Premier bilan
« Plan psychiatrie - Santé mentale 2005-2008 »
&
Lancement de la campagne d’information
« Dépression : en savoir plus pour en sortir »
Dossier de presse
Contact presse – Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports
Géraldine Dalban Moreynas - Conseillère pour la Communication et la Presse
01 40 56 40 14
Sommaire
I-
Discours de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé, de la Jeunesse et
des Sports
II-
Epidémiologie de la dépression
III-
La consommation médicamenteuse d’antidépresseurs en France
IV-
Premier bilan du plan « Psychiatrie - Santé mentale 2005 – 2008 »
V-
Les nouvelles actions pour 2008 dans le cadre du plan « Psychiatrie - Santé
mentale »
VI-
Présentation de la campagne « Dépression chez l’adulte: en savoir plus pour en
sortir »
I.
Discours de Roselyne Bachelot-Narquin.
Prononcé ce mardi 9 octobre devant la conférence-débat « Comment passer des
recommandations aux pratiques », organisé par l’association France dépression à l’occasion
de la journée européenne de la dépression.
Discours de Roselyne BACHELOT-NARQUIN
Ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports
Quatrième journée européenne de la dépression
Mardi 9 octobre 2007
Sous réserve du prononcé
Mesdames et Messieurs,
A vous tous, associations, représentants des malades, acteurs institutionnels,
professionnels de santé, qui êtes ici réunis à l’occasion de ces journées, je voudrai dire,
pour commencer, que vous constituez pour moi l’exemple même de cette communauté
solidaire qui doit unir toutes les compétences et fédérer toutes les bonnes volontés pour
pouvoir agir efficacement au quotidien.
A cet égard, le travail accompli par France dépression force l’admiration.
Soutenus par la vigueur de vos convictions, vous avez su depuis 15 ans maintenant,
clairement identifier les besoins, ceux des patients et de leurs familles souvent
désemparées, et promouvoir, dans un esprit d’ouverture, le cercle vertueux de
fructueuses coopérations.
Cependant, je ne saurai m’exprimer ici sans profiter de l’occasion qui m’est offerte pour
m’adresser aussi aux thérapeutes et aux soignants qui, en l’espèce, méritent toute notre
reconnaissance. Leurs compétences spécifiques, leur professionnalisme, constituent pour
tous la précieuse garantie de la perpétuation et du renforcement des bonnes pratiques.
Je suis heureuse, en effet, de pouvoir ouvrir en votre compagnie cette journée de travail,
organisée ici-même, pour la première fois au sein du ministère.
Vous qui dans vos fonctions avez l’habitude de déceler et d’interpréter des signes, vous
qui devez toujours conjuguer rigueur scientifique et esprit de finesse, je ne doute pas
que vous saurez deviner le sens de cette hospitalité symbolique.
*
Longtemps la dépression, comme d’autres troubles psychiques, a échappé à
l’investigation médicale. Objet d’étonnement, de réprobation, condamnées avant d’être
soignées, craintes et parfois tournées en dérision, ces pathologies assimilées au vice
plutôt qu’à la maladie, ont été jugées bien avant que d’être comprises.
Ces temps sont révolus. Nous pouvons l’espérer. Mais il reste encore beaucoup à faire si
nous voulons nous assurer que l’histoire jamais ne se répète. Certes, le regard social a
changé. Les traitements se sont perfectionnés. Les derniers développements des sciences
humaines, les contributions croisées de la philosophie, de la psychanalyse et des sciences
ont favorisé l’émergence de nouvelles problématiques. Les méthodes de la psychiatrie se
sont affinées. La prise en charge des malades souffrant de pathologies psychiques a
clairement bénéficié des avancées de la médecine.
Cependant, les perspectives de progrès sont encore immenses. Soyez donc assurés que je
mettrai tout en oeuvre pour contribuer à l’amélioration conjointe de l’information
divulguée, de la formation dispensée aux professionnels de santé et de la qualité des
soins prodigués.
*
La dépression, nous le savons tous, n’est pas tout à fait une maladie comme les autres.
On y entre souvent de manière graduée, sans savoir nommer clairement le mal dont on
souffre. Contrairement à la douleur physique, la souffrance induite, plus englobante et
diffuse, n’est jamais distinctement localisée. L’état dépressif n’est pas toujours reconnu
comme il devrait l’être et identifié comme le symptôme d’une maladie.
Ainsi, un grand nombre de préjugés doit être battu en brèche si l’on veut bien se donner
les moyens de mieux prévenir et de mieux guérir une maladie qui frappe au cours de sa
vie près d’un Français sur cinq.
Disons-le sans ambages : la stigmatisation dont peuvent faire l’objet les dépressifs est la
conséquence dramatique d’une ignorance qui s’ignore. A cet égard, il convient encore et
toujours d’améliorer la qualité de l’information divulguée concernant cette maladie.
Certes, il n’existe pas un profil type du dépressif. En ce sens, chacun d’entre nous doit se
sentir concerné. La dépression, ça n’arrive pas qu’aux autres. S’en sortir, ce n’est pas
qu’une affaire de volonté.
La dépression est l’affaire de tous parce qu’elle peut aussi frapper chacun d’entre nous,
parfois d’ailleurs sans crier gare, au moment où l’on pourrait le moins s’y attendre. Si
cette maladie est, dans certains cas, aussi complexe à dépister, c’est qu’elle défie souvent
le pronostic, surprend les familles et plongent ceux qui en subissent l’effet dans un
abattement d’autant plus grand qu’ils n’en comprennent pas eux-mêmes les raisons.
Cependant, les données épidémiologiques nous apportent dans le même temps, quelques
éclairages bien utiles. Il existe des âges plus sensibles : en particulier les plus jeunes, de
18 à 25 ans, et les plus âgés, les octogénaires. Les femmes sont deux fois plus touchées
que les hommes. Certaines situations, objectivement liées aux événements dramatiques
qui peuvent ponctuer la vie professionnelle et familiale de chacun d’entre nous, font,
comme on s’en doute, assez facilement le lit de la dépression.
