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vendredi 1 mai 2020

«Pourquoi l'épidémie de Covid-19 est-elle à ce point politisée ?»Observations d'un diplomate chinois en poste à Paris


La pandémie de Covid-19 continue de sévir dans le monde, avec plus de 2,63 millions de cas confirmés hors de Chine et 29 pays comptant plus de 10.000 cas chacun. Avec plus de 930.000 cas confirmés, les États-Unis à eux seuls totalisent un nombre de cas supérieur au total des cas recensés du 2ème au 6éme pays les plus touchés. Cette proportion est similaire à celle des dépenses militaires américaines dans le monde. Dans le même temps, l'épidémie continue sa fulgurante progression en Europe, ce qui est fort inquiétant.

Mais à mesure que les pays occidentaux devenaient les uns après les autres épicentre de l'épidémie, la malveillance de leurs médias gagnait en intensité et on a vu refleurir, chaque jour avec plus de vigueur, les mêmes vieilles théories : la Chine a tardé à réagir … elle a caché la vérité … elle a minimisé le bilan des victimes … elle est l'origine du virus … elle devra rendre des comptes, verser des réparations, et bien d'autres encore. 
Le gouvernement chinois a déjà eu l'occasion de réfuter ces théories absurdes par des faits et des chiffres éloquents et notre ambassade a publié une série d'articles intitulés « Observations d'un diplomate chinois en poste à Paris sur l'épidémie de Covid-19 » qui répondait également point par point aux thèses susmentionnées. Inutile donc d'y revenir en détail puisque le lecteur pourra, s'il le souhaite, s'y référer sur notre site internet.

Cette épidémie est l'ennemi commun de toute l'humanité. Ainsi, la seule riposte efficace réside dans les efforts de tous les pays, dans leur cohésion, dans leur coopération et dans la coordination de leurs efforts de lutte. Après que le gouvernement chinois a pris des mesures énergiques telles que la fermeture de Wuhan, l'Organisation mondiale de la Santé a déclaré que cette épidémie de Covid-19 pourra être la première épidémie de l'histoire à être maîtrisée. Hélas, l'attitude de certains pays a fait s'envoler ces espoirs. Au lieu de songer à se protéger et à renforcer la coopération internationale, ces pays ont préféré stigmatiser la Chine et politiser à haute dose une crise de santé publique. Voilà principalement pourquoi l'épidémie est devenue incontrôlable.

Mais pourquoi avoir agi ainsi ? 

Nous avons pu observer que depuis la fin du mois de décembre dernier, lorsque la Chine a rapporté le premier cas de nouveau coronavirus, la pandémie a connu trois phases dans le monde.

Dans un premier temps, la Chine a été happée par le tourbillon de l'épidémie alors que le reste du monde restait indemne. Le 23 janvier, date de la fermeture de Wuhan, il n'existait que 9 cas hors de Chine. Le 30 janvier, lorsque l'OMS a déclaré l'épidémie « une urgence de santé publique de portée internationale », il n'y avait que 82 cas hors de Chine et seulement 10 en Europe. À ce stade, l'opinion publique occidentale observait la situation d'un œil lointain, réjoui, sarcastique et se moquait du gouvernement chinois qui, pris de court, se débattait de toutes ses forces, persuadée que l'épidémie conduirait à la chute du régime et que le monde entier allait assister à un « Tchernobyl chinois ». Cependant, à l'époque, aucun gouvernement occidental n'a songé à critiquer la Chine pour sa lenteur ou son opacité. Bien au contraire. On n'entendait que des louanges sur ses mesures de lutte contre le virus. Entre le mois de janvier et le mois de février 2020, le Président Trump a félicité la Chine à 15 reprises, approuvant ses mesures de lutte contre l'épidémie, les qualifiant de réactives, transparentes et fortes, et affirmant que la coopération entre les deux pays se déroulait convenablement.

Vers la fin du mois de février, la pandémie est entrée dans sa deuxième phase. Son épicentre s'est déplacé vers l'Europe et les États-Unis qui se sont alors trouvés submergés et aux abois. Les médias se sont alors recentrés sur l'évolution épidémiologique de leurs pays respectifs. L'attention prêtée à la Chine a diminuée. Les commentaires se sont faits plus rares, offrant ainsi aux observateurs de la Chine une période d'accalmie bienvenue.

Mais les bons moments ne durant jamais très longtemps, au début du mois de mars, l'épidémie, devenue incontrôlable dans cette partie du monde, est alors entrée dans sa troisième phase. L'opinion publique occidentale a recommencé à pointer du doigt la Chine et on a vu égrener toutes les thèses mentionnées au début de cet article. Les Occidentaux ont commencé à enrager contre l'impuissance de leur propre pays face à l'épidémie et à mettre en cause la capacité de leurs gouvernements à assumer leurs responsabilités. Puis, nous avons vu des politiciens américains, du Président, au Secrétaire d'État, en passant par des membres du Congrès, incriminer la Chine à l'unisson. Avec la complicité de leurs médias, ils ont déclenché contre nous une campagne d'attaques et d'insultes.

