"Sujet intensément sociétal", la prise en charge de la dépendance irradie jusque dans les doléances des gilets jaunes. Alors que se construisent les pistes de nouvelles réformes, DGCS et fédérations appellent les professionnels à nourrir le débat.
Alors même que la France s'enlise dans une grande crise sociale, représentants de l'État et du secteur médico-social ont profité, le 22 janvier, du salon Âge 3 et handicap de Paris pour faire le point sur les grands enjeux et les espoirs que font naître la concertation grand âge et le grand débat national lancés par l'exécutif.
"Au travers du mouvement des gilets jaunes, on a pu observer que la participation des personnes âgées est très forte et que l'inquiétude porte aussi sur la perte d'autonomie. La question de la qualité de prise en charge dans les Ehpad et au domicile se retrouve fortement dans les cahiers de doléances, c'est un sujet intensément sociétal", observe Jean-Philippe Vinquant, directeur général de la cohésion sociale (DGCS). À ce titre, "l'amélioration de la prise en charge de la perte d'autonomie sera aussi vue à l'aune des moyens qui sont octroyés aux établissements, aux gestionnaires de services". Quant à l'insatisfaction qui règne au regard des moyens alloués au secteur, "je la comprends", assure le responsable. Enveloppe d'urgence pour les Ehpad, travaux sur la tarification des services à domicile,..."Des travaux ont été engagés", a-t-il souligné.
La qualité de vie au travail améliorée dans 830 Ehpad
Exemple est donné avec les 13 millions d'euros de crédits ARS dévolus en 2018 aux actions de formation d'accompagnement des professionnels pour améliorer la qualité de vie au travail. 830 Ehpad ont ainsi pu en bénéficier pour former le personnel, assurer les remplacements, adapter des chambres, ou encore mettre en place des astreintes infirmières de nuit... "Toutes ces actions sont déployées actuellement pour faire en sorte que les grandes difficultés qui nous sont remontées par les associations, par les fédérations dans le court terme puissent trouver des améliorations et un appui des politiques publiques."
"J'exige d'Emmanuel Macron qu'il applique les promesses de Nicolas Sarkozy et de François Hollande".
Pascal Champvert, président de l'AD-PA.
"Pas suffisant", rétorque l'AD-PA. Pour son président Pascal Champvert, l'heure est aux mesures de grande ampleur. "Nous ne pourrons plus accepter les discours qui diront que l'on règle le problème dans 8% des établissement et que dans les autres, il faudra s'habituer à fonctionner comme avant." L'analyse n'a pas échappé à la DGCS. "L'effort qui a déjà été fait, qui était nécessaire, n'est pas suffisant, reprend à ce titre Jean-Philippe Vinquant. Il doit être prolongé par une démarche beaucoup plus globale. [...] C'est pour cela qu'un engagement très fort a été pris par le président de la République [Emmanuel Macron] et par la ministre [des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn]." Cet engagement, matérialisé par la concertation grand âge et autonomie, et censé se traduire par une grande loi, dixit le chef de l'État devra cependant survivre à l'étape de l'annonce. "Cela fait trente ans que ça bouge à peine, rétorque le représentant des directeurs d'Ehpad et de services à domicile. C'est pourquoi je veux dire à Emmanuel Macron que j'exige de lui qu'il applique les promesses de Nicolas Sarkozy et de François Hollande."
De l'urgence de répondre au grand débat national
Reste au secteur lui-même de prendre le sujet à bras-le-corps. "La crise des gilets a démontré que le problème actuel est un problème de dialogue avec les corps intermédiaires", a estimé Jean-Christian Sovrano, directeur de l'autonomie et de la coordination des parcours de vie de la Fehap. Devant la nécessité de faire émerger plus d'horizontalité et de coconstruction pour engager l'évolution et le pilotage des établissements et services médico-sociaux, le responsable appelle donc à se saisir de la concertation grand âge et autonomie comme du grand débat national pour reprendre la main sur la construction de la politique du grand âge. Et Pascal Champvert d'appeler lui aussi les acteurs de terrain à prendre leur part de responsabilité. "Le secteur n'a jamais été prioritaire. [...] Si l'on veut que les choses bougent enfin, ça dépend de vous, a lancé le président de l'AD-PA à l'auditoire. Directeurs, infirmiers, aides-soignants, médecins, animateurs, psychologues... c'est à vous de participer dans les débats pour dire les choses."
En attendant le 15 mars, date de clôture du grand débat national, le secteur n'en restera pas là. Le 29 janvier prochain, l'intersyndicale du secteur de l'aide aux personnes âgées se réunira à nouveau avec l'AD-PA pour "obtenir l’ouverture d’une véritable négociation sur les revendications" en matière de renforcement des effectifs et d'augmentation des salaires. Une demande sur laquelle plane le spectre d'une nouvelle grève nationale.
Article d' Agathe Moret (Source : HOSPIMEDIA)
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