A l’appui de ce double constat, il nous faudra poursuivre et renforcer nos campagnes
d’information de manière à ce qu’elles puissent toucher chacun d’entre nous, par les
canaux les plus appropriés à chaque occurrence spécifique.
L’amélioration des pratiques, la bonne diffusion des recommandations utiles, constituent à
mes yeux, bien entendu, une véritable priorité de santé publique.
*
Les progrès de la prise en charge de la dépression constituent, d’ores et déjà, un objectif
clairement désigné du plan psychiatrie et santé mentale. Cependant, il conviendra de
renforcer le « programme dépression », notamment pour améliorer l’information et les
conditions d’un dépistage plus efficace auprès des plus jeunes. A cet effet, je me
tournerai vers Xavier Darcos et Valérie Pécresse pour que nous puissions découvrir
ensemble les moyens d’améliorer, en milieu scolaire et à l’Université, la détection de
cette maladie qui touche aujourd’hui un trop grand nombre d’adolescents et de jeunes
adultes.
La prévention, en particulier auprès des personnes les plus fragiles, auprès des plus
isolés de nos concitoyens, quelles que soient les raisons de leur retranchement,
constituera une des arches fondamentales de ma politique. Il faudra, sur ce front, être
offensif et innovant.
Dans cet esprit, je suivrai avec la plus grande attention les résultats de vos travaux.
Soyez donc assurés de trouver ici même, au sein de mon cabinet, les conditions d’une
écoute attentive et la plus grande disponibilité, dès lors qu’il s’agira de bâtir ensemble,
et pour les générations futures, un véritable ministère de la vie, soucieux de donner à
chacun les moyens de prendre en main sa santé dans un projet au long cours.
Je vous souhaite une bonne journée.
Je vous remercie.
II.
Epidémiologie de la dépression.
•• Nombre de personnes touchées en France sur la population générale:
•• Les différentes études montrent que 5 à 15 % de la population française seraient
touchés par un épisode dépressif au cours de l’année.
Dans l’enquête baromètre santé, le pourcentage de la population touché par une
dépression au cours des douze derniers mois est de 7,8%, ce qui représente plus de 3
millions de français. Ces épisodes dépressifs sont le plus souvent d’intensité moyenne ou
sévère (prévalence à un an de 7,4%).
•• Pour comparaison, la prévalence à un an de l’épisode dépressif caractérisé en Suisse est
estimée à 7% et varie entre 3 et 5% aux USA, au Canada ou en Italie.
•• Caractéristiques en fonction du sexe, de l’âge ou du statut marital :
•• Les femmes ont deux fois plus de risque que les hommes de faire un épisode dépressif
caractérisé (EDC) dans l’année. Elles sont également plus exposées aux rechutes et à la
chronicisation de la dépression.
•• Deux classes d’âge sont plus à risque de dépression, celle des 18 – 25 ans dans les deux
sexes, celle des 45- 54 ans chez les femmes et celle des 35-44 ans chez les hommes. L’âge
de survenue du premier épisode de dépression apparaît de plus en plus tôt depuis les années
50.
•• Les personnes vivant seules sont plus exposées au risque de dépression que celles vivant en
couple (ratio 1,3 dans l’enquête baromètre santé de 2005).
•• L’avancée en âge est un facteur de protection (les 55 à 74 ans sont les moins touchées)
mais après 80 ans les troubles dépressifs sont accentués.
•• Le chômage ou des conditions de vie précaire sont associés à une prévalence plus
importante de l’épisode dépressif caractérisé dans plusieurs enquêtes.
•• Les effets sur la dépression de la catégorie socioprofessionnelle, du niveau d’études et de la
taille de l’agglomération de résidence sont variables selon les études.
•• Consultations auprès d’un professionnel de santé des personnes ayant présenté un
épisode dépressif :
Ce taux est faible :
Il varie de 12% (baromètre santé 2005) à 36% dans une enquête européenne menée en 2001-
2003 (ESEMeD). Dans toutes les études le médecin généraliste est le premier recours.
•• Autres éléments :
•• Les maladies chroniques (cancer, diabète, maladie rhumatismale,…) et certaines pathologies
mentales comme les troubles anxieux sont souvent associées à une dépression (EDC).
•• Un tiers des personnes (34.7%) présentant un état dépressif caractérisé indique dans
l’enquête baromètre santé de 2005 avoir cessé leur travail en raison de problèmes
psychologiques.
•• Le nombre moyen de jours d’arrêt est de 81 jours (108 jours pour un épisode sévère et
10 jours pour un épisode léger).
•• Le risque de décès par suicide est 10 fois plus élevé chez les patients déprimés que dans la
population générale. L’intensité de l’idéation suicidaire est corrélée à la sévérité de l’épisode
dépressif.
•• La dépression selon l’OMS est l’une des principales causes d’années de vies perdues
soit par baisse de l’espérance de vie soit par incapacité.
III. La consommation médicamenteuse d’antidépresseurs :
•• Les différents types d’antidépresseurs :
Les médicaments antidépresseurs ont pour cible thérapeutique principale le traitement des
épisodes dépressifs.
Certains d’entre eux ont également d’autres indications comme par exemple le traitement des
troubles anxieux ou des troubles des conduites alimentaires.
Aussi la consommation médicamenteuse d’antidépresseurs ne reflète pas exactement la
fréquence des troubles dépressifs.
Quatre classes thérapeutiques principales d’antidépresseurs existent :
•
les inhibiteurs de la mono-amine oxydase (IMAO) les plus anciens des antidépresseurs,
•
les imipraminiques (ou tricycliques) découverts dans les années 50,
•
les inhibiteurs sélectifs de recaptage de la sérotonine (ISRS) apparus dans les années 80,
•
les inhibiteurs de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRSNA).
