"La Vie Hospitalière"

dimanche 10 avril 2022

L’énigme de ceux qui résistent à la COVID-19

 Des chercheurs tentent de comprendre pourquoi certaines personnes ne développent pas la COVID-19. La clé se trouverait peut-être dans leurs gènes



Tests Covid    Image Pixabay


Vous connaissez sûrement une personne qui n’a pas encore eu la COVID-19. Après deux ans de vagues successives d’infections, cela relève de l’exploit. Ou d’une particularité immunitaire ou génétique? 

C’est ce que veut savoir le chercheur Donald Vinh, médecin infectiologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Il a été intrigué par la question dès la première vague au Québec. Il se remémore le cas d’un patient gravement malade dont la conjointe, qui a pourtant dormi dans le même lit et mangé à la même table, n’a rien eu du tout. « Elle a été clairement exposée au virus, mais il n’y en a aucune trace dans son système immunitaire », souligne-t-il. À noter que ce type de cas est différent des asymptomatiques chez qui l’on détecte des anticorps contre le virus, mais qui ont eu peu ou pas de symptômes.


Avec des collègues de plusieurs pays, Donald Vinh se penchera plus particulièrement sur le profil génétique des personnes « épargnées », puisque les gènes déterminent en partie la réponse immunitaire face à l’infection. « Dans notre hypothèse, on pense qu’un mécanisme qui arrive très tôt dans le processus de l’infection fait en sorte que le virus ne peut pas s’établir ni progresser », explique le chercheur. En quelque sorte, il y aurait des « variants » humains qui ne seraient pas du tout dérangés par le virus.


Le groupe international a recruté un peu plus de 500 personnes, qui sont majoritairement non vaccinées, qui ont été exposées au virus et ont reçu un résultat PCR négatif juste après leur exposition. « On est en train de faire le séquençage et l’analyse. C’est très long comme processus. Jusqu’à présent, rien ne se dégage dans les données préliminaires », souligne le chercheur.


L’une des hypothèses avancées par certains scientifiques est l’existence d’une mutation dans le récepteur ACE2, qui empêcherait le virus d’entrer dans les cellules.


« Nous ne savons pas vraiment s’il existe une sorte d’immunité innée », commente le Dr Catherine Hankins, professeur de santé publique et santé des populations à l’Université McGill et coprésidente du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19. Il est clair que certaines personnes n’ont pas eu la COVID, car elles ont suivi les restrictions sanitaires (port du masque, distanciation sociale) et ont reçu leurs vaccins, précise-t-elle.


Cependant, ce type d’immunité « absolue » existe avec d’autres virus et agents infectieux. Certains individus sont naturellement immunisés contre le VIH et le paludisme, par exemple. « On a découvert que les personnes qui possèdent un gène au sein duquel il y a une mutation particulière [CCR5 delta 32] ne peuvent pas être infectées par le VIH. Il a fallu beaucoup de temps pour découvrir cette mutation », souligne Catherine Hankins, qui possède une expertise dans la recherche sur le VIH.

Dans l’arsenal contre le SRAS-CoV-2, les vaccins sont primordiaux, car ils protègent efficacement contre les formes les plus graves de la maladie. « Par contre, la vaccination n’empêche pas l’infection. En trouvant l’origine de la résistance contre le virus dans les gènes, on pourrait envisager le développement de traitements prophylactiques qui protégeraient contre l’infection et ralentiraient les éclosions », indique Donald Vinh.


                            Portrait de la COVID-19 à travers le Canada

Il n’est pas simple de suivre le nombre total de cas de COVID-19, en raison de la détection non homogène et irrégulière du virus (par les eaux usées, par PCR, par les tests rapides à la maison). Pour évaluer l’ampleur de la pandémie, Statistique Canada et le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) ont lancé une enquête pour rejoindre 100.000 Canadiens. 

Ces participants doivent répondre à un questionnaire sur leur état de santé et fournir un échantillon de sang séché ainsi que de salive. Catherine Hankins, coprésidente du GTIC, s’attend à voir une prévalence de la maladie beaucoup plus élevée qu’en juillet 2021 où 3,6% de Canadiens présentaient des anticorps contre le virus (selon une précédente enquête sur la séroprévalence).

https://www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/presentation-des-resultats-definitifs-de-letude-de-seroprevalence-canadienne-la-plus-representative/

Ces données permettront aussi de déterminer le nombre de gens atteints de la COVID longue. «Quelle proportion de Canadiens a été infectée par le virus et a eu la COVID longue? C’est très important de le savoir pour planifier les services de santé. Je ne crois pas que les services actuels soient adaptés pour aider ces gens», souligne la chercheuse.

Par Annie Labrecque







Source : quebecscience.qc.ca

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