"La Vie Hospitalière"

mercredi 29 mars 2023

« Je n’ai pas eu peur du virus, mais j’ai eu peur de ce fameux vaccin qui arrivait trop rapidement. »

Nathalie a 41 ans, elle est mariée, avec un enfant à charge. Auxiliaire de puériculture à l’APHP pendant 2ans 1/2.  Refusant l’obligation vaccinale Covid, elle a quitté la fonction publique le 26 septembre 2021








Je travaillais dans un service de néonatologie et il n’y avait aucun cas parmi ces tout petits bébés, dont mes collègues et moi nous occupions. Parfois certaines mamans étaient testées positives, ou présumées positives, il fallait alors « s’habiller » pour entrer dans les chambres, mais nous n’avions rien ; à peine un masque ou deux par jour au début, mais pas de FFP2. Une société avait récupéré d’anciens sacs poubelles et y avait fait 2 trous pour nous permettre de les enfiler. Nous mettions des élastiques aux poignets afin d’éviter à l’air de passer et nous portions aussi des visières. Nous transpirions comme des bœufs là-dessous, c’était insupportable.


J’étais en congés au moment de ma suspension. Je me suis mariée le 25 septembre et, le jour même, j’ai reçu le courrier recommandé m’informant de ma suspension au 17 septembre. Après négociations avec la DRH j’ai obtenu que mes 5 jours de congés pour mariage soient pris en compte et ma suspension a été actée au 25 septembre. J’aurais pu rester suspendue, mais j’avais envie d’être libérée de cette fonction publique, libérée de ce gouvernement. Je me sentais vraiment prise au piège, prise en otage et je l’ai très mal vécu. J’étais déçue, écœurée, dégoûtée, mais à ce moment-là je crois que c’est la colère qui l’a emporté. Je n’avais qu’une envie, claquer ma démission sur le bureau de la DRH et lui dire : « Je me barre, il n’est plus question que je fasse partie de votre ‘’famille’’ ! Je ne me reconnais pas en vous, je ne suis pas un pion et vous ne ferez pas ce que vous voulez de moi. » Et c’est ce que j’ai fait. Le 26 septembre j’ai présenté ma démission.


Quand j’étais encore dans le service, la majorité de mes collègues me demandaient : « Pourquoi tu ne veux pas te faire vacciner, tu es soignante, tu as choisi de rentrer dans la fonction publique, tu as accepté le vaccin contre l’hépatite B, pourquoi n’accepterais-tu pas celui-là ? » On était alors toutes respectueuses les unes des autres, il n’y avait pas de jugements, mais la plupart ne comprenaient pas qu’on puisse avoir ce côté un peu rebelle et dire : « Non, j’ai envie de réfléchir par moi-même, je n’ai pas envie de dire oui bêtement à ce qu’on me demande de faire ». J’ai accepté de me faire vacciner contre l’hépatite B avant de faire ma formation, c’était une condition indispensable pour entrer dans l’école d’auxiliaire de puériculture. J’aurais très bien pu dire : « Non, je refuse ce vaccin, finalement je ne veux pas être soignante ». A ce moment-là j’avais le choix. Cette vaccination contre le Covid, non, ce n’est pas un choix, elle m’a été imposée alors que j’étais déjà soignante : « Tu ne pourras plus être soignante si tu n’es pas vaccinée » et c’est là toute la différence.


Nous étions environ 25 dans mon équipe et seulement trois, une soignante comme moi et une infirmière, à être farouchement opposées au vaccin. J’ai résisté jusqu’au bout et je suis partie, les deux autres ont tenu le coup jusqu’au dernier moment, mais elles ont fini par craquer. L’une, parce qu’elle était proche d’une retraite anticipée et ne voulait pas perdre tous ses droits, l’autre parce que, financièrement, ça aurait été compliqué. Aujourd’hui, Je suis restée en bonne entente avec plusieurs de mes collègues, on prend régulièrement des nouvelles les unes et des autres, elles continuent leur petit bonhomme de chemin. Certaines trouvent normal qu’il y ait une troisième dose et l’acceptent volontiers, tout comme elles ont accepté les deux premières. D’autres commencent à se poser des questions, ne veulent pas faire la troisième dose et vont essayer de tenir un maximum de temps. Elles se disent peut-être : « 1 dose, 2 doses, parties dans la lancée, pourquoi pas la 3ème ? Pourquoi risquer de perdre son job alors que dès le début elles n’ont pas voulu le perdre ? » Je pense qu’elles vont finir par abdiquer, quoi qu’il arrive.


