d'autres, je n'ai obtenu aucune réponse. Demeure ainsi une opacité sur les critères retenus dans la prise de décision conduisant à reconnaître la réalité d'un effet secondaire après que celui-ci ait été déclaré puis repéré par le réseau des centres régionaux. Mais qu'en est-il au niveau de l'enregistrement des événements indésirables ? Sont-ils tous pris en considération ? Le système français mis en place par l'ANSM offre à chaque personne concernée la possibilité de faire une déclaration, le particulier qui subit cet indésirable comme le médecin qui est de son côté tenu de déclarer les cas suspects chez ses patients. Ce qu'il ne fera pas forcément.
« Il y a toujours des erreurs et des indésirables non repérés »
« Dans mon service, je suis le seul à avoir eu l'idée d'effectuer une déclaration à la pharmacovigilance, témoigne un médecin exerçant dans un hôpital parisien. Plusieurs de mes patients sous immunothérapie ont développé une pneumonie peu après s'être fait vacciner. Je l'ai signalé, mais le centre de pharmacovigilance m'a dit d'emblée que cela ne faisait pas partie des effets attendus. J'ai envoyé des éléments complémentaires et on m'a répondu que l'on n'imputait pas ces pneumonies à la vaccination mais aux traitements anti-cancéreux, ce qui est loin d'être évident. Je crains que si l'on associe d'office un type d'événement à une cause autre que le vaccin, cela ne permette pas de donner lieu à un signal, même si les cas enregistrés se multiplient. » Une crainte qu'Anne-Pierre Jonville-Béra veut écarter en précisant que l'« on enregistre tous les cas rentrant dans la fenêtre de tir temporelle de la vaccination sans prendre en compte le mécanisme d'action menant à une pathologie. C'est d'ailleurs ce qui nous a submergé, mais reste cette croyance que l'on effectuerait un tri. »
Dans le cas exposé par le médecin parisien, celui-ci ne s'est certes pas vu refuser l'enregistrement de sa déclaration, mais le centre régional de pharmacovigilance a tout de même bien exclu le lien entre le vaccin et les pneumonies en attribuant ces dernières aux anti-cancéreux. Un autre centre a adressé le même type de réponse à une femme médecin déclarant que son fils avait déclenché un diabète de type 1, cinq semaines après sa deuxième dose Pfizer. « Cet effet ne fait pas partie des effets attendus pour ce vaccin », lui a-t-on répondu en ajoutant que l'on observait seulement « des cas de déséquilibre diabétique ». Donc que les informations existantes ne conduisaient « pas à ce jour à identifier un signal de sécurité » pour le déclenchement d'un diabète.
S'il n'y a pas de tri, la possibilité qu'un effet soit perçu comme un signal potentiel peut ainsi être écartée assez rapidement. « Ce n'est pas choquant, considère le pharmacologue spécialiste de la pharmacovigilance Bernard Bégaud. Il y a déjà une analyse des cas, et ils ne sont pas mis à la poubelle. Si d'autres cas surviennent, on peut les ressortir et déclencher un signal. Alors bien sûr il y a toujours des erreurs et des effets indésirables qui n'ont probablement pas été repérés, mais il faut avoir conscience de la charge de travail qui a été effectuée avec des effectifs limités ».
Ce que souligne le rapport d'étape de l'OPECST qui déplore que l'on n'ait pas octroyé à la pharmacovigilance des moyens suffisants pour faire face au flot de demandes engendré par la vaccination covid. Ajoutons que si l'on veut pointer un tri dans les déclarations, il s'est plutôt effectué en amont, chez les médecins.
Jamais des médicaments n'ont été aussi surveillés
À l'Hôpital Cochin, l'infectiologue Dominique Salmon Ceron participe à « une commission rassemblant différents spécialistes comme des infectiologues, pharmacologues, neurologues, cardiologues... Chacun présente des cas et l'on évalue ensemble s'il peut s'agir d'effets secondaires du vaccin à déclarer à la pharmacovigilance.
On discute beaucoup et il est souvent difficile de trancher. » Chaque cas est toutefois pris en considération, alors qu'un peu partout en France des personnes se pensant victime d'effets indésirables ont vu leur médecin ne pas en tenir compte. Bien que se devant de signaler tout effet indésirable suspect, les médecins peuvent estimer un lien avec le vaccin improbable et ne pas le déclarer, comme des malades nous l'ont signalé. Mais ils ont pu faire leurs déclarations eux-mêmes et ont vu leur cas enregistré, avec parfois comme message en retour une contre-indication à une nouvelle dose de ce vaccin suspect d'être à l'origine de leurs troubles.
« Le profil des déclarants a évolué au cours du temps, remarque Annie-Pierre Jonville-Béra. Durant les six premiers mois de suivi, environ 75% de déclarations provenaient des patients. Mais les médecins ont de plus en plus déclaré, en particulier au moment du rappel à la fin de l'année 2021, et à ce jour nous avoisinons les 50% pour les deux types de déclaration. »
Le docteur Jonville-Béra tient par ailleurs à préciser que « les trois quarts de ces déclarations n'étaient pas intéressantes en terme de surveillance, avec des effets attendus et non graves comme des maux de tête ou des diarrhées. Mais tout a été enregistré et on a considéré comme graves des fièvres supérieures à 40° et des arrêts de travail sans hospitalisation, en élargissant les critères de gravité habituels ».
Selon le pédiatre Dominique Le Houezec, conseiller médical de l'association REVAV, réseau des victimes d'accidents vaccinaux, « la pharmacovigilance sur les vaccins covid a plutôt bien fonctionné, en tout cas beaucoup mieux que d'habitude et c'est un changement important. L'ANSM publie des focus chaque mois avec la volonté d'être transparent sur les chiffres et un travail très sérieux est effectué par le réseau des centres régionaux. » Jamais des médicaments n'ont été autant surveillés que les vaccins covid, et si « l'agence européenne manque de réactivité, elle a aussi pu être poussée par la pharmacovigilance de terrain sur les thromboses provoquées chez les jeunes par le vaccin AstraZeneca, relève Bernard Bégaud. Découvert par des médecins danois, le problème a d'abord été nié par l'EMA.
Mais les Danois ont insisté, soutenus par des Italiens, et l'agence a fini par reconnaître l'effet indésirable. » À l'instar de six autres validés au niveau européen pour ce même vaccin AstraZeneca, comme le syndrome de Guillain Barré (affection du système immunitaire neuronal) ou la paralysie faciale.
Des crises cardiaques qui interpellent
De nombreux effets secondaires avaient déjà été notifiés dans les essais cliniques, notamment pour le vaccin Pfizer. Publié dans le New England Journal of Medicine, l'essai réalisé les six premiers mois de sa mise sur le marché recense chez 30 % des participants vaccinés des effets indésirables, de type sévère pour 1,2 %. Environ deux fois plus que dans le groupe placebo. « Bien que salvateur face à la pandémie, ce vaccin vous met au tapis », reconnaissait au printemps dernier l'épidémiologiste Antoine Flahaut en comprenant que l'on n'ait « pas envie d'aller à la quatrième dose ». Une allusion à ces effets susceptibles de provoquer des douleurs, des malaises ou une forme de léthargie. En somme, de vous mettre KO pendant quelques jours voire plusieurs semaines.
Un effet indésirable fréquent que l'on observe autour de soi dans son épidémiologie de proximité, mais il est considéré comme non grave, et assumé dans l'article du NEJM, à la différence des données sur la mortalité reléguées dans l'annexe du papier. On y décompte un mort de plus dans le groupe vaccin (15 contre 14) avec quatre crises cardiaques, contre une seule dans le groupe placebo. « En plaçant cette mortalité décevante dans l'annexe alors que c'est une information qui mériterait l'article, on parait vouloir la planquer, note Bernard Bégaud. Les chiffres sont petits, donc peu significatifs, mais les quatre crises cardiaques dans le groupe vacciné interpellent. Est-ce dû au hasard ? » Possible, mais si c'était une manifestation de la dangerosité des vaccins corroborée par des milliers de décès enregistrés dans les plateformes de pharmacovigilance ?
Aux États-Unis avec le VAERS et en Europe avec Eudravigilance, on peut déclarer des effets secondaires qui se retrouvent comptabilisés dans ces bases de données publiques. À la différence du système français qui traite chaque cas individuellement pour vérifier que se justifie son enregistrement comme événement indésirable, sans livrer le détail des déclarations, le VAERS et Eudravigilance offrent un accès à l'ensemble des événements déclarés, sans évidemment garantir leur véracité ni leur lien effectif avec le vaccin. Tout vacciné peut faire enregistrer son cas et chacun a la possibilité d'interpréter ces banques de données ouvertes qui ont, comme la pharmacovigilance française, connu une explosion des déclarations avec la campagne de vaccination covid. En six mois, le VAERS avait en mai 2021 reçu 228.000 déclarations concernant ces vaccins, soit plus de quatre fois le nombre de celles enregistrées en 2020 pour l'ensemble des vaccins.
On dépassait en septembre dernier (https://openvaers.com/covid-data) les 1,4 million de déclarations pour les trois vaccins covid commercialisés aux Etats-Unis (Pfizer, Moderna et Janssen), avec plus de 31.000 morts, tandis que sur Eudravigilance plus de deux millions déclarations ont été effectuées dont plus de la moitié pour le Pfizer et 528.000 pour l'AstraZeneca. Des chiffres importants, d'autant que la pharmacovigilance connait de façon chronique une sous-déclaration massive des événements indésirables.
Un article référence, co-signé en 2002 par Bernard Bégaud, a déterminé qu'environ 5 % des cas étaient déclarés. Un pourcentage que retrouve une pré-publication américaine dont les auteurs estiment également qu'il faut multiplier par vingt les données de mortalité du VAERS. Ils arrivent ainsi à attribuer à la vaccination 140.000 à 180.000 décès survenus aux Etats-Unis entre février et août 2021. Une étude dont s'est inspiré le site Covid Hub pour faire ses propres multiplications et arriver en janvier 2022 à 434 900 décès aux Etats-Unis et 720.000 pour l'Union Européenne, en titrant sur une « hécatombe vaccinale ».
Ne pas faire dire au VAERS ce qu'il ne dit pas
C'est la même logique multiplicatrice qui a fait dire à la chercheuse en informatique Emmanuelle Darles qu'il y aurait de 300.000 à 3 millions de morts des vaccins covid en Europe, comme on le mentionnait dans le premier volet de cette enquête. Elle considère qu'aux 30.000 décès d'Eudravigilance s'ajoute une sous-déclaration qui n'aurait permis de recenser qu'entre 1 et 10 % de ces indésirables fatals. Son rapport pour l'OPECST écrit avec le mathématicien Vincent Pavan dépeint une tragédie vaccinale en comparant le nombre d'événements déclarés pour les vaccins covid dans le VAERS durant l'année 2021 et le début de 2022 à celui cumulé des trente années précédentes pour tous les vaccins. Avec une augmentation vertigineuse durant la période de la vaccination covid des décès, des myocardites, des AVC, des cas de cécité ou des chocs anaphylactiques. Mais le site du VAERS ne cesse de rappeler qu'une déclaration ne signifie pas l'incrimination du vaccin comme cause de l'événement indésirable. Ces bases de données sont à utiliser avec précaution, en évitant d'en tirer des conclusions hâtives.
« Dans le VAERS, on a déclaré des décès par cancer quelques semaines après la vaccination, des septicémies ou des chutes dans l'escalier, fait remarquer Bernard Bégaud. Nous ne sommes pas dans un contexte de pharmacovigilance ordinaire avec le covid et son hypermédiatisation. Il peut y avoir des déclarations militantes qui s'apparentent à un bourrage d'urne et la situation est très différente de celle induisant 5 % d'effets indésirables notifiés.
Ce fameux chiffre est une moyenne qui concerne majoritairement de vieux médicaments pour lesquels la notification est devenue très faible. Tout le contraire des vaccins covid. » Bref, il ne faut pas faire dire au VAERS ou à Eudravigilance ce qu'il ne disent pas, c'est à dire que les cas déclarés sont tous causés par le vaccin et qu'on doit les multiplier par vingt pour compenser une sous-déclaration supposée. Les cas d'effets secondaires ne sont évidemment pas tous notifiés et une sous déclaration existe, mais le contexte de la pandémie bouleverse la donne et elle est probablement moins grande qu'habituellement avec les vaccins covid. Gardons-nous donc de présumer d'un niveau très élevé de sous déclaration d'indésirables pour estimer le nombre total de cas survenus, tout en rappelant que la cause de ces derniers demeure indéterminée car seule une concomitance avec la vaccination est établie. Cela n'empêche pas d'observer les signaux envoyés par ces bases de données publiques de pharmacovigilance.
Une proportion inédite d'effets indésirables graves
Devant la commission de l'OPECST, la virologue Aure Saulnier a utilisé avec mesure des données du VAERS et d'Eudravigilance en s'appuyant sur une étude américaine qui a comparé le nombre de déclarations effectuées pour les vaccins contre la grippe et ceux contre le covid. Avec une population équivalente de personnes vaccinées (437 millions contre 451), son auteur parvient à calculer un risque relatif de subir différents types d'effets indésirables beaucoup plus élevé avec les vaccins covid. Les risques neurologiques sont ainsi 28 fois plus important si l'on se réfère aux déclarations faites sur Eudravigilance, et 54 fois avec VAERS. Pour les problèmes de coagulation, le risque est respectivement 52 et 132 fois plus grand, à peu près comme pour les problèmes cardiovasculaires. Des chiffres qui indiquent que les vaccins covid sont liés à une proportion inédite d'effets indésirables graves, comme l'a déclaré Aure Saulnier dans son intervention où elle a évoqué le problème des myopéricardites dont l'incidence se révèle chez les vaccinés avec ARN messager 20 à 40 fois supérieure à celle attendue en population générale, avec un cas pour 3.500 vaccinés chez les hommes de 18 à 24 ans et 1 sur 6.000 chez les 12-15 ans. Pas du tout négligeable pour une tranche d'âge peu à risque de faire des covid graves, mais loin de l'annonce choc des affiches du collectif Reinfo Covid qui ont défrayé la chronique cet été en affirmant qu'il y aurait « un accident cardiovasculaire pour 100 injections ».
