On
prend les mêmes et on recommence, ou presque. Le classement annuel des 50
meilleurs hôpitaux et cliniques de France publié le jeudi 23 août par
« Le Point » consacre cette année peu ou prou les mêmes
établissements qu'en 2017.
On retrouve
sur le podium les trois CHU sacrés l'année dernière. Seule différence, Toulouse
vole la première place à Bordeaux. De son côté, Lille conserve la médaille de
bronze devant les Hôpitaux universitaires de Strasbourg et la Pitié-Salpêtrière
(Assistance publique - Hôpitaux de Paris).
Dans
son ensemble, le palmarès est cannibalisé par les CHU qui occupent les 26
premières places. Sur les sept établissements privés à but non lucratif qui
figurent au tableau, les Hôpitaux Privés de Metz sont les mieux classés (32ème).
Même
constat côté privé. Le CHP Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine, groupe Vivalto
Santé) est sacré champion pour la neuvième année consécutive. Ses poursuivants
directs restent inchangés mais se sont livrés à un jeu de chaises musicales.
L'hôpital privé du Confluent (Nantes) chipe la médaille d'argent à la clinique
Jean-Mermoz (Lyon) désormais quatrième du classement juste derrière la
polyclinique de Courlancy (Reims). Seule la clinique de l'Anjou (Angers) est
éjectée du top 5 au profit de la polyclinique de Limoges.
La
méthodologie ? Pour figurer au classement, les hôpitaux et cliniques doivent
fournir un service médical et chirurgical complet. Ensuite, les bases de
données du programme médicalisé des systèmes d'information (PMSI) de plus de
25 millions de dossiers médicaux sont passées au crible. En tout, 70
pathologies sont analysées pour les hôpitaux et 44 pour les cliniques.
Enfin, un questionnaire est envoyé à tous les établissements afin d'obtenir des
informations qualitatives notamment sur le personnel et l'équipement.
Focus
sur le SAMU
Surfant
sur l'émoi suscité par le décès d'une jeune femme après un défaut de prise en charge par le SAMU de
Strasbourg, « Le Point » s'est penché pour la première fois sur les
centres d'appels du 15. À partir des bases de données 2016 de la statistique
annuelle des établissements de santé (SAE), l'hebdomadaire a classé 94 SAMU
(sur un total de 101) en fonction de trois critères : les appels
décrochés, les appels décrochés en moins d'une minute et le nombre moyen
d'appels par opérateur et par heure.
Résultat,
seulement quinze SAMU peuvent se targuer d'un taux d'appels décrochés de
100 %. Parmi eux, deux bons élèves (Orléans et Verdun) parviennent à
100 % de réponse dans la minute. Plus alarmant, l'hebdomadaire met en
avant le chiffre de 4,6 millions d'appels non pris en compte par les
opérateurs du SAMU en 2016, soit un appel perdu sur six. Pourtant, les
recommandations de l'association professionnelle SAMU-Urgences de France (SUDF)
sont claires : elle souhaite que tous les centres d'appels affichent un taux de
décrochage de 99 % minimum. Loin du compte, le palmarès du
« Point » ne recense que vingt SAMU centre 15 qui affichent un tel
résultat.
L'AP-HP
conteste les chiffres
Devant
la gravité apparente de ces chiffres, les représentants du secteur se sont
empressés de réagir. Le Dr François Braun, patron de SUDF a relativisé. « Dans
cette masse d'appel, il y a certainement des personnes qui n'arrivent pas à
joindre le SAMU mais il y a aussi tous les appels de poches, toutes les
erreurs, toutes les fausses numérotations », a-t-il déclaré au micro de RTL.
De son côté, le Dr Agnès Ricard-Hibon, directrice
du SAMU 95, tente de rassurer. Les 4,6 millions d'appels manqués ne sont
pas autant de patients laissés pour compte. Quand ils n'arrivent pas à joindre
le SAMU, « ils rappellent, téléphonent aux pompiers, viennent
directement aux urgences », a indiqué dans les colonnes du
« Point » celle qui est aussi présidente de la Société française
de médecine d'urgence (SFMU).
Affublé
d'un taux de décrochage de 49,8 %, le SAMU de Paris compte parmi les plus
mauvais élèves du palmarès. Sans toutefois revendiquer l'excellence, l'AP-HP
conteste ce chiffre. Elle rejette la méthode de calcul qui considère comme
non décroché un appel inférieur à 15 secondes. Selon le premier CHU de France,
ces courts appels sont imputables à des erreurs, particulièrement fréquentes
dans la capitale. Prenant en compte cela, l'AP-HP réévalue à 76 % le
taux de décrochage du SAMU 75.
Le
débat sur le numéro unique relancé
Dans
la foulée de la publication du palmarès, le Dr Patrick Pelloux, président de
l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), s'est lui aussi fendu
d'une réaction. « On n'apprend rien », a taclé
l'urgentiste. Il en a profité pour dégainer une fois de plus l'argument du numéro unique: « Des tas de pays européens n'ont qu'un seul numéro d'urgence, c'est
vers cela qu'il faut se diriger », a-t-il plaidé. Et d'ajouter, « la
modernité dans les urgences est à travailler en coopération entre les
différents services », regrettant « une confrontation
délirante » entre pompiers et SAMU.
Sans
surprise, cette proposition n'est pas du goût du premier syndicat de médecins
libéraux. « Tout regrouper sur un seul numéro unique (fusionnant le 15
et le 18) ne ferait qu’accroître les difficultés actuelles », s'est
exprimée la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) qui propose
depuis longtemps déjà la mise en place d'un numéro de permanence des soins pour
« éviter de noyer tous les appels et de retarder la prise en charge des
urgences vitales ».
Source : Lequotidiendumedecin.fr
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