Mon premier ressenti face à l’indifférence générale de la population, ça a été la colère. Et à un moment, c’est vrai, j’étais très, très en colère. J’ai posté un message sur les réseaux sociaux qui a choqué mes collègues : « Tous des moutons, vous ne réfléchissez pas par vous-même, comment pouvez-vous dire oui, comment pouvez-vous ne pas réfléchir, ne pas remettre en question certaines choses ? Dégoûtée de faire partie de cette famille de la fonction publique ». Certaines collègues n’ont pas compris, elles m’ont trouvée un peu violente dans mes propos, elles m’ont dit que je n’avais pas à les traiter de moutons. Plus tard, j’ai regretté mes paroles, effectivement chacun est libre de choisir. Comme je l’ai dit et répété « On a toujours le choix ». Celles qui disent « Mais moi je l’ai fait parce que je n’avais pas le choix », je leur réponds « Non, on a toujours le choix ». On peut choisir de partir ou d’abdiquer, peut-être à contre cœur, mais on fait ce choix là quand même. Ce qui a été le plus dur, c’est d’être applaudie tous les soirs à 20h l’année passée, comme une héroïne, et du jour au lendemain, devenir une pestiférée. J’ai envie de dire : « Je suis responsable de moi-même et de ma fille, parce que je suis responsable d’elle en tant que mineure, mais j’estime que je ne suis responsable de personne d’autre ». Chacun est libre de choisir pour sa santé, si quelqu’un se sent en danger, il a le choix de se faire vacciner pour s’auto-protéger. C’est déjà suffisamment difficile de porter sa propre responsabilité, encore plus quand on est parent. Je ne supporte pas qu’on me traite d’irresponsable. Bien au contraire, je suis responsable de mes idées, responsable de mes actes et de mes choix et je les assume entièrement.


En général je suis plutôt confiante dans les vaccins, parce qu’ils nous protègent, que ce soit le DT Polio ou le BCG contre la tuberculose, ce sont des choses qui m’ont toujours parlé, je ne suis absolument pas contre. Celui-ci me fait peur parce que je trouve que nous n’avons pas assez de recul, ça m’a fait peur qu’on trouve si rapidement un vaccin, ça m’a fait vraiment peur. Dès le départ, j’ai cru à toutes les rumeurs autour de ce virus : il vient d’où ? Pourquoi ? Comment ? J’ai eu de sérieux doutes, mais surtout, je n’ai pas cru à cette fameuse pandémie. Le mot pandémie ne m’a jamais fait peur à partir du moment où il n’y avait pas de morts autour de moi. Personne dans mon entourage, dans ma famille, parmi mes amis n’est décédé. Il ne touchait pas les enfants, j’étais relativement confiante et je me suis dit « C’est une vilaine grippe, il est dangereux pour les personnes âgées ou fragiles ». J’étais consciente que ça pouvait arriver à mon beau-père de 72 ans, qui d’ailleurs l’a eu en novembre, a fait une simple bronchite qui s’est terminée au bout de deux semaines. Je n’ai pas eu peur du virus, mais j’ai eu peur de ce fameux vaccin qui arrivait trop rapidement. Je pensais que seuls ceux qui le souhaitaient pourraient se faire vacciner, mais le fait qu’on pousse autant les gens à la vaccination, que ça devienne une exigence, cela m’a rendue encore plus méfiante. On dépasserait 30 %, voire même 25 % de décès… Mais on est en dessous de 0,5 % et je n’appelle pas ça une pandémie, cela ne me fait pas peur. Je préfère prendre le risque de décéder d’un virus potentiellement dangereux que d’un vaccin en lequel je n’ai aucune confiance. Je ne dis pas que j’ai raison, je n’ai absolument aucune certitude quant à ce vaccin. Mais mes parents m’ont toujours dit : « Dans le doute, abstiens-toi ». J’ai un doute sur ce vaccin alors je m’abstiens. De même, il est hors de question que notre fille de 9 ans soit vaccinée. On se battra, même s’il faut la déscolariser pour ça, et elle n’ira plus à l’école.


Cela fait plus d’un an maintenant que j’ai quitté la fonction publique et que j’ai dit Adieu à mon métier de soignante. Je suis passée par des moments difficiles depuis mon départ, sans emploi les 2 premiers mois, ni salaire, n’ayant pas eu le droit au chômage… Puis j’ai enchaîné 2 ou 3 boulots, pas aussi bien payés que mon salaire de soignante, mais surtout des boulots qui ne me convenaient pas, dans lesquels je ne me retrouvais pas. J’ai donc démissionné à chaque fois, avec toujours le soutien moral et financier de mon mari et de ma famille, mais aussi le sentiment d’échec sans cesse renouvelé ! Pour enfin, depuis presque 2 mois, trouver une nouvelle voie professionnelle et devenir agent immobilier. Je ne gagne que le SMIC pour l’instant, c’est dur psychologiquement, mais je me retrouve enfin, souriante, avenante, qui aime les gens et leur rend service.


Je suis croyante et je remercie Dieu de m’avoir accordé cette seconde chance. Je vais pouvoir rebondir, repartir enfin dans une vie professionnelle épanouissante et j’espère que ce travail me plaira et durera. Ma peur aujourd’hui c’est que l’obligation vaccinale s’étende à toutes les professions, mais quoiqu’il arrive, mon choix est déjà fait, je ne reviendrai pas en arrière, je ne regrette rien et je ne me ferai pas vacciner, je serai résistante jusqu’au bout.


Mais mon cœur restera toujours meurtri, traumatisé de ce que j’ai vécu et que tant d’autres comme moi ont vécu. Même si j’avoue garder espoir, que peut-être, un jour, je pourrai de nouveau être soignante et libre d’exercer sans contrainte ni obligation.

Nathalie

Auxiliaire de puériculture 








Source : lesessentiels.org

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