Les faits se sont déroulés jeudi vers 13 heures au 2 ème étage d'un des bâtiments de la direction générale du CHU de Bordeaux à Talence. " Notre collègue est montée sur une chaise, elle a ouvert la fenêtre et a tenté de sauter. On l'en a empêchée ", raconte, encore très affecté, un des agents (souhaitant garder l'anonymat) du département des ressources humaines, service où a eu lieu l'événement.
Quelques minutes plus tard, la directrice générale adjointe, la directrice des ressources humaines et le médecin du travail étaient sur les lieux et la personne souhaitant mettre fin à ses jours prise en charge.
Elle a voulu se jeter par la fenêtre pour les autres
Cette femme proche de la cinquantaine, travaillant depuis de nombreuses années au CHU, devait prendre de nouvelles fonctions le 1er septembre prochain sur un autre pôle de l'hôpital, dans l'agglomération bordelaise. " Elle nous avait exprimé son souhait de réaliser une mutation au sein du département des ressources humaines il y a plusieurs mois ", précise Philippe Vigouroux, directeur général de l'établissement, rentré précipitamment de vacances.
L'agent a officiellement appris son changement de poste le 21 juillet dernier. D'après la direction dans les jours qui ont suivi, la personne aurait exprimé à son encadrement son inquiétude pour réaliser ce changement de poste. "Elle a été successivement reçue par la DRH, son futur responsable, le médecin du travail, un psychologue", avance Philippe Vigouroux, " elle vivait sa mutation comme une sanction. Ce qui n'était pas le cas. Pour nous, c'est une experte, sur qui on peut compter. "
Sa collègue qui a assisté à la scène jeudi n'a pas la même vision des choses. « Elle a voulu se jeter par la fenêtre pour les autres. Depuis un an, il y a eu beaucoup de changements dans la direction et beaucoup de mutations de personnel entre les différents sites du CHU. Cela crée des tensions. »
Vendredi matin, médecins et psychologues sont venus dans les bureaux où se sont déroulés les faits pour épauler les personnes travaillant dans le service, toujours très choqués.
Dans la même matinée a été organisée une réunion extraordinaire du CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail).
Commandée par la direction, une enquête indépendante va avoir lieu dans les prochaines semaines pour faire « toute la lumière sur cet événement grave. Nous partagerons ce rapport, en toute transparence », a signalé la Direction. Lors de cette rencontre, a également été décidée la suspension de toutes les mutations au sein du département ressources humaines.
Alors que la direction avait rédigé un communiqué de presse dès les heures qui ont suivi l'événement au cas où les médias auraient été informés, aucune des organisations syndicales de l'établissement de soins n'a réagi..." Nous souhaitons traiter cette affaire avec dignité", a confié une représentante de la CGT au journaliste de Sud-Ouest, souhaitant elle aussi garder l'anonymat. "Ce qu'il vient de se passer nous inquiète beaucoup. Ce sont des choses difficiles à vivre pour le personnel. "
Suite de l'article sur Sud-Ouest
Pour "La Vie Hospitalière" il est clair que les personnels sont au bout du rouleau, et que cet acte désespéré nous laisse perplexe : l'agent ..." avait exprimé son souhait de réaliser une mutation au sein du département des ressources humaines..."
Or, il y a comme une contradiction...il semble, en effet, que sa mutation a plus ou moins été imposée par la direction, l'agent ayant manifesté son inquiétude concernant le changement de poste...?...
Ce sont toutes les manipulations des personnels dans les centres hospitaliers qu'il faut dénoncer car trop c'est trop, on assiste de plus en plus à des méthodes de plus en plus contestables qui ne sont pas sans conséquences pour la santé même des personnels devenus en quelque sorte des pions.
Mais ces méthodes ne datent pas d'aujourd'hui, elles sont insidieuses et servent aussi de sanctions pour des agents qui contesteraient leurs conditions de travail devenues de plus en plus inacceptables suite aux réductions d'effectifs (on économise sur la masse salariale) et de là la charge de travail est grandissante nuisant à la qualité des services. Les exemples ne manquent pas hélas.
Aujourd'hui dénoncer ces abus ne servent plus à grand chose tant la situation est devenue perverse, il faut des solutions, des solutions humaines et c'est bien là le minimum que la ministre des Affaires Sociales et de la Santé doit amener, il y va de la santé des personnels hospitaliers qui supportent des conditions de travail indignes dans certains services et c'est bien là un comble!
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