Ainsi, on peut dire que l'une des raisons de la forte politisation de l'épidémie vient de l'attitude de certains politiciens occidentaux qui, mus par des arrière-pensées de politique intérieure, ont préféré se défausser sur la Chine de leurs responsabilités. Mais même si la Chine a déjà maintes fois répondu clairement, par des faits et des chiffres, aux diverses « interrogations » des Occidentaux, rien n'y fait. Ils n'en démordent pas. Cela montre que leur véritable objectif n'est pas de la « quête de la vérité », mais le China bashing. Accréditer la thèse de la « faute » chinoise leur permet de s'exonérer de leur impuissance et de leurs échecs face à l'épidémie. En revanche, ils ne peuvent se prévaloir d'aucun élément de droit international, ni d'aucune jurisprudence pour exiger de la Chine « des comptes » ou « des réparations ». Tout cela n'est qu'une farce politique et sachant parfaitement qu'ils n'obtiendraient jamais gain de cause, ils ont juste voulu détourner d'eux les accusations, en excitant les fibres populistes, racistes et antichinoises de leurs pays contre la Chine.

La deuxième raison de cette politisation est que certains Occidentaux commencent à ne pas avoir confiance dans la démocratie libérale. Dans la riposte à l'épidémie, le socialisme aux caractéristiques chinoises a démontré sa capacité à concentrer des moyens au service de grandes réalisations. Il a révélé la puissance de tout un peuple uni et solidaire, ainsi que la forte capacité de mobilisation, d'organisation et d'exécution du Parti communiste chinois. Voilà ce qui nous a permis de vaincre l'épidémie en à peine deux mois, de reprendre rapidement le travail et une vie normale, tout en limitant au maximum les dégâts causés par le virus. Un politologue français a écrit : « La scène internationale est dominée par le match sino-américain. Or le résultat s'annonce favorable aux Chinois. »

La Chine a consenti d'énormes sacrifices pour contrôler l'épidémie, non seulement pour elle-même, mais aussi pour la santé et le bien-être du monde entier. Elle a réussi à ménager une fenêtre d'opportunité de deux mois pour la planète qui, bien utilisée, aurait permis d'atteindre l'objectif de l'OMS d'en finir avec la pandémie. Au moment où elle était maîtrisée en Chine, et malgré de graves risques persistants d'importation de cas extérieurs, alors que nous nous efforcions de surmonter nos propres difficultés, nous avons tendu la main dans la mesure de nos moyens aux pays dans le besoin. Nous avons fourni une aide matérielle, notamment sous forme de masques, de combinaisons de protection, de réactifs de tests de détection des acides nucléiques, de respirateurs, le tout à plus de 140 pays et organisations internationales. Nous avons également dépêché des équipes médicales dans de nombreux pays. Pour les États-Unis seuls, la Chine a fourni plus de 2,4 milliards de masques, soit pour chaque Américain, près de 7 masques Made in China. L'idée d'une communauté du destin humain et la volonté de s'associer aux efforts de tous pour vaincre l'épidémie ont été les seuls ressorts de notre assistance. 

« Celui qui agit n'a pas besoin de discours pour inspirer le respect ». 

Il ne s'agit pas pour nous de comparer les différents systèmes politiques et encore moins de nous vanter, mais certains Occidentaux n'y ont vu que l'expression de la « diplomatie du masque », de la « diplomatie d'influence » ou de la « diplomatie de générosité » destinées à « combler un vide géopolitique ».

A cause de leurs préjugés hostiles, certains pays qui se sont inspirés de méthodes chinoises se sont trouvés en proie à des scrupules et à des doutes. Même si l'expérience chinoise avait démontré leur efficacité, le fait que ces méthodes viennent de régimes « autoritaires » et « dictatoriaux », a fait que, dans les cas où ils y ont recouru, ils l'ont fait à moitié, avec les résultats qu'on peut imaginer.

Certains sont devenus psychologiquement fragiles. Considérant qu'il n'y a rien de bon en Chine, le moindre mot positif sur le pays les indispose. Toute appréciation positive sur la Chine ne peut être que le produit de sa diplomatie d'influence. Ils estiment que « en même temps que ses conteneurs de masques, la Chine exportait, en contrebande, les vertus de son système de gouvernement. ». Ils ne supportent pas davantage d'entendre des voix évoquant avec objectivité la gestion de la pandémie par l'Occident, n'y voyant que « cette façon arrogante de faire la leçon aux Occidentaux » et « propos condescendants sur l'état des démocraties occidentales ». Arrogants et condescendants : voilà les termes qu'utilisaient autrefois les Chinois pour critiquer les Occidentaux.

Le Président Xi Jinping l'a déjà dit : parce que l'humanité est une communauté de destin, les armes les plus sûres pour surmonter une épidémie qui menace la sécurité de tous, sont la solidarité et la coopération. Souhaitons que certains Occidentaux s'allègent de leur fardeau idéologique, renoncent à leur manie de politiser l'épidémie et joignent leurs forces à celles de la Chine pour lutter ensemble contre le virus, faute de quoi, ils s'exposent à en devenir les premières victimes.

Un éditorialiste du journal Le Monde a cité un sinologue pour qui la Chine est un pays où « le politique doit prendre le pas sur l'expertise, les militants l'emportent sur les professionnels, la ligne sur la réalité. » Pour moi, ce qu'il décrit est exactement la situation de l'Occident aujourd'hui.



Source : amb-chine.fr
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