•• La consommation d’antidépresseurs en France :
Entre 1980 et 2001 la vente des antidépresseurs a été multiplié par plus de 7 :
- 543 millions d’euros en 2001 versus 84 millions d’euros en 1980 (en euros de 2001)1
alors que l’ensemble du marché du médicament connaissait une progression de 2.7.
Cette forte croissance est due à l’apparition de différents médicaments appartenant aux ISRS
ou ISRSNA entre 1987-1990 qui représentent 76% du marché des antidépresseurs en 2001.
Mais les données de ces dernières années montrent un ralentissement de la progression
du marché des antidépresseurs.
•• Le montant des remboursements d’antidépresseurs2 des assurés du régime général de
l’assurance maladie est estimé à 468 M€ en 2004 avec une marge de progression entre 2003
et 2004 de 1,6% alors qu’elle était de 6,1% entre 2001 et 2002 (prescripteurs de ville
uniquement).
•• Ce montant représente 72% environ des remboursements de médicaments
antidépresseurs de l’ensemble des régimes d’assurance maladie obligatoire.
•• Les antidépresseurs remboursables de la classe des ISRS représentent 1,6% du chiffre
d’affaires des ventes des laboratoires pharmaceutiques aux officines de ville 3 en 2006
(prés de 290 M€) au lieu de 1,9% du chiffre d’affaires de 2005.
Ce déclin des ISRS s’explique par la montée en charge des génériques (44% des ventes contre
35% en 2005) et une légère baisse des volumes (-1,5%).
1 DREES série études n°36-octobre 2003 : les ventes d’antidépresseurs entre 1980 et 2001
2 Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé- juin 2006 – page 119
3 DREES, études et résultats n° 590 – aout 2007
4 Baromètre santé 2000 cité par rapport 2006 de l’OPEPS – page 106.
•• Le pourcentage d’assurés sociaux présentant au remboursement au moins une
prescription d’antidépresseurs augmente avec l’âge.
•• Il est maximum pour la tranche d’âge 50-59 ans dans les deux enquêtes réalisées auprès
d’un public d’assurés sociaux (enquête de 2000 du régime général de la CNAM et enquête de
2004 de la MGEN).
•• Dans l’enquête du baromètre santé menée en 2000 auprès d’un échantillon aléatoire de la
population française interrogé par téléphone :
•
9,3% des personnes déclarait avoir fait usage d’antidépresseurs au cours des 12 derniers
mois ;
•
6% des hommes et 12,4% des femmes déclarait avoir consommé au moins un
antidépresseur dans la semaine passée.
Fréquence déclarée de l’usage d’antidépresseurs par classes d’âge4
12 –
14 ans
15 –
19 ans
20 –
25 ans
26 –
34 ans
35 –
44 ans
45 – 54
ans
55 – 64
ans
65 – 75
ans
Antidépresseurs
1,3%
3,9%
6,3%
6,4%
9,6%
10,8%
12,4%
10,3%
•• L’enquête menée par la MGEN en 2004 montre que prés de 11% des assurés ont
présenté au remboursement au moins une prescription d’antidépresseurs dans l’année.
•• Dans l’enquête de la CNAM de l’année 2000 :
- 9,7% des personnes du régime général ont obtenu le remboursement d’au moins un
antidépresseur,
- les femmes ont présenté au remboursement un antidépresseur deux fois plus souvent que
les hommes,
- 90% des personnes sont suivis par un médecin généraliste.
- 29% des personnes ne présente dans l’année qu’une seule demande de remboursement de
médicament antidépresseur.
•• Le rapport de juin 2006 de l’office parlementaire d’évaluation des politiques de santé
(OPEPS) sur le bon usage des médicaments psychotropes déplorait l’absence d’étude
permettant de connaître la consommation médicamenteuse en fonction du diagnostic posé et
la nécessité d’une meilleure diffusion des recommandations de bonne pratique de prescription
des médicaments psychotropes.
IV.
Premier bilan du plan psychiatrie santé mentale (PPSM) 2005 – 2008
1- Rappels généraux sur le plan « psychiatrie - santé mentale 2005 – 2008 » :
•• Le plan Psychiatrie et santé mentale (PPSM) 2005-2008 vise à impulser les nécessaires
évolutions de l’offre de soins en psychiatrie et des services d’accompagnement et d’accueil
sociaux et médico-sociaux, pour une amélioration du soin et de l’insertion des patients.
•• Ce plan a adopté une perspective globale : continuum entre les établissements qu’ils
soient sanitaires, sociaux ou médico-sociaux et amélioration de leur qualité, formation des
professionnels, amélioration des pratiques professionnelles et de la recherche clinique.
•• Les mesures prévues sont de ce fait nombreuses (210 actions programmées) et
s’inscrivent dans des domaines divers autour de cinq axes :
1.
Une prise en charge décloisonnée.
2.
Des actions en faveur des patients, des familles et des professionnels.
3.
Le développement de la qualité et la recherche.
4.
La mise en oeuvre de programmes spécifiques : dépression et suicide ; actions santé/justice
notamment sur les auteurs d’agressions sexuelles ; périnatalité, enfants et adolescents ;
populations vulnérables : urgence médico-psychologique en cas de catastrophe, personnes
âgées, personnes en situation de précarité et d’exclusion.
5.
Le développement du suivi et de l’évaluation de ce plan.
•• Les moyens affectés :
Plus d’ 1 milliard 150 millions d’euros :
- 287,5 millions d’euros en fonctionnement ;
- 188 millions d’euros en subventions au titre du fonds de modernisation des établissements
de santé publique et privés (FMESPP) pour les équipements, la formation, le tutorat …;
- 750 millions d’euros d’investissements (financement à hauteur de 50% des opérations de
modernisation et de restructuration du parc hospitalier).
2-
Les actions structurantes ont été mises en oeuvre dès les premières années du plan :
•• 60% des actions prévues ont déjà été réalisées ou engagées au cours des deux
premières années de mise en oeuvre du plan.
Parmi celles-ci trois démarches apparaissent particulièrement structurantes pour l’avenir de
l’offre en psychiatrie et santé mentale :
-
l’investissement hospitalier :
Le PPSM prévoyait un programme d’investissement d’un montant de 750 millions
d’euros permettant la réalisation d’opérations de modernisation et de restructuration du parc
hospitalier à hauteur de 1.5 milliard d’euros, sur la base d’un financement de 50% des
opérations par les pouvoirs publics.
Dès 2006, le choix des opérations a été effectué et a permis de sélectionner 342 projets
dans l’ensemble des régions.
Parmi ces 342 projets, sont en cours :
•
la reconstruction du CHS de NAVARRE à Evreux ;
•
la délocalisation du CHS de Moisselles (95) dans le nord des Hauts-de-Seine et sa
reconstruction complète;
•
la reconstruction du CH Ste Marie à Clermont-Ferrand ( PSPH) ;
•
la reconstruction du CHS du Mans ;
•
la construction d’une unité d’admission ( court séjour) à Charles Perrens à Bordeaux ;
•
la reconstruction plus près de la ville du CHS de Montbert (44).
-
L’évolution de l’offre sociale et médico-sociale en matière d’accompagnement des
personnes souffrant de troubles mentaux :
Un volet important concerne le développement, dans le domaine social et médico-social, de
démarches d’accompagnement des personnes qui privilégient l’insertion des patients par
l’accès au logement et/ou à une activité qu’elle soit sociale ou professionnelle.
Cette politique vise à renforcer la qualité de vie des personnes et à faire évoluer l’offre
médico-sociale afin que l’offre de soins se concentre sur son coeur de métier : différentes
études montrent que plus de 20% des lits de la psychiatrie sont occupés par des personnes
qui ne trouvent pas d’hébergement adaptés.
Le bilan du plan montre un développement soutenu des places en établissements médico-
sociaux, une montée en charge progressive des services d’accompagnement médico-social
pour adultes handicapés (SAMSAH) et un développement des groupes d’entr’aide mutuelle
(GEM) qui se poursuit sur l’ensemble du territoire.
-
la politique en faveur des personnels :
•• Première tranche du plan : 2005 – 2006 :
Depuis la mise en place du plan, la formation des personnels de la psychiatrie a concerné
plus de 3000 personnes, dans le cadre de la démarche d’adaptation à l’emploi et de tutorat
des jeunes professionnels infirmiers.
Cette politique de formation s’est accompagnée de créations de postes dans les
établissements de santé ayant une activité de psychiatrie :
-
1433 postes de professionnels non-médicaux et paramédicaux ont déjà été créés
(infirmiers, psychologues…) ;
-
173 postes de médecins spécialisés ont également été créés.
•• Deuxième tranche du plan : 2007 - 2008 :
L’objectif est de créer par an:
-
environ 800 postes de professionnels non-médicaux et paramédicaux (Infirmiers,
psychologues…) ;
-
environ 100 postes supplémentaires de médecins spécialisés.
3-
Des évolutions budgétaires positives :
-
L’allocation des budgets est conforme aux prévisions :
Le Plan Psychiatrie et Santé Mentale prévoit une délégation pluri-annuelle de crédits de
fonctionnement de 287,53M d’euros sur la période 2005-2008, complétés par 188 millions
d’euros du Fonds de Modernisation des établissements de santé publics et privés (FMESPP).
Entre 2005 et 2006, plus de 52% des crédits prévus en fonctionnement ont été alloués aux
régions.
L’analyse des crédits alloués et des postes créés en 2006 dans les régions fait apparaître un
rééquilibrage en faveur de la psychiatrie infanto-juvénile et des alternatives à
l’hospitalisation.
•• Les moyens affectés :
Plus d’1 milliard 150 millions d’euros avaient été annoncés :
- Sur les 287,5 millions d’euros annoncés en fonctionnement, 141,37 millions avaient déjà
été délégués au niveau régional fin 2006.
- Sur les 188 millions d’euros annoncés en subventions (au titre du fonds de modernisation
des établissements de santé publique et privés (FMESPP) pour les équipements, la formation,
le tutorat), 55,6 millions avaient déjà été alloués fin 2006.
- Sur les 750 millions d’euros d’investissements (financement à hauteur de 50% des
opérations de modernisation et de restructuration du parc hospitalier), 300 millions d’euros
ont déjà été financés. Le reste le sera d’ici 2008.
-
Le suivi des crédits de fonctionnement montre un effet d’entraînement avantageux :
Grâce à un effort financier complémentaire, les agences régionales de l’hospitalisation (ARH)
ont renforcé les efforts financiers du ministère de la Santé en accordant des crédits
supplémentaires à ce plan. Elles ont alloué :
- 18 millions d’euros supplémentaires en 2005 ;
- 9.2 millions d’euros supplémentaires en 2006.
4-
La déclinaison du plan « Psychiatrie- Santé mentale » sur le terrain :
De nombreuses actions se sont développées en région pour adapter le plan « Psychiatrie
- santé mentale » aux réalités locales :
-
La mise en place de schémas régionaux :
En 2006, l’ensemble des régions ont publié leur Schéma Régional d’Organisation des Soins
(SROS) de troisième génération et leur Programme Régional de Santé Publique (PRSP).
L’analyse de ces documents montre une bonne appropriation par les régions des objectifs du
plan.
-
Des actions ciblées en fonction des populations :
Des projets spécifiques ont été mis en place en fonction de certaines catégories de
population qui nécessitent un traitement particulier : personnes âgées, adolescents, patients à
risque suicidaire, populations précaires, personnes handicapés psychiques.
•• 25 équipes mobiles précarité ont ainsi été mises en place à la fin du premier semestre
2007.
Ces équipes pluri-disciplinaires (médecins, infirmiers, psychiatres…), basées dans des centres
hospitaliers, sont spécifiquement dédiées à la prise en charge des personnes en situation de
précarité. Elles vont à la rencontre des populations qui en ont besoin que ce soit à domicile,
dans les services d’urgences ou dans les permanences d’accès aux soins de santé.
•• D’autres projets ont également vu le jour, illustrant les évolutions dans l’organisation des
soins par le développement des structures alternatives à l’hospitalisation, la création de
réseaux de soins et la formalisation des coopérations avec les professionnels libéraux comme
avec les structures sociales et médico-sociales.
V.
Les nouvelles actions pour 2008 dans le cadre du plan « Psychiatrie -
Santé mentale »
En 2008, les priorités du ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports seront
développées sur trois axes:
-
Poursuivre les efforts financiers pour améliorer les structures sur tout le territoire et
renforcer le nombre de professionnels ;
-
Développer des programmes spécifiques en faveur de populations vulnérables ;
-
Réformer la loi du 27 juin 1990 sur les droits des malades mentaux.
1-
Poursuivre les efforts financiers pour améliorer les structures sur tout le territoire et
renforcer le nombre de professionnels;
La modernisation et la restructuration du parc hospitalier :
* Poursuite du volet investissement de 750 millions d’euros prévu au lancement du plan
et permettant la réalisation d’opérations de modernisation et de restructuration du parc
hospitalier. Ce volet permettra aux 342 projets sélectionnés en 2006 de prendre corps.
* Cette volonté se traduit notamment par un accompagnement financier de ce programme
dans l’ONDAM 2008 : crédits à hauteur de 21 millions d’euros (investissements par le
fonds de modernisation des établissements de santé publics et privés – FMESPP - et
crédits d’aide à la contractualisation).
Le renforcement des crédits pour la création de postes :
En ce qui concerne les crédits d’assurance maladie alloués au fonctionnement des
établissements de santé publics et privés, 46 millions d’euros de crédits supplémentaires
sont prévus dans l’ONDAM 2008 afin de :
* financer les centres de ressources pour les auteurs d’infractions sexuelles et des
actions en géronto-psychiatrie (financement d’équipes pluridisciplinaires) ;
* renforcer les moyens humains des équipes de psychiatrie et créer des équipes
nouvelles pour améliorer les conditions de fonctionnement des structures de prise en
charge - en particulier l’hospitalisation complète en psychiatrie, les urgences, la prise en
charge ambulatoire et les alternatives à l’hospitalisation ;
2-
Développer des programmes spécifiques en faveur de populations vulnérables;
•• Dans le cadre du projet de loi de finances (PLF 2008), des crédits sont prévus à hauteur
de 6 millions d’euros pour permettre la prise en compte de deux actions spécifiques :
-
le lancement d’une nouvelle stratégie de prévention du suicide.
Les crédits seront consacrés de façon prioritaire au développement de la prévention, aux
formations pluridisciplinaires pour le repérage de la crise suicidaire, notamment chez les plus
vulnérables - jeunes, notamment jeunes homosexuels, personnes âgées - et à la réalisation
d’études permettant d’approfondir les connaissances.
-
l’accompagnement de la loi du 10 août 2007 :
Cette loi a pour objectif de lutter contre la récidive des majeurs et des mineurs. Pour
cela, le dispositif de prise en charge, notamment lors de la sortie des détenus sous
injonctions de soins, sera renforcé.
L’objectif est notamment de tripler le nombre de médecins coordonnateurs sur le
territoire (150 aujourd’hui, objectif de 450 fin 2008). Une action de revalorisation de
leurs honoraires sera menée pour le début de l’année 2008.
3-
Réformer la loi du 27 juin 1990 sur les droits des malades mentaux :
La loi du 27 juin 1990 relative aux droits des personnes hospitalisées en raison de
troubles mentaux et à leurs conditions d’hospitalisation prévoit :
- L’existence de deux dispositifs de prise en charge sanitaire des personnes souffrant de
troubles mentaux et ne pouvant consentir aux soins en raison de ces troubles :
•
l’hospitalisation sans consentement sur demande d’un tiers (HDT), prononcée par le
directeur de l’établissement sur la base de deux certificats médicaux (un seul en cas
d’urgence) ;
•
l’hospitalisation d’office (HO), prononcée par le préfet (éventuellement précédée par une
mesure provisoire du maire en cas d’urgence) pour les personnes nécessitant des soins et
portant atteinte gravement à l’ordre public ou à la sûreté des personnes en raison de ces
troubles.
En 2003, 66 000 admissions en HDT et 11 000 HO, avec une part des hospitalisations sous
contrainte dans les hospitalisations en psychiatrie relativement stable : 13% depuis 1997.
Des discussions sont actuellement menées avec les différents ministères concernés (Ministère
de l’intérieur, ministère de la justice…) pour dégager les principaux axes de réforme de ce
texte qui seront discutés avec les différents acteurs (associations, experts, professionnels…)
VI.
Présentation de la campagne :
« Dépression chez l’adulte : en savoir plus pour en sortir »
I. Qu’est-ce que la dépression ?
La dépression est une maladie psychique qui se caractérise par une tristesse importante, une
baisse de l’humeur à un degré nettement anormal, une diminution marquée de l’intérêt pour
toute activité et une fatigue inhabituelle et excessive, des troubles du sommeil, des pensées
morbides, etc. Ces troubles se distinguent des modifications normales de l’humeur par leur
gravité, leur durée (plusieurs semaines au moins), leurs répercussions (souffrance psychique,
altération du fonctionnement social…) et la souffrance morale ressentie, différente des
expériences usuelles. Ils ne se rapportent pas forcément à une difficulté particulière de la vie
mais peuvent néanmoins être associés à un stress excessif et permanent ou à certaines
périodes de la vie ou de l’année.
L’épisode dépressif peut être plus ou moins sévère, les symptômes plus ou moins nombreux et
intenses et la durée plus ou moins importante mais il représente dans tous les cas une véritable
souffrance au quotidien pour la personne atteinte.
Les émotions que ressentent ces personnes, les idées qui les traversent sont envahies d’une
souffrance morale permanente, plus insupportable que toute autre souffrance déjà endurée. La
différence avec les émotions habituelles de la vie se manifeste par l’impression d’être coupé
de leur entourage. L’état dépressif se caractérise par un changement profond par rapport au
fonctionnement habituel.
La dépression peut toucher tout le monde, quel que soit son âge, son sexe, son niveau
social. Elle ne relève ni d’une fatalité, ni d’une faiblesse de caractère. La volonté seule ne
suffit pas pour en sortir, notamment parce que cette maladie provoque un sentiment de
dévalorisation de soi et des pensées négatives.
Le malade éprouve des difficultés dans tous les domaines de la vie quotidienne.
Sa vie affective est réduite à un sentiment de tristesse intense, incompréhensible et
envahissant. Les petits plaisirs de la vie disparaissent, la vie perd tout sens. Le malade réagit
avec une grande sensibilité aux situations de la vie quotidienne, et en même temps, il a
l’impression de ne plus éprouver d’émotions. Enfin, l’anxiété est un symptôme souvent
fréquent en cas de dépression. Sa vie intellectuelle se caractérise par un ralentissement :
difficulté à trouver ses mots, à réfléchir, à fixer son attention, à retenir ce que l’on vient de
lire. Il lui faut faire un effort très important pour accomplir des tâches qui, jusqu’alors,
s’effectuaient naturellement, sans y penser. A cela viennent s’ajouter dévalorisation de soi et
culpabilité : le malade ne se sent bon à rien, se pense sans valeur et entretient des pensées
négatives, notamment autour de la mort. Ses mécanismes corporels se dérèglent. L’appétit
est altéré (diminué ou au contraire excessif) ; le sommeil se dégrade (souvent court, peu
profond, moins réparateur, ou au contraire en excès, donc abrutissant) ; la vie sexuelle est
affectée. Des douleurs (maux de tête, problèmes digestifs,...) et des dérèglements de certaines
fonctions du corps, comme la tension artérielle peuvent apparaître. Un manque d’énergie
permanent, que ni le repos ni le sommeil n’atténuent, envahit le malade. Cette fatigue se
double d’un découragement et d’une douleur physique et morale. Il faut plus de temps pour
accomplir les tâches habituelles. La parole est lente, traînante, la personne a le sentiment de
ne plus être capable de réagir.
Les conséquences de ces symptômes dépressifs sur le fonctionnement quotidien sont
considérables. Toutes les relations du malade sont affectées, au sein du couple et de sa
famille, avec ses amis et dans le milieu professionnel.
5 Baromètre santé 2005, premiers résultats
6 Rapport final sur l’enquête dépression en pop. générale Anadep 2006
L’entourage est également confronté à des difficultés pour comprendre et reconnaître la
maladie.
Pour l’entourage, la dépression est très difficile à comprendre, souvent perturbante et
génératrice d’anxiété pour ceux qui ne l’ont pas vécue de l’intérieur. Il est difficile de savoir
comment réagir de façon appropriée pour aider le malade tout en se préservant soi-même,
trouver sa juste place.
Il est très difficile d’identifier la maladie car certains de ces symptômes ressemblent
superficiellement à l’expression d’émotions courantes comme la tristesse ou le
découragement, que tout le monde ressent et parvient à surmonter. Une fois la maladie
identifiée et prise en charge par un professionnel, il n’est pas toujours simple de soutenir son
proche dépressif sans l’étouffer, lui apporter affection, écoute et patience.
Les proches jouent un rôle essentiel en termes de soutien et d’aide à la démarche de soin.
La présence de personnes réconfortantes et valorisantes peut protéger de la dépression
ou favoriser la guérison. A l’inverse, leur absence peut faciliter l’apparition ou la
réapparition de la dépression.
II. La dépression : une maladie répandue mais méconnue
La dépression est l’une des maladies psychiques les plus répandues. Chaque année, près
de 8 %5 des Français de 15 à 75 ans (soit plus de 3 millions de personnes) vivent une
dépression, et près de 19 %6 des adultes (soit près de 8 millions de personnes) ont vécu
ou vivront une dépression au cours de leur vie.
La dépression est aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique. Jeunes enfants, adolescents,
adultes et personnes âgées, hommes ou femmes, la dépression touche tout le monde.
Cependant, certaines personnes semblent plus sujettes à la dépression, notamment les
femmes.
Environ deux fois plus de femmes sont diagnostiquées comme souffrant de dépression, une
femme sur cinq connaîtra un épisode dépressif, et seulement un homme sur dix6 sera atteint au
cours de sa vie.
Les données des différentes études épidémiologiques réalisées sur la population française
s’accordent sur la prévalence des troubles dépressifs chez les femmes et sur le fait que
l’avancée en âge est un facteur de protection (les moins touchées sont les personnes âgées
de 55 à 74 ans). Bien sûr, pour des raisons organiques (maladies), la prévalence des troubles
dépressifs repart à la hausse chez les octogénaires.
Quant aux risques de morbidité et de co morbidité, ils sont supérieurs chez les personnes
dépressives. La dépression est la première cause de suicide : près de 70 % des personnes qui
décèdent par suicide souffraient d’une dépression, le plus souvent non reconnue ou non prise
en charge. Environ 8 % de la population adulte1 déclarent avoir fait une tentative de suicide
au cours de sa vie.
Des difficultés à se reconnaître comme dépressifs
Près de la moitié des personnes touchées présente des difficultés à se reconnaître comme
dépressive. Le principal obstacle à cette identification se trouve dans la difficulté à
7 « La dépression en France : prévalence, facteurs associés et consommation de soins » Morvan Y, Prieto A, Briffault X.
Baromètre santé, 2005.