Un ratio alarmant obtenu là encore en considérant que tous les cas déclarés sont des effets secondaires du vaccin dans cette logique multiplicatrice qui suppose une sous-déclaration massive. Cette fois en multipliant par dix le nombre total d'effets graves (et non pas seulement cardiovasculaires) recensés en juillet sur Eudravigilance, comme l'a expliqué le mathématicien Vincent Pavan, familier de ce type de calculs dans sa dénonciation d'une « faillite de la pharmacovigilance » incapable selon lui de rendre compte de l'ampleur des effets indésirables des vaccins covid.
Dans la mouvance anti-vax, on a tendance à considérer comme acquise la culpabilité des vaccins covid face à des événements indésirables suspects. Notamment dans l'association Verity qui rassemble des personnes s'estimant victimes des vaccins, et verse dans le complotisme. « La pharmacovigilance est nulle car elle se tait », me déclare Armelle, l'une de ses porte-paroles, convaincue que l'« on ne donne pas tous les chiffres » et que « tout est fait pour qu'un minimum d'effets remonte ».
Le nombre de cas déclarés est pourtant actualisé chaque mois et les centres régionaux ont fait remonté nombre de signaux. Ainsi, « le travail a été fait pour le recueil de l'info, son analyse et la mise à disposition des données », a salué devant l'OPECST le professeur en santé publique François Alla. Avant d'ajouter que « ce qui pose problème, ce ne sont pas les données mais la façon dont elles ont pu être utilisées, ou non utilisées, en termes de politique publique et la communication qui a pu être faite autour de ces données ». Une communication sur les effets indésirable qui « n'a pas été loyale, ne permettant pas un consentement libre et éclairé comme l'exige le code de santé publique ». Car « on a renforcé le sentiment de vulnérabilité par rapport au covid, exagéré les bénéfices dus au vaccin et mis sous le tapis les effets indésirables ».
Accepter une part d'inconnu, et chercher à en savoir plus
Entre ceux qui cherchent à occulter l'existence des effets indésirables et ceux qui dramatisent à outrance la situation, des postures pleines d'à priori peuvent éloigner de la réalité d'une pharmacovigilance qui a dû faire face à une avalanche de déclarations d'effets indésirables avec des moyens limités.
Certains effets n'ont pas dû être détectés, mais c'est au niveau des agences françaises et européennes du médicament que l'on rechigne à confirmer ou à valider les signaux envoyés par le réseau des centres régionaux. Et puis un lien de causalité entre une pathologie et la vaccination est difficile à établir de façon certaine, particulièrement pour celles qui mènent à un décès. « La cause d'une mort est souvent douteuse », avertit Bernard Bégaud. «Pour une crise cardiaque par exemple, il est très dur de départager le fortuit et le causal. Alors face à un cas, il faut toujours éviter deux attitudes extrêmes : clore le dossier en disant que le vaccin est innocent, ou considérer l'effet indésirable acquis et dénoncer un cas nié. » Il convient plutôt d'accepter une part d'inconnu, et de poursuivre plus loin les recherches et les analyses qui permettront d'en savoir le plus possible.
« La recherche devrait nous permettent de mieux comprendre d'où viennent des effets secondaires » prévoit la sénatrice Florence Lassarade, rapportrice de la commission de l'OPECST. « Mais cela peut prendre deux à trois ans pour arriver à des certitudes sur la causalité de certains effets, une fois que l'on disposera de toutes les données statistiques et épidémiologiques. » En attendant, le bénéfice du doute a tendance à profiter au vaccin dont on ignore encore comment il pourrait engendrer des effets indésirables sur certaines personnes. « Toute la difficulté est de savoir quels sont ceux chez qui un vaccin peut provoquer une pathologie ou déclencher la survenue d'une maladie qui était latente », souligne l'immunologiste Michel Goldman. « L'épidémiologie seule ne peut pas répondre à cette question et il faut donc mener des recherches afin de disposer d'une base scientifique permettant d'identifier les populations à risque. » De nombreuses études restent ainsi à mener pour accroître notre connaissance de ces vaccins covid et de leurs effets indésirables.
Mais de quelles données scientifiques dispose-t-on déjà aujourd'hui ? Réponse dans le dernier volet.
Source : blast-info.fr
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