L’arrivée d’un patient présentant une suspicion de coronavirus (écartée plus tard dans la soirée) a déclenché un « vent de panique », ce samedi, en fin de journée, à La Cavale Blanche, à Brest. Avec une seule infirmière pour s’occuper de 138 patients, le personnel a fait valoir son droit de retrait après 20 heures.
« Vous auriez dû venir à 21 h, samedi. Là, c’était quelque chose, vous auriez vu le bordel que c’était ». La confidence vient d’un membre du personnel de l’hôpital de La Cavale Blanche, à Brest, croisé sur l’un des parkings du CHU, peu après 7 h, ce dimanche.
Après un vendredi soir « en souffrance », face à l’afflux massif de patients, les urgences de La Cavale Blanche ont connu « une grosse panique » dans la nuit de samedi à dimanche, comme l’affirme Bahar Bourhis, déléguée CGT et membre du CHSCT de l’hôpital brestois.
Une suspicion de coronavirus écartée
En tension depuis des mois, dénonçant « un manque de personnel et de moyens », en grève depuis le mois de mai 2019, le service des urgences a connu une situation critique, en début de soirée samedi.
Vers 18 h 30, un patient présentant une suspicion de coronavirus s’est présenté aux urgences. Comme le veut la procédure, il a été pris en charge par un infirmier et une aide-soignante, et placé à l’isolement. Des analyses ont été menées immédiatement. Vers 22 h, la suspicion a été levée et le patient a été réorienté dans un autre service de l’hôpital. « Ce n’est pas la première fois depuis le début de l’épidémie qu’on a des suspicions de coronavirus », précise la représentante syndicale.
« J’ai vu des infirmières pleurer »
En raison de la situation extrêmement tendue, Thibault Jurvillier, directeur de La Cavale Blanche, et Laurence Jullien-Flageul, directrice des soins, se sont également rendus aux urgences. Une réunion avec le personnel, dont l’équipe de jour qui est restée après son service, les syndicats et la direction a débuté. Elle a duré jusqu’à près d’1h. « On y a parlé manque de moyens humains et de matériel », explique Bahar Bourhis.
Killian accompagnait sa copine, blessée aux cervicales depuis leur voyage au ski. Arrivés aux urgences à 15 h samedi, ils sont rentrés chez eux à 4 h du matin. « À notre arrivée, c’était déjà blindé. Il y avait une dizaine de lits dans le couloir. Quand les échanges ont commencé entre le personnel et la direction, vers 20 h 30, les urgences étaient pleines. Les médecins exigeaient que les échanges aient lieu en public, devant les patients. Ils se sont mis en demi-cercle, face aux directeurs. D’un côté, je comprends leur colère parce que la situation est horrible pour le personnel. J’ai vu des infirmières pleurer au téléphone. De l’autre, on est un peu spectateur du conflit en tant que patients. J’ai même vu des gens partir d’eux-mêmes, quand ils voyaient la situation ».
La direction dénonce « une instrumentalisation du conflit social »
« Cette situation extrême a au moins eu le mérite de remettre tout le monde autour de la table. La directrice des soins, Laurence Jullien-Flageul, a rappelé que le directeur général de La Cavale Blanche avait proposé un protocole avec l’arrivée de dix équivalents temps plein et une enveloppe de 50.000 euros pour du matériel. Nous avons demandé une nouvelle session de négociations. Une réunion devrait avoir lieu la semaine prochaine ».
Une réunion que ne confirme pas, ce dimanche après-midi, la direction de la communication du CHU. « Il y a des éléments en cours de discussion mais l’hôpital n’est pas un lieu de théâtre. On n’a pas encore arrêté précisément la date ni l’objet de ce rendez-vous ». Par la voix d’Aurélia Derischebourg, directrice de la communication du CHU de La Cavale Blanche, la direction dénonce « une instrumentalisation de cette suspicion de Coronavirus autour du conflit social. Ce n’était ni le lieu, ni le moment et cette mise en scène est pour nous inacceptable ».
Une réunion que ne confirme pas, ce dimanche après-midi, la direction de la communication du CHU. « Il y a des éléments en cours de discussion mais l’hôpital n’est pas un lieu de théâtre. On n’a pas encore arrêté précisément la date ni l’objet de ce rendez-vous ». Par la voix d’Aurélia Derischebourg, directrice de la communication du CHU de La Cavale Blanche, la direction dénonce « une instrumentalisation de cette suspicion de Coronavirus autour du conflit social. Ce n’était ni le lieu, ni le moment et cette mise en scène est pour nous inacceptable ».
Article de Rémy Quéméner
Source : letelegramme.fr
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