"La Vie Hospitalière"

mardi 15 janvier 2013

Le drame des infections nosocomiales à la Clinique du Sport en appel


 Le drame de la Clinique du Sport, qui a mis en lumière à la fin des années 1990 le problème des infections nosocomiales, a fait son retour lundi devant la justice où deux anciens médecins de l'établissement contestent en appel leur condamnation à de la prison ferme.

Quinze ans après l'éclatement, en 1997, de cette affaire de santé et trois ans après un procès devant le tribunal correctionnel de Paris, la cour d'appel s'empare à son tour du dossier qu'elle va juger jusqu'au 5 février, à raison de trois après-midi par semaine.

 De janvier 1988 à mai 1993, 58 personnes opérées à la Clinique du Sport, (établissement parisien réputé) avaient contracté la mycobactérie xenopi qui provoque un mal proche de la tuberculose osseuse. 

Du fait de leurs symptômes atypiques, la plupart des malades avaient erré de consultation en consultation, n'apprenant que tardivement l'origine de leur mal.

Ce sont deux des trois médecins mis en cause pour avoir favorisé, en négligeant les règles sanitaires, la contamination des patients qui ont fait appel de leur condamnation.

L'ancien directeur de la clinique, Pierre Sagnet, 69 ans, qui avait écopé en 2010 de quatre ans de prison dont 30 mois avec sursis, espère que cette audience permettra de reconnaître sa bonne foi et de prouver qu'il a fait tout qui était en (son) pouvoir, a-t-il expliqué au début de l'audience.

Le chirurgien Didier Bornert, 57 ans, condamné à deux ans de prison dont 18 mois avec sursis, conteste sa culpabilité, a-t-il expliqué aux juges.

Condamné à huit mois de prison avec sursis, le rhumatologue Patrick Béraud n'a pas fait appel et n'est pas rejugé sur le plan pénal.

Face aux deux prévenus, seules deux victimes avaient fait le déplacement lundi au palais de justice de Paris, plus lasses que revanchardes.

On attend la clôture de l'affaire. Les condamnations furent une forme de satisfaction mais l'insatisfaction concerne la longueur de la procédure, a déclaré à la presse Jean-Luc Bernard, un informaticien de 57 ans, titulaire d'une carte d'invalidité depuis sa contamination.

La mycobactérie se trouvait dans le circuit d'eau de la clinique, elle a été transmise aux patients via les instruments chirurgicaux.

Pour certaines de ces opérations, une partie du matériel était stérilisé à froid et non à chaud. Par ailleurs, le rinçage des instruments stérilisés à froid s'effectuait au moyen d'eau filtrée, mais non stérile. Un des médecins prévenus est également accusé d'avoir réutilisé du matériel à usage unique, ce qu'il nie.

Ces pratiques ont été contestées dès les premières heures d'audience par la cour qui a demandé au docteur Sagnet de s'en expliquer.

L'ancien médecin, aujourd'hui à la retraite, a mis en avant l'impossibilité de stériliser à chaud certains instruments chirurgicaux extrêmement fragiles. Il a également émis l'hypothèse que le nombre de contaminations, jamais vues dans aucun autre établissement hospitalier, pouvaient être dû au type d'interventions (chirurgie du dos) et à leur quantité.

L'affaire de la Clinique du Sport avait sorti de l'ombre les risques d'infections nosocomiales, c'est-à-dire contractées en milieu hospitalier, et entraîné le renforcement de la prévention.


 Source AFP


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