8 Rapport final sur l’enquête dépression en pop. générale Anadep 2006.
9 « La dépression en France : prévalence, facteurs associés et consommation de soins » Morvan Y, Prieto A, Briffault X.
Baromètre santé, 2005.
10 « La perception des problèmes de santé mentale : les résultats d’une enquête sur neuf sites, Études et résultats, n° 116,
Drees, Anguis M., Roelandt J.-L., Caria A., 2001.
reconnaître ces symptômes qui peuvent s’apparenter à des états d’âme (tristesse, insomnie,
fatigue). Une autre raison réside dans la difficulté à se considérer comme un malade et à
l’accepter, en attribuant ces symptômes à une difficulté momentanée de la vie.
Seules 38,3 %7 des personnes souffrant de troubles dépressifs déclarent avoir consulté
un professionnel de santé. Les hommes, les jeunes et les personnes âgées sont les personnes
qui ont eu le moins recours aux soins (respectivement 33,7 %, 25,7 % et 26,4 %5).
Quant à l’entourage, il a souvent tendance à encourager le malade à croire qu’il s’agit d’une
faiblesse passagère.
Une méconnaissance des professionnels de santé et des structures de soin
Quand on est dépressif et qu’on en a conscience, il n’est pas toujours facile de savoir à qui
s’adresser ni vers quelle structure de soins se tourner. Les proches sont eux aussi souvent
ignorants face aux solutions existantes.
La moitié des personnes (53,6 %8 de la population générale et 46,9 % des personnes
souffrant de dépression) déclare ne pas connaître la différence entre un psychologue et un
psychiatre.
Les médecins généralistes sont les professionnels les plus consultés par les personnes
dépressives au cours des 12 derniers mois (54,7 %9); avant les psychiatres (34,6 %) et les
psychologues (18,6 %).
Une minorité de personnes atteintes s’est tournée vers des structures de soins : 13,7 % sont
allés dans un centre médico-psychologique (CMP), 5,7 % dans un hôpital et 5,5% aux
urgences.
50 %10 des Français déclarent ne pas connaître d’autres lieux que l’hôpital
psychiatrique pour soigner ces malades.
Savoir, où et à quel professionnel s’adresser est essentiel. La prise en charge de la maladie est
parfois complexe et fait appel à de multiples acteurs qui n’ont ni les mêmes compétences, ni
les mêmes qualifications.
III. Quelle prise en charge pour les malades ?
Le médecin généraliste est souvent le premier interlocuteur pour les problèmes de santé. Il
est compétent pour les diagnostiquer et pour proposer un traitement adapté ou orienter vers un
professionnel en santé mentale. Le médecin généraliste est donc au coeur du système de prise
en charge. Il occupe une position centrale dans l'itinéraire d'un patient dépressif. Son rôle est
capital pour repérer la maladie, orienter le patient vers la meilleure prise en charge et susciter
son adhésion au traitement. Il doit souvent faire face au déni de la maladie par le patient et
parfois, au rejet ou à l'inobservance du traitement.
11 Gautier A., Pin S., Courouve L., « Perception de la santé et qualité de vie » in Guilbert P., Gautier A., Baromètre Santé 2005
Le médecin peut avoir recours à deux types de prise en charge de l'épisode dépressif : la
psychothérapie et les traitements médicamenteux qui peuvent être utilisés seuls ou
conjointement, en fonction de l’intensité de la maladie.
La psychothérapie. C’est un traitement à part entière de la dépression, de nombreuses études
ont permis d’en prouver l’efficacité et d’en préciser les indications. Elle est proposée par des
professionnels (psychiatres, psychologues…) qui ont reçu une formation adaptée. Il existe
différentes méthodes de psychothérapie mais elles sont avant tout fondées sur un échange de
personne à personne qui s’instaure grâce à l’écoute, la bienveillance, l’absence de jugement et
la compréhension du patient. L’objectif de cette relation est de permettre l’expression de ce
que le patient vit, ressent et pense en toute liberté, sans crainte d’être jugé ou critiqué.
Les médicaments antidépresseurs. Toutes les dépressions ne nécessitent pas de traitement
par médicaments antidépresseurs. Les antidépresseurs visent à réduire de façon significative
les symptômes dépressifs et leurs conséquences dans la vie quotidienne. Ils aident
généralement à restaurer le fonctionnement normal du sommeil, de l’appétit, à retrouver une
perception positive de la vie, et ce, dès 3 à 4 semaines de traitement continu. Un suivi médical
est nécessaire pendant toute la durée du traitement et pour son arrêt.
Une guérison totale et durable est possible. Lorsque la personne a bénéficié de traitements et
d’un suivi adéquats, le risque de réapparition des symptômes et la souffrance qui existe sont
largement diminués. D’où l’intérêt d’une prise en charge précoce de la maladie.
En complément des traitements évoqués, il est important que la personne dépressive prenne
soin d’elle en essayant de pratiquer certaines activités physiques (marche, natation…), en
ayant un régime alimentaire équilibré, en maintenant ou développant les liens avec d’autres
personnes (famille, amis, voisins, collègues…) et en étant vigilant par rapport à sa
consommation d’alcool et des substances addictives.
IV. Un dispositif d’information pour favoriser une meilleure connaissance
et améliorer la prise en charge de la dépression chez l’adulte
Comment faire la différence entre une « déprime » et une dépression ? Quelles sont les
solutions de prise en charge selon les degrés de sévérité de la maladie ? Quelles informations
donner au patient et à son entourage ? Quels conseils pour sa vie quotidienne ?
C’est pour répondre à ces questions que le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports
et l’INPES lancent, dans le cadre du plan Psychiatrie et Santé mentale 2005-2008, un
dispositif d’information sur la dépression de l’adulte. Ce dispositif « La dépression, en savoir
plus pour en sortir » s’adresse à la fois aux personnes dépressives, à leur entourage et aux
professionnels de santé. Il vise, grâce à une meilleure information du public, à favoriser le
recours aux soins de ceux qui en ont besoin et à raccourcir les délais dans lesquels un
diagnostic est établi.
En 2005, seuls 44,2%11 des Français s’estimaient bien informés sur la dépression.
L’amélioration de l’information et de la prise en charge des personnes souffrant de troubles
dépressifs représente un enjeu majeur de santé publique.
Un dispositif d’information mené en étroite collaboration avec experts et professionnels
de santé
12 Les commandes par téléphone peuvent être effectuées jusqu’au 31 décembre 2007. Pour les personnes habituées à
commander sur le site de l’INPES (www.inpes.sante.fr), les commandes peuvent être faites au-delà de cette date.
Il s’appuie sur l’implication de personnalités aux compétences multiples, à tous les niveaux de
la santé mentale : patients (associations), praticiens, scientifiques, experts, chercheurs et
représentants de sociétés savantes.
Ce dispositif grand public se compose de deux outils référents sur la dépression, ses
symptômes et les différents traitements possibles : un guide complet sur la maladie, « La
dépression, en savoir plus pour en sortir », qui a pour objectif d’améliorer le dialogue entre le
patient et son médecin et un site Internet www.info-depression.fr,
Tous deux visent à aider le grand public à distinguer la « déprime » de la dépression, en
améliorer la connaissance (degrés de gravité, diversité des modalités de prise en charge,
variété des intervenants professionnels…) et inciter au dialogue avec les proches et les
professionnels de santé.
Pour promouvoir ces deux outils, une grande campagne media nationale est lancée à la fin du
mois d’octobre ; un film TV et des témoignages radio font prendre conscience de la gravité de
la dépression et informent sur les outils mis à la disposition du grand public.
1- Le guide « La dépression, en savoir plus pour en sortir » est le premier guide d’information
sur la dépression chez l’adulte accessible à tous. Il présente
la maladie, ses symptômes ; offre une description pratique
des principaux traitements (psychothérapie et médicaments
antidépresseurs) ; donne les informations qui permettent de
savoir qui et où consulter et quelles sont les modalités de
remboursements ; delivre des conseils à la personne qui
souffre et à son entourage ; se termine par des adresses et
des numéros utiles (associations, centres d’écoute et
d’aide).
Ce guide est le pilier du dispositif. Il a pour objectif
d’améliorer l’information sur la dépression et le recours aux
soins. Il est validé par un comité composé de patients, de
sociétés savantes et d’experts, co-signataires du livret, qui
l’ont conçu pour être accessible. Des entrées de chapitres
synthétiques, des témoignages, des définitions, des
illustrations en facilitent la lecture.
Edité à 500 000 exemplaires, il sera diffusé à plus de 100 000 exemplaires via les
professionnels de la santé et les réseaux de prévention (médecins généralistes et spécialistes,
centres d’actions sociales, pharmaciens…). Ce guide peut être consulté, téléchargé ou
commandé gratuitement sur le site Internet www.info-depression.fr. Un numéro dédié à la
commande, 0 821 22 23 2412
(0,12 €/mn depuis un poste
fixe) est mis en place du 8
octobre au 31 décembre 2007.
2 - Le site Internet www.info-
depression.fr constitue le
deuxième outil référent de cette
campagne. Dédié aussi bien au grand public qu’aux professionnels de santé, il a pour vocation
de fournir les informations nécessaires pour reconnaître et comprendre les symptômes de la
maladie et accompagner les proches. Des témoignages de patients et de proches illustrent
cette démarche.
Le grand public peut télécharger le guide « La dépression, en savoir plus pour en sortir » et
lire les témoignages de personnes ayant connu des troubles dépressifs.
Les professionnels de santé, quant à eux, peuvent, sur un espace qui leur est dédié, trouver des
documents scientifiques : études, rapports, publications…
3 - Le dépliant « La dépression, en savoir plus pour en sortir » est diffusé auprès des
professionnels de santé et des organismes sociaux pour
présenter les outils mis à la disposition du grand public : le
guide et le site Internet www.info-depression.fr.
Clair et synthétique il offre des réponses concises aux
principales questions que se posent les malades ou leur
entourage sur les troubles dépressifs : Qu’est-ce que la
dépression ? Quelles sont les solutions pour en sortir ? Qui et
où consulter pour un diagnostic et pour un traitement ? Que
faire concrètement ?
Près d’un million de dépliants est diffusé aux réseaux de
santé et de prévention, pour être mis à disposition notamment
dans les salles d’attente des médecins généralistes et
spécialistes. Le grand public pourra le trouver dès fin octobre
auprès des organismes de santé, organismes sociaux, centres
d’assurance maladie, centres de médecine du travail… Les
professionnels et les lieux accueillant du public peuvent le commander au 0 821 22 23 24 (12
centimes d’euro/min depuis un poste fixe) ou sur l’espace « professionnels » du site :
www.info-depression.fr.
5 millions d’exemplaires sont disponibles, au total.
4 - Un film d’animation TV et des témoignages radio pour sensibiliser les Français à la
dépression, les inciter à parler de leurs troubles avec leur médecin, promouvoir le guide.
Ce film d’animation de 30 secondes alerte sur la gravité de la maladie à travers une
présentation des symptômes et des effets de la dépression. Il invite à s’informer en
commandant le guide par téléphone ou via internet.
Le graphisme emprunté au guide facilite l’identification aux personnages mis en scène et
permet d’exprimer des émotions qu’un jeu d’acteur rendrait difficilement.
Ce spot sera diffusé sur les principales chaînes nationales du 29 octobre au 11 novembre
2007.
Parallèlement, les principales radios diffuseront du 3 au 11 novembre 2007 quatre spots qui
reprennent les témoignages de personnes concernées par la dépression : des personnes
malades ou qui l’ont été et des personnes de leur entourage. Chaque spot de 40 secondes
annoncera le numéro de téléphone mis à la disposition des auditeurs pour se procurer le guide
ou l’adresse du site Internet.
dimanche 28 octobre 2007
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