Installés en Seine-et-Marne à l’hôpital public au GHEF, une cinquantaine de praticiens, principalement des médecins diplômés hors Union européenne (Padhue) – vivent aujourd’hui un cauchemar : On leur demande le remboursement de la prime d’attractivité qui leur était versée depuis plusieurs années, sur injonction du Trésor public
Le Grand Hôpital de l’Est Francilien, qui regroupe les établissements de Marne-la-Vallée, Meaux, Coulommiers et Jouarre, est en sous-effectif chronique. Pour combler ses besoins, il a fait appel au fil des ans à de nombreux médecins étrangers sous le statut de Padhue.
Une prime dite « différentielle » leur était versée pour compenser leur faible rémunération. Une pratique répandue dans les hôpitaux de zones sous-dotées pour en assurer l’attractivité.
Mais fin 2024, tout bascule : la nouvelle direction du GHEF leur annonce que cette prime « n’a aucune base légale » et qu’elle cessera d’être versée. Pire encore, elle en réclame le remboursement sur deux ans, soit la durée maximale autorisée par la loi. Montant total : 2,7 millions d’euros à recouvrer pour l’établissement.
Ces primes sont courantes pour attirer les médecins dans les déserts médicaux
« On se retrouve avec des médecins désormais payés 1.100 euros net, soit moins que les femmes de ménage, avec une dette de 34.000 euros à rembourser. C’est ubuesque », alerte la CGT, citée par Le Parisien.
Pour ces praticiens, la situation est financièrement intenable. Certains se voient réclamer jusqu’à 60 000 euros. Les syndicats, comme SOS Padhue, dénoncent une forme d’injustice structurelle.
« Ces primes sont une pratique courante qui permet de les attirer dans les déserts médicaux où, du fait de leur précarité, ils sont corvéables à merci.
Sans eux, les hôpitaux fermeraient », résume Kahina Hireche Ziani, porte-parole de SOS Padhue.
Les médecins concernés évoquent un sentiment d’abandon, voire de trahison. La prime était inscrite noir sur blanc dans leurs contrats de travail, parfois même dans les promesses d’embauche. Pour Me Delphine Kriszch, avocate d’une partie des praticiens, « il est impensable de leur faire porter la responsabilité d’une décision prise par la direction ». Plusieurs recours ont été engagés devant le Tribunal administratif de Melun.
Des médecins qui enchaînent 20 gardes par mois pour s'en sortir
« On doit déjà payer des impôts sur la base de notre ancienne rémunération, nos avocats, tout cela avec un salaire qui a fondu… Et on ne peut pas partir du GHEF sans avoir obtenu la validation de notre examen. Beaucoup se sentent pris au piège », confie un médecin sous anonymat.
Certains enchaînent jusqu’à vingt gardes par mois pour s’en sortir. D’autres, épuisés, tombent en dépression ou cessent le travail. L’ambiance dans les services est délétère. Même les heures supplémentaires effectuées en dehors du cadre réglementaire sont désormais dans le viseur de la direction.
De 5.000 euros à 15.000 euros par mois, combien gagne un médecin praticien hospitalier ?
« On nous demande tout le temps de boucher les trous, parfois bénévolement… À terme, le fonctionnement de l’hôpital va se gripper », alerte une médecin.
Pour SOS Padhue comme pour la CGT, le problème est structurel : « Les décrets sont délibérément flous, ce qui laisse les mains libres aux directeurs d’établissement pour faire ce qu’ils veulent. Le Ministère le sait, mais ça arrange tout le monde », dénonce Kahina Hireche Ziani.
L’affaire est désormais sur le bureau du ministère de la Santé, saisi par les syndicats.
Par La rédac'
Pour plus d'informations
...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire